- Flash innovation et nouvelles technologies © DG Trésor er N°36 – 1 juin 2012 SOMMAIRE Antitrust Abus de position dominante : Bruxelles demande à Google des mesures correctives Politique d’innovation Startup Act 2.0 : un projet de loi pour favoriser la création d’entreprises innovantes via de nouveaux visas Réseaux LightSquared licencie la moitié de ses employés Neutralité du net La FCC nomme des entreprises privées au nouveau comité «Open Internet Advisory Committee », pour veiller à la bonne application des règles de neutralité du net Entreprises Facebook : une introduction en bourse jugée décevante Présentation d’entreprise : Google FOCUS - La Silicon Valley face à de nouveaux enjeux Anti-trust Abus de position dominante : Bruxelles demande à Google des mesures correctives Le commissaire européen à la concurrence Joaquin Almudia a fait savoir que la Commission pourrait clore l’enquête ouverte contre la société en novembre 2010, procédure déclenchée à la suite de plusieurs plaintes de sociétés européennes, si Google voulait bien prendre rapidement des mesures pour remédier aux préoccupations de Bruxelles. Accusée de pratiques d’abus de position dominante dans quatre domaines, Google a répondu qu’elle n’était pas d'accord avec les conclusions de la commission mais qu’elle était ouverte à la discussion. Faute de propositions en ce sens, l'enquête de la commission européenne serait approfondie, et pourrait éventuellement déboucher sur une sanction. Les préoccupations de la Commission portent sur le traitement préférentiel opéré au travers des moteurs de recherche, et la publicité. Côté américain, Google fait l’objet d’un examen par le souscomité anti-trust du Sénat pour des pratiques jugées anticoncurrentielles en septembre 2011. Les sénateurs Herb AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL Flash Innovation et Nouvelles Technologies – 1 e r j u i n 2 0 1 2 © DG Trésor Kohl (D-Wis) et Mike Lee (R-Utah) indiquent être en attente de la proposition volontaire de Google, en réponse à la requête du Sous-comité et, à présent, à celle du Commissaire européen à la concurrence. Politique d’innovation Startup Act 2..0 : un projet de loi pour favoriser la création d’entreprises innovantes via de nouveaux visas Le Startup Act 2.0 a été présenté au Sénat le mardi 22 mai par un groupe de parlementaires bipartisan. Ces mesures tentent de pallier le manque de main-d’œuvre qualifiée pour les entreprises de haute technologie, alors que la demande pour ce type de main-d’œuvre augmente trois fois plus rapidement que celle du reste du marché du travail aux EtatsUnis, d’après une étude publiée par l’association The Partnership for a New American Economy. Or, selon cette étude, 60% des étudiants étrangers ayant obtenu un diplôme d’une université américaine en 2010 étaient spécialisés dans les filières STEM. Dans la lignée du JOBS Act, (Jumpstart Our Business Startups Act, Cf. Flash n°35) il propose de renforcer les mesures fiscales destinées à favoriser la création d’entreprises. La proposition de loi prévoit notamment la mise en place d’un crédit d’impôt recherche spécifique pour les entreprises de moins de 5 ans et dont le revenu annuel est inférieur à 5 millions de dollars. Des subventions seront également versées aux universités qui mettent en place des programmes dédiés à la commercialisation des innovations issues de la recherche universitaire. L’octroi de ces subventions sera contrôlé par le National Advisory Council on Innovation and Entrepreneurship, qui déterminera les critères d’attribution. Selon le sénateur Mark Warner (D, Virginie), qui est l’un des rapporteurs de la proposition de loi, «l’accès au talent est désormais aussi important que l’accès au capital » pour les startups américaines. Malgré le soutien de nombreux élus démocrates et républicains, d’associations comme Startup America Partnership et de thinktanks comme la Kaufmann Foundation, l’adoption du Start Up Act 2.0 n’est pas certaine. En effet, ses détracteurs estiment que l’augmentation du nombre de visas