La thrombasthénie de Glanzmann expliquée aux patients et à leur famille Centre de Référence des Pathologies Plaquettaires www.maladies-plaquettes.org Le CRPP, Centre de Référence des Pathologies Plaquettaires, est labellisé par le Ministère de la Santé et des Solidarités dans le cadre du plan « maladies rares » Livret produit avec le soutien institutionnel de Novo Nordisk La thrombasthénie de Glanzmann expliquée aux patients et à leur famille 1 Connaître la maladie La maladie p3 La population à risque p3 Le mode de transmission p4 La cause p4 Le tableau clinique p5 Les tests biologiques p5 2 Vivre avec la maladie Le traitement des saignements p6 Les jeunes filles et les jeunes femmes p7 Les conseils au quotidien p8 La prise en charge administrative p 10 Les liens utiles p 10 1 Connaître la maladie La maladie La Thrombasthénie de Glanzmann est une maladie hémorragique héréditaire rare, décrite pour la première fois en 1918. En France, on estime que 500 personnes en sont atteintes Plaquette La thrombasthénie de Glanzmann est due à une anomalie des plaquettes. Les plaquettes sont des petites cellules qui circulent dans le sang. Leur fonction principale est de permettre l’arrêt des saignements. Lorsque qu’un vaisseau sanguin est lésé, les plaquettes se fixent sur les parois du vaisseau, s’activent et s’agrègent les unes avec les autres. Globule rouge Dans la thrombasthénie de Glanzmann, les plaquettes ne s’agrègent pas les unes aux autres pour former un réseau avec le fibrinogène, par conséquent, le saignement n’est pas efficacement arrêté. La population à risque Les personnes issues de familles comptant de fréquentes unions entre membres d’une même famille, proches ou éloignés, présentent un risque plus grand de thrombasthénie de Glanzmann. Il est recommandé de réaliser une enquête familiale lorsque le diagnostic de thrombasthénie de Glanzmann est porté chez un membre de la famille. 3 Le mode de transmission Cette maladie correspond à une anomalie génétique qui peut toucher aussi bien les filles que les garçons. La mère et le père peuvent la transmettre, en étant malade ou porteur. Pour que cette maladie s’exprime, elle doit être transmise par les deux parents. • Parent sain : pas d’anomalie du gène : ■■ • Parent porteur : une copie du gène de la thrombasthénie de Glanzmann est normale : ■ et l’autre anormale : ▲ Cette personne ne souffre pas de la maladie mais peut la transmettre à ses enfants. • Parent malade : les deux copies du gène de la thrombasthénie de Glanzmann sont anormaux : ▲▲ Ce tableau montre les possibles combinaisons génétiques chez les enfants selon le statut génétique des parents Parent A Parent B Enfants sain ■■ malade ▲▲ 100% porteurs ■▲ sain ■■ porteur ■▲ 50% sains ■■ et 50% porteurs ■▲ porteur ■▲ malade ▲▲ 50% porteurs ■▲ et 50% malades ▲▲ porteur ■▲ porteur ■▲ 25% sains ■■, 50% porteurs ■▲ et 25% malades ▲▲ La cause La cause de la thrombasthénie de Glanzmann est une anomalie qui touche une protéine située sur la plaquette. Cette protéine, la ‘GPIIb-IIIa’, est nécessaire à l’agrégation des plaquettes entre elles. La protéine GPIIb-IIIa normale (fonctionnelle) permet la fixation du fibrinogène (protéine plasmatique), qui en se liant à plusieurs plaquettes provoque leur agrégation. Les agrégats formés au niveau de la plaie permettent de l’obstruer et d’arrêter le saignement. Une anomalie de la protéine GPIIb-IIIa empêche la fixation du fibrinogène à la surface des plaquettes, empêche l’agrégation plaquettaire et provoque des saignements prolongés. 4 Connaître la maladie Le tableau clinique Les symptômes sont variables d’un patient à l’autre. Tous les patients ne présentent pas la même sévérité de signes. Dans une même famille (frères, sœurs, cousins, cousines), certains peuvent avoir des signes cliniques mineurs, modérés ou parfois très sévères. La maladie peut se manifester dès les premières années de l’enfance Les symptômes observés des plus fréquents aux plus rares - Des petites taches rouges sous la peau, aussi appelées purpura ou pétéchies, sont souvent le premier signe. Ces taches qui apparaissent sans cause évidente, ne sont ni douloureuses ni dangereuses. - Des hémorragies fréquentes, en particulier du nez, de la bouche, à l’occasion des premières dents ou d’une morsure de la langue ou de la joue. - Des saignements de l’estomac ou de l’intestin peuvent survenir plus rarement - Des bleus (ecchymoses) spontanés ou suite à un choc léger - Des ‘gros’ bleus, hématomes très/trop importants par rapport au choc reçu. - Des hémorragies cérébrales sont aussi possibles après un choc, même modéré à la tête. - Des hémarthroses peuvent également apparaître à plus long terme. Les