UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2007-2008 UNIVERSITE DE NANTES LA RACINE SPINALE DU NERF ACCESSOIRE Par CLOWEZ Gilles LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. R. ROBERT Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • • • Laboratoire : Pr. O. ARMSTRONG Pr. O. BARON Pr. G. BERRUT Pr. C. BEAUVILLAIN Pr. D. CROCHET Dr. H. DESAL Pr. B. DUPAS Dr. E. FRAMPAS Dr. A. HAMEL Dr. O. HAMEL Pr. Y. HELOURY Pr. A. KERSAINT-GILLY Pr. J. LE BORGNE Dr. M.D. LECLAIR Pr. P.A. LEHUR Pr. O. RODAT S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2007-2008 UNIVERSITE DE NANTES LA RACINE SPINALE DU NERF ACCESSOIRE Par CLOWEZ Gilles LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. R. ROBERT Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • • • Laboratoire : Pr. O. ARMSTRONG Pr. O. BARON Pr. G. BERRUT Pr. C. BEAUVILLAIN Pr. D. CROCHET Dr. H. DESAL Pr. B. DUPAS Dr. E. FRAMPAS Dr. A. HAMEL Dr. O. HAMEL Pr. Y. HELOURY Pr. A. KERSAINT-GILLY Pr. J. LE BORGNE Dr. M.D. LECLAIR Pr. P.A. LEHUR Pr. O. RODAT S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique Table des Matières Introduction 1. Rappels 1.1 Rappels embryologiques 1.1.1 Racine crâniale 1.1.2 Racine spinale 1.2 Origines du nerf accessoire 1.2.1 Origines de la racine crâniale 1.2.2 Origines de la racine spinale 1.3 Trajet et rapports anatomiques du nerf accessoire 1.3.1 Au niveau du canal vertébral 1.3.2 Au niveau du foramen magnum 1.3.3 Au niveau de la fosse crânienne postérieure 1.4 Anatomie fonctionnelle du nerf accessoire 1.4.1 Racine crâniale 1.4.2 Racine spinale 2. Matériel et Méthodes 2.1 Matériel 2.1.1 Instrumentation 2.1.2 Matériel d’anatomie microscopique 2.1.2 Pièces anatomiques 2.2 Méthodes 3. Résultats 4. Discussion Conclusion Références Introduction Le nerf accessoire, onzième paire des nerfs crâniens, possède la particularité d’être constitué à la fois par un nerf crânien, sa racine bulbaire ou crâniale, et par un nerf rachidien, sa racine spinale. Bien que ces deux racines se rejoignent dans le crâne pour former le nerf accessoire, leurs origines, trajets, terminaisons et fonctions sont très différents. Dans ce mémoire, la racine spinale est étudiée en particulier. Ses origines, son trajet, ses rapports anatomiques du canal vertébral au foramen jugulaire ainsi que les éléments qui la constituent. Cette étude servira de support pour discuter la raison de la présence de ce nerf rachidien détourné dans la boite crânienne ainsi que ses véritables fonctions. 1. Rappels 1.1 Rappels embryologiques La mise en place des trois feuillets embryonnaires que sont l’ectoblaste, le mésoblaste et l’entoblaste se poursuit par des processus de segmentation impliqués dans la morphogenèse définitive de l’embryon. Ces processus sont la métamérisation et la branchiomérisation. La métamérie intéresse essentiellement le mésoblaste paraxial et les bandelettes ganglionnaires. Elle n’affecte pas l’ectoblaste et l’entoblaste. La métamérie se développe sur toute la longueur du corps, apparaît très nettement au niveau du tronc et discrètement au niveau céphalique. On voit ainsi se métamériser 42 à 44 paires de somites et de ganglions nerveux dont quatre paires occipitales de somites et huit paires cervicales entre autres. La branchiomérie intéresse le mésoblaste latéral, l’ectoblaste et l’entoblaste de la partie céphalique de l’embryon. Se mettent en place dans le sens crânio-caudal six branchiomères dont quatre sont visibles de l’extérieur de l’embryon. Précisons que le cinquième branchiomère n’a qu’une existence transitoire et disparaît très rapidement au cours de la branchiomérisation. Ces deux modes de segmentation se chevauchent au niveau de l’extrémité céphalique de l’embryon. Ils ont des effets sur l’organisation du tube nerveux. Il se forme des nerfs