Métrorragies du premier trimestre de la grossesse - ceil@univ

publicité
5-049-D-16
Métrorragies du premier trimestre
de la grossesse
S. Ploteau, H.-J. Philippe, N. Winer
Environ 25 % des grossesses saignent lors du premier trimestre de gestation. Parmi elles, la moitié évolue
en fausse couche. Les deux principales étiologies sont la grossesse extra-utérine et la fausse couche
spontanée. Le diagnostic repose sur l’examen clinique mais aussi sur le dosage plasmatique quantitatif
de la composante ␤ de l’hormone chorionique gonadotrophine (␤HCG) et l’échographie pelvienne le
plus souvent endovaginale. La prise en charge dépend avant tout du retentissement hémodynamique et
bien sûr du diagnostic étiologique. En cas de grossesse extra-utérine, le traitement est soit médical, soit
chirurgical. En cas de grossesse non évolutive, la prise en charge, auparavant chirurgicale en premier lieu,
est maintenant le plus souvent médicale ou abstentionniste ; le misoprostol est alors un traitement très
efficace. L’expectative est classique lors de fausse couche incomplète. L’interrogatoire, l’examen clinique
et le couplage échobiologique permettent de faire le diagnostic dans la quasi-totalité des cas.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Métrorragies du premier trimestre ; ␤HCG ; Fausse couche ; Avortement ; Misoprostol ;
Grossesse extra-utérine
Plan
■
Introduction
■
Épidémiologie
1
■
Démarche diagnostique
Évaluation de l’importance des saignements et du pronostic
vital maternel
2
■
Interrogatoire
Examen clinique
Examens complémentaires en urgence
2
2
2
■
Étiologies
Grossesses ectopiques
Môle hydatiforme
Avortements provoqués
Métrorragies avec grossesse intra-utérine
3
3
3
3
4
■
Traitements
En cas de grossesse intra-utérine non évolutive
En cas de grossesse intra-utérine évolutive
En cas d’avortement hémorragique
5
5
7
7
■
Conclusion
7
1
2
Introduction
Les métrorragies du premier trimestre de la grossesse sont des
saignements provenant du vagin entre la 4e et la 12e semaine
d’aménorrhée. Vingt à vingt-cinq pour cent des grossesses
saignent au premier trimestre. Parmi elles, 50 % s’interrompent
EMC - Obstétrique/Gynécologie
Volume 7 > n◦ 3 > juillet 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0335(12)55691-7
spontanément et 50 % arrivent à terme. Parmi ces grossesses qui
évoluent, on observe un taux de mortalité périnatale multiplié
par 1,3 à 5 et un taux de prématurité multiplié par 1,2 à 2,3. Ce
sont donc des grossesses à risque. Jusqu’à preuve du contraire,
toute grossesse qui saigne à ce terme est une grossesse extrautérine (GEU). Outre cette cause, il faut évoquer comme étiologie
la fausse couche spontanée du premier trimestre, la menace de
fausse couche du premier trimestre et les pathologies cervicales.
Plus rarement il s’agira d’une môle hydatiforme [1] . Un certain
nombre de grossesses vont présenter des métrorragies mais évolueront favorablement. Le diagnostic repose sur la clinique et
sur la biologie avec le dosage quantitatif de la composante ␤
de l’hormone chorionic gonadotrophin (␤HCG) plasmatique et
sur l’échographie pelvienne de préférence endovaginale. Depuis
quelques années, la prise en charge est de moins en moins chirurgicale et on s’oriente actuellement plus vers l’expectative ou
le traitement médical en l’absence de retentissement hémodynamique et si le contexte le permet.
Épidémiologie
Les différentes études montrent une incidence des métrorragies
du premier trimestre de la grossesse variant de 21 % à 27 % [2, 3] .
Parmi elles, la moitié évolue vers une interruption spontanée et
l’autre vers un accouchement. Le Tableau 1 montre l’évolution de
ces grossesses.
Il a été montré que les métrorragies du premier trimestre de
la grossesse ont un impact sur le déroulement de la grossesse en
cours. Il semble qu’elles augmentent le risque d’accouchement
prématuré entre 32 SA (semaine aménorrhée) et 36 SA de 3,6 % à
1
5-049-D-16 Métrorragies du premier trimestre de la grossesse
Tableau 1.
Issues de 657 grossesses de la conception à la 20e semaine et après la 20e
semaine [2] .
Issues avant la 20e semaine
IVG
76
Fausses couches
67
Grossesse ectopique
6
Perdues de vue
31
Grossesse en cours
477
Évolution après la 20e semaine
IVG
1
Fausse couche tardive
0
Perdues de vue
27
Naissances
449
IVG : interruption volontaire de grossesse.
6,1 % et le risque d’accouchement entre 28 SA et 31 SA de 0,3 %
à 0,9 %. Le risque de décollement placentaire est accru de 1 %
à 1,4 %. Le risque de récidive de saignement lors du premier trimestre d’une grossesse suivante est de 2,2 % à 8,2 % [4] . Par ailleurs,
la mortalité périnatale est significativement augmentée ainsi que
le pourcentage de fœtus de petit poids à la naissance [4, 5] .
Une méta-analyse récente a mis en évidence une augmentation
des complications maternelles et périnatales en cas de menace
de fausse couche lors du premier trimestre de la grossesse [5] . Les
femmes ayant eu une menace de fausse couche ont un risque significativement accru d’hémorragie anténatale liée à un placenta bas
inséré (odds ratio [OR] 1,62, 95 % intervalle de confiance [IC] 1,19,
2,22) ou d’origine inconnue (OR 2.47, 95 % CI 1.52, 4.02). Le taux
d’accouchement prématuré (OR 2,05, 95 % CI 1.76, 2.4) et les
retards de croissance intra-utérins (OR 1,54 ; 95 % CI 1.18, 2.00)
sont également augmentés. La mortalité périnatale est accrue (OR
2,15 ; 95 % CI 1.41, 3.27).
Des facteurs de risques de fausse couche du premier trimestre
de la grossesse ont été identifiés. Une étude prospective danoise a
mis en évidence une augmentation de ce risque en rapport avec
l’âge maternel [6] . Ils mentionnent un taux de fausse couche spontanée croissant de 8,9 % dans une population de femmes âgées de
20 ans à 24 ans et de 74,7 % chez celles de 45 ans et plus. Indépendamment du nombre antérieur de fausse couche, l’âge maternel
semble être un facteur de risque important.
Démarche diagnostique
Évaluation de l’importance des saignements
et du pronostic vital maternel
Il s’agit d’éliminer en premier lieu l’urgence vitale. On recherche
des signes de choc (pâleur, hypotension artérielle, tachycardie,
dyspnée). En cas de situation maternelle préoccupante, est réalisé
un bilan préopératoire en urgence, ainsi qu’une prise en charge
médicale de l’hypovolémie avec perfusion de soluté de remplissage voire transfusion sanguine et on se préparera à un geste
hémostatique rapide (aspiration d’une fausse couche hémorragique, cœlioscopie voire laparotomie en cas de GEU rompue...).
Interrogatoire
On consignera successivement dans le dossier médical :
• âge de la patiente (aneuploïdies plus fréquente avec l’âge), ethnie (maladie trophoblastique plus fréquente en Asie), mode de
vie (tabagisme), notion d’un rapport fécondant ;
• antécédents :
◦ familiaux : maladie héréditaire, malformations, anomalie
chromosomique, maladie thromboembolique, distilbène,
etc.,
2
◦ médicaux et chirurgicaux : en particulier antécédents thromboemboliques, prise médicamenteuse, diabète, dysthyroïdie,
◦ gynécologiques : chirurgie tubaire, GEU avec modalités
de traitement et complications éventuelles, contraception,
dispositif intra-utérin (DIU), infections sexuellement transmissibles, salpingite, malformation utérine (synéchie opérée,
cloison, utérus distilbène opérés ou non, fibrome, stérilité),
◦ obstétricaux : fausse couche voire fausses couches à répétition, accouchement prématuré ;
• caractéristiques des métrorragies :
◦ date des dernières règles normales,
◦ date de début des métrorragies,
◦ couleur (brunes, sépia, rouges),
◦ abondance,
◦ durée (la grossesse a d’autant plus de risque de s’interrompre
que les saignements durent plus de 6 jours ou 7 jours,
◦ caractère spontané ou provoqué ;
• signes associés :
◦ douleur (siège, type, importance), des scapulalgies peuvent
être en rapport avec un hémopéritoine,
◦ diminution ou disparition des signes sympathiques de grossesse (tension mammaire, nausées, etc.) qui fait évoquer un
arrêt de la grossesse,
◦ signes sympathiques de grossesse au premier plan (maladie
trophoblastique),
◦ hyperthermie (doit faire évoquer une cause infectieuse ou des
manœuvres abortives),
◦ pertes liquidiennes associées au saignement qui font évoquer
une rupture des membranes.
