L’homme possède deux voies de transmission d’information • La voie génétique – Evolution d’adaptations biologiques • La voie culturelle – Apprentissage social – La culture existe chez les animaux (diversité culturelle chez les chimpanzés)… – Mais la capacité énorme pour la culture, et pour l’évolution culturelle, est unique à notre espèce La culture comme information adaptative • Nombre de gènes: – 3 milliards (3 x 109) de nucléotides – dont ~120 million dans 100 000 (60 000140 000) gènes fonctionnels • Nombre de synapses: – nombre de cellules nerveuses dans le cerveau humain: ~1 trillion (1 x 1012) – nombre de connections (synapses) entre elles: ~100-1 000 x 1012 – au moins 109 synapses par gène La culture comme information adaptative • Le cerveau humain est capable de stocker d'énormes quantités d'information – Quantité d'information culturelle qui peut être encodée compare favorablement avec la quantité qui peut être encodée par nos gènes Les relations entre biologie et culture • Domaine des techniques: il est clair que la culture a joué un rôle important dans l’adaptation depuis le début de l’histoire évolutive de l’homme • Mais qu’en est-il pour les autres domaines de la culture humaine—tels que l’art, la religion, les systèmes de parenté, les mythes,…? • La culture comme entité « superorganique »: Les relations entre biologie et culture La culture comme entité « superorganique », découplée de la biologie: • Dobzhansky (1962): – « In producing the genetic basis of culture, biological evolution has transcended itself—it has produced the superorganic. » • Résumé: La biologie fournit la « tabula rasa» sur laquelle la culture et l’expérience s’inscrivent Nouvelles approches aux relations entre biologie et culture Approches aux relations entre biologie et culture: • Sociobiologie: rôle fortement prédominant des gènes, jusqu’au déterminisme relativement simple de différents comportements par différents gènes • Psychologie évolutive: le cerveau est construit de façon que le comportement (y compris des comportements sociaux très complexes) tend à maximiser la fitness inclusive (souvent par rapport à un « environment of evolutionary adaptation » qui a existé dans le passé • Ecologie comportementale humaine: similaire, mais suppose une plus grande flexibilité, et maximisation de la fitness inclusive dans le milieu actuel Commun à toutes ces approches… • Les gènes sont le « driving force », la culture joue un rôle décidément secondaire. Résumé: Genes have culture on a leash (Lumsden & Wilson 1981) Autre approche: la coévolution entre gènes et culture: • «Selection also exists on the cultural variants and thus evolved cultural institutions can cause changes in the genome that favor cultural fitness. Culture is on a leash, all right, but the dog on the end is big, smart, and independent, not a well-trained toy poodle. On any given walk, who is leading whom is not a question with a simple answer. » (Richerson & Boyd 2001) L'inséparabilité de biologie et culture dans les adaptations humaines • Dès le début de notre histoire évolutive, nos adaptations biologiques et nos adaptations culturelles sont inextricablement liées • Séparer cause et effet en étudiant les interactions entre les deux est un défis Les adaptations spécifiques de l’espèce humaine • Des adaptations dans 4 domaines imbriqués caractérisent l’espèce humaine: – Cerveau, technologie, langage et culture – Nutrition, régime alimentaire, écologie de la subsistance – Biologie de reproduction, biologie sociale – Occupation d’habitats ouverts, station verticale (locomotion bipédale) Les racines biologiques de la capacité pour la culture • Le cerveau – Qu’est-ce qui a favorisé l’évolution de notre grand cerveau? • Le langage – Qu’est-ce qui a favorisé l’évolution du langage? • L’évolution de la station verticale (bipédie) et la « libération » des mains – A permis la spécialisation des mains pour la manipulation d'outils. Mais est-ce la cause de l’évolution de la bipédie, ou un effet de cette évolution ? • L’apprentissage social – Qui a entraîne de grands changements dans notre stratégie d’histoire de vie et notre système sociosexuel Nutrition, régime alimentaire, écologie de la subsistance • Le