tests biologiques Les tests biologiques pour diagnostiquer la thrombasthénie de Glanzmann sont conduits dans un laboratoire spécialisé en hématologie, généralement en milieu hospitalier. - Taux de plaquettes • Résultat : le taux de plaquette est normal - Temps de saignement • Résultat : le temps de saignement est particulièrement allongé - Test d’agrégation plaquettaire • Résultat : une diminution ou une absence d’agrégation plaquettaire malgré une stimulation par de nombreux inducteurs. - Analyse de la protéine GPIIb-IIIa • Résultat : la recherche et la mise en évidence d’un défaut isolé de la protéine GPIIb-IIIa pour confirmer le diagnostic - Analyse génétique • Résultat : l’identification de l’anomalie d’un gène codant pour une des protéines du complexe GPIIb-IIIa. Chez le petit enfant, le test du temps de saignement est difficile à réaliser et il est remplacé par le test de temps d’occlusion plaquettaire plus facile à supporter. 5 2 Vivre avec la maladie Le traitement des saignements Il est important de mentionner sur le carnet de santé du malade et sur la carte de soins éditée par le Ministère de la Santé : - le diagnostic de thrombasthénie de Glanzmann - la surveillance évolutive (dates des consultations) - les traitements conseillés en cas d’hémorragies - le nom et les coordonnées du médecin référent Pour arrêter un saignement, différentes mesures peuvent être prises • Un saignement extériorisé : - Comprimez pendant au moins 10 minutes la plaie qui saigne, à l’aide d’une compresse et éventuellement d’un pansement compressif. • Un saignement de nez (épistaxis) : - Mouchez-vous ou mouchez l’enfant pour évacuer les caillots et comprimez la narine pendant 10 minutes. - En cas d’échec, réalisez un méchage nasal avec une compresse hémostatique de préférence résorbable, assurez-vous du contrôle du saignement après 10 minutes et de l’absence de saignement postérieur par examen de la gorge, particulièrement chez l’enfant. En cas de saignement postérieur par examen de la gorge, adressez-vous rapidement au centre de traitement ou à l’hôpital référent. • Dans tous les cas, il peut être nécessaire d’administrer des médicaments antifibrinolytiques (acide tranexamique). • Si une hémorragie persiste après ces mesures ou s’il y a eu un choc, même modéré, à la tête : Allez au centre hospitalier le plus proche et informez votre médecin référent de l’accident afin qu’il prévienne les urgences de votre arrivée et facilite ainsi la prise en charge hémostatique. • Une transfusion de plaquettes peut également être nécessaire pour une hémorragie sévère ou pour préparer une intervention chirurgicale. Elle permet de corriger l’anomalie de manière temporaire en apportant 6 des plaquettes qui ont la protéine GPIIb-IIIa normale. Toutefois, en plus de leur rareté, les plaquettes ont d’autres inconvénients. Dès la première transfusion, elles peuvent provoquer une immunisation transitoire ou définitive, des réactions allergiques (urticaire….) ou encore des complications infectieuses heureusement extrêmement rares. • Votre centre de soins pourra vous donner plus d’informations sur d’autres approches thérapeutiques qui existent pour stopper l’hémorragie. NB : une anémie peut aussi apparaître du fait des saignements et nécessiter un traitement approprié. Les jeunes filles et les jeunes femmes La thrombasthénie de Glanzmann a des répercussions sur la vie des jeunes filles dès l’adolescence et tout au long de leur vie d’adulte. L’adolescence • Les règles sont fréquemment très abondantes (ménorragies) lors des premiers cycles. Elles peuvent être diminuées par un traitement hormonal (parfois l’acide tranexamique suffit). • Une consultation et un suivi gynécologique par un spécialiste formé aux troubles de l’hémostase sont nécessaires et très importants. L’âge adulte • Avant une grossesse, un diagnostic simple chez le conjoint est possible pour connaitre le risque de transmettre la maladie. • Les jeunes femmes doivent aussi être rassurées sur les mesures qui seront prises lors de l’accouchement. 