Examen clinique
• Examen général (retentissement du saignement, contexte clinique, poids, état général, état nutritionnel, asthénie récente
ou ancienne).
• Examen de l’abdomen : douleur, défense, contracture, présence
de cicatrices antérieures.
• Spéculum :
◦ origine du saignement (cause cervicovaginale, origine utérine),
◦ réalisation d’un frottis cervicovaginal si patiente non à jour,
◦ matériel en cours d’expulsion (débris ovulaire, vésicules dans
le cadre d’une maladie trophoblastique) ;
• Toucher vaginal :
◦ ouverture du col (ouverture en faveur d’une fausse couche),
◦ volume utérin : taille normale pour le terme en faveur d’une
grossesse intra-utérine évolutive ; trop petit pour le terme en
faveur d’une GEU ou d’une grossesse interrompue ; trop volumineux pour le terme évocateur d’une môle, d’une erreur de
terme, d’un fibrome, d’une grossesse gémellaire,
◦ appréciation des annexes : douleurs provoquées, masse
latéro-utérine (évocateur d’une GEU), parfois kyste du corps
jaune pouvant être hémorragique.
Examens complémentaires en urgence
Échographie par voie abdominale et vaginale
L’échographie est une technique simple et bien acceptée par les
patientes. Elle précise la localisation de l’œuf et sa vitalité :
• Soit utérus vide : on évoque alors une grossesse trop jeune pour
être vue, une fausse couche complète, une GEU avec parfois
aspect de pseudo-sac correspondant à une décidualisation de
l’endomètre associé ou non à une image de masse latéro-utérine
et à un épanchement intrapéritonéal.
• Soit présence d’un œuf intra-utérin : on évoque un hématome
décidual avec décollement du pôle inférieur de l’œuf, une grossesse arrêtée, une grossesse gémellaire en voie d’expulsion,
une môle hydatiforme (images floconneuses intra-utérines avec
absence d’embryon, le taux de ␤HCG est alors beaucoup plus
élevé qu’il ne devrait l’être). L’échographie vaginale permet la
confirmation précoce du diagnostic de grossesse arrêtée, dès
l’existence d’un sac gestationnel supérieur à 15 mm de grand
EMC - Obstétrique/Gynécologie
Métrorragies du premier trimestre de la grossesse 5-049-D-16
axe sans écho embryonnaire mesurable ou sans vésicule vitelline visible ou en présence d’un sac gestationnel supérieur à
20 mm contenant un embryon de plus de 5 mm sans activité
cardiaque [7, 8] .
Dosage quantitatif des ␤HCG plasmatiques
Dans des conditions de grossesse normale, le taux double
approximativement toutes les 48 heures. En cas de taux faible ou
de cinétique anormale, on évoquera toujours en premier lieu la
GEU. Il peut s’agir aussi d’une grossesse arrêtée. Une cinétique normale est de bon pronostic mais on ne peut éliminer une GEU avec
certitude. Un taux très élevé est en faveur d’une môle hydatiforme.
La confrontation échographie et dosage des ␤HCG plasmatiques
quantitatifs est souvent nécessaire jusqu’à ce que le diagnostic soit
posé et la GEU éliminée.
Groupe sanguin avec détermination du rhésus si celui-ci n’est
pas connu. En cas de rhésus négatif et de conjoint rhésus positif
une prévention de l’allo-immunisation rhésus est à réaliser par
une injection de gammaglobulines anti-D.
Étiologies
Les quatre étiologies les plus fréquentes sont la fausse couche
spontanée du premier trimestre, la menace de fausse couche du
premier trimestre, les pathologies cervicales avec au premier plan
les ectropions et évidement la GEU.
L’examen clinique avec spéculum permet en premier lieu de
distinguer le caractère intra-utérin des saignements. Celui-ci peut
mettre en évidence une cause cervicale ou vaginale et la prise en
charge est alors totalement différente. Parfois l’examen clinique
permet de visualiser un sac en cours d’expulsion et de poser ainsi le
diagnostic de fausse couche spontanée. Enfin, en cas de grossesse
arrêtée le toucher vaginal permet d’apprécier le degré d’ouverture
du col afin d’évaluer les chances de succès du traitement médical. Le caractère intra-utérin des saignements étant confirmé, il
convient d’évoquer les étiologies qui suivent. Le Tableau 2 présente les éléments de l’examen clinique orientant vers l’une des
quatre étiologies principales [9] .
Grossesses ectopiques
Grossesse tubaire
Dans une étude américaine récente, l’incidence des GEU est
de 0,64 % dans une population de femmes âgées de 15 ans à
44 ans [10] . Ce taux augmente avec l’âge, de 0,3 % chez les femmes
de 15 ans à 19 ans, il passe à 1 % chez les femmes âgées de 35 ans
à 44 ans. Dix à vingt pour cent des femmes enceintes vont présenter des symptômes anormaux (métrorragie ou douleurs) en
début de grossesse ; parmi elles une certaine proportion (5 % à
30 %) sera effectivement porteuse d’une GEU. Sur le plan symptomatique, on retrouve classiquement la triade associant retard
de règles, douleurs pelviennes, métrorragies. L’information de
l’existence d’un retard de règles manque dans 20 % à 50 % des
GEU. L’interrogatoire recherche des facteurs de risque de pathologie tubaire. L’examen clinique retrouve classiquement un col
fermé, des métrorragies peu abondantes, sépia. Le volume utérin
est normal. On peut palper une masse latéro-utérine douloureuse ou retrouver une sensibilité annexielle. L’échographie met
en évidence une vacuité utérine ou un pseudo-sac, parfois une
image latéro-utérine évocatrice et un épanchement du cul-de-sac
de Douglas. La vacuité utérine est surtout interprétable en cas de
␤HCG plasmatiques supérieurs à 1 500 UI/l. La prise en charge est
traitée dans l’article « Grossesse extra-utérine » de l’EMC. Le traitement avant tout chirurgical il y a quelques années devient de
plus en plus médical et conservateur grâce au méthotrexate. Ce
traitement médical qui représentait 11,1 % des traitements de la
GEU en 2002 est passé à 35,1 % en 2007. Le taux d’échec reste
significatif et est estimé à 14,7 % [10] .
EMC - Obstétrique/Gynécologie
Grossesses interstitielles, angulaires et cornuales
Le diagnostic différentiel de ces grossesses est rarement facile
et repose sur la laparoscopie bien que les progrès en échographie notamment 3D permettent maintenant souvent d’anticiper
le diagnostic. Par rapport aux grossesses tubaires, le risque de
rupture avec hémorragie importante est élevé. Le traitement est
classiquement chirurgical par laparoscopie. Le traitement médical par laparoscopie avec injection in situ de méthotrexate a été
rapporté avec succès par plusieurs équipes [11] .
Grossesse isthmique et cervicale
Le diagnostic de grossesse isthmique repose sur des données cliniques et échographiques (sac en position isthmique ou cervicale,
vacuité du corps utérin). Une évolution à terme est possible mais le
risque hémorragique est majeur. Plusieurs options thérapeutiques
sont envisageables si la grossesse n’est pas prolongée : le traitement médical par méthotrexate, le curetage évacuateur simple qui
reste à haut risque de complications ou le curetage après ligature
ou embolisation des artères utérines et, l’hystérectomie. Le succès
du traitement conservateur semble être corrélé aux critères retenus dans les grossesses cervicales, prenant en compte l’activité
cardiaque, le taux des HCG, l’âge gestationnel et la longueur
craniocaudale. Certains recommandent l’injection systémique de
méthotrexate [12] . D’autres recommandent l’injection in situ du
méthotrexate en cas d’échec de l’injection systémique [12–14] . Beaucoup d’équipes préfèrent associer au méthotrexate l’embolisation
des artères utérines afin de diminuer le risque de saignements
abondants qui reste élevé dans cette localisation [15] . D’autres
auteurs préconisent l’embolisation des artères utérines immédiatement avant curetage de la grossesse cervicale [16, 17] .
Grossesse ovarienne
Le diagnostic est le plus souvent laparoscopique. La clinique est
identique à celle de la grossesse tubaire. Le traitement est le plus
souvent chirurgical.
Môle hydatiforme
Il s’agit d’une dégénérescence trophoblastique de l’œuf. Les
signes sympathiques de grossesse sont souvent très marqués
(vomissements, tension mammaire, effets T4 liée, etc.). L’examen
au spéculum permet parfois de visualiser des vésicules molaires.
Au toucher vaginal, l’utérus est souvent sensible et trop gros pour
le terme de la grossesse. On retrouvera éventuellement des masses
annexielles. L’échographie retrouve typiquement des images floconneuses sans embryon et des kystes ovariens. Biologiquement
le taux de ␤HCG est très augmenté (200 000 UI/l-400 000 UI/l)
et une protéinurie est souvent associée. Le diagnostic formel
ne sera fait que sur examen anatomopathologique du produit
d’aspiration du contenu intra-utérin ; aspiration qui devra être
extrêmement prudente en raison du risque perforatif et hémorragique associé. L’examen anatomopathologique permettra en
particulier d’éliminer un choriocarcinome. La surveillance de la
décroissance satisfaisante du taux de ␤HCG plasmatique est impérative. Une chimiothérapie pourra parfois être instituée. Un avis
pourra être sollicité au centre de référence des maladies trophoblastiques de Lyon (www.mole-chorio.com).
Avortements provoqués
Cette situation est devenue rare voire exceptionnelle depuis la
légalisation de l’interruption volontaire de grossesse. Le tableau
est celui d’un avortement spontané souvent dans un contexte
fébrile associé à un contexte social difficile. La prise en charge
en urgence consiste en l’hospitalisation de la patiente, institution
d’une antibiothérapie intraveineuse à large spectre, évacuation de
l’utérus par aspiration sous contrôle échographique.
3
5-049-D-16 Métrorragies du premier trimestre de la grossesse
Tableau 2.
Présomption diagnostique devant une hémorragie du 1er trimestre de grossesse au terme de l’interrogatoire et de l’examen clinique [9] .
Avortement en cours
Menace d’avortement
GEU ampullaire
Antécédents de FCS
Antécédents de FCS
Tabagisme
Dispositif intra-utérin
Microprogestatifs
Antécédents de lésion tubaire
(chirurgie, salpingites)
PMA
Douleurs
Intenses de type coliques
expulsives
Absentes ou modérées
Variables
Absentes
Douleur abdominale latéralisée
Absentes
Saignements
Abondants avec caillots
Modérés
Variables : souvent modérés,
bruns, parfois plus abondants et
d’aspect rouge (très variable)
Modérés à minimes
Facteurs favorisants :
examen gynécologique,
rapport sexuel, ectropion
connu
Abdomen
Douleur hypogastrique
médiane
Peu ou pas de douleur
Douleurs modérées, latéralisées
Indolore
Toucher vaginal
Utérus gravide
Très douloureux et dur
Col ouvert
Utérus non ou peu
douloureux
Col fermé
Variable : pas de douleur ou
hyperalgique
Douleur latéralisée à un cul-de-sac
vaginal
Col fermé
Indolore
Col fermé
Spéculum
Matériel trophoblastique
dans le col
Saignements venant de
l’endocol
Saignements venant de
l’endocol
Saignements venant de l’endocol
le plus souvent modéré et brun
(parfois abondant)
Ectropion saignant au
contact
Antécédents
Pathologie cervicale
Signes fonctionnels
Signes physiques
GEU : grossesse extra-utérine ; FCS : fausse couche spontanée ; PMA : procréation médicalement assistée.
Métrorragies avec grossesse intra-utérine
Menace d’interruption spontanée de la grossesse
ou menace d’avortement
Le volume utérin est en rapport avec l’âge gestationnel, le col
est fermé, il n’existe pas de masse annexielle (sauf éventuellement
un corps jaune palpable cliniquement), le cul-de-sac de Douglas
est souple. L’échographie montre un sac gestationnel intra-utérin
avec un embryon et une activité cardiaque. Les différentes causes
peuvent être :
• la lyse d’un deuxième jumeau en début de grossesse ;
• un décollement trophoblastique (hématome décidual) ;
• une endométrite déciduale de pronostic très défavorable ;
• une insertion ovulaire basse ;
• souvent, la cause n’est pas retrouvée et le pronostic est favorable
dans 93 % des cas [18].
Interruption spontanée de la grossesse
ou avortement spontané
Le plus souvent asymptomatique, dans la majorité des cas la
patiente ne présente pas de signes fonctionnels en dehors des
métrorragies. L’utérus est de petite taille pour l’âge gestationnel théorique, le col est parfois ouvert et il n’y a pas de masse
annexielle perçue. Les signes sympathiques de grossesse auront
disparu. L’échographie fait le diagnostic avec présence d’une grossesse intra-utérine et un embryon de taille inférieure à ce qu’il
devrait être selon le terme théorique. L’activité cardiaque est
absente. Les étiologies sont nombreuses et sont développées dans
l’article sur les fausses couches à répétition. L’origine est chromosomique dans 70 % des cas avant 6 semaines d’aménorrhée et dans
50 % des cas dans les 10 premières semaines d’aménorrhée [19] .
La prise en charge dans cette forme paucisymptomatique peut
être abstentionniste dans un premier temps ; on convoque alors la
patiente une semaine plus tard pour une échographie de contrôle
et la grossesse arrêtée s’expulse le plus souvent spontanément.
En cas de confirmation d’une grossesse non-évolutive sans expulsion spontanée, on peut envisager soit un traitement médical par
misoprostol soit un traitement chirurgical par aspiration.
4
Tableau 3.
Facteurs pronostiques en cas de menace de fausse couche lors du premier
trimestre de la grossesse [20] .
Facteurs pronostiques
favorables
Facteurs pronostiques
défavorables
Histoire
Âges gestationnel avancé
Âge maternel > 34 ans
Nombre de fausses couches
précédentes
Échographie
Activité cardiaque normale
Bradycardie
Décalage entre l’âge gestationnel
et la LCC
Sac gestationnel vide > 15-17 mm
Marqueurs sériques maternels
Valeurs normales
Valeur basse de ␤HCG
Fraction ␤ libre HCG < 20 ng/ml
Progestéronémie < 45 nmol/l
Inhibine A < 0,553 MoM
CA125 ≥ 43,1 U/ml
LCC : longueur craniocaudale ; ␤HCG : bêta de l’hormone chorionique gonadotrophine.
Facteurs évolutifs de la menace d’avortement
spontanée
Des facteurs pronostiques ont été mis en évidence
(Tableau 3) [20] . L’âge avancé augmente le risque de fausse
couche par rapport à la population générale. Une étude prospective a mis en évidence que les femmes de plus de 34 ans ont un
risque plus élevé avec un odds ratio de 2,3 [21] .
Certains critères échographiques ont été associés à des risques
élevés. Un sac gestationnel vide d’au moins 15 mm à 7 semaines
et de 21 mm à 8 semaines chez une femme symptomatique est
associé à un risque de 90,8 % de faire une fausse couche [22] .