cerveau: un organe coûteux – cher à construire – cher à maintenir • Protéines – protéines animales: chasseurs? …ou charognards • Energie – Les graisses animales – ressources végétales; fruits, mais aussi tubercules Adaptations culturelles clefs dans l'écologie de la subsistance • Mode de vie nomade dans les savanes; chasseurs?... Ou charognards? • Utilisation et fabrication d'outils (premiers outils identifiés: servaient à couper la peau d’animaux morts, pas à tuer des animaux) Adaptations culturelles sont des traits clés dans l'écologie de la subsistance • Maîtrise du feu – diminution de la charge parasitaire associée au statut de carnivore – détoxification des métabolites secondaires des plantes • Procédés de détoxification – cuisson – trempage, lessivage Occupation d’habitats ouverts, station verticale (locomotion bipédale) • La station verticale – A permis la spécialisation des mains pour la manipulation d'outils. Effet… mais la cause ? – Bipédie comme partie d’un complexe d’adaptations, inégalées chez les autres mammifères, pour la régulation de la température dans les milieux chauds Pourquoi les savanes? – Chasse collective de la mégafaune? – Ou charognards nomades suivant les troupeaux migrateurs? Cerveau, technologie, langage et culture • Maîtriser les relations sociales dans des groupes grands et complexes – Corrélation, chez l’ensemble des primates, entre taille relative du cerveau et taille du groupe social – Homme: taille du cerveau est celle qui serait attendue pour un primate vivant dans des groupes de ~150 individus. Ce qui colle avec les sociétés chasseurscueilleurs d’aujourd’hui – Pourquoi cette corrélation? – Hypothèse de « l’intelligence machiavélique » (R. Dunbar) Notre cerveau est le produit de la sélection naturelle • Il est plus adapté à certains taches qu'à d'autres • Notre pensée, notre comportement, sont conditionnés/contraints par notre patrimoine évolutif Wason selection task Chaque carte a une lettre sur un côté et un chiffre sur l'autre. Règle: "Si une carte a un "D" sur un côté, il a un "3" sur l'autre côté." Quelle(s) carte(s) faut-il retourner pour voir si cette règle a été violée? D K 3 7 Wason selection task Considérez une autre règle: "Si tu empruntes ma voiture, il faut que tu refasses le plein d'essence." Quelle(s) carte(s) faut-il retourner pour voir si cette règle a été violée? a emprunté la voiture n'a pas emprunté la voiture réservoir vide réservoir plein même construction logique; mais on comprend plus vite une situation sociale (ici, détection de "tricheurs") qu'un problème abstrait Cerveau, technologie, langage et culture • Le langage – Origine favorisée par le besoin d’apprendre les techniques (par exemple, techniques de chasse collective)? – Langage comme « social grooming » (Dunbar) • Apprentissage: – Des relations sociales – Des techniques de subsistance • Fabrication d'outils • Cueillette: choix des plantes; leur écologie; récolte, préparation Biologie de reproduction, biologie sociale • Période juvénile extrêmement prolongée • L’apprentissage social – Le langage – Période de dépendance juvénile très prolongée – Qui a entraîné de grands changements évolutifs dans notre stratégie d’histoire de vie… Evolution de la stratégie d’histoire de vie des Hominidés • Période juvénile extrêmement prolongée (soins parentaux requis) • Corrélation entre durée de la période préreproductive et durée de vie • Les Hominidés: reproduction tardive + senescence tardive Evolution de la stratégie d’histoire de vie des Hominidés • Evolution de la senescence: – Principe d’allocation: « budget » de ressources d’un organisme est limité – Allocation des ressources entre trois fonctions: croissance, reproduction, et maintien; chacun coûte cher – Allocation au maintien dépend de la valeur reproductive… – Qui dépend en partie de la probabilité de survie Evolution de la senescence – Diminution de l'effectif avec augmentation de l'âge • Cette diminution peut être rapide, ou lente – Concept de la valeur reproductive – La sélection naturelle "ne voit pas" les individus âgés, sélection pour le maintien est beaucoup moins forte Biologie de la reproduction, biologie sociale • Période juvénile extrêmement prolongée • Soins parentaux