réalisées plus tard par P. WILLIAMSON (1981 et 1983), fournit un autre argument en
faveur d'une évolution saltatoire. Celui-ci a suivi chez 3 300 individus les variations de
parfois 24 caractères. P. WILLIAMSON observe chez les différentes espèces de
Gastéropodes, qui ont vécu vers la fin du Tertiaire (5 Ma) et au début du Quaternaire
(1 Ma), de longues périodes de stabilité, suivies d'épisodes brefs d'évolution rapide de
5 000 à 50 000 ans. Ces ponctuations, qui affectent toutes les espèces, correspondent
à des régressions dont les baisses de niveau des eaux fractionnent le lac en « îles ».
P. WILLIAMSON pense que ces « îles » écologiques ont abrité de petites populations,
isolées génétiquement de la population mère, qui ont rapidement divergé : le faible
effectif des populations pionnières favoriserait leur divergence génétique.
N. ELDREDGE et S. GOULD ont proposé dans un article intitulé : Punctuated
Equilibria : an alternative to phyletic gradualism » (« Les équilibres ponctués : une
alternative au gradualisme phylétique », 1972) un modèle d'évolution dit des
« équilibres ponctués » qui s'appuie sur deux observations principales :
- la présence de discontinuités entre les espèces dans les archives
paléontologiques,
- la stabilité morphologique de certaines espèces pendant des millions d'années.
D'après les documents paléontologiques, certaines lignées apparaissent
soudainement : c'est la ponctuation, et elles présentent très rapidement de
nombreuses variations morphologiques : c'est la radiation adaptative, puis elles
demeurent stables sur une longue période de temps qui représente la stase évolutive.
Stases et ponctuations prouvent que l'évolution ne se déroule pas à vitesse
constante ; chaque phase comporte des phénomènes particuliers. Une des
conséquences de leur alternance serait un découplage total entre la micro-évolution,
c'est-à-dire l'évolution des espèces et la macro-évolution, qui se rapporte à l'apparition
des taxons supra-spécifiques :
1) Pendant les stases, l'évolution est lente, les modifications observées sur les
fossiles ne sortent pas du cadre spécifique. Les mutations ponctuelles concernées
affectent surtout les gènes de structure et favorisent les changements adaptatifs des
espèces. La théorie darwinienne s'applique à ces périodes de micro-évolution. Les
stases s'expliquent de deux façons : soit la sélection naturelle, stabilisante, favorise un
type moyen ; soit les espèces restent inchangées par manque d'une variabilité
génétique suffisante.
2) Pendant les ponctuations, l'évolution et la spéciation sont rapides. Les mutations
probables des gènes de régulation permettent non seulement la diversification des
espèces (radiations), mais aussi le passage de l'espèce à un taxon supérieur.