Un sac d’un diamètre de 17 mm sans embryon ou de 13 mm
sans vésicule vitelline est en faveur d’une grossesse non-évolutive
avec une spécificité et une valeur prédictive de 100 % [23] .
L’activité cardiaque est normalement visible dès que l’embryon
mesure 5 mm. Plusieurs études prospectives reportent un taux
de perte de 3,4 % à 5,5 % si des saignements apparaissent
EMC - Obstétrique/Gynécologie
Métrorragies du premier trimestre de la grossesse 5-049-D-16
après que l’activité cardiaque est apparue [24, 25] . Une bradycardie fœtale et un décalage entre l’âge gestationnel et la longueur
craniocaudale sont également des facteurs de mauvais pronostic [26, 27] . Une étude prospective a montré que la présence de
l’un de ces trois facteurs (bradycardie fœtale, décalage entre les
mesures du sac gestationnel et de la longueur craniocaudale
et le décalage entre le terme calculé par rapport aux dernières
règles et le terme échographique de plus d’une semaine) augmente le risque de fausse couche de 6 % lorsqu’aucun de ces
signes n’est présent à 84 % lorsque les trois sont présents [21] .
La valeur pronostique de l’hématome sous-chorial retrouvé en
échographie est discutée. Alors qu’il est associé, lorsqu’il est
important, à un risque de fausse couche multiplié par 3 (19 %
versus 71 %) chez les femmes présentant des métrorragies, la
présence et même la taille de l’hématome ne sont pas en rapport avec un risque de fausse couche plus élevé dans d’autres
études prospectives [28] . D’autres études rapportent des résultats
similaires [21, 22, 29] .
Certains marqueurs sériques ont également été proposés
comme facteurs prédictifs de fausse couche lors du premier trimestre de la grossesse. Les taux de ␤HCG sériques sont plus faibles
chez les femmes présentant une menace de fausse couche [30] . La
progestéronémie pourrait également être un facteur pronostique.
Une étude concernant 358 femmes présentant des métrorragies
dans les 18 premières semaines de grossesse montre qu’une progestéronémie inférieure à 45 nmol/l (14 ng/ml) est de mauvais
pronostique avec une sensibilité de 87,6 % et une spécificité de
87,5 % [31] . Un taux d’inhibine A inférieur à 0,553 multiples de
la médiane (MoM) est également un facteur de mauvais pronostic [32] . De même un taux de CA125 élevé semble être associé à
un taux de perte embryonnaire plus élevé. Un taux supérieur à
43,1 UI/ml est associé à un risque élevé de fausse couche chez
200 femmes présentant des métrorragies lors du premier trimestre
de la grossesse [33] .
Traitements
Le traitement des patientes présentant une GEU ou une maladie trophoblastique sera développé dans des articles spécifiques
de l’EMC. Ce traitement pourra être réalisé en ambulatoire sous
certaines conditions pour les GEU par méthotrexate. La prise en
charge des menaces d’avortement spontané et des avortements
spontanés est étudiée ici.
En cas de grossesse intra-utérine non
évolutive
La prise en charge repose sur une évacuation du contenu
utérin en prévention du risque hémorragique et du risque infectieux. Trois attitudes sont décrites, l’aspiration sous anesthésie
locale ou générale, l’expectative et le traitement médical. En
effet, l’attitude plus facilement chirurgicale il y a une dizaine
d’année, le diagnostic échographique pouvant maintenant être
précoce, ce type de traitement est à reconsidérer au profit
de l’expectative et du traitement médical [34] . Actuellement le
traitement par misoprostol (Cytotec® ) est préconisé par de nombreux centres. Dès 2004, Herlicoviez a montré sa faisabilité et
son innocuité relative. Sur une étude portant sur des avortements de moins de 14 semaines d’aménorrhée avec l’usage de
misoprostol en dose vaginale unique de 800 ␮g administré en
ambulatoire, il décrit une efficacité de 80 % et une innocuité
satisfaisante (5 % de gestes chirurgicaux en urgence) [35] . Une
analyse de la Cochrane Database publiée sur le sujet en 2006
et portant sur 24 études étaye cette hypothèse et affirme ainsi
l’efficacité et le bien-fondé du traitement par misoprostol par
voie vaginale lors d’une grossesse arrêtée avant 24 semaines
d’aménorrhée [36] .
Une autre revue récente de la Cochrane Database [37] a fait une
mise au point sur le traitement actuel des fausses couches à moins
de 24 semaines d’aménorrhée. Quinze études (2 750 patientes)
contrôlées randomisées comparant le traitement médical avec
l’attitude d’expectative et le traitement chirurgical ont été
EMC - Obstétrique/Gynécologie
rapportées. Toutes ces études portaient sur des grossesses de
13 semaines d’aménorrhée au maximum. Les objectifs et protocoles d’étude étaient assez hétérogènes et la comparaison des
données limitées. Trois études ont comparé le traitement médical
par misoprostol administré par voie vaginale avec l’expectative.
Aucune différence significative n’a été mise en évidence concernant le taux de vacuité utérine après le traitement (RR 1,23 ;
IC 95 % : 0,72 à 2,10) et le nombre d’aspirations chirurgicales
nécessaire (RR 0,62 ; IC 95 % : 0,17 à 2,26). Neuf études incluant
1 766 femmes ont comparé le misoprostol et le traitement chirurgical. Il n’a pas été montré non plus de différence significative
en termes de taux d’évacuation complète (RR 0,96 ; IC 95 % :
0,92 à 1,00). Surtout, il y a eu peu d’évacuation chirurgicale
avec le misoprostol (RR 0,07 ; IC 95 % : 0,03 à 0,18) mais plus
de chirurgie en urgence. Les auteurs confirment donc que le
traitement par misoprostol ou l’expectative sont 2 possibilités
acceptables permettant d’éviter l’aspiration sous anesthésie et
l’hospitalisation. Il n’existe que peu de donnée dans la littérature
concernant les complications sévères.
Le délai d’expulsion est de 2 jours à 5 jours. L’aspiration n’est
recommandée qu’en cas d’ultime recours. Le taux de complication
n’est pas plus élevé qu’en cas d’aspiration systématique [38, 39] .
Traitement chirurgical
Il permet l’évacuation du produit de fausse couche non plus
par curetage mais par aspiration douce. En effet, le curetage est
jugé trop abrasif et a été décrit comme pouvant être à l’origine
de synéchies allant jusqu’à la disparition de la cavité (syndrome
d’Asherman). Dans notre service comme dans la majorité des établissements, ce traitement se fait en chirurgie ambulatoire sous
anesthésie générale, rachianesthésie voire anesthésie locale dans
certains cas. Afin de faciliter la dilatation cervicale si celle-ci est
nécessaire, l’introduction intravaginale de 2 comprimés de misoprostol (400 ␮g) 2 heures à 3 heures avant la réalisation du geste
est favorisée.
Technique :
• toucher vaginal pour évaluation du volume utérin et de la dilatation cervicale ;
• préparation cervicale par 400 ␮g de misoprostol intravaginal ;
• badigeonnage périnéal et vaginal par solution antiseptique ;
• sondage urinaire minute ;
• mise en place du spéculum et pince de Pozzi sur la lèvre antérieure du col ;
• hystérométrie, dilatation du col à la bougie de Hégar quasi systématiquement inutile ;
• introduction d’une canule d’aspiration mousse dont le diamètre tient compte de l’âge gestationnel (en général 8 mm à
12 mm) ;
• aspiration avec mouvement de rotation et de va-et-vient doux
en prenant soins de ne pas perforer un myomètre en général
mou et fragile ;
• vérification de la vacuité utérine à l’échographie (cliché à mettre
dans le dossier) ;
• vérification de l’hémostase et injection éventuelle d’un utérotonique ;
• prévention de l’allo-immunisation rhésus si nécessaire par
injection de gammaglobulines anti-D ;
• réalisation du compte rendu opératoire en précisant les
complications éventuelles.
