Un paradis de biodiversité bientôt perdu ?
Forêt de brouillardà 2200m © Olivier Pascal - MNHN - PNI
La biodiversité si particulière de Papouasie-Nou-
velle-Guinée est fortement menacée par les acti-
vités humaines, et en particulier par la déforesta-
tion galopante qui ronge les forêts du pays. Une
étude récente menée par des chercheurs de l’Uni-
versité de Papouasie-Nouvelle-Guinée a montré
que celle-ci s’accélère depuis le début des années
90. Les principales causes sont l’exploitation du
bois par l’industrie forestière, et la conversion
de surfaces boisées pour l’agriculture. Dans une
moindre mesure, les feux de forêts, l’installation
de plantations et les mines causent également des
dommages. Entre 1972 et 2002, ce sont ainsi 15
% des forêts de Papouasie-Nouvelle-Guinée qui
ont disparu, dont plus de la moitié à cause de l’in-
dustrie forestière. Exploitées par des compagnies
étrangères, le bois de Papouasie-Nouvelle-Guinée
est exporté partout dans le monde. À ce rythme,
on estime que la quasi-totalité des forêts acces-
sibles auront vu leur surface dramatiquement
réduite, ou auront purement et simplement dis-
paru, d’ici 10 à 20 ans.
Comme de nombreux pays en développement, la
Papouasie-Nouvelle-Guinée doit relever un dé
de taille : s’inscrire dans une économie mondia-
lisée sans laisser celle-ci détruire son riche patri-
moine naturel. Heureusement, contrairement à
d’autres pays, la Papouasie-Nouvelle-Guinée pos-
sède un atout majeur pour défendre ses intérêts :
sa Constitution, qui reconnaît et protège le droit
des communautés locales à posséder la terre. Ain-
si, 97 % des terres sont la propriété d’individus
ou de communautés villageoises, qui décident de
leur utilisation. Souvent, les villageois acceptent
de céder des droits à la prospection et à l’extrac-
tion minière en échange d’indemnités. Mais pas
toujours. Dans la région de Wanang, huit clans
ont ainsi refusé les propositions d’exploitation fo-
restière faites par le gouvernement, et ont déclaré
« zone de conservation » 10 000 hectares de leur
forêt. Aidée par le Binatang Research Center, qui
sponsorise notamment l’école primaire du village,
ces communautés maintiennent l’intégrité de leur
forêt et bénécient des études sur la biodiversité.
Celles-ci permettent de valoriser la région, et
fournissent des données importantes pour orien-
ter les politiques de conservation. Dans le parc
naturel du Mont Wilhelm, d’autres communau-
tés participeront à des projets similaires, quoique
d’ampleur moindre. De leur réussite naîtra peut-
être une prise de conscience salutaire pour la pré-
servation des forêts de Papouasie-Nouvelle-Gui-
née. Un passage obligé pour ce pays très engagé
dans la Rainforest Coalition, un partenariat mon-
dial pour la protection des forêts tropicales mis
en place en 2010.