Maison urbaines de Santé

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Rédacteur : Service de l’Habitat – Marie-Noëlle HEIM – poste 36 086
4EMES RENCONTRES DE L’HABITAT
DU 12 MAI 2011
« Habitat et santé : des approches innovantes sur la CUS »
Compte-rendu de l’atelier n°1
« Maisons urbaines de Santé :
un service nouveau au plus près des besoins »
OBJECTIF DE l’ATELIER
Présenter - après un an de fonctionnement - la Maison Urbaine de Santé (MUS)
du Neuhof à Strasbourg, équipement au plus proche des besoins du quartier.
Echanger - au travers de cette expérience - sur le concept de MUS, dans le cadre
d’autres projets à venir sur l’agglomération.
Deux constats de départ :
- Une inégalité sociale de santé plus une population est condition
modeste, plus ses taux de morbidité et de mortalité augmentent.
(ex : un travailleur pauvre dispose d’une espérance de vie inférieure de 7
ans à un cadre, celle-ci étant par ailleurs de 35/40 ans en moyenne pour
une personne à la rue)
- Une inégalité territoriale de santé les quartiers les plus pauvres
disposent d’un taux de services de santé jusqu’à 15 fois inférieur aux
quartiers les plus aisés.
Quand bien même la question de la santé publique est de compétence première
Etat, la Ville et la Communauté urbaine de Strasbourg ont souhaité engager une
dynamique de réduction de ces inégalités sur leur territoire.
C’est dans ce cadre qu’elles ont encouragé le développement de Maisons Urbaines
de Santé (pôles regroupant diverses professions médico-sociales de proximité) au
sein de leurs secteurs de rénovation urbaine.
L’objectif est ici de traiter les pathologies, mais aussi de les prévenir.
Une première expérience a vu le jour début 2010 dans le quartier du Neuhof, une
seconde est prévue dans le quartier du Port du Rhin et d’autres suivront
certainement encore…
PARTICIPANTS
Présents :
Profils :
Elu référent :
Animateur :
Rapporteur :
26 personnes
associations, médecins, promoteurs, bailleurs sociaux, communes,
services de l’Etat, services du Conseil Général, services de la Ville
et de la CUS
Dr Alexandre FELTZ, vice-président de la CUS délégué à la Santé
M. Vincent FLICKINGER, chargé d’études au sein de l’Agence de
Développement
et
d’Urbanisme
de
l’Agglomération
Strasbourgeoise (ADEUS)
M. François-Paul DEBIONNE, chef du service Santé Publique et
Environnementale au sein de la Ville de Strasbourg
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RESUME DES INTERVENTIONS INTRODUCTIVES
•
Genèse de la Maison Urbaine de Santé (MUS) du Neuhof
Dr Elisabeth PENIDE, médecin généraliste, trésorière de l’association « Maison
Urbaine de Santé du Neuhof »
Trois facteurs ont été essentiels pour que la MUS du Neuhof puisse voir le jour :
- Une volonté politique forte,
- L’existence d’un noyau de médecins « militants » sur le quartier, qui aura
permis d’insuffler une dynamique locale,
- La mise à disposition d’un local aménagé, ici par un bailleur social (Cus
Habitat).
Actuellement, plusieurs professionnels y sont regroupés : cinq médecins, quatre
infirmières, deux orthophonistes, deux kinésithérapeutes, un laboratoire d’analyses,
une permanence d’écoute des jeunes et une permanence de conseil conjugal.
Un coordinateur personnes âgées complètera encore l’équipe prochainement.
Dès à présent, la prise en charge pluridisciplinaire en matière d’addictions est
organisée avec le concours sur place d’un psychologue et d’un travailleur social.
Au-delà d’une offre médicale de proximité, comportant une bonne accessibilité
financière (actes en secteur I et application du tiers payant), la réussite de la
Maison Urbaine de Santé repose également sur un travail partenarial avec les
associations de quartier, relais essentiels des habitants.
L’équipement représente par ailleurs un formidable lieu de formation et
d’information, qui accueille étudiants, stagiaires en soins ambulatoires, internes
travaillant en toute autonomie ou encore externes.
***
•
Un porteur de murs, Cus Habitat
M. Bernard MATTER, directeur général de Cus Habitat
Si un bailleur social n’a pas pour vocation première de porter ce type d’équipement,
l’intérêt évident qu’il représente au sein d’un quartier d’habitat très social l’a tout
naturellement amené à souhaiter l’accompagner, par l’aménagement et la mise à
disposition de locaux spécifiques.
L’emplacement a été stratégiquement choisi à proximité d’une ligne de tram, à la
jonction entre deux secteurs d’habitat social : le quartier du Neuhof d’un côté et le
quartier Lyautey-Solignac de l’autre, dont la majorité des logements sont gérés
respectivement par Cus Habitat et par Habitation Moderne.
