Guide d`annotation du clitique réfléchi

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Guide d’annotation du clitique réfléchi
Marie Candito -­ ALPAGE1 novembre 2013 révision juillet 2015 (se faire Vinf) Contexte
Le présent guide détaille des consignes pour la classification d’occurrences du clitique réfléchi “se” (qui se fléchit en nombre et personne, on note ci-­après “se” pour représenter tout le paradigme se fléchissant en nombre et personne ​me te se nous vous se​). Une annotation a été réalisée suivant ce guide dans le cadre du projet “deep Sequoia” (annotation en syntaxe profonde ​https://deep-­sequoia.inria.fr/fr/​) du corpus Sequoia (Candito et Seddah, 2012). L’annotation a été ensuite étendue au corpus French Treebank (Abeillé et al. 2003 ​http://www.llf.cnrs.fr/fr/Gens/Abeille/French-­Treebank-­fr.php​), dans le cadre du projet French FrameNet -­ ASFALDA (​https://sites.google.com/site/anrasfalda/​). NB: le but dans ce guide est de fournir des critères et un mode opératoire pour classer une occurrence de “se”, en contexte. Pour cette raison, nous ne nous reposons pas sur des classifications lexicales d’envergure existantes (tables du lexique-­grammaire intégrées au Lefff, ou Lexique de Verbes Français de Dubois et Dubois-­Charlier), mais ces ressources ont pu être utilisées pour trancher certains cas. Bibliographie
Abeillé, A., L. Clément, and F. Toussenel. 2003. "Building a treebank for French", in A. Abeillé (ed) ​Treebanks​, Kluwer, Dordrecht Boons, Guillet et Leclère, 1976. La structure des phrases simples en français : constructions intransitives. 1976 Droz Candito M.-­H. and Djamé Seddah, 2012, Le corpus Sequoia : annotation syntaxique et exploitation pour l’adaptation d’analyseur par pont lexical, Actes TALN'2012, Grenoble Creissels D., 2007 Réflexivisation, transitivité et agent affecté, in Rousseau, A., D. Bottineau & D. Roulland (éds.), 2007, L’énoncé réfléchi, 83-­106, Rennes, Presses Universitaires de Rennes. Danlos L. et Sagot B. 2009, Constructions pronominales dans Dicovalence et le lexique-­grammaire – Intégration dans le Le​fff​ . ​Linguisticæ Investigationes ​ 32(2) Herslund M. 2007 L'antipassif réfléchi en français et en danois. In Rousseau, A., D. Bottineau et Je remercie Benoit Sagot et Laurence Danlos pour de fructueuses discussions, en particulier pour certains cas difficiles à trancher. 1
1 D. Roulland (dir.). L'énoncé réfléchi, Rennes : Presses Universitaires de Rennes Janic, K. 2012 L’emploi antipassif de formes moyennes dans la langue française. In​ ​CMLF 2012 Veecock C. (2008) Se + faire + infinitif : valeurs pragmatico-­énonciatives d'une construction agentive. In ​CMLF 2008​, Paris 1 Classes et tableau récapitulatif des tests et arbre de
décision
On considère 3 grandes classes ● se=refl ​: vrais réfléchis et réciproque : X seV = situation équivalente à X V X ou X V à X ● se=demsuj ​: cas où le sujet du seV joue le même rôle sémantique que l’objet du V sans le ​se​ (même sens de V, et le sujet canonique n’est pas exprimé, il est soit totalement inexistant, soit sous-­spécifié : on ne fait pas la différence à ce stade (neutre/moyen)) ● se=sev​ : tous les autres cas (= cas où dans “X seV” on ne peut ni comprendre exactement X V X ou X V à X, ni analyser le X comme jouant le rôle sémantique de l’objet du V sans se), on fait un codage en considérant que le seV est un verbe à part entière, et on ne le relie pas à un équivalent sans se Plus 2 classes beaucoup moins fréquentes : ● se=ppdc ​: cas se V + partie du corps : objet direct de type partie du corps => l’équivalent non réfléchi, non clitique devient un argument de l’objet direct partie du corps ● se=sefaire​ : cas de SE apparaissant sur un auxiliaire causatif, mais où l’interprétation ne peut être causative test si ok si pas ok X se V partie-­du-­corps ⇔ X ppdc V partie-­du-­corps de X pas concluant tout seul (≠ ppdc) equivalence avec X V Y ou X V à Y avec à peu près même sens seV (intrinsèque) pas concluant