Abstention thérapeutique
Depuis que le traitement médical a pris une place de choix
dans la prise en charge des avortements du premier trimestre
de la grossesse, l’expectative ne se justifie que chez des patientes
motivées car le délai d’expulsion est variable et parfois long. Pour
Nielsen et al., celle-ci est obtenue chez 79 % des patientes symptomatiques après 3 jours de surveillance [39] . Schwarzler et al. ont
observé 84 % d’évacuation spontanée après 4 semaines de surveillance. Cinquante-quatre pour cent lors de la première semaine
et 74 % après 2 semaines [40] .
Pour Wieringa-de Waard et al., elle serait efficace chez 51 %
des femmes toute confondues présentant une grossesse arrêtée
au premier trimestre. Des saignements seraient prédictifs d’une
5
5-049-D-16 Métrorragies du premier trimestre de la grossesse
évacuation rapide et spontanée de l’utérus [41] . En termes de fertilité après évacuation d’un produit de fausse couche, il a été montré
que l’expectative associée ou non à un traitement médical est
préférable au traitement chirurgical [42] .
Tableau 4.
Taux de succès en fonction des modalités d’administration du misoprostol
en cas de fausse couche spontanée précoce (FCS) [49] .
Protocole
d’administration
Traitements médicaux
FCS inévitables,
incomplètes
L’utilisation d’agents pharmacologiques représente en effet une
alternative de choix au traitement chirurgical et peut être associer
le cas échéant à l’expectative si celle-ci n’a pas permis l’expulsion
du produit de fausse couche dans des délais acceptables. Deux
classes de molécules ont été étudiées seules ou en association. Il
s’agit des antagonistes de la progestérone (mifépristone) et des
analogues des prostaglandines E1 (misoprostol).
Mifépristone seule
La mifépristone est un stéroïde de synthèse à action antiprogestative. Elle est utilisée notamment dans les interruptions de
grossesse, souvent en association avec le misoprostol. Elle n’a
pas l’autorisation de mise sur le marché (AMM) en France pour
l’expulsion de grossesses arrêtées. Quelques études rapportent le
taux d’expulsion de grossesses arrêtées après mifépristone seule.
Lelaidier et al. rapportent dans une étude prospective randomisée
en double aveugle un taux d’expulsion de 82 % dans un délai de
5 jours après 600 mg de mifépristone pour les grossesses arrêtées
non symptomatiques [43] .
Misoprostol
Le misoprostol (Cytotec® ) est un analogue synthétique de prostaglandine E1 (PGE1) disponible sous forme de comprimés. Il est
très comparable à d’autres prostaglandines utilisées en obstétrique
telles que le dinoprostone (PGE2) et sulprostone (analogue PGE2).
Il a été développé et commercialisé pour prévenir l’ulcère gastroduodénal, mais avec son activité utérotonique et de maturation
cervicale puissante, il a trouvé un large usage dans des indications
gynécologiques et obstétricales. Il est disponible en comprimés de
200 ␮g.
Il est rapidement absorbé après avoir été administré par voie
buccale, sublinguale, vaginale ou rectale. Avec une administration orale, la demi-vie biologique est de moins de 30 minutes, et
le pic est à 15 minutes. Après une administration vaginale, elle
augmente graduellement pour atteindre un niveau maximum à
60 minutes à 120 minutes, mais après 240 minutes, le niveau est
encore à 60 % du niveau maximum. Zieman et al. ont montré que
le choix de la voie d’administration est important car la pharmacocinétique n’est pas du tout la même lorsque l’administration se fait
par voie orale ou vaginale. Ces différences pharmacocinétiques
peuvent expliquer la différence observée en termes d’efficacité clinique. La concentration plasmatique de la molécule est prolongée
dans le groupe voie vaginale par rapport au groupe voie orale ce
qui suggère que l’administration vaginale doit être réitérée à des
intervalles plus larges que pour l’administration orale [44] .
La voie sublinguale a été récemment étudiée par Tang et al. qui
ont comparé chez 40 femmes les concentrations veineuses du produit selon la voie d’administration [45] . Les taux les plus importants
ont été obtenus avec la voie sublinguale (574,8 ± 250,7 pg/ml
par voie sublinguale, 287,6 ± 144,3 pg/ml par voie orale et
125,2 ± 53,8 pg/ml par voie vaginale [p < 0,001]). Par ailleurs ces
pics de concentration sont obtenus plus rapidement avec la voie
sublinguale (26,0 ± 11.5 min) et orale (27,5 ± 14.8 min) qu’avec
la voie vaginale. Par contre, il semble que la voie sublinguale
soit associée à un taux plus important d’effets secondaires. Une
étude randomisée publiée en 2005 a comparé la mifépristone
en association avec le misoprostol administré par voie sublinguale et vaginale chez 340 femmes dans le cadre d’interruption
de grossesse entre 9 semaines et 13 semaines d’aménorrhée [46] . La
prévalence des effets secondaires du misoprostol semblait en effet
plus élevée administrée par voie sublinguale (diarrhée, frissons,
mauvais goût dans la bouche).
La plupart des études sur le misoprostol ont confirmé sa sûreté et
sa rentabilité pour le traitement des grossesses arrêtées, soit utilisé
seul, soit associé à la mifépristone. Dans ce contexte, on a constaté
que le misoprostol est efficace dans l’évacuation des produits de la
conception retenus dans 70 % à 80 % des cas, avec réduction de la
perte sanguine. Le misoprostol peut s’avérer utile en premier lieu
6
Taux d’expulsion complète (%)
Dose orale répétée a
(4 heures)
400 ␮g
Dose vaginale
unique b
400-800 ␮g
Dose vaginale
répétée a (4 heures)
200-600 ␮g
Dose sublinguale
répétée a (3 heures)
400-600 ␮g
FCS retardées
47-85
90
80-92
70
60-90
80-90
a
Maximum trois doses répétées.
Éventuellement renouvelée à 48 heures en cas de persistance du sac gestationnel.
b
dans les cas d’évacuation incomplète de la cavité, pour contrôler
le saignement utérin en attendant que l’évacuation ait lieu. Son
innocuité, par ailleurs, semble hautement probable en termes de
risque de prématurité pour les grossesses ultérieures [47] .
Zhang et al., dans une étude prospective randomisée portant
sur 652 femmes présentant une grossesse arrêtée au premier trimestre de la grossesse, comparent une dose unique de 800 ␮g de
misoprostol par voie vaginale et l’approche chirurgicale par aspiration. Ils décrivent un taux de succès du traitement médical de
84 % [48] .
La voie d’administration la plus communément admise pour
une meilleure efficacité avec des effets secondaires moindres est
la voie vaginale [49] (Tableau 4). Cette voie semble être plus intéressante que la voie orale en raison d’une action prolongée sur la
contractilité utérine et le tissu conjonctif cervical et mieux tolérée
sur le plan digestif. L’utilisation d’une dose vaginale unique, éventuellement renouvelée à 24-48 heures, a l’avantage de simplifier le
protocole thérapeutique et de permettre plus aisément une prise
en charge ambulatoire.
Une étude multicentrique portant sur 491 femmes ayant reçu
une dose de 800 ␮g de misoprostol par voie vaginale avec une
seconde dose si nécessaire à j3 a cherché à définir des facteurs de
succès du traitement médical [50] . Les auteurs ont ainsi identifié
comme facteurs de réussite du traitement l’existence de douleurs
hypogastriques, des métrorragies dans les 24 heures suivant la
prise du traitement, le rhésus négatif et la nulliparité. Cependant seuls les saignements dans les 24 heures suivant la prise du
traitement et la parité n’excédant pas un prédisaient un succès
du traitement dès la première dose. Une autre étude prospective récente a mis en évidence des critères prédictifs d’une bonne
réponse au traitement par misoprostol en cas de grossesse arrêtée.
Le protocole incluait 2 doses de 800 ␮g par voie vaginale et orale
à un intervalle de 24 heures à 72 heures. Un succès a été obtenu
dans 77,2 % des cas. Le risque d’échec du traitement augmentait
de façon significative chez les patientes ayant eu antérieurement
plus de cinq grossesses comparativement aux patientes n’ayant
eu qu’une ou deux grossesses. Le taux d’échec était également
plus important chez les patientes ayant eu une grossesse spontanée par rapport à celles ayant été enceinte après induction de
l’ovulation [51] .