affectés aux métamères et des nerfs affectés aux branchiomères. Myotomes occipitaux Myotomes cervicaux Muscles Branchiaux Myotomes thoraciques Myotomes sacrés Myotomes lombaires Figure n°1 : Embryon de 4 semaines 1.1.1 Racine crâniale La racine crâniale du nerf accessoire donne le nerf laryngé inférieur, branche du nerf vague (X), qui est le nerf du sixième arc branchial. Ce nerf deviendra de plus en plus récurrent au fur et à mesure de l’éloignement de son point d’émergence sur le nerf vague. La racine crâniale, branchiomotrice, est dévolue à l’innervation des muscles dérivés du mésoblaste du sixième arc branchial. 1.1.2 Racine spinale La racine spinale du nerf accessoire, somatomotrice, innerve le mésoblaste paraxial situé au voisinage du sixième arc branchial. De ce mésoblaste somitique, dérivent les muscles trapèze et sterno-cléido-mastoïdien. Vésicule otique Ganglion du nerf facial (VII) Ganglion du nerf trijumeau (V) Ganglion du nerf glossopharyngien (IX) Ganglions supérieur et inférieur du nerf vague (X) Racine spinale du nerf accessoire (XI) Nerf hypoglosse (XII) 1er ganglion cervical Nerf laryngé récurrent inférieur Cupule cristallinienne Nerf vague (X) Figure n°2 : Embryon de 5 semaines 1.2 Origines du nerf accessoire Le nerf accessoire possède deux racines, l’une, crâniale ou bulbaire, l’autre, spinale. 1.2.1 Origines de la racine crâniale origine réelle La racine crâniale du nerf accessoire naît de la portion caudale de la colonne branchiale motrice du tronc cérébral. Le noyau de la racine crâniale prolonge la portion caudale du noyau ambigu qui est constitué des noyaux branchiaux moteurs des nerfs glosso-pharyngien (IX) et vague (X). Partageant la même origine, la racine crâniale est considérée comme une partie aberrante du nerf vague. origine apparente Quatre à cinq filets radiculaires émergent du sillon collatéral postérieur de la moelle allongée puis fusionnent en un tronc grêle au dessous des racines du nerf vague. 1.2.2 Origines de la racine spinale origine réelle Son noyau moteur occupe dans la corne antérieure de la substance grise de la moelle spinale cervicale l’emplacement du noyau antéro-externe (latéro-ventral). Ce noyau s’étend en hauteur du sixième au premier métamère cervical. Les fibres qui sortent de ce noyau font un trajet coudé en « Z » dans la substance grise. Elles se dirigent vers la base des cornes grises postérieures, se redressent et montent ensuite verticalement de deux segments de moelle. Enfin, les fibres se coudent à angle droit pour se diriger en dehors et sortir de la moelle. origine apparente Cinq à six filets radiculaires, parfois plus, étagés verticalement, émergent du cordon latéral de la moelle spinale cervicale entre le sillon collatéral postérieur en arrière et le ligament dentelé en avant. Ces filets radiculaires sont en avant des racines cervicales postérieures. N’émergeant pas sur le même niveau que ces racines, le filet le plus distal émerge au dessus de la cinquième ou quatrième racine cervicale. Quant au filet le plus proximal,il sort du cordon latéral au dessus de la première racine cervicale. 1.3 Trajet et rapports anatomiques du nerf accessoire 1.3.1 Au niveau du canal vertébral Dans le canal vertébral, la racine spinale remonte verticalement dans l’espace sous arachnoïdien en longeant le cordon latéral revêtu de pie-mère de la moelle spinale. Elle est placée en arrière du ligament dentelé et en avant des quatre ou cinq racines cervicales postérieures dont elle se rapproche de plus en plus de bas en haut. La racine spinale du nerf accessoire est fréquemment accolée aux deux premières racines cervicales postérieures. 