7 Les conseils au quotidien La thrombasthénie de Glanzmann est une maladie hémorragique de sévérité variable. Correctement prise en charge, son pronostic est très bon surtout si certains conseils pour la vie de tous les jours sont suivis. Généralités • Se faire régulièrement suivre en milieu hospitalier est indispensable. • Vacciner contre les virus de l’hépatite A et B, surtout l’enfant. - Les vaccinations doivent être faites en zone deltoïdienne en sous-cutané strict, suivies d’une compression prolongée et de la mise en place d’un pansement compressif • Utiliser le paracétamol en cas de fièvre et/ou de douleur. • Pratiquer régulièrement un sport "doux" qui évite les chocs, comme la natation, la marche… • Prendre des mesures de protection et d’encadrement personnalisées pour les activités physiques et les loisirs à risque. • Se protéger des piqures d’insectes pour éviter de se gratter jusqu’au sang (utiliser des "pschitt" et/ou autres répulsifs). • Garder les ongles des enfants très courts. Contre-indications médicales et autres • Médicaments contre-indiqués - L’aspirine et tout médicament contenant de l’acide acétylsalicylique - Les anti-inflammatoires non stéroïdiens • Autres contre-indications - Les injections intramusculaires - La prise de température par voie rectale - La pratique de sports violents ou de contact • Dans tous les cas, demandez l’avis de votre pharmacien - En cas de fièvre et/ou de douleurs, il faut utiliser le paracétamol Alimentation et santé bucco-dentaire • Se brosser les dents ou se rincer la bouche après le repas. • Faire des bains de bouche. • Mâcher du chewing-gum (sans sucre) après chaque repas pour activer la salivation et finir le nettoyage des dents et de la bouche. 8 Vivre avec la maladie • Utiliser une brosse électrique. • Se rendre, tous les 6 mois, chez un dentiste formé aux troubles de la coagulation et recommandé par votre centre de soins : - La prévention des saignements de gencives (gingivorragies) consiste en un suivi régulier de l’état dentaire avec des soins appropriés - Les extractions dentaires doivent être réalisées en milieu hospitalier - Le détartrage des dents doit être envisagé en plusieurs séances Au moment de la scolarisation • Prévenir le médecin scolaire qui informera le personnel enseignant de la pathologie et des conduites à tenir en cas d’accident et établira un Projet d’Accueil Individualisé (P.A.I.). En voyage • Se munir lors de tout déplacement (voyage, déménagement, loisir) en dehors d’un contexte habituel - des coordonnées du centre hospitalier le plus proche - de la carte de groupe sanguin - du carnet de santé - des médicaments couramment utilisés - de la carte de soins • Garder ses médicaments et son ordonnance avec soi lors d’un déplacement en avion. 9 Vivre avec la maladie La prise en charge administrative Cette pathologie hémorragique donne droit au protocole d’exonération du ticket modérateur de la Sécurité Sociale. Dans certains cas, l’enfant peut bénéficier d’une allocation d’éducation spécialisée. Dans d’autres cas, les patients peuvent bénéficier à titre transitoire ou définitif d’aides liées au handicap généré par leur maladie Tous les renseignements sont disponibles auprès de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (C.D.A.P.H.) qui regroupe les anciennes C.D.E.S. (enfants) et C.O.T.O.R.E.P. (adultes) et qui est rattachée à la M.D.P.H. (maison départementale des personnes handicapées). Les liens utiles www.maladies-plaquettes.org [email protected] en savoir plus sur les activités du CRPP et contacter l’association des patients AFPP (Association Française des Pathologies Plaquettaires.) www.orphanet.org et www.sante.gouv.fr consulter les 2 documents émis par le ministère de la santé et des sports sur les pathologies plaquettaires constitutionnelles (PPC) : document de soins et d’urgence, document information et conseils. 10 Notes Centre de Référence des Pathologies Plaquettaires / Centre coordinateur CHU Bordeaux Hôpital Cardiologique Haut-Lévêque Dr Paquita Nurden Dr Mathieu Fiore Alan Nurden Conseiller Scientifique 1 Avenue Magellan 33604 Pessac Tél. : 05 57 65 64 78 / Fax. : 05 57 65 68 45 Adresse mail : [email protected] Centres de Référence associés CHU Lyon - Hôpital Edouard Herriot Pr Claude Négrier 5 Place Arsonval 69437 Lyon Tél : 04 72 11 73 38 Pr Pierre Sié 1 Place Dr Baylac 31059 Toulouse Tél : 05 61 77 90 66 Dr Marie Dreyfus 78 Rue du Général Leclerc 94275 Le Kremlin Bicêtre Tél : 01 45 21 35 94 Dr Nicole Schlegel 48 Boulevard Sérurier 75019 Paris Tél : 01 40 03 20 00 Dr Rémi Favier 26 Avenue du Dr Arnold Netter 75012 Paris Tél : 01 44 73 67 23 CHU Toulouse - Hôpital Purpan CHU Bicêtre - APHP CHU Robert Debré - APHP CHU Armand Trousseau - APHP Centres de Compétence Région Grand-Ouest CHU Tours - Hôpital Trousseau Pr Marie-Christine Alessi 13385 Marseille - Tél : 04 91 38 60 48 Pr Yves Gruel 37044 Tours - Tél : 02 47 47 46 72 Région Grand-Est CHU Nancy - Hôpital Brabois Pr Thomas Lecompte 54511 Vandoeuvre les Nancy - Tél : 03 83 15 37 97 Région Languedoc- Roussillon / DOM-TOM CHU Montpellier - Hôpital Saint-Eloi Pr Jean François Schved 34295 Montpellier - Tél : 04 67 33 70 31 Centre de Référence des Pathologies Plaquettaires www.maladies-plaquettes.org juillet 11-F348 Région PACA / Corse CHU Marseille - Hôpital Timone