JUDAÏSME
4INFORMATION JUIVE Décembre 2007
Hanouka, la fête de
l'inauguration du Beth
Hamikdash (Temple) a
été instituée par nos
sages suite à un
événement historique
majeur : la victoire des troupes de Juda
Macchabée contre l'armée syro-grecque
de Antiochus Epiphane (vers -165), la
libération de Jérusalem et la purification
du Temple. L'enjeu était de taille : il
s'agissait d'affirmer les valeurs éthiques
du monothéisme contre le paganisme
autoritaire d'un des successeurs
d'Alexandre le Grand.
Le livre des Maccabim
(Macchabées), qui n'a pas été
canonisé par les sages de Yavné,
décrit la situation avant la
révolte judéenne. L'identité
juive se trouvait en danger,
non pas dans son corps,
mais dans son âme et
dans son esprit. Notre
peuple a connu tant
d'horreurs au cours du
vingtième siècle, entre la
Shoah et les guerres
d'Israël, qu'il peut
nous arriver
d'oublier l'autre
danger qui
guette notre
peuple :
l'assimilation.
Et pourtant,
à bien y
réfléchir, il
s'agit d'un
véritable
danger de
disparition.
Le grand-prêtre
Matatiahou (Matta-
thias), père de Juda
Macchabée, avait
compris le danger que représentait le
projet assimilationniste d'Antiochus IV :
la fin du peuple juif en tant que tel.
Imaginons à quoi aurait abouti le discours
normatif d'Antiochius ? A la disparition
pure et simple de l'identité juive, à
l'absorption " du plus petit peuple " dans
l'estomac géant et réducteur d'un monde
grec, terriblement séducteur par ailleurs.
Cette séduction avait d'ailleurs commencé
à montrer ses effets, puisque le livre des
Macchabées nous apprend que la lutte
pour délivrer le Temple de Jérusalem fut
menée également contre des juifs
hellénisés.
Transmettre pour survivre :
Pour un juif, l'assimilation commence
par le refus d'assumer
l'alliance du Sinaï, le
rejet du " joug de la
royauté du Ciel et
le joug des
mitsvoth
(commandements)
", elle se poursuit
en se désolidarisant
de l'histoire juive.
Tant que le cœur
juif vibre pour
l'histoire
juive,
il existe l'espérance d'un avenir. Depuis
l'époque antique des prophètes jusqu'à
notre temps contemporain, la vigilance a
été et doit rester maintenue. La lutte
contre l'assimilation n'implique pas qu'en
tant que communauté ou en tant que
peuple nous nous enfermions dans un
ghetto identitaire ; mais cela appelle une
attention et une vigilance quant à la
transmission aux jeunes générations, à la
formation des maîtres et à la mise en
place de structures religieuses répondant
au questionnement du temps présent.
Pour autant, nos sages n'ont pas
sacralisé la victoire militaire. Pour nos
maîtres, ce triomphe n'était que la partie
émergente d'un message plus profond et
essentiel pour le judaïsme : la victoire de
la lumière. Cette lumière nous l'allumons,
selon la halakha, à la tombée de la nuit,
c'est-à-dire lorsque l'obscurité recouvre
le monde. Non seulement cette petite
lumière repousse la noirceur de la nuit,
mais chaque flamme sera suivie par la
suivante qui augmentera la lumière. Au
huitième soir, huit bougies illumineront
nos foyers. N'est-ce pas les principes de
solidarité et d'espérance qui se trouvent
ici soulignés ?
Solidarité entre chaque juif porteur de
sa propre flamme, de sa propre ferveur et
sa propre lumière ? Espérance qui jaillit
dans la nuit sombre pour rappeler que
notre histoire continue,
malgré les épreuves et
les dénégations.
Hanouka nous
invite autant à
garder la flamme
allumée qu'à
transmettre le
flambeau à notre
jeunesse.
Telle est la nature de notre véritable
combat : une flamme, non pour brûler,
mais pour briller.
*Philippe Haddad est rabbin
Hanouka,
lumière d'espérance
PAR PHILIPPE HADDAD*
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