
Louis-Adrien Delarue. Cela n’a rien changé à ma pratique quotidienne, car je suis convaincu
de l’utilité de la prescription en dénomination commune internationale depuis mes études de
médecine. J’ai passé le concours de l’internat en apprenant les DCI et je me suis installé dans
un cabinet où mes associés prescrivent en DCI. D’ailleurs, nous ne recevons pas les
commerciaux de l’industrie pharmaceutique. Pour faciliter notre travail, nous nous appuyons
sur AlmaPro, un logiciel associatif élaboré par les médecins généralistes pour les médecins
généralistes. Il est paramétré pour convertir les noms commerciaux en DCI. C’est très utile,
par exemple quand nous voyons des patients qui sortent de l’hôpital ou de chez un médecin
spécialiste avec une ordonnance ne comportant que des noms de marques. Sans logiciel, la
conversion prendrait beaucoup de temps.
Comment vos patients réagissent-ils ?
L.-A. D. Nous expliquons les choses systématiquement, en insistant sur le fait que nous
sommes avant tout des scientifiques. Partant, les noms commerciaux ne nous intéressent pas,
ils n’ont pas de crédibilité à nos yeux. Nous faisons valoir l’idée que la DCI constitue un
langage commun à tous les professionnels de santé, qui limite le risque d’interactions ou de
doublons sur une ordonnance. Pour nous, une ordonnance en DCI est plus claire, on la
comprend en un coup d’œil. Cet effort de pédagogie est bien perçu et nous n’avons pas de
difficultés à nous faire entendre, d’autant plus que nous avons tous le même état d’esprit dans
le cabinet. Nos patients réalisent que le nom commercial d’un médicament n’est rien de plus
qu’une marque. Eux-mêmes en viennent à mieux comprendre les différentes familles de
médicaments, à ne plus considérer le paracétamol comme un anti-inflammatoire, par exemple.
Avez-vous le sentiment que, autour de vous, la DCI devient une habitude ?
L.-A. D. Les jeunes médecins semblent plus sensibles à cette question ; je vois de plus en plus
d’ordonnances en DCI pour les patients passés par les urgences de l’hôpital. Il arrive que le
médecin change de pratique par le biais du pharmacien : comme beaucoup de génériques
comportent la DCI dans leur nom, il suffit que le pharmacien ait fait une substitution en
générique et que le médecin renouvelle ensuite cette transformation pour que la DCI passe
dans la pratique. Par ailleurs, la DCI facilite le dialogue avec les externes et les internes qui
viennent en stage au cabinet car, en cours, ils apprennent les médicaments par famille.
Finalement, les médecins se rendent compte que la liste des médicaments essentiels à
mémoriser est bien plus courte qu’il n’y paraît. La DCI est une simplification de langage tout
aussi utile côté médecins que côté patients.
(1) Le Dr Louis-Adrien Delarue déclare être membre du Formindep (Association pour une
formation et une information médicales indépendantes) et qu’il n’a pas de liens avec les
entreprises du médicament.
Les médecins peu enthousiastes