requis sont plus élevés • La sélection sexuelle a conduit à l'évolution de relations sociosexuelles différentes que celles existant chez d'autres grands singes (anthropoïdes) La sélection sexuelle et l’investissement parental • Investissement parental = temps et énergie investis dans l’élevage des jeunes • De nombreux facteurs, variables selon les espèces, contribuent à déterminer quel sexe aura le plus lourd investissement parental. Chez les mammifères, c’est le plus souvent la femelle: grossesse, allaitement,… • Le sexe qui investit le plus dans les jeunes va évoluer pour être plus sélectif dans le choix de son partenaire. A l’opposé, le sexe qui a un investissement parental moindre va développer un tempérament plus compétitif et se montrera plus opportuniste dans le choix de ses partenaires. • Variance entre différents individus dans le succès reproducteur est beaucoup plus grande chez le sexe qui a un investissement parental moindre Mâle adulte du mandrill (Mandrillus sphinx), le primate montrant le plus grand degré de dimorphisme sexuel Le dimorphisme sexuel: indicateur de l’intensité de la sélection sexuelle • Augmentation du dimorphisme lors de l’évolution et la diversification des primates • L’homme comparé aux autres grands singes: – Gibbon: monogamie; peu de dimorphisme – Gorille: polygamie (harems): fort dimorphisme sexuel de la taille corporelle – Chimpanzé: promiscuité: dimorphisme modéré – Homme: diversité de stratégies sexuelles; dimorphisme modéré • Différentes conséquences de la sélection sexuelle, selon la biologie de l’espèce Biologie de la reproduction, biologie sociale • Période juvénile extrêmement prolongée • Soins parentaux requis sont plus élevés • Survie et croissance de l’enfant sont améliorées si les deux parents contribuent aux soins parentaux • Liens entre mâle et femelle non seulement sexuels, mais aussi économiques: la famille nucléaire La ménopause et les grands-mères • Longue période de vie post-reproductive de la femme. Pourquoi? • Evolution de la senescence – Diminution de l'effectif avec augmentation de l'âge – Concept de la valeur reproductive – La sélection naturelle "ne voit pas" les individus âgés La ménopause et les grands-mères • Les individus doivent avoir une très forte probabilité de mortalité après la fin de leur vie reproductive--pourquoi pas chez la femelle de notre espèce? • "The grandmother hypothesis" L’évolution de l’altruisme et de la coopération • Comportements altruistes: bénéfices à un autre individu, coût pour soi-même – Comment expliquer l’évolution des comportements altruistes? • Sélection de parentèle – Théorie de la « fitness inclusive » (« valeur sélective inclusive »): comportement altruiste peut être favorisé par la sélection naturelle s’il est dirigé à des individus apparentés • Altruisme réciproque – Comportement altruiste envers individus non apparentés peut être favorisé si on reçoit des bénéfices en retour (même plus tard) • Évolution de la coopération – Dans les sociétés humaines, importance de la réputation! L’évolution de l’altruisme et de la coopération • L’importance de la réputation: si un individu a la réputation d’être bon coopérateur, ceci peut disposer d’autres individus à coopérer avec lui – Peut favoriser l’évolution de la coopération même entre des individus qui ne se connaissent pas directement La culture est-elle une entité superorganique, « découplée » de la biologie? • Point de vue fréquent: l’évolution culturelle est largement arbitraire (« libre arbitre culturel »), idiosyncratique, découplée de la biologie • Vrai? Ou est-ce que l’évolution culturelle, comme l’évolution biologique, est soumise à des mécanismes de sélection? • L’évolution culturelle est-elle darwinienne? IS HUMAN CULTURAL EVOLUTION DARWINIAN? EVIDENCE REVIEWED FROM THE PERSPECTIVE OF THE ORIGIN OF SPECIES (Mesoudi et al. 2004, Evolution) • Parallèles entre évolution biologique et évolution culturelle: – – – – – – – – Variation Compétition Héritabilité (transmission) Accumulation de modifications (co-évolution de combinaisons particulières de traits, formant un ensemble cohérent) Adaptation « Modification with descent »: Répartition géographique; analyses comparées; barrières