1.3.2 Au niveau du foramen magnum La racine spinale du nerf accessoire se détache du cordon latéral de la moelle spinale et se dirige vers le haut et le dehors. Elle se coude légèrement vers l’avant et le dehors lorsqu’elle croise le bord supérieur de la première dent du ligament dentelé entre la moelle allongée et le bord latéral du foramen magnum. A ce niveau, la racine spinale croise la face postéro-supérieure de l’artère vertébrale qui remonte vers l’avant et le dedans pour rejoindre son homologue controlatérale à la face antérieure du tronc cérébral. Autre rapport vasculaire, l’artère cérébelleuse postéro-inférieure qui est une branche collatérale de l’artère vertébrale. Cette artère dont la hauteur d’origine est variable croise la racine spinale soit par en avant, soit par en arrière et peut même parfois passer entre les filets radiculaires qui rejoignent le tronc de la racine spinale. Les racines du nerf hypoglosse (XII) convergeant vers le canal homonyme sont aussi un rapport antérieur de la racine spinale du nerf accessoire. 1.3.3 Au niveau de la fosse crânienne postérieure A ce niveau, les deux racines crâniale et spinale du nerf accessoire se mettent en contact mais ne fusionnent pas. La racine spinale s’incline de plus en plus vers le dehors et l’avant en direction du foramen jugulaire. Les filets radiculaires constituant la racine crâniale ont un trajet ascendant dirigé vers le dehors pour rejoindre le tronc de la racine spinale. Les filets les plus proximaux de la racine crâniale ont un trajet horyzontal. Le tronc nerveux de l’accessoire fait partie du faisceau des trois nerfs mixtes, composé du nerf glosso-pharyngien (IX), du nerf vague (X) et du nerf accessoire (XI). Au dessus de ce faisceau se trouvent le paquet acoustico-facial accompagné de l’artère labyrinthique se dirigeant vers le méat acoustique interne. En bas et en avant se trouvent le nerf hypoglosse (XII), l’artère vertébrale et l’artère cérébelleuse postéro-inférieure. En haut et en arrière, l’accessoire se trouve au contact du cervelet et plus particulièrement avec la tonsille cérébelleuse. 1.4 Anatomie fonctionnelle du nerf accessoire 1.4.1 Racine crâniale La racine crâniale quitte le tronc du nerf accessoire et se jette dans le nerf vague (X) au niveau du ganglion inférieur du nerf vague. Elle doit être considérée comme une partie de ce dernier ; c’est un nerf branchial. Dans le thorax, l’émergence de la racine crâniale du tronc du nerf vague donne naissance au nerf laryngé récurrent. Celui-ci contribue à l’innervation motrice du larynx (à l’exception du muscle crico-thyroïdien) et ainsi participe à la phonation. 1.4.2 Racine spinale La racine spinale innerve les muscles sterno-cléido-mastoïdien et trapèze et fait du nerf accessoire le principal nerf de la rotation de la tête (Nerf céphalogyre de Maubrac et Bard). muscle sterno-cléido-mastoïdien Appartenant à la couche superficielle des muscles du cou, il est constitué de quatre faisceaux répartis sur deux plans musculaires. Le plan profond comprenant deux faisceaux dont l’insertion proximale est le processus mastoïde de l’os temporal et dont les insertions distales sont le manubrium sternal pour le faisceau sterno- mastoïdien et la portion médiale de la clavicule pour le faisceau cléidomastoïdien. Ils sont donc orientés vers le bas, l’avant et le dedans. Le plan superficiel comprenant les deux derniers faisceaux dont l’insertion proximale est l’os occipital. Leur orientation est similaire à celle des faisceaux profonds qu’ils recouvrent. En fonction de leurs insertions distales, on distingue le faisceaux sterno-occipital et cléidooccipital. Lorsqu’il se contracte, le muscle sterno-cléido-mastoïdien incline et fléchit la tête du côté homolatéral et permet une rotation controlatérale de la tête. Il a donc un rôle céphalogyre. En cas de contraction bilatérale, il réalise soit une flexion du cou, soit une élévation de la cage thoracique. Les muscles