34 Risque absolu et risque relatif Dr Beatrice Baldinger, Introduction Research Manager, Swiss Re Life & Health, Zurich La santé est notre bien le plus précieux; c’est un facteur décisif de la qualité de vie. Mais l’homme est exposé durablement à des dangers menaçant son corps et sa vie, que ce soit de sa propre action ou par le comportement d’autrui. L’importance de ces dangers est très différente. Certains peuvent prendre une dimension telle qu’ils menacent la vie de l’individu en question alors que d’autres se révèlent absolument insignifiants. L’homme expérimente essentiellement le côté qualitatif d’une situation de danger. Il lui donne une réponse émotionnelle et ne se place pas d’abord sur un plan rationnel. Même les mass média, qui sont l’une de ses sources d’information sur les dangers, s’adressent plutôt à ses sentiments qu’à son intellect. Ainsi peuton sans cesse constater dans la gestion humaine des dangers un comportement inconséquent. Nombre de gens craignent des périls objectivement minimes, voire seulement imaginaires parfois et, inversement, s’exposent sans crainte ou même sans réflexion aucune à d’autres dangers qui pourraient avoir des conséquences graves – et peut-être tout simplement évitables. Un exemple illustrera en fin d’article cette façon d’aborder les risques, en rapport avec les moyens de transport. Il n’est pas étonnant non plus que l’appréciation subjective d’un danger soit fondamentalement différente de ce que l’on pourrait attendre, compte tenu de la dimension effective du risque, mesurée quantitativement. Ceci incite, en particulier les personnes et les entreprises appelées à évaluer des risques dans le cadre professionnel, à mesurer l’importance des dangers, donc des risques, afin d’être en mesure de différencier entre ceux qui sont graves, moins importants et, comparativement, absolument insignifiants. La connaissance de la dimension du risque constitue aussi par conséquent la condition permettant de soupeser des options et de se protéger contre les dangers suscitant des craintes, grâce à une modification du comportement ou par l’adoption de certaines mesures. Ceci est également la condition pour parvenir à une maîtrise plus rationnelle de certaines situations de la vie. A propos de la dangerosité des situations et activités propres à la vie de tous les jours, l’homme possède des expériences de longues dates qui ont eu des effets sur les statistiques de la santé. L’échelle apte à quantifier le 35 risque individuel pour un certain danger est la probabilité avec laquelle un événement déterminé survient. Comme nous ne possédons pas d’instrument sensoriel direct pour une telle mesure absolue, au pouvoir expressif limité, nous sommes contraints de nous en remettre à des comparaisons dans lesquelles un nouveau risque est mis en balance avec d’autres risques familiers. Ceci n’est pas inhabituel; nous procédons souvent à de telles comparaisons, et dans des contextes divers. Afin de mieux comprendre encore ce concept, nous allons expliquer et commenter ci-après les notions de «risque absolu» et de «risque relatif». A cet effet, il faut toujours se référer à des exemples tirés de l’environnement clinique ou épidémiologique. 1 Risque absolu Le risque absolu détermine la vraisemblance d’un événement comme, par exemple, la probabilité d’une maladie ou d’un décès pour n’importe quel individu d’une population dans une période définie; il est décrit en tant qu’incidence et s’exprime sous forme de proportion (25/1000) ou pourcentage (2,5%). Par exemple, sur une population donnée de 3000 fumeurs de plus de 60 ans, 84 d’entre eux n’ont pas subi d’incident coronaire sur une durée de 5 ans. Le risque est donc de 84/3000 soit 2,8% en 5 ans. Incidence Nombre de nouveaux malades pendant une période Population totale exposée au risque Le risque absolu peut représenter la mesure d’un risque dans un groupe de population donnée soumise à une certaine exposition mais ne peut indiquer si l’exposition (ici la fumée) est associée à un risque accru de la maladie mentionnée (incident coronaire), car le risque de maladie chez les personnes non exposées, soit dans le présent exemple les non-fumeurs de plus de 60 ans, ne sont pas pris en considération. Des comparaisons sont pourtant fondamentales pour des réflexions d’ordre épidémiologique. Malgré cela, le risque absolu peut être d’une importance capitale, tant dans le domaine clinique que dans le dénommé secteur Public health. Bien que le risque absolu n’exige pas de comparaisons explicites, dans