112 BULLETIN
DE LA
SOCIETE
DES
SCIENCES NATURELLES
DU
MAROC
j'ai
pu constater à
Ba-Ahmed
l'existence d'un beau cédratier à gros fruits
(6 à 8 centimètres de longueur sur 9 à 11 centimètres de largeur), à
mamelon
écrasé, nullement saillant, entouré d'un sillon profond, rappe-
lant par sa forme le zenboua d'Algérie.
La
peau est épaisse de 12 à 15 millimètres, bossuée,
très
spongieuse,
orangé-jaune (n° 161 du code de couleurs de
Klincksieck
et
Valette),
la
pulpe est assez abondante,
très
juteuse, peu parfumée, légèrement
amère ; le centre du fruit est occupé par une cavité assez vaste traversée
longitudinalement par une colonne d'où se détachent radialement des
travécules rejoignant les quartiers. Les épines sont bien développées
(2,5 à 3 centimètres),
très
acérées ; les feuilles grandes (6-13 x 3,5-8 cen-
timètres), ovales, arrondies au sommet, bien crénelées, à pétiole long de
1-1,5 centimètre, sans aucune trace d'aile (contrairement au zenboua qui
en a une légère). Les fleurs sont grandes (2 centimètres environ), réunies
en petites grappes de 3 à 5 ; le style est long, gros, à stigmate renflé en
massue.
Une
sorte particulièrement bien représentée à
Ba-Ahmed
est la
limo-
nette, dont les petits fruits ressemblent aux citrons mais sont plus petits,
ronds et non ovoïdes, et dont le type est le citron
Galet
et la lime
mexi-
caine.
On groupe souvent les
arbres
qui produisent ces fruits sous le
nom
collectif
de limettiers, mais il y a une distinction fort
nette
à faire :
les
uns qui, à mon
avis,
doivent
être
rattachés comme variétés au
Citrus
aurantium Linné ont, en effet, le pétiole
ailé,
souvent largement, et les
feuilles
oblongues; tandis que les autres, à cause de leur pétiole absolu-
ment sans aile et de leurs feuilles ovales comme celles des cédratiers
et des citronniers, doivent
être
incorporés au
Citrus
medica
Linné.
Il
y a, il est vrai, de nombreux intermédiaires
entre
les deux espèces :
ils
me paraissent dus à l'hybridation ; on sait que le
Limoncello
de
Naples
a les fleurs blanches et la
Lime
mexicaine le pétiole ailé comme
le
Citrus
aurantium.
Une
forme qui est
peut-être
une race indigène, se rattache, sans
contredit, au
Citrus
medica par ses feuilles grandes (9-11 centimètres
X
6-7 centimètres), ovales et arrondies ou ovales-oblongues et obtuses,
bien
crénelées, avec un pétiole long de 12 millimètres en moyenne, ne
présentant
aucune trace d'ailes. Le fruit est assez petit (long de 5-5, 5
centimètres sur 5 centimètres de largeur), arrondi, parfois légèrement
côtelé,
à base ronde et sommet tronqué avec un mamelon court, à base
assez large, souvent terminé par un style persistant ; la peau est mince
(2 à 3 millimètres), plus ou moins lisse, orangé-jaune (n° 176), la pulpe
très
juteuse et
très
parfumée. Les fleurs sont isolées, assez grandes
(1,5 centimètre), à style court, gros, à stigmate renflé en tête. Le fruit
n'est
pas sans ressemblance avec le Citron Bignette d'Italie, mais est plus
petit et beaucoup plus rond ; il rappelle
tout
à fait des citrus cultivés au
Jardin
de Païenne sous le nom inexact de
Citrus
Lumia
Bisso
et le Citron