de travail aurait un effet négatif sur l’emploi des citoyens américains. Or, à quelques mois des élections, les élus du Congrès pourraient préférer rester prudents sur un sujet aussi sensible dans l’opinion publique. En effet, une première version, le Startup Act, déposée en début d’année par les sénateurs démocrates Warner et Moran, avait échoué à remporter l’adhésion du Sénat en raison des polémiques suscitées par les propositions concernant la politique d’immigration. Au-delà des incitations financières, le Startup Act 2.0 appelle à réformer la politique d’immigration des Etats-Unis, en supprimant les quotas par pays pour les visas de travail et en créant deux nouveaux types de visa. Le premier, destiné aux scientifiques, faciliterait le recrutement sur le territoire américain de 50 000 étrangers diplômés des universités américaines dans les filières STEM (Science, Technology, Engineering and Mathematics), et leur permettrait d’obtenir automatiquement le statut de résident permanent (green card) après 5 années de travail dans les filières STEM. Le second prendrait la forme d’un visa ‘’entrepreneur’’, ouvert chaque année à 75 000 étrangers souhaitant créer une entreprise, investir ou lever des fonds aux Etats-Unis. Réseaux LightSquared licencie la moitié de ses employés En proie à de grandes difficultés financières depuis le refus par la Federal Communications Commission, FCC, d’autoriser l’exploitation de son réseau satellitaire 4G, LightSquared a engagé une procédure de faillite, et annonce avoir lancé un plan de licenciement immédiat de la moitié de ses effectifs. La société qui cherche à réduire ses coûts fixes par tous les moyens maintient néanmoins les énormes budgets de lobbying qu’elle avait alloués ces derniers mois pour la défense de ses intérêts. Ainsi en 2011, LightSquared avait dépensé 2,8 millions de dollars en lobbying, contre 700 000 dollars en 2010. Au dernier AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL - 2 - Flash Innovation et Nouvelles Technologies – 1 e r j u i n 2 0 1 2 © DG Trésor semestre, pas moins de 14 cabinets de lobbying travaillaient sur ce dossier. LightSquared justifie ces dépenses par la nécessité de tenir tête à l’industrie du GPS, seul moyen d’éviter à moyen terme la disparition définitive de la société. Les fabricants de GPS avaient en effet eu un rôle très important dans la décision de la FCC début 2012, en insistant sur les interférences causées par le nouveau réseau de LightSquared, et en niant les accusations de LightSquared selon lesquelles les appareils GPS seraient mal réglés et capteraient des fréquences non prévues initialement. L’industrie du GPS a formé son propre groupe de défense « the Coalition to Save our GPS », derrière des cabinets de lobbying tels que Trimble ou John Deere. Neutralité du net La FCC nomme des entreprises privées au nouveau comité «Open Internet Advisory Committee », pour veiller à la bonne application des règles de neutralité du net La Federal Communications Commission, FCC, a invité mardi 29 mai les entreprises Disney, Netflix, AT&T, Mozilla, Comcast, Cisco Systems, Alcatel-Lucent, The Writers Guild of America et la National Urban League à faire partie du « Open Internet Advisory Committee » dédié à la surveillance des règles de neutralité du net votées en 2010. Ces règles interdisent aux fournisseurs d’accès internet de contrôler la vitesse d’accès à un site pour en limiter son audience par exemple ; seul Verizon s’était élevé contre ces mesures au moment de leur vote, en portant le projet de la FCC devant les tribunaux. Le comité sera présidé par Jonathan Zittrain, professeur à la Harvard Law School et co-présidé par David Clark, chercheur au MIT. Entreprises Facebook : une introduction en bourse jugée décevante Introduite en bourse le 19 mai au prix de 38 dollars, l’action Facebook a depuis chuté sous la barre des 30 dollars - soit une baisse de plus de 22%. Les problèmes techniques (retard de la cotation, ordres non exécutés...), et les soupçons de manquement á l’obligation