premiers chrétiens l’ont vu comme la figure du baptême et ce lavement des pieds
comme celui de la pénitence qui restaure l’entière pureté du baptême. «Le plus
souvent, même après le baptême on reste couvert de la souillure de ses fautes […]. Mais ceux qui
sont les vrais disciples de Jésus, au point de dîner avec lui, ont seulement besoin que leurs pieds
soient lavés par le Verbe »
.
Le sens total du geste est donné par Celui qui a repris ses vêtements, Celui
que les disciples verront ressuscité. « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? Vous
m’appelez « Maître » et « Seigneur », et vous avez raison car, vraiment je le suis. Si donc moi, le
Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns
aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi, comme j’ai fait
pour vous ».
Nous rouvrons la fenêtre sur l’intime de Dieu. Le Verbe de Dieu est bien
notre unique Maître, au sens où lui seul nous enseigne qui est Dieu et quel est son
projet. Il est le Seigneur, l’homme ressuscité en qui nous reconnaissons Dieu, lui-
même, venu nous sauver. Or Dieu se dit dans un homme nu, ceint d’un linge de
service, agenouillé devant les hommes dans un acte que les Juifs considéraient
comme indigne d’un esclave israélite.
La Toute-Puissance de Dieu qui, en Jésus, dispose librement de toute chose
et qui, en l’homme Jésus dispose librement de sa propre vie et de sa propre mort,
cette Toute-Puissance se dit dans un acte de total abaissement. Dieu est donc bien
un amour en acte, fait d’un don continu.
Et nous sommes invités à entrer dans ce mouvement que Jésus nous pose en
exemple. Il ne s’agit donc pas d’entendre le lavement des pieds comme une
invitation à la philanthropie ou à la simple générosité. Il s’agit d’y voir le modèle
même de notre vie. Nous sommes faits pour nous donner en servant. Au moment
où notre diocèse s’engage fortement dans la dynamique de Diaconia 2013, et où
nous sommes invités à « servir la fraternité », ne nous trompons pas de cible. Il s’agit
bien de rejoindre le mouvement pascal de Jésus qui librement dispose de sa vie
pour le service de ses frères, nous révélant ainsi la profondeur de l’Amour en acte
qui est Dieu et qui, par là, veut nous entraîner dans la vie même de la Trinité.
Nous comprenons alors la multitude des sens du lavement des pieds. Pour
entrer dans le mouvement trinitaire, il nous a fallu le baptême. Pour y progresser, il
nous faut la pénitence qui nous rend à notre pureté baptismale. Pour y demeurer il
nous faut l’eucharistie dans laquelle le Seigneur se donne pour que, unis à lui, nous
Origène Commentaire sur Saint- Jean, XXXII, 2,4. Trad. Solange BOUQUET