conférence en direct
22 29 novembre · ADF Paris 2013
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Les récessions gingivales constituent
un motif de consultation fréquent. En ef-
fet, nous recevons de plus en plus des pa-
tients présentant des récessions multi-
ples aussi bien maxillaires que mandibu-
laires.
Devant ces récessions, les patients res-
sentent à la fois une crainte de perdre
leurs dents et un aspect inesthétique. Le
brossage dit traumatogène est largement
reconnu comme facteur causal des réces-
sions multiples.
En fait l’étiologie des récessions est plu-
tôt considérée comme plurifactorielle.
Différents facteurs jouent chacun un rôle
plus ou moins grand mais agissent en as-
sociation. Ainsi il y a des facteurs de pré-
disposition qui sont anatomiques en rap-
port avec un type de parodonte qui op-
pose une faible résistance à l’agression
mécanique ou bactérienne (table osseuse
étroite ou même déhiscence, position de
la dent) et des facteurs déclencheurs (trai-
tement orthodontique, brossage vigou-
reux) qui vraiment provoquent les réces-
sions.
Ainsi l’effet néfaste du brossage peut
être expliqué par une fréquence, une du-
rée de brossage trop importante (chez les
fumeurs par exemple), une pression trop
forte, la dureté de la brosse à dents ou la
technique inappropriée.
Ces récessions multiples lorsqu’elles
sont observées au Maxillaire peuvent
être traitées par un lambeau positionné
coronairement.
Cas clinique 1
Une jeune patiente, 30 ans, non fu-
meuse consulte pour des récessions gingi-
vales qui la gène esthétiquement. Sa ligne
du sourire est très haute (Fig. 1). L’examen
clinique révèle un parodonte épais, une
très faible quantité de plaque dentaire et
une absence d’inflammation gingivale. Le
sondage ne met pas en évidence de poches
parodontales mais on peut relever, au ni-
veau du secteur 1, la présence de réces-
sions gingivales de classe I de Miller (n’at-
teignant pas la ligne muco-gingivale et ab-
sence de perte tissulaire interdentaire :
Fig. 2).
Ainsi il s’agit bien de récessions en rap-
port avec une perte osseuse vestibulaire
non pathologique et donc nos objectifs
thérapeutiques vont être de :
– supprimer les facteurs déclencheurs
(correction méthode de brossage et ma-
tériel : brosse a dent électrique, détar-
trage nettoyage dentaire professionnel
avec cupule en caoutchouc et pate à po-
lir)
– recouvrir les récessions dans un
deuxième temps.
– renforcer le parodonte pour assurer une
stabilité des résultats à long terme.
Un lambeau positionné coronaire-
ment avec rotation des papilles modifié
selon Zucchelli et De Santis est réalisé
(Fig. 3).
Il s’agit d’une incision oblique à la base
de chaque papille avec une orientation
qui change à partir de la récession cen-
trale la plus haute (ici la 14 : Fig. 4).
Le lambeau est alors libéré par dissec-
tion d’épaisseur totale puis partielle (la
base de chaque papille effectue une rota-
tion pour recouvrir le sommet de la pa-
pille préalablement désépithélialisé (Fig.
5). Le tout est immobilisé par des sutures
suspensives (Fig. 6).
Le résultat est assez intéressant mais la
stabilité du résultat va dépendre du
contrôle des facteurs déclencheurs, à sa-
voir le brossage traumatogène, sous peine
d’une certaine récidive (Fig. 7).
Cas clinique 2
Un jeune homme, non fumeur consul-
tent pour des hypersensibilités dentinai-
res liées à ses récessions gingivales. Ce pa-
tient présente une ligne du sourire basse
qui ne découvre pas du tout son paro-
donte aussi bien en sourire naturel que
forcé.
L’examen clinique révèle un parodonte
fin, la présence de plaque dentaire et une
inflammation gingivale modérée. Le son-
dage ne révèle pas de poches parodonta-
les. Les récessions gingivales (classe I de
Miller) concernent les quatre quadrants
de la cavité buccale avec présence de lé-
sions cervicales non carieuses associées
au niveau du secteur prémolaire supé-
rieur gauche (Fig. 8).