Le projet représente 600m² d’équipement médical pluridisciplinaire, répartis sur 2
niveaux.
Il a vu une importante mobilisation des pouvoirs publics (Communauté urbaine de
Strasbourg, Conseil Général du Bas-Rhin, Etat, Agence Nationale de Rénovation
Urbaine, Europe), pour un montant total de subventions de 687 000 €, soit 1/3 du
coût final d’opération (2,1 millions d’euros).
Novatrice, l’opération a requis un travail partenarial étroit du bailleur avec le corps
médical.
Sa complexité technique et financière a surtout résidé dans la nécessaire
adaptation de locaux existants, non prévus à l’origine pour une activité médicale.
Malgré cela, la livraison de l’ouvrage a pu être opérée dans les délais.
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***
•
Le développement des Maisons Urbaines de Santé (MUS)
M. Mathieu HILD, service Santé Publique et Environnementale de la Ville de
Strasbourg
Au plan national, les MUS se développent peu à peu, principalement dans les
quartiers en difficulté, relayées - hors secteurs denses - par des Maisons Rurales de
Santé.
L’intérêt des professions médicales - notamment des jeunes médecins – va
croissant car ces équipements permettent souvent leur installation plus rapide.
Les projets se concrétisent et s’organisent autour de bâtis adaptés et d’équipes
fédératrices, qui agrègent suite d’autres professionnels.
A minima, le cahier des charges d’une MUS doit répondre aux exigences suivantes :
- Comprendre au moins deux médecins généralistes et une ou deux
professions paramédicales,
- Etre le lieu principal d’activité de ces professionnels de santé, permettant
ainsi une mutualisation des moyens,
- S’organiser autour d’un projet territorial de santé,
- Permettre l’accueil de jeunes en formation.
Un appui des Collectivités et des bailleurs sociaux est essentiel pour concrétiser ces
projets.
Le travail autour d’un projet territorial de santé implique toutefois également de
pouvoir s’appuyer sur d’autres partenaires que sont associations, professions
médicales, acteurs de la prévention, la promotion de la santé et l’accès au droit et
aux soins.
SYNTHESE DES ECHANGES ENTRE LES PARTICIPANTS
L’Agence Régionale de Santé (ARS) confirme que les MUS constituent des
réponses intéressantes aux problématiques de santé dans les quartiers
d’habitat social.
La réduction des inégalités sociales étant complexe, il est effectivement pertinent
de travailler également sur les inégalités territoriales.
L’ARS a - dans le cadre de son action - défini 15 priorités d’intervention, dont une
concerne spécifiquement les inégalités territoriales de santé : il s’agit donc d’un
objectif commun et partagé.
L’ARS coordonne l’action sur les territoires au travers de « contrats locaux de
santé » (accès aux soins, au droit et à la prévention).
Dans ce domaine des projets territoriaux de santé, la CUS est précurseur.
S’agissant de l’offre médicale intégrant les MUS, la question est posée d’une plus
grande diversification.
On relève toutefois – au travers des expériences existantes - une difficulté
d’intéresser des professions de santé plus spécialisées : celles-ci requièrent
en effet souvent un retour lucratif, difficilement compatible avec la vocation avant
tout sociale de l’équipement.
Le cœur du problème réside dans les dépassements d’honoraires : en restant en
secteur conventionné, la MUS permet d’éviter la renonciation aux soins pour des
motifs financiers. Elle permet aussi l’application du tiers-payant, reportant ainsi le
risque de remboursement sur la structure et non sur les patients.
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Dans les faits, les MUS dispensent une médecine de proximité, avec le confort
d’une ville (95% des actes gynécologiques sont par exemple pratiqués par les
médecins généralistes).
Lorsqu’un patient relève d’une spécialité non présente sur site, les professionnels
de la MUS le redirigent vers une autre structure.
S’agissant de la MUS du Neuhof, on relève le manque d’un dentiste
Pour le pallier, la MUS s’appuie sur la clinique dentaire de la Caisse Primaire
d’Assurance Maladie ou les cabinets dentaires des écoles, où des soins gratuits
peuvent y être dispensés.
CONCLUSION / OUVERTURE
La Maison Urbaine de Santé est un outil certain de réduction des inégalités
territoriales de santé.
Au cœur du concept, une volonté politique : « la santé est un droit pour tous ».
L’engagement tant des pouvoirs publics que des professionnels de santé et des
associations est fort.
Au plan national, un objectif de 200 MUS et Pôles de Santé est visé, qui nécessite
de pouvoir dépasser les difficultés de montage des projets pour aboutir à
des partenariats étroits et qui s’inscrivent dans la durée.
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