sterno-cléido-mastoïdiens peuvent agir en muscles inspirateurs accessoires. muscle trapèze Muscle le plus superficiel de la face postérieure du cou et de la partie proximale du dos, le trapèze a pour insertions proximales la protubérance occipitale externe, la portion médiale de la ligne nuchale supérieure, la crête occipitale externe et le ligament nuchal. De la vertèbre C1 à la vertèbre C6, l’insertion médiale du muscle trapèze se fait sur le ligament nuchal puis à partir de la vertèbre C7 jusqu’à la vertèbre Th12 (voire L1) sur le ligament supra-épineux. Le muscle trapèze est de forme triangulaire, c’est un muscle de paroi constitué de trois faisceaux musculaires. Le faisceau supérieur s’insérant à la face postérieure du tiers latéral de la clavicule rassemble les fibres musculaires les plus proximales. Etant oblique vers le bas et le dehors, il est élévateur de la scapula ou permet une inclinaison de la tête. Il permet également l’extension du cou lors de la contraction bilatérale des deux faisceaux supérieurs. Le faisceau moyen s’insère sur la partie médiale de l’acromion, il est adducteur de la scapula et légèrement rétropulseur. Le faisceau inférieur s’insère sur le bord médial de l’épine de la scapula. Ses fibres musculaires sont obliques vers le haut et le dehors. Ce faisceau est abaisseur de la scapula. L’innervation de ces deux muscles est également assurée en partie par les branches antérieures des deuxièmes, troisièmes et quatrièmes racines cervicales. Ainsi, la section de la racine spinale du nerf accessoire n’entraîne pas de paralysie complète de ces muscles. oculo-céphalogyrie Dans le tronc cérébral, les noyaux somitiques des IIIème, IVème, VIème et XIème paires de nerfs crâniens sont reliés et mis en série par le tractus longitudinal médial, support de l’oculocéphalogyrie. Par cette association avec le noyau spinal du XI, l’oculogyrie peut se compléter de la céphalogyrie lors des mouvements de poursuite oculaire grâce à la coordination des mouvement de rotation de la tête à ceux des yeux. 2. Matériel et Méthodes 2.1 Matériel 2.1.1 Instrumentation bistouris manches n°3 et n°4 lames n°15 et n°23 pinces à disséquer avec ou sans griffes pinces de microchirurgie ciseaux courbes à pointes mousses et ciseaux droits pointus rugine marteau et burins pince kerrisson scie à métaux billots de bois 2.1.2 Matériel d’anatomie microscopique Méthode de Van Gieson à l’hématoxyline de Weigert Réactifs : 1- Solution A de Weigert - hématoxyline 1g - alcool à 95° 100mL 2- Solution B de Weigert - solution officinale de perchlorure de fer 4mL - acide chlorhydrique pur RP pour analyses 1mL - eau distillée 95mL 3- Picroponceau - solution aqueuse de ponceau S extra à 2% 5mL - solution aqueuse saturée d’acide picrique 95mL - acide acétique 1mL 2.1.3 Pièces anatomiques Sujet n°1 : homme, non formolé Sujet n°2 : femme, non formolée 2.2 Méthodes Abord de la moelle spinale cervicale Un abord postérieur du rachis cervical est pratiqué. Le sujet est placé en décubitus ventral, le thorax surélevé par des billots afin de fixer la tête en flexion. Nous réalisons une incision cutanée s’étendant de la protubérance occipitale externe au volumineux processus épineux de la septième vertèbre cervicale. Les lambeaux musculo-cutanés sont réclinés afin de mettre en évidence les arcs postérieurs des vertèbres cervicales. Nous procédons ensuite à une laminectomie cervicale et visualisons la face dorsale de la moelle spinale ainsi que l’émergence des racines spinales cervicales. L’enveloppe méningée est conservée pour faciliter l’extraction ultérieure la moelle spinale cervicale. Abord du tronc cérébral Nous réalisons une résection de la face postérieure de la voûte crânienne découvrant ainsi la partie supérieure de la moelle cervicale, le cervelet et la partie