
Journal clinique des intervenants du système intégré de soins préhospitaliers d’urgence des Laurentides
Patient en ACR –
une opportunité
L'opportunité d'un patient à survivre d'un
ACR en préhospitalier est liée à la pré-
sence de tous les maillons de la chaîne
d'intervention préhospitalière dont tout
particulièrement la défibrillation précoce,
la RCR de qualité (compressions thoraci-
ques vigoureuses avec le minimum d'in-
terruption) et aux soins en période post
réanimation. Le technicien ambulancier
paramédic lors de son intervention doit
porter attention à :
1- la reconnaissance précoce de
l'ACR;
2- la défibrillation précoce;
3- le massage vigoureux avec le
minimum d'interruption.
La reconnaissance du patient en ACR
Lors des révisions de cas d’ACR au ser-
vice de l’amélioration de la qualité, nous
avons remarqué que la reconnaissance
immédiate d’un patient en ACR peut être
problématique en présence d’une respira-
tion agonale et ainsi retarder le début de
la réanimation.
Généralement, les TAP reconnaissent
rapidement un patient en ACR qui ne
respire pas. Par contre, l’arrêt cardiaque
chez le patient qui présente une respira-
tion agonale peut être plus difficile à
reconnaître. Dans certains cas, ceci re-
tarde la reconnaissance de l’ACR rédui-
sant ainsi les chances de survie du pa-
tient.
Un rappel du slogan en ACR est ici perti-
nent : « Chaque minute compte ! », à
chaque minute sans massage les chances
de survie du patient en arrêt cardiaque
diminuent de 7 à 10 %. Le devoir le plus
important des TAP est de reconnaître
immédiatement un patient en ACR.
La respiration agonale, ou gasping
Chez certains patients suivant immédiate-
ment l’arrêt cardiorespiratoire, il est pos-
sible d’observer une respiration agonale
ou gasping. Cette respiration en ACR est
de nature réflexe, non volontaire et désor-
ganisée. Jusqu'à preuve du contraire, cette
activité respiratoire est signe d’un ACR
récent. Un patient en ACR avec une res-
piration agonale a quatre à huit fois plus
de chances de survivre à son arrêt cardia-
que qu’un patient qui ne respire pas
.
On entend souvent parler de patient qui
semble «PRÉCODE» en présence d'une
respiration agonale. Dans ces cas, il faut
considérer le patient en «CODE» et véri-
fier le pouls carotidien. S’il n’y a pas de
pouls certain, on doit débuter immédiate-
ment la RCR et installer les électrodes de
défibrillation pour procéder le plus rapi-
dement possible à la première analyse.
Le pouls certain
Comme son nom l’indique, il faut que
votre détection du pouls carotidien soit
certaine et en moins de 10 secondes pour
ne pas débuter de manœuvres de réanima-
tion. Lors de la prise de pouls, si vous
n’êtes pas certain de la présence de celui-
ci, vous devez débuter le massage immé-
diatement. En aucun cas, nous devrions
avoir à demander une confirmation de
l’absence de pouls à un collègue.
Le massage avec le minimum d’inter-
ruption
Une publication de l’Université de
l’Arizona, en mars 2010, démontre que
minimiser les arrêts du massage chez les
adultes en ACR d’origine cardiaque aug-
mente significativement les chances de
survie
.
Si nous voulons optimaliser les
chances de survie de nos patients en
ACR, l’équipe SPU de l’Agence des Lau-
rentides recommande de masser avec le
minimum d’interruption.
Pour plus d’information, consultez le site
Internet suivant :
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/
j.1553-2712.2010.00689.x/
pdf
Après votre première analyse en position
retrouvée, effectuez un massage vigou-
reux de cinq cm ou plus de profondeur,
ou minimalement d’un tiers de compres-
sion de la cage thoracique chez les en-
fants, à une fréquence de 100 ou plus à
la minute. Favorisez le massage 30:2
avec le minimum d’interruption, à deux
intervenants, pour la période de réanima-
tion sur la scène lorsque possible
(ex.: deux TAP disponibles après l'intu-
bation, policier, PR). La durée totale des
deux ventilations ne devrait pas dépasser
quatre secondes. Lorsque le patient en
ACR est «Combitubé», le massage peut
être effectué pendant une ventilation et
ainsi permettre le minimum d’arrêt de
massage. C’est ce que l’on appelle la
ventilation asynchrone.
Si des côtes sont fracturées lors du mas-
sage, vous massez probablement assez
fort et c’est acceptable en RCR.
L'intubation par Combitube®
Le massage doit se poursuivre durant
l'intubation. Un arrêt de massage sera
requis seulement lors du test de VPO et
lors de l'auscultation.
Conclusion
• Un patient en ACR a une opportunité
de survie.
• La reconnaissance immédiate du pa-
tient en ACR et le début précoce de la
RCR/défibrillation sont primordiaux à
la survie.
• La respiration agonale est un signe
d’un ACR récent.
• La défibrillation précoce et le massage
cardiaque vigoureux, rapide (+100/
minute) ayant un minimum d’interrup-
tion augmentent les chances de survie
de nos patients en ACR.
Dr
e
Colette Lachaîne, mdcm, directrice
médicale nationale, direction adjointe des
services préhospitaliers d’urgence, MSSS
D
r
Éric Laviolette, mdcm, directeur médical
régional, ASSS des Laurentides
RÉANIMATION
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RÉANIMATION CARDIOCÉRÉBRALE
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Chaque minute compte ! Page 2