d’informer les investisseurs ont entrainé des dépôts de plainte contre le NASDAQ et les banques d’affaires qui ont dirigé l’opération, dont Morgan Stanley. Selon les plaignants, seuls certains investisseurs auraient eu accès aux dernières analyses de ces banques, qui révisaient à la baisse les revenus prévisionnels de Facebook. comportent à ce jour aucune publicité, est également mise en cause. Cette révision à la baisse des revenus prévisionnels se couple à une forte augmentation des coûts. Outre sa politique d’acquisitions, récemment illustrée par l’’achat d’Instagram pour un milliard de dollars, Facebook enregistre une forte croissance organique. En 2012, l’entreprise fondée par Mark Zuckerberg a prévu de dépenser 1,8 milliard de dollars en infrastructures, notamment pour ses data centers en Oregon, en Caroline du Nord et en Suède. Le coût opérationnel moyen par utilisateur est en hausse : il représente environ 1 dollar aujourd’hui contre 60 cents il y a deux ans. Au-delà des critiques concernant la mécanique de mise sur le marché, c’est donc la capacité du réseau social à générer des profits à long terme qui préoccupe les investisseurs. Alors que 82% des revenus de Facebook proviennent de la publicité, le revenu moyen par utilisateur issu de la publicité est en constante baisse. La société General Motors a ainsi annoncé récemment qu’elle renonçait à tout achat d’espace publicitaire sur Facebook, en raison du faible impact de ces publicités sur les utilisateurs. La part croissante du mobile dans les terminaux utilisés pour accéder à Facebook, dont les applications et les sites mobiles ne En conséquence, le P/E (Price-to-earnings ratio : mesure le rapport entre la valeur d’une entreprise et son résultat net) de Facebook est très élevé : à 73,5 (en considérant les profits prévisionnels), il dépasse largement les P/E de Google (14), Apple (11,6) et Microsoft (10.8). Cependant, on pourrait aussi considérer que les investisseurs ont surtout acheté une audience : Facebook rassemble aujourd’hui plus de 900 millions d’utilisateurs actifs. De ce point AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL - 3 - Flash Innovation et Nouvelles Technologies – 1 e r j u i n 2 0 1 2 © DG Trésor de vue, la valorisation de Facebook ne serait pas aberrante : à 116 dollars par utilisateur, le réseau social dépasse Twitter (57 dollars) mais reste derrière Google (200 dollars) et Quora (145 dollars), et demeure éloigné des valorisations de la bulle Internet des années 2000 (431 dollars pour Lycos par exemple). Il s’agit maintenant pour Facebook de démontrer sa capacité à monétiser cette audience sur le long terme, dans un contexte où la publicité sur Internet s’avère de moins en moins rentable, et où la navigation mobile tend à devenir la norme. Présentation d’entreprise : Google En janvier 1996, Larry Page (23 ans) et Sergey Brin (24 ans), étudiants de l’université de Stanford, se lancent dans le développement d’un nouveau moteur de recherche et imaginent un logiciel capable d’analyser les relations entre les sites pour donner un résultat de recherche plus performant que tout autre moteur concurrent (Altavista et Yahoo notamment). Une fois la conception du logiciel avancée les deux étudiants concrétisent leur projet de moteur de recherche en achetant un téraoctet de disque dur qu’ils installent dans la chambre de Larry Page. Andy Bechtolsheim, l’un des fondateurs de Sun Microsystems se laisse alors convaincre de l’ingéniosité du processus, et accorde un premier financement privé de 100 000 dollars aux deux ingénieurs. En septembre 1998, Larry Page et Sergey Brin enregistrent la société Google Inc. En février 1999, Google emploie 8 personnes et gère 500 000 requêtes quotidiennes ; le grand public et la presse spécialisée louent chaque jour la qualité exceptionnelle des résultats du nouveau moteur ; au mois d’août, la société gère plus de 3 millions de requêtes quotidiennes ; la croissance du nouveau géant ne s’arrêtera plus. Suivront alors Google Earth ou Street View, outil d’observation