géographiques Évolution convergente Changement de fonction: traits vestigiaux, anachronismes Évolution convergente • Indicateur fort de l’action de la sélection • Comment la détecter? – Reconstruire la phylogénie • En utilisant l’hypothèse la plus parcimonieuse (ou la plus vraisemblable) de la répartition des traits dérivés entre taxons – Evolution du trait supposé soumis à la sélection: Apparaît-il plusieurs fois, toujours associés à un milieu particulier? (ou à des conditions particulières…) Un exemple de l’évolution convergente de traits culturels • Les cuisines des pays tropicaux sont plus épicées que celles des pays des zones tempérées • Schéma répété, observé dans de nombreuses régions différentes, chez des groupes dont les cultures ont évoluées indépendamment • Si la culture évolue de façon arbitraire, pourquoi observe-t-on de telles régularités? Sherman & Billing 1999 (BioScience): « la gastronomie darwinienne » • Analyse de recettes de 93 livres de cuisines traditionnelles de 36 pays (au moins 2 livres par pays): quantification et confirmation du schéma • Hypothèse: les épices ont un fonction adaptative – Les principes actifs dans les épices sont des métabolites secondaires des végétaux, servant de défense contre herbivores et pathogènes – Nous avons emprunté ces « récettes pour la survie », incorporant ces substances dans la cuisine pour combattre les microorganismes et diminuer les empoisonnements alimentaires Si les épices sont bonnes pour nous, pourquoi ne sont-elles pas utilisées avec la même fréquence partout? • Les bénéfices varient en fonction du milieu – On a le plus besoin d’épices où la température élevée favorise la multiplication des microorganismes dans les aliments • Les épices imposent des coûts – Coût financier – Coûts physiologiques: propriétés mutagènes, carcinogènes, … Comme pour l’information génétique, nous ne sommes pas forcément conscients des fonctions adaptatives de l’information encodée dans la culture Biologie et l’évolution culturelle de systèmes de parenté • Systèmes de parenté • Systèmes de transmission de biens L’incertitude de la paternité influe sur le comportement social… Côté maternel Grande-mère Côté paternel Grand-père Grande-mère mère père Grand-père = certitude = incertitude enfant …et sur les systèmes (culturels!) de parenté Coûts et bénéfices des deux stratégies alternatives de transmission de biens • Plus sûr de transmettre les biens de la famille par le côté maternelle (aux filles et leurs descendants)—plus grande certitude de parenté • Mais parfois, plus grand bénéfice potentiel en transmettant aux fils – Plus grand nombre de descendants – Certains biens ne peuvent être gardés que par des mâles (bétail) La culture est un système composé d'éléments fonctionnellement liés... • Qui coévoluent entre eux-mêmes • Un exemple: – Holden, C.J. et R. Mace. 2003. Spread of cattle led to the loss of matrilineal descent in Africa: a coevolutionary analysis. Proceedings of the Royal Society of London, B 270: 24252433. Hypothèses de base • Matrilinie = parenté par relations du côté de la mère est culturellement plus significative que par relations côté père: – Appartenance au groupe est tracée par la matriline (parents côté maternelle) – Transmission de biens par la matriline • Patrilinie = parenté par relations du côté du père est culturellement plus significative: transmission de biens par la patriline • L’horticulture est-elle associée au système matrilinéaire, le pastoralisme au système patrilinéaire? Démarche • Obtenir les données pour les deux traits culturels (matrilinie/patrilinie, présence/absence de bétail) pour chaque groupe • Construire l’arbre phylogénétique reliant les différents groupes (maximum de parcimonie, appliqué au lexicon) • Reconstruire les transformations évolutives subies par chaque trait lors de la radiation des groupes (maximum de vraisemblance) • Comparer la vraisemblance du modèle indépendant (pas d’interaction entre les deux traits) et modèle dépendant (interaction) L'évolution culturelle impose de nouvelles pressions sélectives... • ...et influence donc l'évolution biologique – des organismes associés à l'homme • Chrysops sp. (Diptères, Tabanidés) spécialisé sur l'homme • Poux