Certains ont cherché des critères échographiques prédictifs
d’une bonne réponse au traitement [52] à travers une étude rétrospective de 355 patientes traitées pour une grossesse arrêtée au
premier trimestre de la grossesse par une dose de 400 ␮g de misoprostol. Les patientes étaient divisées en 4 groupes ; les deux
premiers en fonction de la longueur craniocaudale (supérieure ou
égale à 6 millimètres et inférieure à 6 millimètres), les deux autres
en fonction du diamètre du sac gestationnel (supérieur ou égal
à 18 millimètres et inférieur à 18 millimètres). Le taux de succès
tout confondu était de 39,2 %. L’efficacité était plus grande en cas
EMC - Obstétrique/Gynécologie
Métrorragies du premier trimestre de la grossesse 5-049-D-16
de longueur craniocaudale inférieure à 6 millimètres (50 %) alors
que le traitement était moins efficace en cas de sac gestationnel de
plus de 18 millimètres (26,6 %). Le taux de succès était moins bon
après un jour de traitement (30,2 %) qu’après 2 jours et 3 jours de
traitement (43,6 %). Outre l’âge gestationnel, il paraît donc primordial de prendre en considération les mesures échographiques
précises de l’embryon et du sac gestationnel avant d’envisager le
traitement médical.
Association mifépristone et misoprostol
Certaines études montrent une efficacité supérieure de
l’association mifépristone-misoprostol par rapport au misoprostol seul [53–56] . Dans la majorité des cas, ces études ont été réalisées
dans le cadre des interruptions volontaires de grossesse et non pas
dans le cadre du traitement médical des grossesses arrêtées.
Une étude récente évalue de façon comparative l’efficacité
de l’association mifépristone-misoprostol et le misoprostol seul
dans le cadre d’interruptions volontaires de grossesse. Elle
compare de façon prospective et randomisée deux protocoles chez
122 femmes demandant une interruption volontaire de grossesse
entre 9 semaines et 12 semaines de grossesse. Le premier groupe
recevait 200 mg de mifépristone suivi 48 heures plus tard par
400 ␮g de misoprostol par voie orale. Le second groupe, 800 ␮g
de misoprostol seul par voie vaginale. On note que 80,8 % des
femmes du groupe 1 versus 77,4 % des femmes du groupe 2 ont
eu une expulsion complète ce qui n’est pas significatif. En termes
d’acceptabilité de la procédure par les patientes, les deux groupes
sont comparables (75,5 % versus 75,7 %). Les auteurs concluent
donc qu’une seule dose de misoprostol de 800 ␮g par voie vaginale est aussi efficace que l’association misoprostol-mifépristone
à ces doses et dans ces conditions d’utilisation [57] .
L’association du misoprostol avec la mifépristone est-elle donc
intéressante ? On ne peut pas conclure formellement car les
études sont hétérogènes, comparent des populations très différentes, des protocoles de soins également différents (doses, voie
d’administration, délai d’expulsion, etc.) et d’autre part, la mifépristone n’a pas l’AMM dans l’indication exposée dans ce chapitre
sur les métrorragies du premier trimestre de la grossesse.
On ne pourrait éventuellement envisager d’utiliser cette association qu’en cas d’échec du traitement par misoprostol seul,
mais il reste à évaluer le rapport coût-efficacité-complicationssatisfaction par rapport à la simple expectative ou encore au
traitement chirurgical.
Proposition de conduite à tenir
En pratique, le diagnostic de grossesse arrêtée au premier trimestre de la grossesse étant posé l’aspiration chirurgicale n’est
proposée qu’aux patientes présentant une fausse couche très
hémorragique, une hémodynamique instable, des troubles de la
coagulation, un refus du traitement médical ou de l’expectative.
Dans les autres cas, il paraît licite de proposer une attitude
d’expectative d’une semaine et de réévaluer la situation en informant bien la patiente de la possibilité de changement d’attitude
selon l’évolution clinique. Si cette attitude n’est pas envisageable,
le traitement médical peut alors être proposé. Un traitement par
misoprostol 200 ␮g, deux comprimés par voie intravaginale à
renouveler après 3 heures est préconisé. La patiente est revue à
48 heures pour réévaluation. Une seconde cure pourra éventuellement être envisagée. Dans tous les cas, il faudra être très vigilant
sur l’information étant donné le risque hémorragique parfois perturbant pour les patientes non éclairées et également prescrire des
antalgiques car les douleurs peuvent être significatives.
La prévention de l’allo-immunisation rhésus est fortement
recommandée en cas de métrorragies du premier trimestre de
la grossesse chez une femme dont le rhésus est négatif et
dont celui du conjoint est positif. Une injection unique de
200 ␮g d’immunoglobulines anti-D par voie intramusculaire
ou intraveineuse est faite. Il n’y a pas de limite inférieure
d’âge gestationnel démontré pour cette prévention. Un test de
Kleihauer n’est pas nécessaire avant l’injection à l’inverse d’une
recherche de d’agglutinines irrégulières (RAI). Avant 12 semaines
d’aménorrhée, il semblerait qu’une seule dose 120 ␮g serait suffisante [58] mais indisponible actuellement en France.
EMC - Obstétrique/Gynécologie
En cas de grossesse intra-utérine évolutive
Après avoir éliminé des métrorragies d’origine cervicovaginale
et en avoir évalué l’importance et le retentissement hémodynamique, le traitement habituellement adopté est le suivant :
• le repos à domicile avec abstinence sexuelle [59] . Le repos à
l’hôpital est inutile [60, 61] ;
• les antispamodiques sont souvent utilisés mais n’ont pas montré d’efficacité supérieure au placebo [62] ;
• les antibiotiques n’ont de place que s’il existe une menace
d’avortement fébrile. Un prélèvement vaginal ou de l’endocol
à visée bactériologique est néanmoins réalisé au préalable au
moindre signe d’appel ;
• prévention de l’allo-immunisation rhésus. Elle doit être proposée systématiquement en cas de métrorragies du premier
trimestre de la grossesse si la patiente est rhésus négatif et
le conjoint rhésus positif. Une injection unique de 200 ␮g
d’immunoglobulines anti-D par voie intramusculaire ou
intraveineuse est alors justifiée. Il n’y a pas de limite inférieure d’âge gestationnel pour cette prévention. Un test de
Kleihauer n’est pas nécessaire avant l’injection contrairement à
une RAI ;
• le traitement hormonal est controversé. Bien qu’il peut théoriquement améliorer la tolérance immunitaire de la grossesse par
la mère et soutenir un corps jaune éventuellement déficient,
l’efficacité de ce traitement n’a jamais été démontrée par
rapport à un placebo ou à l’abstention [63] . En conclusion, les
auteurs s’accordent à ne pas proposer de supplémentation par
progestérone devant une menace d’avortement spontanée.
D’ailleurs, la majorité des fausses couches étant d’origine
chromosomique, il n’y a pas de traitement hormonal à
proposer.
En cas d’avortement hémorragique
En cas d’avortement hémorragique, l’hospitalisation s’impose
afin de surveiller l’état hémodynamique de la patiente. L’examen
gynécologique mettra parfois en évidence un produit de fausse
couche en voie d’expulsion. Les saignements abondants seront
alors le plus souvent accompagnés de contractions utérines
expulsives douloureuses. Une aspiration en urgence sera parfois
proposée pour achever le processus.
Conclusion
Près d’un quart des femmes présente des métrorragies au premier trimestre de la grossesse. Parmi elles, la moitié a une
évolution défavorable. Les causes de ces saignements peuvent
être utérines, cervicales et vaginales. L’examen clinique est donc
l’étape préliminaire incontournable pour s’assurer de l’origine des
saignements. L’échographie permet ensuite de visualiser une grossesse intra-utérine à partir d’un taux de ␤HCG de 1 500 UI/ml.