des rues du monde en trois dimensions. Le nouveau géant continue ensuite le développement propre de nouveaux produits comme Gtalk (messagerie instantanée), Google Analytics (outil d’analyse des performances de sites internet), Google News, Google Traductions ou Google Finance, avant d’opérer l’une des plus grandes transactions de l’histoire d’internet en acquérant la plateforme de partage de vidéos Youtube pour 1,65 milliard de dollars. A partir de 2009, Google comprend que l’accélération de sa croissance ne pourra se faire que via l’appropriation en amont des internautes. La stratégie du groupe s’oriente alors vers le développement de produits nouveaux comme Google Chrome (navigateur sensé rivaliser avec Microsoft Explorer et Mozilla Firefox) ou Android (système d’exploitation pour téléphones portables, concurrent du Symbian d’Apple et de Windows Mobile) permettant à la firme de proposer un maximum de produits et fonctionnalités propres à l’utilisateur. Sur cette logique, Google développera des partenariats avec plusieurs fabricants de smartphones pour distribuer son logiciel Android, avant de se lancer soi-même dans la fabrication des appareils via l’acquisition récente de Motorola Mobility début 2012. En proposant ses propres téléphones – comme Apple le fait depuis 2007 – Google souhaite impliquer l’utilisateur dans son monde, et l’orienter au maximum vers son moteur de recherche, ses outils de géolocalisation ou son nouveau réseau social Google + (créé en 2011 pour concurrencer Facebook). Au début du mois de mai 2012, le géant du net a également fait beaucoup de bruit avec la présentation de la Google Car, première voiture sans chauffeur, développée en partenariat avec Toyota, déjà homologuée au Nevada, et programmée pour se déplacer d’ellemême via un système de lasers et de caméras lui permettant d’interagir avec son environnement (signalisation, itinéraires, autres usagers, etc…). Google semble ainsi opérer progressivement sa transition du software pur vers un mix hardware et software. Fabricant désormais son propre téléphone, équipant une voiture de ses technologies propres ou travaillant à la réalisation de Google Glasses (pour une expérience de réalité augmentée), Google s’est désormais bien Aujourd’hui Google Inc. affiche 38 milliards de dollars de chiffre d’affaires ; 33 000 employés ; 2.5 milliards de requêtes par jour ; un moteur de recherche disponible en 150 langues ; 1 milliard de visiteurs uniques mensuels sur l’ensemble des sites du groupe ; 2 milliards de vidéos vues chaque jour sur Youtube. Pour atteindre ces sommets, les fondateurs du groupe ont eu l’intelligence de diversifier leurs activités pour être présents sur la majorité des activités internet. En 2004, après son introduction en bourse au Nasdaq, Google lance Gmail, son service de messagerie en ligne proposant jusqu’à 1Go de stockage, soit 500 fois plus que son principal concurrent Hotmail. Par cette invention, Google révolutionne la messagerie et s’affranchit du stockage des mails sur l’ordinateur, première étape vers le «cloud computing». Aujourd’hui, Gmail compte 176 millions d’utilisateurs. En 2004, Google rachète également Keyhole, société spécialisée dans les solutions logicielles de cartographie, et lance Google Maps en février 2005 ; 6 pays seront couverts par ce nouveau produit révolutionnaire en 2006 et Google ajoutera vite les fonctionnalités d’itinéraire et de vues satellites. AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL - 4 - Flash Innovation et Nouvelles Technologies – 1 e r j u i n 2 0 1 2 © DG Trésor éloigné de son métier initial et il semble probable que le groupe continue dans cette voie pour accroitre son contrôle sur le consommateur et rivaliser avec la stratégie lancée depuis des décennies par Apple. En s’immisçant de la sorte dans le quotidien de ses utilisateurs (recherches internet, déplacements à pied ou en voiture, etc…) Google bénéficie d’une quantité toujours plus grande d’informations privées à monétiser pour accroitre ses revenus publicitaires via des