tout seul ≠ intrinsèque équivalence avec le V sans seV (antipassif) se, mais autre sous-­cat (X se confesse de Y / X confesser Y) pas concluant test réciproque réciproque 2 queluimeme et/ou sujplur réfléchi si aucun des 2 : pas concluant tout seul ≠ réfléchi test roleobj si test-­rolesuj pas ok => démotion sinon si pas réfléchi, ni réciproque alors autocausatif (seV) ≠démotion ≠réfléchi => seV sous-­classe non précisée test rolesuj ≠ démotion si non réfléchi alors ​seV TODO: sous-­classe à préciser si test obj ok, alors ​démotion si test obj pas ok => ​seV (intrinsèque) Version “arbre de décision”: application ordonnée des tests: TEST?​test-­ppdc​ le se V a un objet direct Y, et on a l’equivalence avec X V Y de X et pas *X V Y à X si OUI: => se=ppdc si NON: TEST?​ ​test-­equivalence​ avec X V Y ou X V à Y avec même sous-­cat si NON => se=seV (intrinsèque) si OUI: ​TEST?​ ​test-­antipassif​ (pas d’équivalence avec même sous-­cat, mais équivalence avec le V sans se avec une autre sous-­cat (se confesser) si OUI => se=seV (antipassif) si NON: ​TEST?​ ​test-­roleobj si NON => se=seV si OUI: ​TEST?​ ​test-­réciproque si OUI => se=reflrec (réciproque) si NON: ​TEST?​ ​test-­queluimeme​ ou ​test-­mutuellement si OUI pour au moins un des 2 => se=reflrec (vrai réfléchi) si NON: ​TEST?​: ​test-­rolesuj si OUI => se=seV (autocausatif) si NON => se=demsuj 3 2 CLASSE se=ppdc
Le “se” correspond à un argument de l’objet direct en particulier : qd l’objet direct est une partie du corps test-­ppdc​: X se V Y ⇔ X V Y ​de​ X Jean se gratte la tête ⇔ Jean gratte la tête de Jean / * Jean gratte la tête à Jean Jean lui gratte la tête ⇔ Jean gratte la tête de X 3 CLASSE se=reflrec (Vrais réfléchis et réciproque)
Codés comme verbe V (et pas “se V”), le ​se​ est obj (ou a-­obj) final et canonique, le suj final est suj canonique On code de la même façon les vrais réfléchis et les vrais réciproques Vrai réfléchi :
Un actant unique joue le rôle de 2 actants de l'équivalent non réfléchi (sujet et objet, ou sujet et a_objet) test0: X se-­V W =équivalence sémantique avec => X V X W ou X V à X W Paul se marie avec Pauline <=/=> Paul marie Paul avec Pauline​: non équivalent, cf. ds ​Paul se marie avec Pauline​, on ne dit pas qu’il a joué le rôle de maire Ce test est trop vague : on essaie de faire des manipulations plus précises : test-­queluimeme​:X se-­V => X ne V que lui-­même ou X ne V qu’à lui-­même (Creissels, 2007) Paul s’est défendu au tribunal => Paul n’a défendu que lui-­même au tribunal Paul se parle => Paul ne parle qu’à lui-­même Paul se soigne => Paul ne soigne que lui-­même mais ce test est très restrictif => on en ajoute un autre, qui englobent quelques cas supplémentaires: test-­mutuellement: utilisable que si le sujet n’est pas déjà coordonné (si déjà coordonné ou pluriel => voir le test du réciproque) Le passage à un sujet pluriel ​permet​ l’interprétation réciproque, testable avec “mutuellement”, “ou et vice-­versa”, en gardant à peu près le même sens pour le V (mais potentiellement ambigu : les docteurs se soignent = ambigu entre réfléchi et réciproque) 4 Paul se lave​ => test-­queluimeme passe moyen ​??Paul ne lave que lui-­même Paul se lave​ => test-­sujpluriel ok : ​Les gens se lavent mutuellement => codé comme vrai réfléchi Réciproque
test réciproque​: le sujet est pluriel, collectif ou coordonné, et on a les implications sémantiques A et B se V => (A V B et B V A) ou bien (A V à/avec B et B V à/avec A) Xs se V => Xs V (à/avec) Xs (attention: l’équivalence est avec le V sans se “A V à/avec B” et pas “A se V avec B”) Anna et Luc se parlent => Anna parle à/avec Luc ​et​ Luc parle à/avec Anna Les convives se regardent => les convives regardent les convives Les jours se suivent => les jours suivent les jours (​ même si pas les mêmes ens. de jours) Pour un sujet singulier collectif, tester avec “les membres de…” La classe se tutoie => les membres de la classe tutoient les membres de la classe ATTENTION : dans le test réciproque, pour l’équivalence, le “se” doit pouvoir être effacé On distingue le test réciproque supra, et le test coopératif (défini aussi infra): test coopératif​: A et B se V ⇔ (A ​se​ V à/avec B et B ​se​ V à/avec A) Exemple : Anna et Luc s’entendent bien ⇔ Anna s’entend bien avec Luc e