du corps et poux des vêtements – de l'homme lui-même • évolution de la tolérance au lactose • agriculture, paludisme, et polymorphisme d'hémoglobine L’évolution de la tolérance au lactose chez les adultes • L’évolution culturelle influence l’évolution biologique: l’évolution du pastoralisme a conduit à l’évolution de la capacité de digérer le lactose chez les adultes (Holden & Mace 1997) Le lactose a deux fonctions • Source d’énergie • Augmente la capacité d’absorption du calcium et du phosphore – Importantes pour les enfants • Conséquences de l’adoption d’un régime alimentaire riche en céréales: – Céréales sont pauvres en calcium et phosphore – Céréales contiennent des phytates: métabolites secondaires qui font des complexes insolubles avec le phosphore Pourquoi avoir adopté l’agriculture? • Schéma répété dans les données archéologiques: l’adoption de l’agriculture est accompagnée de la diminution de l’état de santé des gens, indicateur de déséquilibres nutritionnels. Pourquoi avoir adopté un système qui semble mal adapté? – La pression démographique – Des changements climatiques – Les vrais bénéficiaires de l’agriculture étaient les seigneurs, dont la production de la nourriture leur a permis d’avoir plus de ressources et plus de pouvoir Le lactose a deux fonctions • Conséquences de l’adoption d’un régime alimentaire riche en céréales: – Céréales sont pauvres en calcium et phosphore – Céréales contiennent des phytates: métabolites secondaires qui font des complexes insolubles avec le phosphore • Si un régime alimentaire riche en céréales est accompagné par du lait, ce problème est diminué • …Mais se pose un nouveau problème, l’intolérance au lactose • L’adoption de l’agriculture a mis en marche toute une cascade de conséquences en terme d’ajustements culturels, et ajustements biologiques Gene-culture coevolutionary theory (Feldman & Laland 1996, TREE) • Branche de la génétique des populations qui modèle l’interaction de deux systèmes de transmission: – Transmission différentielle de gènes d’une génération à la suivante – Transmission différentielle de traits culturels – Interactions: • Ce qu’un individu adopte peut dépendre de son génotype • Sélection agissant sur le système génétique peut être générée ou modifiée par l’extension d’un trait culturel • Exemple simple: évolution de la tolérance au lactose chez l’adulte Adoption du lait comme nourriture > a favorisé les individus portant des allèles déterminant l’expression du lactase chez l’adulte, ainsi que chez l’enfant > proportion d’individus tolérants au lait augmente dans la population Gene-culture coevolutionary theory (Feldman & Laland 1996, TREE) • Autre exemple simple: – fréquence de la mutation responsable de l’anémie falciforme en Afrique occidentale dépend du système de subsistance de la population Agriculture d’ignames > création de conditions favorables aux moustiques > plus grande pression de sélection pour la résistance au paludisme Gene-culture coevolutionary theory (Feldman & Laland 1996, TREE) • Démarche: – Décrire les individus en terme de leur génotype et le trait culturel (« phénogénotype ») – Décrire les règles de transmission, non seulement pour le système génétique mais aussi pour les traits culturels • • • • • Transmission verticale Transmission horizontale Transmission oblique Transmission indirecte (par certains individus clés) Transmission fréquence-dépendante (par exemple, conformisme à la majorité) Les pratiques culturelles de l'homme agissent sur la biodiversité • Création de paysages • Evolution des populations – "sauvages".... – et domestiquées L’homme construit sa niche écologique Erickson 2003 •Capacité de modifier le milieu: ¾est le produit de la sélection naturelle ¾mais modifie en même temps les pressions sélectives qui vont agir sur les organismes—et sur leurs descendants Deux voies vers la correspondance entre milieu et traits des organismes • Les organismes peuvent évoluer, par la sélection naturelle, des traits qui les rendent adaptés au milieu • Les organismes qui construisent leur niche peuvent changer le milieu pour le rendre conforme à leurs traits actuels – Ces organismes héritent de leurs ancêtres non seulement leurs gènes, mais aussi un