En cas de symptomatologie douloureuse ou de métrorragies en
début de grossesse, la confrontation échographie et dosage quantitatif des ␤HCG plasmatiques est souvent nécessaire pour éliminer
une grossesse extra-utérine. Les principales causes de métrorragies
du premier trimestre de la grossesse sont la grossesse arrêtée, la
grossesse ectopique, la maladie trophoblastique et enfin les saignements lors d’une grossesse normale évolutive qui doivent rester un
diagnostic d’élimination. Les étiologies des saignements au cours
de la grossesse évolutive sont la lyse d’un jumeau, l’hématome
décidual et l’insertion trophoblastique basse. Après traitement
conservateur d’une GEU (chirurgical ou médical) ainsi qu’après
aspiration d’une môle, on surveille la décroissance du taux de
␤HCG plasmatique jusqu’à négativation. En cas d’avortement
spontané, le traitement chirurgical a fait place à l’expectative et
au traitement médical. Celui-ci est réalisé par le misoprostol le
plus souvent par voie vaginale qui à dose suffisante entraîne une
vacuité utérine dans 80 % à 85 % des cas. En cas de rhésus négatif,
et après une RAI, on pratique une injection de gammaglobulines
anti-D pour prévenir l’allo-immunisation rhésus maternofœtale.
7
5-049-D-16 Métrorragies du premier trimestre de la grossesse
Références
[1]
[2]
[3]
[4]
[5]
[6]
[7]
[8]
[9]
[10]
[11]
[12]
[13]
[14]
[15]
[16]
[17]
[18]
[19]
[20]
[21]
[22]
[23]
[24]
8
Deutchman M, Tubay AT, Turok D. First trimester bleeding. Am Fam
Physician 2009;79:985–94.
Everett C. Incidence and outcome of bleeding before the 20th week
of pregnancy: prospective study from general practice. Br Med J
1997;315:32–4.
Hasan R, Baird DD, Herring AH, Olshan AF, Jonsson Funk ML, Hartmann KE. Association between first-trimester vaginal bleeding and
miscarriage. Obstet Gynecol 2009;114:860–7.
Lykke JA, Dideriksen KL, Lidegaard O, Langhoff-Roos J. Firsttrimester vaginal bleeding and complications later in pregnancy. Obstet
Gynecol 2010;115:935–44.
Saraswat L, Bhattacharya S, Maheshwari A, Bhattacharya S. Maternal
and perinatal outcome in women with threatened miscarriage in the
first trimester: a systematic review. BJOG 2010;117:245–57.
Nybo Andersen AM, Wohlfahrt J, Christens P, Olsen J, Melbye M.
Maternal age and fetal loss: population based register linkage study.
Br Med J 2000;320:1708–12.
Jauniaux E, Johns J, Burton GJ. The role of ultrasound imaging in diagnosing and investigating early pregnancy failure. Ultrasound Obstet
Gynecol 2005;25:613–24.
Sawyer E, Jurkovic D. Ultrasonography in the diagnosis and
management of abnormal early pregnancy. Clin Obstet Gynecol
2007;50:31–54.
Benoist G, Cheret-Benoist A, Beucher G, Dreyfus M. Bleeding in
the first trimester of pregnancy: diagnostic approach and therapeutic
management. J Gynecol Obstet Biol Reprod 2010;39(suppl3):F33–9.
Hoover KW, Tao G, Kent CK. Trends in the diagnosis and treatment of ectopic pregnancy in the United States. Obstet Gynecol
2010;115:495–502.
Benifla JL, Fernandez H, Sebban E, Darai E, Frydman R, Madelenat
P. Alternative to surgery of treatment of unruptured interstitial pregnancy: 15 cases of medical treatment. Eur J Obstet Gynecol Reprod
Biol 1996;70:151–6.
Kirk E, Condous G, Haider Z, Syed A, Ojha K, Bourne T. The conservative management of cervical ectopic pregnancies. Ultrasound Obstet
Gynecol 2006;27:430–7.
Moon HS, Hyun JH, Kim KS, Kim HJ, Moon SE, Koo JS. Use of Tuohy
needle for intraamniotic methotrexate injection through the cervical
canal in a cervical pregnancy after failure of systemic methotrexate
treatment. Am J Obstet Gynecol 2010;202:e4–6.
Jeong EH, Kim YB, Ji IW, Kim HS. Triplet cervical pregnancy treated
with intraamniotic methotrexate. Obstet Gynecol 2002;100:1117–9.
Hirakawa M, Tajima T, Yoshimitsu K, Irie H, Ishigami K, Yahata
H, et al. Uterine artery embolization along with the administration
of methotrexate for cervical ectopic pregnancy: technical and clinical
outcomes. AJR Am J Roentgenol 2010;192:1601–7.
Yu B, Douglas NC, Guarnaccia MM, Sauer MV. Uterine artery
embolization as an adjunctive measure to decrease blood loss
prior to evacuating a cervical pregnancy. Arch Gynecol Obstet
2009;279:721–4.
Nakao Y, Yokoyama M, Iwasaka T. Uterine artery embolization followed by dilation and curettage for cervical pregnancy. Obstet Gynecol
2008;111:505–7.
Jouppila P, Tapanainen J, Huhtaniemi I. Plasma HCG levels in patients
with bleeding in the first and second trimesters of pregnancy. BJOG
1979;86:343–9.
Boue J, Bou A, Lazar P. Retrospective and prospective epidemiological
studies of 1500 karyotyped spontaneous human abortions. Teratology
1975;12:11–26.
Sotiriadis A, Papatheodorou S, Makrydimas G. Threatened miscarriage: evaluation and management. Br Med J 2004;329:152–5.
Falco P, Milano V, Pilu G, David C, Grisolia G, Rizzo N, et al. Sonography of pregnancies with first-trimester bleeding and a viable embryo:
a study of prognostic indicators by logistic regression analysis. Ultrasound Obstet Gynecol 1996;7:165–9.
Falco P, Zagonari S, Gabrielli S, Bevini M, Pilu G, Bovicelli L.
Sonography of pregnancies with first-trimester bleeding and a small
intrauterine gestational sac without a demonstrable embryo. Ultrasound Obstet Gynecol 2003;21:62–5.
Tongsong T, Wanapirak C, Srisomboon J, Sirichotiyakul S, Polsrisuthikul T, Pongsatha S. Transvaginal ultrasound in threatened abortions
with empty gestational sacs. Int J Gynaecol Obstet 1994;46:297–301.
Tongsong T, Srisomboon J, Wanapirak C, Sirichotiyakul S, Pongsatha
S, Polsrisuthikul T. Pregnancy outcome of threatened abortion with
demonstrable fetal cardiac activity: a cohort study. J Obstet Gynaecol
1995;21:331–5.
[25] Tannirandorn Y, Sangsawang S, Manotaya S, Uerpairojkit B, Samritpradit P, Charoenvidhya D. Fetal loss in threatened abortion after
embryonic/fetal heart activity. Int J Gynaecol Obstet 2003;81:263–6.
[26] Makrydimas G, Sebire NJ, Lolis D, Vlassis N, Nicolaides KH. Fetal
loss following ultrasound diagnosis of a live fetus at 6-10 weeks of
gestation. Ultrasound Obstet Gynecol 2003;22:368–72.
[27] Reljic M. The significance of crown-rump length measurement for predicting adverse pregnancy outcome of threatened abortion. Ultrasound
Obstet Gynecol 2001;17:510–2.
[28] Pedersen JF, Mantoni M. Prevalence and significance of subchorionic
hemorrhage in threatened abortion: a sonographic study. AJR Am J
Roentgenol 1990;154:535–7.
[29] Dickey RP, Olar TT, Curole DN, Taylor SN, Matulich EM. Relationship of first-trimester subchorionic bleeding detected by color Doppler
ultrasound to subchorionic fluid, clinical bleeding, and pregnancy outcome. Obstet Gynecol 1992;80:415–20.
[30] la Marca A, Morgante G, De Leo V. Human chorionic gonadotropin,
thyroid function, and immunological indices in threatened abortion.
Obstet Gynecol 1998;92:206–11.
[31] al-Sebai MA, Kingsland CR, Diver M, Hipkin L, McFadyen IR.
The role of a single progesterone measurement in the diagnosis of
early pregnancy failure and the prognosis of fetal viability. BJOG
1995;102:364–9.
[32] Florio P, Luisi S, D’Antona D, Severi FM, Rago G, Petraglia F. Maternal serum inhibin A levels may predict pregnancy outcome in women
with threatened abortion. Fertil Steril 2004;81:468–70.
[33] Fiegler P, Katz M, Kaminski K, Rudol G. Clinical value of a single
serum CA-125 level in women with symptoms of imminent abortion
during the first trimester of pregnancy. J Reprod Med 2003;48:982–8.
[34] Graziosi GC, Mol BW, Reuwer PJ, Drogtrop A, Bruinse HW. Misoprostol versus curettage in women with early pregnancy failure
after initial expectant management: a randomized trial. Hum Reprod
2004;19:1894–9.
[35] Beucher G, Baume S, Bekkari Y, Legrand-Horras M, Herlicoviez
M, Dreyfus M. Medical treatment of early spontaneous miscarriages:
a prospective study of outpatient management using misoprostol. J
Gynecol Obstet Biol Reprod 2004;33:401–6.
[36] Neilson JP, Hickey M, Vazquez J. Medical treatment for early
fetal death (less than 24 weeks). Cochrane Database Syst Rev
2006;(3):CD002253.
[37] Neilson JP, Gyte GM, Hickey M, Vazquez JC, Dou L. Medical treatments for incomplete miscarriage (less than 24 weeks). Cochrane
Database Syst Rev 2010;(1):CD007223.
[38] Trinder J, Brocklehurst P, Porter R, Read M, Vyas S, Smith L. Management of miscarriage: expectant, medical, or surgical? Results of
randomised controlled trial (miscarriage treatment (MIST) trial). Br
Med J 2006;332:1235–40.
[39] Nielsen S, Hahlin M. Expectant management of first-trimester spontaneous abortion. Lancet 1995;345:84–6.
[40] Schwarzler P, Holden D, Nielsen S, Hahlin M, Sladkevicius P, Bourne
TH. The conservative management of first trimester miscarriages and
the use of colour Doppler sonography for patient selection. Hum
Reprod 1999;14:1341–5.
[41] Wieringa-de Waard M, Ankum WM, Bonsel GJ, Vos J, Biewenga P,
Bindels PJ. The natural course of spontaneous miscarriage: analysis
of signs and symptoms in 188 expectantly managed women. Br J Gen
Pract 2003;53:704–8.
[42] Fontanarosa M, Galiberti S, Fontanarosa N. Fertility after non-surgical
management of the symptomatic first-trimester spontaneous abortion.
Minerva Ginecol 2007;59:591–4.
[43] Lelaidier C, Baton-Saint-Mleux C, Fernandez H, Bourget P, Frydman
R. Mifepristone (RU 486) induces embryo expulsion in first trimester non-developing pregnancies: a prospective randomized trial. Hum
Reprod 1993;8:492–5.
[44] Zieman M, Fong SK, Benowitz NL, Banskter D, Darney PD. Absorption kinetics of misoprostol with oral or vaginal administration. Obstet
Gynecol 1997;90:88–92.
[45] Tang OS, Schweer H, Seyberth HW, Lee SW, Ho PC. Pharmacokinetics of different routes of administration of misoprostol. Hum Reprod
2002;17:332–6.
[46] Hamoda H, Ashok PW, Flett GM, Templeton A. A randomised controlled trial of mifepristone in combination with misoprostol administered
sublingually or vaginally for medical abortion up to 13 weeks of gestation. BJOG 2005;112:1102–8.
[47] Winer N, Resche-Rigon M, Morin C, Ville Y, Rozenberg P. Is induced
abortion with misoprostol a risk factor for late abortion or preterm
delivery in subsequent pregnancies? Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol
2009;145:53–6.
EMC - Obstétrique/Gynécologie
Métrorragies du premier trimestre de la grossesse 5-049-D-16
[48] Zhang J, Gilles JM, Barnhart K, Creinin MD, Westhoff C, Frederick MM. A comparison of medical management with misoprostol
and surgical management for early pregnancy failure. N Engl J Med
2005;353:761–9.
[49] Beucher G. Management of spontaneous miscarriage in the first trimester. J Gynecol Obstet Biol Reprod 2010;39:F3–10.
[50] Creinin MD, Huang X, Westhoff C, Barnhart K, Gilles JM, Zhang J.
Factors related to successful misoprostol treatment for early pregnancy
failure. Obstet Gynecol 2006;107:901–7.
[51] Machtinger R, Stockheim D, Seidman DS, Lerner-Geva L, Dor J, Schiff
E, et al. Medical treatment with misoprostol for early failure of pregnancies after assisted reproductive technology: a promising treatment
option. Fertil Steril 2009;91:1881–5.
[52] Vejborg TS, Nilas L, Rorbye C. Medical management of first trimester miscarriage according to ultrasonographic findings. Acta Obstet
Gynecol Scand 2007;86:604–9.
[53] el-Refaey H, Hinshaw K, Henshaw R, Smith N, Templeton A. Medical
management of missed abortion and anembryonic pregnancy. Br Med
J 1992;305:1399.
[54] Ashok PW, Templeton A, Wagaarachchi PT, Flett GM. Factors
affecting the outcome of early medical abortion: a review of 4132
consecutive cases. BJOG 2002;109:1281–9.
[55] Wagaarachchi PT, Ashok PW, Narvekar N, Smith NC, Templeton A.
Medical management of early fetal demise using a combination of
mifepristone and misoprostol. Hum Reprod 2001;16:1849–53.
[56] von Hertzen H, Huong N, Piaggio G, Bayalag M, Cabezas E, Fang
AH, et al. Misoprostol dose and route after mifepristone for early
medical abortion: a randomised controlled noninferiority trial. BJOG
2010;117:1186–96.
[57] Dalenda C, Ines N, Fathia B, Malika A, Bechir Z, Ezzeddine S,
et al. Two medical abortion regimens for late first-trimester termination of pregnancy: a prospective randomized trial. Contraception
2010;81:323–7.
[58] Fung Kee Fung K, Eason E, Crane J, Armson A, De La Ronde S, Farine
D, et al. Prevention of Rh alloimmunization. J Obstet Gynaecol Can
2003;25:765–73.
[59] Ben-Haroush A, Yogev Y, Mashiach R, Meizner I. Pregnancy
outcome of threatened abortion with subchorionic hematoma: possible benefit of bed-rest? Isr Med Assoc J 2003;5:
422–4.
[60] Diddle AW, O’Connor KA, Jack R, Pearse RL. Evaluation of bed rest
in threatened abortion. Obstet Gynecol 1953;2:63–7.
[61] Harrison RF. A comparative study of human chorionic gonadotropin,
placebo, and bed rest for women with early threatened abortion. Int J
Fertil Menopausal Stud 1993;38:160–5.
[62] Lede R, Duley L. Uterine muscle relaxant drugs for threatened miscarriage. Cochrane Database Syst Rev 2005;(3):
CD002857.
[63] Haas DM, Ramsey PS. Progestogen for preventing miscarriage.
Cochrane Database Syst Rev 2008;(2):CD003511.
S. Ploteau.
H.-J. Philippe.
N. Winer ([email protected]).
Service de gynécologie obstétrique, CHU Nantes, 38, boulevard Jean-Monnet, 44093 Nantes, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Ploteau S, Philippe HJ, Winer N. Métrorragies du premier trimestre de la grossesse.
EMC - Obstétrique/Gynécologie 2012;7(3):1-9 [Article 5-049-D-16].
Disponibles sur www.em-consulte.com
Arbres
décisionnels
EMC - Obstétrique/Gynécologie
Iconographies
supplémentaires
Vidéos/
Animations
Documents
légaux
Information
au patient
Informations
supplémentaires
Autoévaluations
Cas
clinique
9
Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et
em-premium.com :
1 autoévaluation
Cliquez ici
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 20/11/2015 par CERIST ALGERIE (353213)
Téléchargement