​ t ​Luc s’entend bien avec Anna Le test réciproque tel que défini supra échoue: <=/=> *Anna entend (bien) Luc ​ (pas possible avec le même sens, donc a fortiori pas d’équivalence sémantique) <=/=> *Anna entend (bien) avec Luc (idem) 4 CLASSE se=seV
On code un verbe “se V” distinct du verbe V Le ​se​ est codé comme simple affixe, pas de modification de valence On regroupe des cas différents : Intrinsèque :
(aussi appelé lexicalisé) ● test équivalence​ ​pas ok​ : non existence (ou bien désuétude) du verbe sans le se de sens proche, et avec la même sous-­cat X s’aperçoit de W => on n’a pas “Y aperçoit Z de W” ni “Y aperçoit à Z de W” il s’agit de W => on n’a pas “il agit Z de W” ni “il agit à Z de W” X se porte candidat => ??Y porte Z candidat (désuet) X s’élève contre ce traitement => ​on n’a pas​ Y élève Z contre ce traitement 5 On inclut également dans cette classe les cas : ● il existe une version sans le se, mais on ne retrouve pas les rôles sémantiques joués dans la version sans le se ● test-­rolesuj pas ok ​: si un équivalent X V Y existe, le X dans “X se V” ne joue pas le rôle qu’il jouerait dans X V Y (≠ réfléchi ≠ autocausatif) ○ si pas ok : peut se traduire par des différences de restrictions de sélection entre le cas transitif et le cas se + V (voir exemple avec “produire” infra) ● test-­roleobj pas ok​ : si un équivalent X V Y existe, le X dans “X se V” ne joue pas le rôle qu’il jouerait dans Y V X (≠ démotion du sujet) Exemple Des mutations se produisent sans cesse Il existe ​X produit Y mais test-­rolesuj : #des mutations produisent Y test-­roleobj: X produit des mutations : le V n’a pas les mêmes restrictions de sélection (cf. rem L. Danlos : un évènement se produit / *X produit un évènement) Rem: pour appliquer test-­rolesuj et test-­roleobj, on peut être gêné si le “se + V” n’a pas de sujet explicite (par ex. qd il est à l’infinitif) Dans ce cas, on essaie de repérer la classe sémantique du sujet tel qu’on le devine et on fait les tests avec un mot prototypique de cette classe. (Par exemple “quelqu’un” si on comprend que le sujet est animé) Ex. : “ces derniers ont encore deux tours pour se rattraper” => on comprend que “ces derniers” est le sujet de “se rattraper”, et d’après contexte, on sait que “ces derniers” réfèrent à des humains. => on fait le test-­roleobj comme suit : X rattrape quelqu’un (=> pas le même sens, et dc le test échoue) Coopératif :
●
●
●
●
●
test équivalence ​ok test réciproque ​pas ok​:, i.e. équivalent ni à A V B et B V A, ni à A V avec B / B V avec A test réfléchi ​pas ok test-­coopératif :​ A et B se V ⇔ (A ​se​ V ​avec/à​ B et B se V ​avec/à​ A) ○ ATTENTION: le test-­coopératif fonctionne pour les vrais réfléchis, donc pour conclure “coopératif”, il faut que les tests du réfléchi/réciproque échouent test-­rolesuj ​et/ou​ test-­roleobj ​pas ok​ : si un équivalent X V Y existe, le X ou le Y dans “X se V” ne joue pas le rôle qu’il jouerait dans X V Y ○ Exemple : se marier, s’entendre, se brouiller... ○ se marier​ => il existe ​X marie Y​ de sens proche ○ test suj pas ok : Le maire/le notable marie son fils => pas le même rôle ○ Anna et Luc se marient ⇔ Anna se marie avec Luc / Luc se marie avec Anna 6 Anna et Luc se battent : ambigu entre ● réfléchi (Anna se bat elle-­même, et Luc se bat lui-­même) ● une autre lecture, plus évidente, pour laquelle on peut hésiter entre réciproque et coopératif ○ test réciproque: a-­t-­on équivalence avec “Anna bat Luc” et “Luc bat Anna” ? si oui => réciproque, sinon comme on exclut la lecture réfléchie, et que le test coopératif fonctionne (Anna se bat avec Luc et Luc se bat avec Anna) => coopératif, codé seV Anna et Luc se promènent test équivalence ok​ (X promène Y) test queluimeme​ bof: ?Anna ne promène qu’elle même test-­mutuellement​ non : #Anna et Luc se promènent mutuellement => non, pas réfléchi test coopératif ​ok : Anna se promène avec Luc, Luc se promène avec Anna test rolesuj / test roleobj​: bof : ni Anna ni Luc ne jouent les mêmes rôles que dans X promène Y conclusion => se promener = seV Antipassif:
test-­antipassif​: cas où X se V prep W a un équivalent sémantique X V W, où le X joue le même rôle sémantique mais où la sous-­cat de W est différente X se confesse de ses péchés ⇔ X confesse ses péchés X s’attaque aux révisions ⇔ X attaque les révisions X s’agrippe à la bouée ⇔ X agrippe la bouée => on code ces paires comme relevant de 2 verbes distincts (s’agripper / agripper) ... Autocausatif:
●
test équivalence ok : il existe une version sans se, de sens proche : X V Y (≠ intrinsèque) ● test-­rolesuj presque ok ​: Le X participe à peu près comme le sujet canonique dans X V Z (≠ démotion du sujet) ● test-­roleobj​ presque ok : Le X participe / subit à peu près comme l’objet canonique dans Z V X ● mais on a tout de même une légère ​différence de sens​, ​bloquant le​ ​test-­queluimeme​, et le​ test-­sujpluriel​(≠ vrai réfléchi) Exemple : Paul se lève, Paul se promène il existe “X lève Y”, Paul lève Y / X lève Paul presque ok (même si pas tout à fait pareil) mais ≠réfléchi car : ​*Paul ne lève que lui-­même ​ et ​#Paul et Marie se lèvent mutuellement Difficile à distinguer du neutre​… (démotion du sujet sans agent interprétable), la différence 7 réside dans le test-­rolesuj 5 Classe se=demsuj (démotion du sujet)
Le ​se​ est considéré comme un marqueur de changement de diathèse du verbe V, qui “efface” le sujet canonique, et l’objet canonique devient sujet final (Le sujet final est codé comme l’objet canonique du V) On regroupe : ● moyen ou médio-­passif = les cas où un agent (le sujet canonique) est interprétable (​Le vin blanc se boit frais) ● neutre ou décausatif = les cas où il ne semble pas y avoir d’agent (le V perd un argument sémantique,) (​La branche s’est cassée)​ Caractéristiques ● il existe une version sans se, de sens proche : X V Y (≠ intrinsèque) ● test-­queluimeme / test-­sujpluriel pas ok (≠ réfléchi) ● test-­rolesuj​ ​pas ok​ : Le X ne joue pas le rôle qu’il jouerait dans X V Z (≠ réfléchi ≠ autocausatif) ● test-­roleobj ok​ : Le X participe / subit à peu près comme dans Z V X Exemple : La branche s’est cassée => il existe X casse Y avec à peu près même sens (≠ intrinsèque) => #la branche ne casse qu’elle-­même (≠ réfléchi) => test suj pas ok : “branche” ne joue pas le rôle qu’elle jouerait dans “#la branche casse une feuille” (≠ réfléchi ≠ autocausatif) => test obj ok (branche subit à peu près comme dans ​Z a cassé la branche Le vin blanc se boit frais il existe X boit Y à peu près même situation (≠ intrinsèque) # le vin ne boit que lui-­même ​(≠ réfléchi) “vin” ne joue pas le rôle qu’il jouerait dans “#le vin boit une bière” “vin” joue le rôle qu’il jouerait dans “Z boit le vin blanc frais” Le rideau se leva sous l’effet du vent il existe X lève Y à peu près même situation (≠ intrinsèque) #? le rideau ne lève que lui-­même / #les rideaux se lèvent mutuellement ​ (≠ réfléchi) “rideau” ne joue pas ici le rôle qu’il jouerait dans “​le rideau lève la tenture”​ “rideau” joue le rôle qu’il jouerait dans “​Z lève le rideau”​ donner exemple avec se nomme le jeu se nomme “minecraft” 8 le directeur se nomme Dupont le directeur se nomme vice-­président Concernant l’argument sémantique démis (le sujet canonique), parfois, il existe clairement (sans possibilité de l’exprimer), et est récupérable (en général comme un générique) (=> “se moyen”) Le vin blanc se boit frais => “les gens” Les huîtres se mangent en général crues => “les gens” et parfois il n’existe pas, ou en tous cas n’est pas mis en avant, n’est pas récupérable (=> “se neutre”) La branche s’est cassée tout d’un coup L’évènement s’est produit à 15h Mais difficile de faire la distinction entre “inexistence” / “non mise en avant” La branche s’est cassée sous l’effet du vent => à faire plus tard 6 Cas particulier de SE + FAIRE + Vinf : classe=sefaire
