«Les yeux des racines» pierre noire sur fibre de tapa banian - 65 cm x 147,5 cm Résidence artistique à Hiva Oa du 5 novembre 2009 au 5 mai 2010 Franko Livier Située dans le groupe sud de l’archipel le plus éloigné de tout continent, HIVA OA est la deuxième plus grande île des Marquises. J’y ai séjourné 6 mois dans le cadre d’une résidence artistique conventionnée par les communes de Pont-Aven et d’Atuona, pendant laquelle j’ai développé un travail de dessin (stylo à bille, pastel, pierre noire). Je me suis d’abord intéressé au Banian, arbre sacré dont le réseau labyrinthique de racines aériennes m’évoquait les mystères de la culture marquisienne. Arrivés dès le 10e siècle sur ces îles vierges, ces insulaires habitués aux grandes migrations n’ont cessé de développer une civilisation d’une grande richesse qui reste encore largement à découvrir. C’est ce qui m’a poussé à donner aussi une orientation sociale à plusieurs projets artistiques : tout d’abord la réalisation d’une série de 200 dessins de la ville d’Atuona et de ses habitants, qui a fait l’objet d’une exposition « Katahi » (« Ensemble »), puis une seconde série de dessins sur le thême des maisons marquisiennes « Fa’e o te Fenua Enata » (« Maisons de la Terre des Hommes ») et enfin l’organisation, pour les enfants, de trois ateliers de peinture et de dessin au sein du centre culturel Paul Gauguin. Les deux expositions à Riec sur Belon (du 28/05/2010 au 03/06/2010) et à Pont-Aven (du 04/06/2010 au 13/06/2010) retracent ces expériences autant plastiques que culturelles et sociales. Rivière et chevaux à Atuona - Hiva Oa Route de Hanatetena - Tahuata contact : [email protected] Tiki souriant - Hiva Oa « Banian » « A ŌA » « KATAhi » « ensemble » Visite de l’exposition par les élèves de 4ème du collège St Anne - Hiva Oa « Banian 6 » stylo à bille sur papier canson - 30 cm x 24 cm Je cherche toujours à exprimer plastiquement les ambivalences, les paradoxes, les extrêmes opposés car ils symbolisent pour moi les aspects contradictoires de la vie en général. Les Marquises sont issues d’anciens énormes volcans surgis de l’océan, des terres isolées encore pleines de secrets et d’interrogations que guettent cependant les dangers de la société de consommation. Le Banian m’a immédiatement fasciné : cathédrale végétale et tentaculaire, sa forme même suscite le mystère ; on ne s’étonne pas qu’il soit sacré pour les Marquisiens. Il signifie « la Vie » ou encore « le Souffle de Vie » à savoir que toutes les étapes de la vie s’y déroulent : les femmes y accouchent, on y pratique les tatouages qui symbolisent les différents stades de l’évolution d’un être, adolescence, âge adulte, victoires après des batailles, cultes rituels, intronisations, sacrifices pour motifs divers ou mort naturelle. Après l’avoir étudié rigoureusement par le dessin, j’ai commencé à le manipuler sur de plus grands formats en y dissimulant une autre figure emblématique des Marquises : le tiki. Ce qui m’a amené à une recherche propre sur le tiki en m’attachant aux pleins et aux vides, y intégrant la couleur dans une confrontation de traits et de bandes. Je me suis penché aussi sur les motifs marquisiens (tatouages, ornementations) : l’installation de galets au sol représente un lézard. Je me suis intéressé au bois du Banian, je voulais prendre contact avec la pierre. Les galets incarnent autant l’océan que la montagne, ils dégagent une présence, ils vibrent dans leur immobilité. Ceux-ci sont utilisés dans les fours marquisiens pour leur qualité réfractaire. J’ai cherché ceux d’une teinte rougeâtre. contact : [email protected] « Ensemble » est une série de vues d’Atuona et de portraits de quelques habitants. Une des manières les plus simples de rendre une image demeure le dessin noir et blanc. L’emploi du format A4 et du stylo bille noir est né d’une volonté de poétiser ces produits industriels et d’offrir aux visiteurs une grande quantité de dessins. Les dix colonnes de tikis au pastel sont celles de l’atelier des Tropiques. Ce bungalow est mon lieu de vie : j’ai été invité sur votre île, à mon tour de vous convier chez moi, baigné d’images de Hiva Oa. « Katahi » o titahi haka’itetina o te tau ata o Atuona me tahipito ’enata tumu. E ’i’o te patutina ’ima o te ata ke’eke’e me te ma’ita titahi hakatu meita’i nui no te ha’amau ia ia. U ha’ahanatia e au te paka hamani A4 me te patu ahí ke’eke’ no te ha’akanahau tenei tau ha’ina hou, me te tu’uatu titahi tau ti’ohitina ata na te tau manihi’i. Na ’onohu’u pou tiki i penitia “pastel”, o titahi taha pe’autia “Atelier des Tropiques”. Io tenei fa’e o to’u noho : u veva’otia au no te he’emai io ’otou, tenei na’u te ke’e’e ia ’otou io’u me te uhiatu au ia ’otou me te tau ata o HIVA OA. contact : [email protected] « Fa’e o te Fenua Enata » « Maisons de la Terre des Hommes » Ateliers pour enfants: peinture, dessin, coloriage, installation Elèves du CP/CE1 du CSP d’Atuona - Hiva Oa Léon Comme dans toutes sociétes humaines, la maison est le foyer, le creuset où s’organise la famille. Dessiner la maison est