34
Introduction
La santé est notre bien le plus pré-
cieux; c’est un facteur décisif de la
qualité de vie. Mais l’homme est ex-
posé durablement à des dangers me-
naçant son corps et sa vie, que ce soit
de sa propre action ou par le compor-
tement d’autrui. L’importance de ces
dangers est très différente. Certains
peuvent prendre une dimension telle
qu’ils menacent la vie de l’individu en
question alors que d’autres se révè-
lent absolument insignifiants.
L’homme expérimente essentielle-
ment le côté qualitatif d’une situation
de danger. Il lui donne une réponse
émotionnelle et ne se place pas
d’abord sur un plan rationnel. Même
les mass média, qui sont l’une de ses
sources d’information sur les dan-
gers, s’adressent plutôt à ses senti-
ments qu’à son intellect. Ainsi peut-
on sans cesse constater dans la ges-
tion humaine des dangers un com-
portement inconséquent. Nombre de
gens craignent des périls objective-
ment minimes, voire seulement ima-
ginaires parfois et, inversement, s’ex-
posent sans crainte ou même sans
réflexion aucune à d’autres dangers
qui pourraient avoir des conséquen-
ces graves – et peut-être tout simple-
ment évitables. Un exemple illustrera
en fin d’article cette façon d’aborder
les risques, en rapport avec les
moyens de transport.
Il n’est pas étonnant non plus que
l’appréciation subjective d’un danger
soit fondamentalement différente de
ce que l’on pourrait attendre, compte
tenu de la dimension effective du ris-
que, mesurée quantitativement. Ceci
incite, en particulier les personnes et
les entreprises appelées à évaluer des
risques dans le cadre professionnel,
à mesurer l’importance des dangers,
donc des risques, afin d’être en me-
sure de différencier entre ceux qui
sont graves, moins importants et,
comparativement, absolument insi-
gnifiants. La connaissance de la di-
mension du risque constitue aussi par
conséquent la condition permettant
de soupeser des options et de se pro-
téger contre les dangers suscitant des
craintes, grâce à une modification du
comportement ou par l’adoption de
certaines mesures. Ceci est égale-
ment la condition pour parvenir à une
maîtrise plus rationnelle de certaines
situations de la vie.
A propos de la dangerosité des situa-
tions et activités propres à la vie de
tous les jours, l’homme possède des
expériences de longues dates qui ont
eu des effets sur les statistiques de la
santé. L’échelle apte à quantifier le
Risque absolu et risque relatif
Dr Beatrice Baldinger,
Research Manager,
Swiss Re Life & Health,
Zurich
35
risque individuel pour un certain
danger est la probabilité avec laquelle
un événement déterminé survient.
Comme nous ne possédons pas d’ins-
trument sensoriel direct pour une telle
mesure absolue, au pouvoir expressif
limité, nous sommes contraints de
nous en remettre à des comparaisons
dans lesquelles un nouveau risque
est mis en balance avec d’autres ris-
ques familiers. Ceci n’est pas inhabi-
tuel; nous procédons souvent à de
telles comparaisons, et dans des
contextes divers.
Afin de mieux comprendre encore
ce concept, nous allons expliquer et
commenter ci-après les notions de
«risque absolu» et de «risque relatif».
A cet effet, il faut toujours se référer à
des exemples tirés de l’environne-
ment clinique ou épidémiologique.
1 Risque absolu
Le risque absolu détermine la vrai-
semblance d’un événement comme,
par exemple, la probabilité d’une ma-
ladie ou d’un décès pour n’importe
quel individu d’une population dans
une période définie; il est décrit en
tant qu’incidence et s’exprime sous
forme de proportion (25/1000) ou
pourcentage (2,5%). Par exemple, sur
une population donnée de 3000 fu-
meurs de plus de 60 ans, 84 d’entre
eux n’ont pas subi d’incident coro-
naire sur une durée de 5 ans. Le ris-
que est donc de 84/3000 soit 2,8%
en 5 ans.
Le risque absolu peut représenter la
mesure d’un risque dans un groupe
de population donnée soumise à une
certaine exposition mais ne peut in-
diquer si l’exposition (ici la fumée) est
associée à un risque accru de la mala-
die mentionnée (incident coronaire),
car le risque de maladie chez les
personnes non exposées, soit dans
le présent exemple les non-fumeurs
de plus de 60 ans, ne sont pas pris
en considération. Des comparaisons
sont pourtant fondamentales pour
des réflexions d’ordre épidémiologi-
que. Malgré cela, le risque absolu
peut être d’une importance capitale,
tant dans le domaine clinique que
dans le dénommé secteur Public
health. Bien que le risque absolu
n’exige pas de comparaisons explici-
tes, dans le cadre de réflexions sur les
incidences des maladies, en particu-
Incidence
Nombre de nouveaux malades pendant
une période
Population totale exposée au risque
36
2 Risque relatif
Le risque relatif est défini comme la
fréquence à laquelle un événement
se produit chez les membres d’une
population définie, qui présentent
une certaine caractéristique (expo-
sés), divisée par la fréquence d’évé-
nements chez des sujets non caracté-
ristiques (non-exposés) de la même
population. Le risque relatif désigne
ainsi le rapport des taux de sur-
venance ou des taux d’incidence
(«event-rate») entre deux groupes
de comparaison.
A l’appui d’un exemple hypothétique,
les deux méthodes susmentionnées
peuvent être illustrées une fois encore
(cf. tableau 1). Dans une ville A, le taux
d’indice parmi les exposés est de
50% et chez les non-exposés de 10%.