Le SE peut interagir avec la construction causative. On peut avoir le placement du ​SE ​ devant l'infinitif, qu'il s'agisse d'une interaction du causatif sur un vrai réfléchi (1), sur un réfléchi intrinsèque (2), ou sur un se-­moyen (3). Mais il s'agit de tournures pour le moins rares, et en tous cas absente du corpus visé. ● (1) La direction a fait s'acheter le dernier macintosh à tous les élèves. [refl_caus] ● (2) La suite des évènements les a fait s'apercevoir de leur erreur [seintrins_caus] ● (3) La crise fait se vendre ces kits comme des petits pains [moyen_caus] A l’inverse, le cas d’un SE apparaissant sur l’auxiliaire causatif FAIRE est relativement fréquent. On a un cas analysable comme le réfléchi s'appliquant sur un complexe causatif, comme dans la paire suivante : ● (4) Le juge fait rembourser les victimes par l'assurance ● (5) Les victimes se font rembourser par l'assurance [caus_refl] On analyse (4) comme si un réfléchi s'appliquait sur un complexe causatif. Sémantiquement, on a bien le sens de la diathèse causative : le sujet final cause partiellement l'éventualité décrite par l'infinitif, qu'il s'agisse d'un sujet animé volitionnel (en (4) on interprète que les victimes agissent volontairement pour obtenir le remboursement), ou bien d'un cas non volitionnel mais qui reste causal (par exemple en (2) où l'on a un causatif sur un réfléchi intrinsèque, le sujet final la crise n'est pas volitionnel mais bien interprété comme la cause de la prise de 9 conscience). Mais la construction se + faire + infinitif, largement étudiée (voir Veecock, 2008 pour une revue) est également utilisée pour des cas où le sujet final du complexe causatif ne peut pas clairement être analysé sémantiquement comme ayant causé la situation, comme par exemple en ([sefairevinf_nonvol]). ● (6) Il s'est fait voler son poste de radio (bien malgré lui) (Blanche-­Benveniste, 2007, citée par Veecock, 2008) En (6), le sujet il n'est clairement pas volitionnel (mais on vient de voir que cela n'est pas une condition nécessaire de la construction causative). L'important ici est qu'il n'est pas clair qu'il soit considéré comme causal, i.e. comme un "responsable malgré lui". C'est plus net avec des infinitifs sémantiquement négatifs pour leur sujet comme frapper, violer etc... où on n'a aucune interprétation de causalité. ● (7) Paul s'est fait tabasser en bas de chez lui. On choisit de considérer ces cas non causaux comme (7) ou (6) comme une construction spécifique (classe = sefaire) à distinguer du réfléchi sur causatif (5) (on retient comme critère pour le causatif qu'il y ait une sémantique de causalité, qu'elle soit ou non volitionnelle) : en (5) on classe le SE comme un réfléchi : classe=refl. En cas de doute on privilégie classe=sefaire. Par exemple en (8), on ne peut pas établir clairement que l'orateur est responsable. ● (8) L'orateur s'est fait huer par le public [sefaire_huer] Autres exemples de cas analysés comme un causatif + réfléchi l'exemple : ● (9) Paul se fait vomir ● (10) Les ouvriers se font payer leur salaire par le contremaitre 7 Exemples de cas issus du corpus Sequoia
exemple test codage les membres du club auront l’occasion de s’entraîner (ils n’entraînent qu’eux-­mêmes, ils s’entraînent mutuellement) vrai réfléchi les gamins se réchauffent ils ne réchauffent qu’eux-­mêmes, ils se réchauffent mutuellement) vrai réfléchi .. sera fêté comme il se doit l’exemple comporte une ellipse comme il(impers) se doit de le fêter il se doit de Vinf deVinf se doit intrinsèque 10 on peut le rapprocher de Untel doit Vinf mais en fait le vrai sens garde le “se” : Untel se doit de Vinf l’EBM s’inclina (équipe) ≠ X incline Y intrinsèque les conducteurs se sentent en sécurité il existe “X sent Y en sécurité” (?) passe mieux avec autres attributs: “X