Philosophie Rasta introduction poétique La fascination des lions pour les lionnes; quand leurs corps sont nus comme la lune, ceux-là s'appellent les rastas. C'est à ces hommes de Babylone que celui qui est de mon espèce ne devra pas attacher son cœur ; c'est aux printemps, à ces prairies multicolores, en ces lionnes fugitives que le lion devra croire! Trop longtemps j'ai vécu sauvage Dans ces citées de Babylone, pour ne pas retourner à toi Zion ! Je sais tout: tu te sentais plus abandonné dans la multitude, Toi l'unique, jamais tu ne l'as été avec moi. C'est cela que tu as appris maintenant! Et parmi les esclaves dominés par la peur tu seras toujours sauvage et étrangère. Mais dans Zion tu es chez toi dans ta demeure; ici tu peux tout dire et t'épancher toute entière ici nul n'a honte des sentiments cachés et tenaces. Ici toutes choses s'approchent à ta parole, elles te cajolent et te prodiguent leurs caresses car elles veulent monter vers ton âme. Monter vers tous tes symboles et chevaucher ici avec toi toutes tes vérités. Avec droiture et franchise, tu peux parler ici de toutes choses et, en vérité, les lionnes aiment recevoir des louanges, lorsqu'on parle à toutes choses avec droiture. Vers toutes les vérités. Zion! Toi ma patrie, Zion! Comme ta voix me parle, bienheureuse tendre Zion! Nous ne nous questionnons point, nous ne nous plaignons point l'un à l'autre, ouvertement nous passons ensemble les portes ouvertes. Car tout est ouvert ici dans Zion et il fait clair; et les heures, elles aussi, s'écoulent ici plus légères. Ici se révèle à moi l'essence et l'expression de tout ce qui est: tout ce qui est veut s'exprimer ici. Dans Babylone cependant tout parle et rien n'est entendu, quand le lion annonce sa sagesse. Dans Babylone les esclaves dominés par la peur veulent être ménagés et pris en pitié. Gardant mes vérités au fond du coeur, ainsi j'ai toujours vécu parmi les hommes de Babylone. J'étais assis parmi eux, déguisé, prêt à me méconnaître pour les supporter. Fou que tu es, jamais tu ne leur ressembleras, tu ne connais pas les hommes de Babylone !" On désapprend ce que l'on sait des hommes quand on vit parmi les esclaves. Il y a trop de peur chez les hommes de Babylone que peuvent faire là les vues lointaines et perçantes ? C'est avec des narines heureuses que je respire de nouveau la liberté des montagnes! Mon nez est enfin délivré de l'odeur de tous les esclaves dominés par la peur. C, c pour les cœurs libres quelque chose d'innocent et de libre, le bonheur du jardin de la terre, la débordante reconnaissance de l'avenir pour le présent. C, c, ce n'est un poison doucereux que pour les flétris, mais pour ceux qui ont la volonté du lion, c'est le plus grand cordial, le vin des vins, que l'on ménage religieusement. C, c est la plus grande félicité symbolique pour le bonheur et l'espoir supérieur. Car il y a bien des choses qui… O mon âme, je t'ai appris à dire "aujourd'hui", et à danser ta ronde pardessus tout ce qui était, ici, lá-bas… Tu as la liberté sur ce qui est créé et sur ce qui est incréé: et qui connaît comme toi la volupté de l'avenir? Je viens de regarder dans tes yeux, ô vie: j'ai vu scintiller de l'or dans tes yeux nocturnes, cette émotion a fait cesser les battements de mon cœur. D'un bond tu te dressais déjà à demi détournée, les yeux pleins de désirs. Je t'aime, tu es en moi, Zion. Je te suis en dansant, même sur une piste incertaine. Ah! Regarde comme je suis étendu! Regarde, j'aimerais bien suivre avec toi les sentiers de l’amour! Les sentiers de l'amour, à travers de silencieux buissons multicolores! Ou bien là-bas, ceux qui longent le lac avec leur grand arbres. Nous avons trouvé notre île d’amour nous l’avons trouvé tout seuls à nous deux! C'est pourquoi il faut que nous nous aimions ! Et nous nous sommes regardés, nous avons jeté nos regards au fond de nos âmes déchirées á la fraîcheur du soir, et nous avons pleuré ensemble. Mais alors la vie m'était plus chère que ne me l'a jamais été toute ma sagesse. Comme un vent purificateur ; si jamais un souffle est venu vers moi, un souffle de ce souffle créateur, de cette nécessité divine qui force même les hasards à danser les danses d'étoiles. Si je porte en moi cette joie du chercheur, cette joie qui pousse vers l’inconnu, s'il y a dans ma joie une joie utopique… Le rasta sait qu’il ne sait, plutôt ne rien savoir que de savoir beaucoup de choses à moitié! Moi je vais au fond: qu'importe qu'il soit petit ou grand? Un morceau de terre large comme la main me suffit pourvu que ce soit vraiment avec toi. Un morceau de terre large comme la main: on peut s'y tenir debout. Dans la vraie conscience il n'y a rien de grand et rien de petit. Il vaut la peine de vivre sur la terre: Un jour, une fête en compagnie des lionnes a suffi pour m'apprendre à aimer la terre. Rastas, ne voulez-vous pas, comme moi, dire à la mort: "La vie c’est la mort de la mort encore une fois!" Le vieux rasta cependant dansait de plaisir; et si, comme le croient certains conteurs, il était alors ivre d’herbe douce, il était certainement plus ivre encore de la vie douce, et il avait abdiqué toute lassitude. Il se passa pourtant alors des choses plus grandes et plus étranges, la lionne avait dansé ce soir-là. Maintenant le soir est venu et la nuit et l'heure de minuit, le lion hurle, et le vent ; le vent n'est-il pas un signe? Aussi longtemps que votre morale était suspendue au-dessus de ma tête, je respirais comme quelqu'un qui étouffe. Dès lors, il me fallut embrasser ce serpent. Je voulais vivre, c'est pourquoi je devais t’aimer. Mais la croyance fondamentale des hommes de Babylone, c'est qu'il faut vivre pour rien, c'est là leur vulgarité. Combien de génération faudra-t-il ? C’est pour cela que les rastas sont immortels.