postéro-inférieure du lobe occipital. Le cervelet et le toit du 4ème ventricule sont retirés. Les racines spinale et crâniale du nerf accessoire sont alors visibles, se réunissant en un tronc commun pénétrant dans le foramen jugulaire accompagnées des deux autres nerfs mixtes. Pour aborder le tronc cérébral par le dessus et ainsi faciliter son prélèvement, une résection totale de la voûte crânienne est pratiquée. L’incision située dans le plan axial passe par les pédoncules cérébraux du mésencéphale. Le tronc cérébral est légèrement écarté du clivus afin de sectionner les nerfs crâniens le plus loin possible de leurs origines apparentes. Prélèvement du tronc cérébral et de la moelle spinale cervicale La moelle spinale, toujours enveloppée de ses méninges, est sectionnée au dessous de la 7ème racine cervicale. Les racines cervicales sont coupées chacune à leur sortie du foramen intervertébral. Les adhérences entre la face ventrale de la dure-mère cervicale et le ligament longitudinal dorsal sont coupées pour désolidariser la moelle spinale du rachis. Dans la fosse crânienne postérieure, la dure-mère entourant le tronc cérébral est détachée de l’os. Ainsi tronc cérébral et moelle spinale cervicale, entourés de leurs méninges, sont prélevés. Origine médullaire du nerf accessoire L’enveloppe méningée de la face dorsale de la moelle spinale cervicale est ouverte. Dure-mère et arachnoïde sont ouvertes par une incision médiane puis réclinées de chaque côté. Les racines cervicales dorsales sont sectionnées et réclinées. Le trajet complet de la racine spinale du nerf accessoire est alors visible des deux côtés. Préparation des coupes d’anatomie microscopique Notre prélèvement est plongé dans un bain de formol afin de le fixer. La moelle spinale cervicale est divisée en plusieurs sections correspondant aux différents métamères cervicaux dont la racine médullaire du nerf accessoire est issue. Les sections que nous projetons d’étudier dans le plan axial, se limitent à un métamère (C6, C5 et C1). Les sections qui seront étudiées dans le plan frontal contiennent deux métamères (C4-C3, C3-C2). Les échantillons de moelle spinale sont placés dans des cassettes, rincés puis déshydratés. La déshydratation consiste à faire passer les cassettes dans des bains d’alcool de concentration de plus en plus élevée pour arriver jusqu’au bain d’alcool pur. La déshydratation des échantillons commence par deux bains successifs d’1/2 heure dans de l’alcool à 70°. Ils sont suivis de deux bains successifs d’1/2 heure dans de l’alcool à 80°. Puis les échantillons sont placés dans une machine qui continuera de manière automatique à augmenter la concentration en alcool dans les bains jusqu’à atteindre un bain d’alcool à 100°. Vient ensuite l’étape d’imprégnation qui consiste à imprégner nos échantillons de paraffine fondue à 56°C à l’étuve. Trois bains successifs dans la paraffine fondue sont nécessaires pour que l’infiltration des échantillons soit optimale. Les échantillons sont ensuite sortis de leur cassette et immergés dans de la paraffine fondue contenue dans de petits récipients cubiques. La paraffine est laissée à refroidir et après démoulage, on obtient des blocs dans lesquels sont inclus nos échantillons. Pour confectionner les coupes, le bloc de paraffine est orienté puis découpé avec un microtome. Les coupes obtenues font entre 5 et 6µm d’épaisseur. Elles sont ensuite collées sur des lames de verre La coloration des coupes démarre par le déparaffinage et la réhydratation. 