Y a-t-il un risque accru en rapport
avec l’exposition? Le rapport des taux
ou la différence entre les taux peut
être calculé. Le rapport des taux d’in-
dice est de 5,0, la différence des taux
d’indice est de 40%. Dans une ville B,
le taux d’indice parmi les exposés est
de 90% et chez les non-exposés de
30%. Le rapport ou «ratio» des taux
d’indice est de 90/30 ou 3,0, la diffé-
rence des taux d’indice est de 60%.
Alors que, par conséquent, la diffé-
rence des taux d’indice est supérieure
Rapport des taux d’incidence
«Ratio of the risks»
Taux d’incidence chez les exposés
Taux d’incidence chez les non-exposés
Différence de risque
Taux d’incidence chez les exposés
Taux d’incidence chez les non-exposés
lier de la part de personnes touchées,
des comparaisons sont pourtant sou-
vent faites. Mais pour pouvoir répon-
dre à la question de l’association, il y
a lieu de choisir des concepts qui im-
pliquent des comparaisons explicites.
Afin d’établir si une association
existe, il faut analyser si, pour des
personnes qui ont été exposées à une
certaine substance ou situation, un
«excess» excédentaire/risque accru
apparaît pour cette maladie. Pour
pouvoir établir une relation entre une
certaine exposition et une maladie
donnée, nous devons constater si un
risque excessif de maladie existe
parmi les sujets exposés. A cette fin, il
s’agit de comparer le risque chez les
exposés avec celui des non-exposés.
Ceci peut intervenir de deux manières
différentes:
ou
Le rapport des taux d’incidence ou
«ratio of the risk» est également dé-
nommé risque relatif.
37
dans la ville B à celle de la ville A, le
rapport des taux d’indice dans la ville
A est plus élevé que dans la ville B.
Il y a donc une différence suivant la
méthode que nous appliquons.
A titre d’exemple supplémentaire,
une étude «randomisée» (par ordre
aléatoire), contrôlée doit nous servir.
Sur la base des résultats, on constate
que pour des patients ayant subi un
infarctus aigu du myocarde, 47 sur
1206 patients (3,8%) présentent une
hémorragie s’il sont traités avec de
l’aspirine et, pour 136 sur 1208 pa-
tients, s’ils prennent un anticoagulant
par voie orale. Le risque relatif d’une
hémorragie pour des patients suivant
une thérapie à l’aspirine s’élève, en
comparaison de ceux ingérant un
anticoagulant par voie orale, à 3,8%/
11,2% = 0,34 soit 34%. Si le risque
relatif est inférieur à 1, cela veut dire
que l’intervention peut réduire le
risque de l’outcome analysé (par ex.
hémorragie). Le risque relatif ne dit
cependant rien sur la réduction ab-
solue du risque. Si le risque dans le
groupe d’intervention est de 1% et de
2% dans le groupe de contrôle, le ris-
que absolu n’est réduit que de 1%.
Mais le risque est réduit de 50% sur le
plan relatif (1%/2%).
Le tableau 2 donne une vue d’en-
semble, à des fins d’interprétation,
des risques relatifs. Si le risque relatif
est égal à 1, autrement dit, le risque
chez les exposés est le même que chez
les non-exposés, il n’y a pas d’indica-
tion d’un risque accru pour les indivi-
dus exposés ou pour un rapport entre
la maladie et l’exposition analysée.
Si le risque relatif est supérieur à 1,
en d’autres termes si le risque chez
les exposés est supérieur à celui des
non-exposés, cela fait référence à une
association positive qui peut être
causale.
Si le risque relatif est inférieur à 1, en
d’autres termes, si le risque chez les
exposés est inférieur à celui des non-
Tableau 1 Exemple pour deux possibilités de calculer le risque accru
Ville A Ville B
Incidence (%)
chez les exposés 50 90
chez les non-exposés 10 30
Différence des taux d’indice (%) 40 60
Rapport des taux d’indice (%) 5,0 3,0
38
exposés, cela indique une association
négative. Celle-ci peut montrer un
effet d’une protection, comme cela
peut s’observer par exemple chez des
personnes protégées avec succès au
moyen d’une vaccination. Ces per-
sonnes seraient par conséquent ex-
posées en relation avec le vaccin.
Exemple du risque relatif
Il s’agit d’étudier s’il y a un rapport
entre le fait de fumer et l’apparition
du cancer du poumon. Au vu de cet
exposé du problème, deux variables
dichotomes peuvent être définies:
une variable «facteur» avec carac-
tères OUI (fumeurs) et NON (non-
fumeurs) et une variable «événe-
ment» avec les caractères OUI (cancer
du poumon) et NON (pas de cancer
du poumon).
Seront choisies aléatoirement et ré-
parties en deux groupes n = 50 per-
sonnes: un groupe des fumeurs
(facteur existant) et un groupe des
non-fumeurs (facteur inexistant).
L’échantillonnage a donné 12 fumeurs
et 38 non-fumeurs. Toutes les per-
sonnes ne présentent au début de
l’analyse aucun cas visible concer-
nant la survenance d’un cancer du
poumon (inexistence de l’événe-
ment). Après un certain nombre d’an-
nées, il est constaté combien de fois
un cancer du poumon apparaît, resp.
n’est pas apparu dans chaque groupe.
Tableau 2 Interprétation de risques relatifs
Si RR = 1 Risque chez les exposés identique à celui des non-exposés
(pas d’association)
Si RR >1Risque chez les exposés plus élevé que celui des
non-exposés (association positive; possiblement causale)
Si RR <1Risque chez les exposés inférieur à celui des non-exposés
(association négative; possiblement effet d’une protection)
Tableau 3 Tableau pour fumeurs et cancer du poumon
Cancer du poumon
OUI NON Total
Tabac OUI 10 (a) 02 (b) 12 (a + b)
Tabac NON 18 (c) 30 (d) 38 (c + d)
Total 18 32 50
1 / 12 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !