Intervention de Jean-François TERNAY
En science, le réductionnisme est une des méthodes utilisées pour appréhender les objets et
les phénomènes. Ainsi, concernant le corps humain, il est tout à fait passionnant de l’analyser
en terme d’hormones, de réseaux neuronaux, de gènes, de protéines, de cellules… Il s’agit
d’extraire de la complexité des mécanismes, des relations, des objets signifiants.
Il est intéressant de rapprocher cette réduction, de celle bien connue qu’opère le cinéma sur
ce même réel.
La conjonction des deux réductions : celle opérée par la science et celle opérée par l’image
cinématographique, nous offre ainsi de merveilleux voyages dans l’invisible du corps humain.
Vu du côté des scientifiques, le réductionnisme n’est qu’une méthode, et ceux-ci affichent
haut et fort qu’a priori, ils ne confondent pas la réalité complexe de l’humain et les relations
biochimiques qu’ils ont pu mettre en évidence par exemple.
Mais qu’en est-il quand l’image, et la théorie afférente, sort du laboratoire pour se trouver
projetée sur les écrans cinématographiques ?
Dans le domaine du cinéma documentaire et du reportage journalistique « scientifiques »,
la révélation des invisibles, notamment celle de notre cerveau, le siège de notre conscience, et
celle du développement embryonnaire, siège de notre reproduction et donc de l’avenir de
l’espèce humaine, donne lieu à des représentations aux prises avec les logiques de production,
de réalisation et de diffusion lourdes d’investissements idéologiques. C’est ce que je vous
propose d’analyser à travers quelques exemples éclairants.
Docteur en histoire et philosophie des sciences, Jean-François TERNAY est maître de
conférences à l’Université Paris-Sud 11, et réalisateur de nombreux documentaires scientifiques et
institutionnels. Ses recherches portent principalement sur trois axes :
• Les problèmes éthiques soulevés par l’impact des médias sur la relation du corps médical aux
familles en matière d’aide à la procréation.
• Les représentations de l’embryon humain, de la fécondation à la naissance.
• L’utilisation de l’image et de l’audiovisuel dans les médias (science et médecine).
Parmi ses principales publications : « L’image et la recherche : voir-mesurer-simuler » et « Quand
l’imagerie scientifique entre en communication », Cinémaction, «Du film scientifique et technique ».,
Corlet, 2010 ; « Pour une responsabilité éthique de la communication », in E. Hirsch (dir.), Pandémie
grippale : l’ordre de mobilisation, Paris, Le Cerf, 2009 ; « Bébé gadget » Ravages, Editons Descartes
et cie, Paris, 2009 ; « Reproduction version 2.0, La marchandisation des corps », in R. Frydman, E.
Papiernik, C. Crémière. J.L. Fischer (dirs), Avant la naissance, 5000 ans d'images, Ed. De Conti,
2009 ; « Images médicales du fœtus humain, appropriation et détournement », in Actes du Colloque
International de Fribourg « L’embryon face au temps de la vie, face au temps de l’histoire ».V.
DASEN (dir.) Ed. In Folio, 2007.