le cadre de réflexions sur les incidences des maladies, en particu- 36 lier de la part de personnes touchées, des comparaisons sont pourtant souvent faites. Mais pour pouvoir répondre à la question de l’association, il y a lieu de choisir des concepts qui impliquent des comparaisons explicites. Afin d’établir si une association existe, il faut analyser si, pour des personnes qui ont été exposées à une certaine substance ou situation, un «excess» excédentaire/risque accru apparaît pour cette maladie. Pour pouvoir établir une relation entre une certaine exposition et une maladie donnée, nous devons constater si un risque excessif de maladie existe parmi les sujets exposés. A cette fin, il s’agit de comparer le risque chez les exposés avec celui des non-exposés. Ceci peut intervenir de deux manières différentes: Rapport des taux d’incidence «Ratio of the risks» Taux d’incidence chez les exposés Taux d’incidence chez les non-exposés ou Différence de risque – Taux d’incidence chez les exposés – Taux d’incidence chez les non-exposés Le rapport des taux d’incidence ou «ratio of the risk» est également dénommé risque relatif. 2 Risque relatif Le risque relatif est défini comme la fréquence à laquelle un événement se produit chez les membres d’une population définie, qui présentent une certaine caractéristique (exposés), divisée par la fréquence d’événements chez des sujets non caractéristiques (non-exposés) de la même population. Le risque relatif désigne ainsi le rapport des taux de survenance ou des taux d’incidence («event-rate») entre deux groupes de comparaison. A l’appui d’un exemple hypothétique, les deux méthodes susmentionnées peuvent être illustrées une fois encore (cf. tableau 1). Dans une ville A, le taux d’indice parmi les exposés est de 50% et chez les non-exposés de 10%. Y a-t-il un risque accru en rapport avec l’exposition? Le rapport des taux ou la différence entre les taux peut être calculé. Le rapport des taux d’indice est de 5,0, la différence des taux d’indice est de 40%. Dans une ville B, le taux d’indice parmi les exposés est de 90% et chez les non-exposés de 30%. Le rapport ou «ratio» des taux d’indice est de 90/30 ou 3,0, la différence des taux d’indice est de 60%. Alors que, par conséquent, la différence des taux d’indice est supérieure 37 Tableau 1 Exemple pour deux possibilités de calculer le risque accru Incidence (%) chez les exposés chez les non-exposés Différence des taux d’indice (%) Rapport des taux d’indice (%) dans la ville B à celle de la ville A, le rapport des taux d’indice dans la ville A est plus élevé que dans la ville B. Il y a donc une différence suivant la méthode que nous appliquons. A titre d’exemple supplémentaire, une étude «randomisée» (par ordre aléatoire), contrôlée doit nous servir. Sur la base des résultats, on constate que pour des patients ayant subi un infarctus aigu du myocarde, 47 sur 1206 patients (3,8%) présentent une hémorragie s’il sont traités avec de l’aspirine et, pour 136 sur 1208 patients, s’ils prennent un anticoagulant par voie orale. Le risque relatif d’une hémorragie pour des patients suivant une thérapie à l’aspirine s’élève, en comparaison de ceux ingérant un anticoagulant par voie orale, à 3,8%/ 11,2% = 0,34 soit 34%. Si le risque relatif est inférieur à 1, cela veut dire que l’intervention peut réduire le risque de l’outcome analysé (par ex. hémorragie). Le risque relatif ne dit Ville A Ville B 50 10 40 5,0 90 30 60 3,0 cependant rien sur la réduction absolue du risque. Si le risque dans le groupe d’intervention est de 1% et de 2% dans le groupe de contrôle, le risque absolu n’est réduit que de 1%. Mais le risque est réduit de 50% sur le plan relatif (1% /2%). Le tableau 2 donne une vue d’ensemble, à des fins d’interprétation, des risques relatifs. Si le risque relatif est égal à 1, autrement dit, le risque chez les exposés est le même que chez les non-exposés, il n’y a pas d’indication d’un risque accru pour les individus exposés ou pour un rapport entre la maladie et l’exposition analysée. Si le risque relatif est supérieur à 1, en d’autres termes si le risque chez les exposés est supérieur à celui des non-exposés, cela fait référence à une association positive qui peut être causale. Si le risque relatif est inférieur à 1, en d’autres termes, si le risque chez les exposés est inférieur à celui des non- 38 Tableau 2 Interprétation de risques relatifs Si RR = 1 Si RR > 1 Si RR < 1 Risque chez les exposés identique à celui des non-exposés (pas d’association) Risque chez