1- Coloration des noyaux : Dans une éprouvette graduée, mélanger extemporanément 2/3 de solution A de Weigert et 1/3 de solution B de Weigert. On obtient un liquide de teinte noire. Plonger les lames dans ce liquide pendant 10 minutes. Le colorant doit recouvrir les coupes en permanence. Puis plonger les lames dans de l’eau du robinet pendant au moins 10 secondes en agitant. Répéter cette opération deux fois. 2- Coloration des cytoplasmes et des fibres : Plonger les lames dans le picroponceau pendant 2 minutes. Egoutter et essuyer rapidement l’excès de liquide autour des coupes. 3- Passer très rapidement dans l’alcool à 95°, puis à 100°. 4- Eclaircir dans le toluène et monter entre lame et lamelle avec le liquide de montage. 5- Effets de la coloration : - Les cytoplasmes sont de teinte très variable selon les cellules. (gris, jaune, orangée, rose…) - Les noyaux doivent être colorés en gris noir. - Les membranes basales et la substance fondamentale peuvent prendre une teinte rose. - Les hématies sont colorées en vert jaune. - Les fibres de collagène sont teintées en rouge. - Les fibres de réticuline sont teintées en jaune. - Les fibres élastiques sont teintées en violet. 3. Résultats Origine apparente et trajet de la racine spinale Haut Arachnoïde Dure mère Tronc de la racine spinale Bas Emergence des racines dorsales du 5ème nerf cervical (coupées) Emergence distale de la racine spinale du nerf accessoire Photo n°1 : vue latéro-dorsale gauche de la moelle spinale Cette photographie montre la racine spinale du nerf accessoire émergeant du cordon latéral gauche de la moelle spinale entre le sixième et le cinquième nerf cervical. Nous remarquons son trajet ascendant, légèrement incliné vers l’avant, semblant s’éloigner de l’émergence des racines dorsales des nerfs cervicaux qui le recouvrent. Le tronc est enjambé plusieurs fois par des vaisseaux sanguins circulant,comme la racine spinale, sur la pie-mère. Haut Branches des nerfs glossopharyngien (IX) et vague (X) Branches du nerf hypoglosse (XII) Artère vertébrale Bas Ligament dentelé Tronc de la racine spinale Photo n°2 : vue latéro-dorsale gauche de la moelle spinale et de la moelle allongée Nous pouvons voir sur cette photographie la fin du trajet de la racine spinale. Toujours légèrement inclinée vers l’avant, le tronc principal de la racine commence à se courber vers le dehors et à se détacher du cordon latéral à hauteur du deuxième nerf cervical. Sur cette photographie, nous constatons que la racine spinale reçoit ses filets radiculaires les plus proximaux juste après avoir rétrocroisé l’artère vertébrale. Dure-mère Origine apparente et trajet de la racine crâniale Haut Bas Filets radiculaires de la racine crâniale Nerfs facial (VII) et cochléovestibulaire (VIII) Nerf accessoire (XI) Photo n°3 : vue latéro-dorsale de la moelle allongée Cette photographie montre l’émergence des filets radiculaires constituant la racine crâniale qui s’accole ensuite à la racine spinale au sein de la même gaine pour former le nerf accessoire. Ces filets radiculaires émergent de la face latérale de la moelle allongée. On en dénombre entre quatre et cinq, ils sont tous dirigés vers le dehors. Les filets les plus distaux ont un trajet ascendant. Quant au plus proximal, il est quasiment horizontal, situé juste en dessous des branches du nerf vague. Trajet et rapports anatomiques au niveau du foramen jugulaire Haut Droite Branches de la racine crâniale Racine spinale du nerf accessoire Insertion proximale du ligament dentelé Artère vertébrale Artère cérébelleuse postéro-inférieure Photo n°4 : vue postérieure du foramen jugulaire Cette photographie montre la fin des trajets des racines et le début de celui du nerf accessoire. L’accolement des deux racines de l’accessoire se fait juste avant son entrée dans le foramen jugulaire. A ce niveau, elles sont placées juste en dessous des branches des nerfs vague (X) et glosso-pharyngien (IX). Le paquet des nerfs mixtes étant lui même situé sous le paquet acoustico-facial (VII et VIII). On peut également voir le trajet particulier de l’artère