héritage écologique, c’est-à-dire, un sous-ensemble de pressions sélectives modifiées par les activités de construction de niche de leurs ancêtres génétiques ou écologiques «Niche construction » (construction de la niche écologique): une nouvelle vision de l’adaptation? (Figure 1, Day et al.) Exemples de construction de la niche • « Ecosystem engineers » (ingénieurs écologiques): des organismes qui contrôlent les processus de flux de matières et d’énergie – Castor – Insectes sociaux (fourmis et termites terricoles) • Ce ne sont pas des cas spéciaux – Les organismes vivants ont depuis toujours modifié le milieu • Conséquences de l’évolution de la photosynthèse • Construction de la niche par l’évolution culturelle – Et la coévolution entre gènes et culture Les hommes créent leur niche écologique • Généralistes • Spécialistes • Symbiose: évolue où – Chaque groupe poursuit une activité incompatible avec d’autres activités (temps requis, saisonnalité, savoir spécialisé) – Mais les produits de cette activité ne sont pas suffisants pour la subsistance, nécessitant des échanges réguliers (commerce) – Exemples: • Pécheurs, agriculteurs, pastoralistes dans la delta intérieure du fleuve Niger • Chasseurs-cueilleurs et villageois dans les forêts africaines Symbiose entre chasseurs-cueilleurs « pygmées » et horticulteurs en Afrique centrale • Problèmes de subsistance comme chasseurs-cueilleurs dans les forêts tropicales humides: – Obtenir suffisamment de calories! • Les animaux sont maigres, engraissement saisonnier • La fructification est fortement saisonnier • Le stockage est difficile dans le climat tropical humide et incompatible avec un mode de vie nomade • La production primaire est faible dans le sous-bois, et ce qui est produit est peu consommable! Pourquoi? Une ressource végétale clé pour la subsistance des chasseurs-cueilleurs: les ignames sauvages • Ignames: Dioscorea spp., pantropical, plus régions tempérées chaudes; env. 600 spp. • Espèces forestières: – Lianes – Monocotylédones • Donc pas de croissance secondaire des tiges – Le diamètre définitif de la tige est déterminé dès qu’elle commence à pousser – Ne peuvent pas ajouter du xylème chaque année – Ne peuvent pas réparer des dégâts au système de vaisseaux – Géophytes: l’ensemble de l’appareil aérien est renouvelé chaque année (tous les deux ans pour certaines espèces) L'IGNAME SAUVAGE : DIOSCOREA PRAEHENSILIS Symbiose entre chasseurscueilleurs et villageois sédentaires • Chasseurs-cueilleurs obtiennent des villageois – Accès aux calories des plantes domestiquées (féculents) – Les outils en fer – Autres articles de commerce • Villageois obtiennent des chasseurs-cueilleurs – La viande (peu d’animaux domestiqués, peu de cultures riches en protéines [faible disponibilité en P limite le succès des légumineuses] – Le miel – Les plantes médicinales et les soins donnés par les guérisseurs pygmées Le feu: un outil dans la construction de la niche • Les multiples utilités du feu – Pour éloigner les prédateurs la nuit – Pour cuire les aliments • Élimination des parasites • Destruction des métabolites secondaires des plantes – Ceux qui sont thermolabiles seulement – Plantes avec substances toxiques faciles à enlever étaient plus faciles à domestiquer – Lors de la domestication des plantes à substances toxiques non thermolabiles, perte évolutive de ces composés – Chez les plantes contenant des substances thermolabiles, persistance de ces composés, maintenus par la sélection naturelle (légumineuses, Aracées [taro,…], plantes cyanogènes – Pour gérer l’habitat Gestion de l’habitat par les incendies • Augmenter la production de plantes utiles – Quand la production primaire est concentrée près du niveau du sol, • C’est plus facilement accessible à l’homme • Une plus grande proportion est utilisable que pour la végétation du sous-bois forestier • Augmenter les populations de gibiers – Pourquoi les mégaherbivores se trouvent surtout en savane? • Maintenir des graminées pour que les animaux domestiqués convertissent de la végétation non comestible en protéines, et énergie, comestibles • …et aujourd’hui? Les incendies et le fonctionnement des écosystèmes • Les herbivores: fortes contraintes sur leurs activités: – Défenses physiques et chimiques des plantes • Les herbivores sont plus ou moins sélectifs dans leurs choix de plantes – Prédation • Dans les écosystèmes terrestres, la plupart de l’énergie et des matières entre dans la chaîne trophique des détritivores, pas la chaîne trophique des herbivores • L’incendie: un consommateur tout à fait particulier • Incendies: peu sélectives! Peuvent consommer, et minéraliser, tout! Les incendies et l’écologie • Impact: – Perturbation – Pression sélective • L’évolution des végétaux qui dépendent du feu • Comment les incendies favorisent les graminées • Graminées en C4 L’évolution des végétaux dépendants du feu • L’évolution, diversification, et montée en abondance des graminées en C4 – Quand? Pourquoi? – Changements climatiques • Autres adaptations aux incendies – Végétation « pyrophile »? –feuilles résineuses; arbres gardent leurs branches mortes au lieu de les jeter au sol – Fruits qui ne lâchent pas leurs graines sans qu’ils soient chauffés par le feu – Graines myrmécochores, enfouies par les fourmis pour constituer une banque de graines dans le sol – Germination déclenchée par la fumée La dynamique des interactions entre graminées et arbres/arbustes dans les savanes • Deux types de consommateurs favorisent les graminées, défavorisent l’établissement des arbres/arbustes – Mégaherbivores – Incendies • L’espace entre la surface du sol et env. 4-5 m au-dessus du sol est un « piège » pour les arbres/arbustes (« herbivore trap », « fire trap » (W. Bond, Université de Cape Town) Comment les arbres/arbustes arrivent-ils à sortir du « piège »? • Absence d’incendies pendant un certain nombre d’années, due à – La chance – Germination juste après un feu, feux périodiques (cycle d’accumulation de carburant) • Stockage de réserves souterraines, croissance très rapide à travers le « piège » – Tubercules Le feu et la structure, fonctionnement et répartition géographique des écosystèmes • Climat et sols déterminent-ils le type de végétation? • Le triangle de Whittaker: température, pluviométrie, et végétation – Une polygone au milieu: « indéterminée » – Cette portion « indéterminée » occupe une grande partie de la surface terrestre de la planète! • …Où le type de végétation est déterminé par l’interaction entre climat, sols, et consommateurs – « Consommateurs » = herbivores, mais surtout les incendies Bond et al., New Phytol. 2005: The global distribution of ecosystems in a world without fire Bond et al., New Phytol. 2005 Bond et al., New Phytol. 2005 Bond et al., New Phytol. 2005 Bond et al., New Phytol. 2005 Bond et al., New Phytol. 2005 Bond et al., New Phytol. 2005 Changements climatiques et impacts écologiques • Les effets écologiques des changements climatiques ne peuvent pas être compris, ou prédits, si on ne prend pas en compte les incendies • Le CO2 comme facteur – CO2 bas favorise les graminées en C4 – CO2 élevé favorise les arbres/arbustes par rapport aux graminées • Entre autres, parce qu’avec plus de CO2, les arbres/arbustes peuvent mieux tolérer les incendies • …et mieux se défendre contre les herbivores Changements climatiques et impacts écologiques • Le Pléistocène (et l’actuel): époque caractérisé par des fluctuations climatiques marquées • Le climat très variable: a-t-il favorisé les hominidés, animaux dotés d’une grande flexibilité comportementale et écologique? • Ces fluctuations climatiques ont été provoquées en premier lieu par des changements dans les contrastes entre saisons • C’est donc indispensable de comprendre – Le phénomène de la saisonnalité – Les phénomènes astronomiques qui ont conduit à des fluctuations dans la nature de la saisonnalité La saisonnalité • Due au fait que l’axe de rotation de la terre est incliné par rapport au plan de son orbite autour du soleil • Qu’est-ce qui change avec les saisons? – La longueur respective de jour et nuit (photopériode) – L’intensité du rayonnement solaire – Les précipitations • La saisonnalité tropicale – Équateur géographique, équateur solaire, zone intertropicale de convergence – Saison sèche et saison humide – Le climat du mousson Les cycles de Milankovitch et les fluctuations climatiques • La nature épisodique des périodes glaciales et interglaciales