les exposés plus élevé que celui des non-exposés (association positive; possiblement causale) Risque chez les exposés inférieur à celui des non-exposés (association négative; possiblement effet d’une protection) exposés, cela indique une association négative. Celle-ci peut montrer un effet d’une protection, comme cela peut s’observer par exemple chez des personnes protégées avec succès au moyen d’une vaccination. Ces personnes seraient par conséquent exposées en relation avec le vaccin. Exemple du risque relatif Il s’agit d’étudier s’il y a un rapport entre le fait de fumer et l’apparition du cancer du poumon. Au vu de cet exposé du problème, deux variables dichotomes peuvent être définies: une variable «facteur» avec caractères OUI (fumeurs) et NON (nonfumeurs) et une variable «événe- ment» avec les caractères OUI (cancer du poumon) et NON (pas de cancer du poumon). Seront choisies aléatoirement et réparties en deux groupes n = 50 personnes: un groupe des fumeurs (facteur existant) et un groupe des non-fumeurs (facteur inexistant). L’échantillonnage a donné 12 fumeurs et 38 non-fumeurs. Toutes les personnes ne présentent au début de l’analyse aucun cas visible concernant la survenance d’un cancer du poumon (inexistence de l’événement). Après un certain nombre d’années, il est constaté combien de fois un cancer du poumon apparaît, resp. n’est pas apparu dans chaque groupe. Tableau 3 Tableau pour fumeurs et cancer du poumon Cancer du poumon Tabac OUI Tabac NON Total OUI NON Total 10 (a) 18 (c) 18 02 (b) 30 (d) 32 12 (a + b) 38 (c + d) 50 39 Les fréquences absolues observées figurent dans le tableau suivant 2 x 2. Avec la subdivision de n = 50 personnes au début de l’analyse dans les deux groupes, l’exposition avec les fréquences fumeurs (a + b) = 12 et non-fumeurs (c + d) = 38 est constatée. A l’échéance de la période d’observation, nous avons pour résultat les fréquences cellulaires a = 10, b = 2, c = 8, d = 30 ainsi que les événements avec les fréquences cancer du poumon (a + c) = 18 et pas de cancer du poumon (b + d) = 32. Les taux d’indice pour les deux groupes sont: Taux d’indice des fumeurs (exposés) a 10 = = 0,8333 (a + b) 12 Taux d’indice des non-fumerus (non-exposés) c 8 = = 0,2105 (c + d) 38 Le risque d’apparition du cancer du poumon chez les fumeurs est de 83,33% alors qu’il n’est que de 21,05% chez les non-fumeurs. A titre de risque relatif de survenance du cancer du poumon (dans le rapport fumeurs non-fumeurs), il en résulte: RR Incidence chez exposés (fumeurs) Incidence chez non-exposés (non-fumeurs) 0,8333 a (c+d) 10 x 38 = = = 3,9058 0,2105 c (a + b) 8 x 12 Parmi les personnes étudiées, le risque de contracter un cancer du poumon est environ quatre fois plus grand chez les fumeurs que chez les nonfumeurs. Il existe donc un rapport entre les variables facteur fumée et les variables événement cancer du poumon. Mais ceci n’est valable qu’à condition que d’autres facteurs d’influence (le dénommé «confounder») puissent être exclus. Souvent, dans des études épidémiologiques, une association est constatée et l’on est tenté d’y voir un rapport de causalité bien que le lien ne soit pas causal en fait. Ceci nous amène à la problématique du confounding. Confounding Lorsque par exemple, dans une étude, il y a la relation entre un facteur A en tant que cause de la maladie B et 40 Si maintenant est observé un rapport entre la consommation de café et le cancer du pancréas, il se pourrait que le café cause effectivement le cancer du pancréas (1), ou que la consommation de café et le cancer du pancréas soient un résultat du confounder A = causale B = causé par Confounding Exposition Exposition Confounder* Maladie Maladie relation constatée Figure 1 Confounding relation constatée Un exemple devrait nous rendre plus évidente cette relation (cf. figure 1). Dans une étude, le rapport entre consommation de café et cancer du pancréas est étudié. La fumée est ici un confounder car, bien que nous soyons intéressés à une relation possible entre la consommation de café (facteur A) et le cancer du pancréas (maladie B), pour la fumée (facteur X) s’appliquent les données suivantes: il est un facteur de risque connu pour le cancer du pancréas il est associé à la consommation de café, mais n’est pas une conséquence de la consommation de café. fumée (2) (autrement dit, le rapport entre la consommation de café et le cancer du pancréas est observé parce que la fumée est un facteur de risque du cancer du pancréas et que la fumée est associée à la consommation de café). qu’un facteur x présente les caractéristique suivantes, nous parlons pour X d’un confounder: le facteur x est un facteur de risque connu pour la maladie B le facteur X est associé au facteur A, mais n’est pas une conséquence du facteur A. * par exemple: fumer, * âge, sexe Au cours d’une étude case-control, ce rapport a été analysé. Le tableau 4 qui suit montre la répartition des cas et contrôles après consommation de café et avec les risk ratios ajustés selon l’âge. La catégorie de référence se compose de personnes qui n’ont jamais bu de café. Si un tel rapport est observé, il est difficile de juger si la maladie a été causée par la consommation de café ou par un facteur associé au café. Comme fumer est un facteur de risque connu pour le cancer du pancréas et que la consommation de café est étroite- 41 Tableau 4 Cas et contrôles après consommation de café et risque relatif évalué Consommation de café (tasses par jour) Sexe Catégorie Masculin Nombre de cas Nombre de contrôles Risque relatif ajusté 95% conf. intervalle Nombre de cas Nombre de contrôles Risque relatif ajusté 95% conf. intervalle Féminin 0 1–2 3–4 ≥5 9 32 1.0 – 11 56 1.0 – 94 119 2.6 1.2 – 5.5 59 152 1.6 0.8 – 3.4 53 74 2.3 1.0 – 5.3 53 80 3.3 1.6 – 7.0 60 82 2.6 1.2 – 5.8 28 48 3.1 1.4 – 7.0 Total 216 307 2.6 1.2 – 5.4 151 336 2.3 1.2 – 4.6 Source: McMahon et al., NEJM 1981. Tableau 5 Risque relatif pour cancer du pancréas en rapport avec la consommation de café et la fumée, ajustée en fonction du sexe et de l’âge Consommation de café (tasses par jour) 0 1–2 ≥3 Jamais fumé Ex-fumeur Fumeur actuel 1.0 1.3 1.2 2.1 4.0 2.2 3.1 3.0 4.6 Total 1.0 1.8 (1.0 – 3.0) 2.7 (1.6 – 4.7) Consommation de cigarettes Total Source: McMahon et al., NEJM 1981. ment liée la fumée (cigarettes), les auteurs qui ont analysé ce rapport ont reconnu ce problème et analysé les données selon stratification pour les fumeurs. Les chiffres y relatifs à ce sujet figurent dans le tableau 5. Si une relation est par conséquent constatée, il faut se demander ensuite si celle-ci est causale (cf. figure 1, A), ou si cette relation est apparue sur la base d’un troisième facteur («confounder»), qui est d’une part facteur 1.0 1.3 1.2 (0.9 – 1.8) 42 de risque pour la maladie et, d’autre part, aussi en relation avec l’exposition observée (cf. figure 1, B). Souvent le confounder peut être l’âge, le sexe mais aussi la consommation d’alcool, de café, la fumée ou la profession. C’est pourquoi il faut contrôler dans des études s’il y a des variables confounding et effectuer des analyses ajustées en fonction de l’âge, par exemple. En lisant des études médicales, il est très important de se demander quels sont les confounder possibles et de vérifier si ces facteurs ont été pris logiquement en compte. Il faudrait également tenter de différencier la corrélation statistique de la corrélation réelle en remettant en question la pertinence des résultats sur le plan biologique. Evaluation du risque dans les transports Afin de revenir sur la difficulté évoquée en tête de cet article, à savoir celle d’évaluer les risques, j’aimerais aborder maintenant la comparaison entre risques en rapport avec le transport individuel en véhicule automobile et ceux des transports publics. Il est notoire que la circulation routière fait partie, dans notre société industrielle, des activités relativement dangereuses auxquelles nous ne pouvons ou ne voulons cependant pas renoncer. L’avantage personnel du transport automobile individuel apparaît si grand à beaucoup d’entre nous que nous sommes manifestement prêts à prendre sur nous les risques qui y sont liés. Pour d’autres, ces risques sont peut-être moins qu’acceptables ou sont acceptés. Comme le prouvent les chiffres, la conduite de motocycles et d’automobiles par les jeunes entre 18 et 24 ans est le plus grand risque de blessure et de décès, alors que le piéton en dessous de 60 ans représente le plus petit risque (bpa 2003). Le risque de certains groupes d’âge peut cependant devenir bien plus élevé que les valeurs moyennes à tous les âges. S’agissant de piétons assez âgés, le risque de décès se multiplie par trois et plus; pour les jeunes automobilistes entre 20 et 24 ans, le risque est près de cinq fois plus élevé que pour la moyenne générale. En outre, il ne faut pas oublier que dans de tels grands groupes de personnes, certaines d’entre elles peuvent encourir des risques plus élevés ou moindres que pour la moyenne du groupe. Au total, le chiffre annuel des victimes de la circulation routière 43 Tableau 6 Cas de décès par 100 millions de personnes-kilomètres de voyages par divers moyens de transport Moyen de transport Chemins de fer Bus, autocars Transport commercial aérien Voitures de tourisme, taxis en Suisse est de 576 par an sur la moyenne des années 1996 à 2002. Quant au transport par chemin de fer, la statistique des causes de décès de l’OFS mentionne le chiffre annuel des victimes des accidents de chemin de fer. En moyenne des 7 années 1996 à 2002, il y a eu 32,4 victimes par an, dont 4,4 voyageurs en moyenne. Une comparaison entre la circulation routière et les chemins de fer dépend fortement des habitudes en matière de voyage et de l’emploi moyen des transports publics par la population. Sur la base des chiffres tirés de la circulation routière, il s’avère en tant qu’estimation grossière que les voyages par chemin de fer, mesurés sous l’angle du risque de décès, sont environ 20 fois plus sûrs que l’utilisation de voitures privées et environ 10 fois plus sûrs que la condition de passager dans une voiture. Des comparaisons entre les risques de divers moyens de transport sont USA 0,090 0,025 0,800 Grande-Bretagne (1972/76) 0,045 0,12m 0,14m 0,800 difficiles car ceux-ci ne répondent pas toujours à des besoins comparables et les dangers sont répartis différemment. Dans le trafic aérien, les dangers existent surtout au décollage et à l’atterrissage, ils sont largement indépendants de la longueur de vol, de sorte qu’ici, la valeur de référence «par vol» apparaît pertinente. Par contre, pour les transports sur terre ferme, les dangers existent plus ou moins sur la totalité du parcours effectué. Comme le nombre de chutes d’aéronefs pour un pays comme la Suisse et pour d’autres pays européens est trop bas pour tirer des conclusions statistiques valables, les indications suivantes en provenance des USA ont été utilisées. Pour le trafic des vols de ligne aux USA, on peut établir à partir du nombre de décès et du nombre de passagers, à titre de moyenne des 6 années 1974 à 1979, un risque de décès de 0,12 x 10 5 par vol. Quiconque prend l’avion une fois par an pour les 44 vacances (aller et retour) prend donc un risque individuel de décès d’environ 0,24 x 10 5 par an. Celui ou celle qui durant la même période effectue 10 voyages d’affaires encourt un bien plus grand risque. Le tableau 6 montre une comparaison de divers moyens de transport avec des chiffres des USA et de Grande-Bretagne. Les différences entre les risques décès aux USA et en Grande-Bretagne ne sont pas décisives, hormis dans le transport aérien. En l’occurrence, les risques portent sur la même distance de voyage de 100 millions de personnes-kilomètres et la différence – qui dépasse un facteur 5 – est sans nul doute imputable aux distances nettement plus longues en moyenne aux USA. Selon le tableau 6, le risque de décès sur un trajet déterminé avec une voiture de tourisme est de 7 à 9 fois supérieur à celui du transport en autocar et env. 18 fois plus élevé qu’en cas d’utilisation des chemins de fer. Sur de grandes distances (USA), les vols commerciaux sont près de 30 fois plus sûrs que l’utilisation d’un véhicule privé pour le même parcours; dans les conditions européennes, ce facteur est encore, approximativement, 6 fois plus favorable pour l’avion. Cet exemple des moyens de transports, souvent et volontiers utilisé, nous fait voir combien il nous est difficile d’évaluer et de comparer les risques dans l’usage quotidien. Combien d’entre nous réfléchissent à propos d’un voyage en avion et éprouvent des craintes sur les dangers et risques possibles alors qu’ils prennent le taxi sans la moindre appréhension pour aller à l’aéroport ou se mettent derrière un volant sans hésitation? 45 Bibliographie evimed, glossar: http://www. evimed.ch/glossar/risk.html Leon Gordis. Epidemiology. W. B. Saunders Company, 2000, 2nd Edition. A. F. Fritzsche. Wie gefährlich leben wir? Der Risikokatalog. Verlag TÜV Rheinland, 1992. http://www.krebsinfo.de/ki/ legede/gt.6.html MacMahon B., Yen S., Trichopoulos D., et al. Coffee and cancer ot the pancreas. N Engl J Med 304: 630 – 633, 1981. British Medical Association (BMA): Living with Risk, The British Medical Association Guide, John Wiley & Sons, 1987. The Royal Society: Risk Assessment, Report of a Royal Society Study Group, London, January 1983. Office fédéral de la statistique (OFS). Accidents d’après les modes de transport 1950 – 2003. bpa, Bureau suisse de prévention des accidents. USV.T20. Tués selon la classe d’âge et le type de trafic 2003.