comme faire le portrait d’une famille. Je donnais ensuite le dessin en échange de ce que les habitants voulaient bien m’offrir (un repas, une boisson, des denrées... l’argent n’étant pas en jeu). L’intérêt de ce projet réside autant dans le dessin final que dans la démarche dans son ensemble basée sur la générosité et le lien social. Je renouais également avec l’idée médiévale de l’artiste « invité du banquet » : en échange des divertissements qu’il offrait, il était convié à la table. Peut-être certains dessins seront-ils accrochés à l’intérieur de la maison, ce qui répond à ma volonté d’exposer mes oeuvres. De ce projet je garde des traces photographiques que j’édite sous forme de leporello, un format qui permet à la fois la consultation tel un livre et le déploiement tel un paysage. Enfin, l’aspect documentaire de ce travail m’incite à le penser pour d’autres maisons d’autres régions du monde. contact : [email protected] Mes diverses interventions auprès des établissements scolaires (particulièrement primaires et maternelles) m’ont amené à repenser ma pratique du dessin et de la peinture. Pour intégrer l’enfant dans un processus de création il faut savoir être simple. Hiva Oa est une île volcanique, j’ai trouvé dans le sujet du volcan un essentiel susceptible d’interpeller les élèves. J’ai ensuite moi-même exploré ce thême au pastel et à l’encre sur de grands formats dans un souci de simplification extrême faisant apparaître des motifs. Les multiples combinaisons de couleurs et de formes donnèrent naissance à un vocabulaire plastique. L’affichage de ces « papiers-peints » sur la « Maison du Jouir » (reproduction de la maison-atelier de P. Gauguin) au sein du centre culturel d’Atuona créait un environnement propice à l’imagination, idéal pour l’organisation d’ateliers de peinture et de dessin destinés aux enfants. Grâce au soutien du corps enseignant j’ai pu mettre en place trois espaces : peinture au pochoir qu’on accrochait à la suite de mes papiers-peints sur la Maison du Jouir, reproduction de motifs marquisiens avec des galets (faisant écho à une de mes installations à l’entrée du musée) et coloriage géant à la craie sous « l’Atelier des Tropiques » mêlant des motifs marquisiens à des super-héros de bandes dessinées. L’investissement des enseignants et la motivation des enfants ont fait de cet évènement un joyeux succès et du centre culturel un lieu de créativité. contact : [email protected] Ateliers pour enfants: peinture, dessin, coloriage, installation «Fenua Enata Fa’e» «Maisons de la Terre des Hommes» Comme dans toutes sociétes humaines, la maison est le foyer, le creuset où s’organise la famille. Dessiner la maison est comme faire le portrait d’une famille. Je donnais ensuite le dessin en échange de ce que les habitants voulaient bien m’offrir (un repas, une boisson, des denrées... l’argent n’étant pas en jeu). L’intérêt de ce projet réside autant dans le dessin final que dans la démarche dans son ensemble basée sur la générosité et le lien social. Je renouais également avec l’idée médiévale de l’artiste «invité du banquet»: en échange des divertissements qu’il offrait, il était convié à la table. Fort probablement chaque dessin sera accroché à l’intérieur de la maison, ce qui répond à ma volonté d’exposer mes oeuvres. De ce projet je garde des traces photographiques que j’édite sous forme de leporello, un format qui permet à la fois la consultation tel un livre et le déploiement tel un paysage. Enfin, l’aspect documentaire de ce travail m’incite à le penser pour d’autres maisons d’autres régions du monde. Mes diverse interventions auprès des établissements scolaires (particulièrement primaires et maternelles) m’ont amené à repenser ma pratique du dessin et de la peinture. Pour intégrer l’enfant dans un processus de création il faut savoir être simple. Hiva Oa est une île volcanique, j’ai trouvé dans le sujet du volcan un essentiel susceptible d’interpeller les élèves. J’ai ensuite moi-même exploré ce thême au pastel et à l’encre sur de grands formats dans un souci de simplification extrême faisant apparaître des motifs. Les multiples combinaisons de couleurs et de formes donnèrent naissance à un vocabulaire plastique. L’affichage de ces «papiers-peints» sur la «Maison du jouïr» (reproduction de l’atelier de P. Gauguin) au sein du centre culturel d’Atuona créait un environnement propice à l’imagination, idéal pour l’organisation d’ateliers de peinture et de dessin destinés aux enfants. Grâce au soutient du corps enseignant j’ai pu mettre en place 3 espaces: peinture au pochoir qu’on accrochait à la suite de mes papiers-peints sur la Maison du jouïr, reproduction de motifs marquisiens avec des gallets (faisant echo à une de mes installation à l’entrée du musée) et coloriage géant à la craie sous «l’Atelier des Tropiques» mêlant des motifs marquisiens à des super-héros de bandesdessinées. L’investissement des enseignants et la motivation des enfants ont fait de cet évènement un joyeux succès et du centre culturel un lieu de créativité.