C’est ainsi que suite à la thérapeutique
d’assainissement parodontal, nous propo-
sons pour le traitement de ces récessions
maxillaires un lambeau positionné coro-
nairement avec rotation des papilles mo-
difié selon Zucchelli et De Santis (Fig. 9).
Pouvons nous nous satisfaire d’un lam-
beau positionné coronairement seul ou
l’adjonction d’un tissu conjonctif enfoui
est-elle préférable ?
Au niveau de 11 et 21, les récessions
sont larges, un lambeau positionné coro-
nairement seul rendrait plus aléatoire le
recouvrement. De plus la quantité de
tissu kératinisé semble insuffisante en
hauteur et épaisseur (Fig. 10). Compte
tenu de ces éléments, l’adjonction de tissu
conjonctif en regard de 11 et 21 est souhai-
table. De plus la présence d’un frein mé-
dian puissant -même si cela ne constitue
pas vraiment une évidence scientifique-
nous conforte dans la décision d’adjoin-
dre un greffon conjonctif.
En ce qui concerne le secteur 1, les ré-
cessions sont assez étroites, le tissu kéra-
tinisé environnant intéressant et suffi-
sant; un Lambeau positionné coronaire-
ment seul semble suffisant.
Pour le secteur 2, la largeur importante
des récessions gingivales et l’insuffisance
de tissu kératinisé en hauteur et épais-
seur nous suggèrent l’adjonction d’un
greffon conjonctif. De plus la présence de
lésions cervicales constitue un élément
pris en compte. En effet, la littérature rap-
–Date, heure
Vendredi 29 Novembre – 9h – 11h30
–Thématique
Chirurgie
–Type
Point sur
–Objectifs
Développer la technique actuelle de re-
couvrement radiculaire. Apprendre à
faire un prélèvement de conjonctif
–Responsable scientifique
A. Borghetti
–Opérateur
V.Monnet Corti
–Animateur
Z. Mekkaoui
D78 – Le traitement des réces-
sions gingivales multiples
Traitement des récessions gingivales multiples
au maxillaire
Développer la technique actuelle de recouvrement radiculaire.
Apprendre à faire un prélèvement de conjonctif.
Responsable scientifique : Dr Alain Borghetti
Opérateur : Dr V.Monnet Corti. Animateur et corédacteur de l’article avec le Dr A Borghetti : Dr Zineb Mekkaoui
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Cas clinique 1
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Fig.1 :Sourire gingival de la patiente. – Fig. 2 :Réces-
sions multiples au niveau du secteur 1 sur un paro-
donte épais. – Fig. 3 : Préfiguration du tracé d’inci-
sion du lambeau positionné coronairement par rota-
tion des papilles selon Zucchelli et De santis (choix
de la 14 comme récession centrale). – Fig. 4 : Tracé d’-
incision du lambeau positionné coronairement par
rotation des papilles selon Zucchelli et De
santis. – Fig. 5 : Libération du lambeau par dissection
d’épaisseur partielle. – Fig. 6 : Sutures suspensives
du lambeau. – Fig. 7 : Recouvrement obtenu à 24 mois
post-opératoires.
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Cas clinique 2
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8:Récessions multiples maxillaires et mandibulai-
res sur un parodonte fin. – Fig. 9 : Récessions multi-
ples maxillaires : classe I de Miller. – Fig. 10 : Obser-
vation clinique des récessions gingivales en regard
de 11 et 21 (largeur des recessions, qualité du tissu ké-
ratinisé, frein). – Fig. 11 : Première intervention. Pré-
figuration du tracé d’incision du lambeau positionné
coronairement par rotation des papilles selon Zuc-
chelli et De santis (récession centrale 12). – Fig. 12 :
Deuxième intervention. Préfiguration du tracé d’in-
cision du lambeau positionné coronairement par ro-
tation des papilles selon Zucchelli et De santis (réces-
sion centrale 24). – Fig. 13 : Sutures suspensives du
lambeau. – Fig. 14 : Recouvrement obtenu à 18 mois
post-opératoires.
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