offres ciblées et personnalisées. En 2011, les revenus publicitaires du groupe représentaient toujours une très grande proportion du chiffre d’affaires (36,5 milliards de dollars sur un total de 38 milliards). seule et même base de données des informations privées de tous les utilisateurs des sites du groupe ; par ce moyen, Google peut par exemple proposer des publicités ciblées sur la boite Gmail d’un utilisateur en fonction des vidéos qu’il aura postées sur Youtube. Les défenseurs des libertés individuelles se sont encore élevés contre Google à l’occasion d’un nouveau scandale fortement médiatisé, concernant la collecte totalement illégale des données privées de milliers de réseaux Wifi lors de la circulation des véhicules du groupe pour la mise à jour de l’application Street View. Il ne s’agit là que de quelques exemples parmi les attaques grandissantes que subit le groupe et contre lequel Google a senti le besoin de se défendre : les dépenses engagées par Google en lobbying pour la défense de ses intérêts ont plus que triplé au cours du 1er trimestre 2012, atteignant plus de 5 millions de dollars contre 1,48 million sur la même période de l’année précédente. Pas moins de 20 sociétés dont certaines parmi les plus influentes de la place ont été sollicitées pour défendre les intérêts du groupe et assurer à chacun que la devise de Google « Don’t be evil » n’a aucune raison d’être repensée. Cette nouvelle stratégie, beaucoup plus intrusive que par le passé a cependant débouché sur de nombreux procès et un nombre croissant de critiques pour le groupe. En Europe, la commission européenne a fait savoir par la voie de la CNIL – mandatée sur le dossier – qu’elle s’inquiétait fortement des pratiques du groupe concernant l’utilisation des données personnelles des internautes et la durée de conservation de ces dernières. De même, la CNIL s’est indignée – comme de nombreux organismes américains – de la récente modification opérée par Google sur l’ensemble de ses données utilisateurs : le groupe a en effet officialisé début mars la compilation sur une FOCUS – La Silicon Valley face à de nouveaux enjeux Quatre ans après le début de la crise financière et deux ans après le début de la récession américaine, la Silicon Valley montre enfin des signes de reprise économique mais semble sur le point d’affronter de nouveaux défis, parmi lesquels : - L’accès au financement, qui pour la première fois depuis l’explosion de la première bulle internet, s’est nettement compliqué ; La diminution du nombre de diplômés des filières dites STEM (Sciences, Technology, Engineering, Maths) ; L’impact positif ou négatif de l’introduction en bourse de Facebook et le risque éventuel d’une nouvelle bulle internet, axée sur les médias sociaux ; La situation économique Une croissance retrouvée… « L’index 2011 de la Silicon Valley » produit par les Comtés de San Mateo et Santa Clara en Californie dresse un bilan assez détaillé de la situation économique de la vallée au cours de ces derniers mois : de décembre 2009 à décembre 2010, on dénombre 12 300 travailleurs supplémentaires parmi les habitants de la région, soit un niveau d’emploi proche de celui de 2004. De 2008 à 2009, le nombre d’entreprises créées augmente également de 48%, pour un total de 20 000 créations nettes d’établissements. Sur le plan opérationnel, les entreprises affichent également de bons résultats, la valeur ajoutée par employé s’élevant à 130 000 dollars en 2010 pour les entreprises de la vallée, contre moins de 120 000 dollars en 2008 – au niveau national, cette valeur ajoutée stagne à 105 000 dollars environ, et affiche une progression légèrement plus faible sur la même période. De la même manière, le rythme d’enregistrement de brevets des entreprises – bon indicateur de l’innovation locale – évolue à un rythme relativement satisfaisant : en 1990, la part des brevets déposés par des entreprises de la Silicon Valley sur le total des brevets californiens s’élevait à 25% environ, ce chiffre atteignait 44% en 2000 et 50% en 2009. Enfin, on AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL - 5 - Flash Innovation et Nouvelles Technologies – 1 e r j u i n 2 0 1 2 © DG Trésor compte 10 introductions en bourse (7% du total national) pour les entreprises de la vallée en 2010 contre une seule en 2009 (2% du total national). … mais difficile à financer Conséquence de l’interminable crise bancaire, le montant total des prêts bancaires accordés aux petites entreprises de la Silicon Valley en 2009 atteignait à peine 2 milliards de dollars contre 3,8 milliards en 2007. Par ailleurs, les investisseurs de capital risque semblent avoir légèrement délaissé la Californie au cours de ces dernières années : selon la National Venture Capital Association, le montant des investissements de ces fonds dans la région aurait diminué de 24% depuis 2007. Sur la totalité de la dernière décennie, la chute est encore plus flagrante : le montant des investissements de société de capital-risque dans la Silicon Valley atteignaient 27 milliards de dollars en 2000, contre 6 milliards aujourd’hui. Les nouveaux enjeux Une pénurie de scientifiques Habituée à attirer les talents scientifiques du pays, la Silicon Valley doit désormais affronter la diminution progressive du nombre d’étudiants au sein des filières STEM (Sciences, Technologies, Engineering and Maths) : la demande américaine de jeunes diplômés dans les domaines de l’innovation et de la recherche est aujourd’hui supérieure à l’offre disponible. Les diplômes des filières STEM semblent de moins en moins attractifs. Le nombre d’étudiants inscrits en Bachelor STEM a progressé de 2% en moyenne au cours des années 2000 contre 3,1% pour les autres filières; au niveau Master, on ne compte que 3% d’augmentation contre 4% pour les filières non-STEM. Par ailleurs, 40% seulement des étudiants entrants à l’université pour suivre une Majeure STEM finissent par obtenir un diplôme dans ce domaine. Enfin, avec l’essor des grands pays émergents, un nombre croissant d’étudiants étrangers formés dans les filières STEM risquent de retourner travailler dans leur pays d’origine, privant dès lors les Etats-Unis d’un retour direct sur l’investissement éducatif. Au niveau PhD, un tiers des étudiants des filières STEM est aujourd’hui d’origine étrangère ; ce chiffre monte à 60% dans le domaine de l’ingénierie. Le « Startup Act 2.0 » actuellement en discussion au Congrès cherche à répondre à ces questions en favorisant l’obtention de visa pour les diplômés de filières STEM, et en proposant la création de visa entrepreneurs plus nombreux et moins restrictifs. Le risque d’une nouvelle bulle internet Enfin, valorisée près de 100 milliards de dollars pour son introduction en bourse, Facebook a fait apparaitre la possibilité d’une nouvelle bulle internet axée sur les médias sociaux. L’introduction de Yelp à un prix très élevé ou l’acquisition récente d’Instagram par Facebook pour 1 milliard de dollars (valeur d’entreprise multipliée par 33 en un an !) semblaient confirmer cette mauvaise nouvelle pour le marché des valeurs technologiques. En effet, si l’apport de liquidité de telles opérations est bénéfique à court terme pour la région (les actionnaires nouvellement enrichis de Facebook investiront probablement dans les startups de la vallée), il n’est pas à douter qu’une bulle financière si elle éclate serait dramatique pour les startups qui feraient face à une méfiance grandissante des investisseurs, comme cela fut observé au début des années 2000. Copyright Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse du Service Économique Régional de Washington (adresser les demandes à [email protected] ). Auteur : Service Économique Régional de Washington Ambassade de France – 4101 Reservoir road NW Washington DC 20007 Rédigé par : Annie Biro, Damien Launoy, Ghislain de Salins Revu par : Jean-François Boittin Clause de non-responsabilité Le Service Économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Version du 1er juin 2012 Version originelle AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL - 6 -