durant les dernières deux millions d’années est due en premier lieu aux changements cycliques dans l’orbite de la terre autour du soleil: les cycles de Milankovitch • Trois cycles dominants: eccentricité, inclinaison axiale, précession • Prises ensemble, variations dans ces trois cycles conduisent à des altérations dans la saisonnalité du rayonnement solaire atteignant la surface de la terre • Les fluctuations climatiques ne sont pas dues à des changements dans la quantité des rayons solaires qui arrivent sur la terre, mais dans leur location et leur saisonnalité Premier cycle: dans l’eccentricité. L’orbite de la terre varie de plus elliptique à moins elliptique, avec une période de 100 000 ans Plus elliptique (5 %): très fort contraste dans la quantité de rayonnement solaire reçu entre différentes saisons, car la distance terre-soleil varie selon la saison Moins elliptique (0 %): faible contraste dans la quantité de rayonnement reçu entre différentes saisons Aujourd’hui: eccentricité presque minimale Deuxième cycle: dans l’inclinaison axiale (« obliquité »). L’angle d’inclinaison de l’axe de rotation de la terre par rapport au plan d’orbite autour du soleil varie de 21,5° à 24,5°, avec une période de 41 000 ans Angle plus grand: rayonnement solaire distribué de façon très inégale entre été et hiver Angle plus petit: rayonnement plus équitablement distribué entre été et hiver; et augmentation de la différence entre quantité de rayonnement reçu à l’équateur et aux pôles Aujourd’hui: 23,5 ° Troisième cycle: dans la précession. La terre est comme une toupie dont l’axe de rotation bouge avec le temps, avec une période de 23 000 ans Aujourd’hui: axe de rotation est aligné avec l’étoile Polaris; périhélion (moment de l’année où la terre est la plus proche du soleil) au solstice d’hiver Dans 10 500 ans: l’axe de rotation sera aligné avec l’étoile Véga; périhélion sera au solstice d’été Été et hiver dans l’hémisphère nord relativement modérés Été chaude, hiver froid, dans l’hémisphère nord Tout ceci n’est important que parce que les masses continentales sont très inégalement distribuées entre l’hémisphère nord (presque toutes) et l’hémisphère sud (seul l’Antarctique). ¾ Quand les étés sont les moins chaudes (précession, eccentricité) et les hivers les plus doux et humides (inclinaison axiale) des glaciers peuvent se former sur de grandes parties de l’Eurasie et l’Amérique du Nord. Cycles astronomiques et cycles climatiques (La quantité de rayonnements émis par le soleil varie de façon cyclique) Des liens évidents. Cependant, ¾plusieurs « puzzles » à résoudre ¾les mécanismes précis des fluctuations climatiques ne sont pas encore clairs L’homme peut aussi détruire sa niche écologique • Le collapse des civilisations (sujet du livre récent de Jared Diamond, UCLA) • De nombreux cas de collapse de civilisations dû au « suicide écologique » – Les habitats de l’Île de Pâques – Les Anasazi (« Indiens Pueblo ») du sudouest des Etats-Unis • Changements climatiques jouent un rôle… Coévolution entre gènes et culture Culture Création de milieux cultivés, récolter pour planter Gènes Évolution des traits domestiqués des premières céréales Évolution de mauvaises herbes (avoine) Récolte et plantation de l’avoine Domestication secondaire de l’avoine Dans ces mutualismes à pouvoir asymétrique, l’intérêt de la plante est surtout d’être intéressante à l’agriculteur… … mais la plante peut s’imposer; l’intérêt de l’agriculteur est de trouver l’intérêt des choses qui échappent à son contrôle Autres ouvrages • Durham, W.H. (1991). Genes, culture and human diversity – Modes postulés d’interaction entre gènes et culture: • Modes interactifs – « genetic mediation » – « cultural mediation » • Modes comparatifs – « enhancement » – « neutrality » – « opposition » Autres ouvrages • Ehrlich, P.R. (2000). Human natures. Genes, cultures, and the human prospect – Insiste sur la puissance de l’évolution culturelle par rapport à la sélection naturelle – Argument fréquemment répété: • Culture complexe pour être « déterminée » par les gènes Autres ouvrages • Dunbar et al. (eds.). 1999. The evolution of culture. – Miller: art, musique, mythes comme produits de la sélection sexuelle