sent Y tendu” “Je sens Paul en sécurité / tendu / en confiance” mais ?Il ne sent que lui-­même en sécurité mieux : il ne sent que lui-­même en confiance dans cette salle => ok ??Ils se sentent mutuellement en sécurité vrai réfléchi l’assemblée générale qui se tenait le même jour test-­roleobj : X tient une assemblée le même jour test-­rolesuj pas ok : #l’assemblée tient une réunion Démotion du sujet le même phénomène se retrouverait aux régionales X retrouve Y test obj ok : on retrouve le phénomène test suj pas ok: le phénomène retrouve le phénomène démotion du sujet (moyen, cf. agent interprétable?) elle aimait se promener X promène Y , sens proche mais *elle ne promène qu’elle même *ils se promènent mutuellement seVerbe (autocausatif) il se rend à Bethoncourt sens bien distinct de X rend Y à Beth. intrinsèque si cela se justifie d’un point de vue clinique (cela = suivre le bolus d’une perfusion) X justifie Y d’un point de vue clinique , sens proche test suj pas ok: le “cela” n’est pas le justificateur, mais le justifié (#suivre le bolus d’une perfusion justifie Y) test obj ok: X justifie le fait de suivre le bolus d’une perfusion démotion du sujet 11 la B ne s’est pas avérée mutagène on n’a pas X avère Y mutagène intrinsèque ces réactions se produisent rarement “X produit Y” existe, mais est-­ce le même sens ?(cf. perte de causalité) (suggestion L. Danlos: pas les mêmes restrictions de sélection Un évènement se produit *X a produit un évènement => intrinsèque intrinsèque le processus de croissance se trouve modifié X trouve Y : est-­ce le même sens? test-­rolesuj pas ok: #le processus trouve Y modifié test-­roleobj:​ ??on trouve le processus de croissance modifié (au sens on observe) => difficile => intrinsèque intrinsèque patients qui s’étaient fracturé la hanche ⇔ patients fracturent leur hanche ppdc l’étude s’est intéressée au nombre de fractures X intéresse Y à Z existe, mais: *l’étude n’intéresse qu’elle même au nb… *ils s’intéressent mutuellement à… test obj pas ok: *on intéresse l’étude au nb ... intrinsèque la collaboration a pu s’établir test suj pas ok: la collaboration établit Y test obj ok : on établit une collaboration démotion du sujet (neutre) il s’agit de intrinsèque je me suis abstenue *X abstient Y intrinsèque je me réjouis de la concentration... X réjouit Y existe, mais “X se réjouit de Y” équivaut à “Y réjouit X” intrinsèque le rendement s’appuie sur l’activité de pêche existence de “X appuie Y sur Z” Le cabinet appuie ses conclusions sur … test-­roleobj?: on appuie le rendement sur l’activité de pêche ne veut rien dire ?? => intrinsèque intrinsèque les relations se sont toujours X situe Y Locatif (au delà de …) : intrinsèque 12 situées au delà des simples relations de voisinage bcp plus rare, en outre, pas exactement le même sens: le cas transitif signifie “X pense que Y se situe Loc” un principe qui s’exprime de la manière dont s’expriment tous les Etats 2eme occurrence de “s’exprimer”: les Etats s’expriment;; *les Etats n’expriment qu’eux memes *les Etats s’expriment mutuellement *test-­obj pas ok: X exprime les Etats 1ere occurrence “un principe s’exprime” => personnification de “principe”, meme analyse que “les Etats s’expriment” seV la criminalité croissante s’exerce au détriment de ... X exerce Y La commissaire exerce une pression mais pas même restrictions de sélection ? test-­rolesuj pas ok: #la criminalité exerce Y test-­roleobj pas bon: #X exerce une criminalité intrinsèque les élections se déroulent correctement X déroule Y mais #X déroule les élections #les élections déroulent X intrinsèque le juge se déclare incompétent le juge ne déclare incompétent que lui-­même vrai réfléchi le magistrat s’intéresse à ... intrinsèque le paiement devait s’effectuer test-­roleobj : X effectue le paiement à à l’étranger l’étranger et pas test-­rolesuj : le paiement effectue X ... démotion du sujet (moyen, cf. agent interprétable) 13 
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