cérébelleuse postéro-inférieure (PICA) qui s’enroule autour de la racine spinale Trajet et rapports anatomiques Haut Au niveau du canal vertébral et du foramen magnum Droite Ligament dentelé Anastomose entre la racine spinale et les racines dorsales du nerf cervical Artères cérébelleuses postéro-inférieures Tonsille cérébelleuse Dure-mère réclinée Photo n°5 : vue postérieure de la moelle spinale et de la moelle allongée Remontant en avant des racines dorsales des nerfs cervicaux proximaux, les racines spinales du nerf accessoire s’écartent progressivement du névraxe, passent en arrière des artères vertébrales et croisent le bord supérieur des ligaments dentelés. S’écartant davantage vers le dehors, les racines spinales s’inclinent également vers l’avant pour gagner le foramen jugulaire. Cette photographie montre l’émergence des artères cérébelleuses postéro-inférieures (PICA) à différents niveaux. Ces collatérales des artères vertébrales ont un trajet complexe, intriqué entre la racine spinale et les filets radiculaires constituant la racine crâniale du nerf accessoire. Notons que sur ce sujet, la PICA droite émerge de l’artère vertébrale homolatérale au moment de la traversée de la dure mère par cette dernière. A son arrivée dans la fosse crânienne postérieure, les racines du nerf accessoire s’accolent tout en longeant le bord postéro-inférieur de la tonsille cérébelleuse. Anatomie microscopique de la racine spinale du nerf accessoire Haut Droite Tronc de la racine spinale Pie-mère Filets radiculaires de la racine spinale Vaisseaux sanguins Coupe n°1 (coloration :Van Gieson) : Racine spinale du nerf accessoire en coupe longitudinale (x40) Cette coupe longitudinale, à hauteur de C3, de la racine spinale nous montre la constitution du tronc principal de la racine spinale. Tronc qui reçoit à chaque étage d’autres fibres nerveuses via les filets radiculaires et qui prennent part à sa formation. Nous retrouvons la pie-mère à la surface de laquelle se trouvent des vaisseaux et la racine spinale du nerf accessoire Avant Filet radiculaire (coupé longitudinalement) Ganglion accolé au tronc de la racine spinale Tronc de la racine spinale (coupé transversalement) Coupe n°2 (coloration luxol): racine spinale du nerf accessoire en coupe transversale (x40) Cette coupe transversale à hauteur de C1 montre un ganglion nerveux accolé à la racine spinale du nerf accessoire. Nous constatons que le tronc de la racine reçoit toujours des fibres nerveuses à ce niveau grâce aux filets radiculaires. Gauche Avant Cellules ganglionnaires Fascicule coupé longitudinalement Gauche Fascicule coupé transversalement Périnèvre Epinèvre Coupe n°3 (coloration Van Gieson): racine spinale du nerf accessoire en coupe transversale (x100) Cette coupe montre à un plus fort grossissement le ganglion nerveux accolé au tronc de la racine spinale du nerf accessoire au niveau du métamère C1. Le grossissement plus important permet de constater la présence de fascicules de fibres nerveuses coupés transversalement et d’autres coupés plus longitudinalement. Ces derniers sont associés aux cellules ganglionnaires. 4. Discussion L’étude de la racine spinale du nerf accessoire de son émergence des cordons latéraux de la moelle à sa réunion avec la racine crâniale met en relief l’existence de chevauchements des processus de segmentation de l’embryon au niveau de son extrémité céphalique. Il en résulte des recouvrements embryologiques entre éléments anatomiques issus de la métamérisation et éléments issus de la branchiomérisation. Plus on se rapproche de la charnière crânio-cervicale, plus ces phénomènes sont flagrants. L’exemple de ce mémoire est la réunion des racines spinale et crâniale du nerf accessoire au sein de la même gaine dans la boite crânienne. La racine crâniale, donnant le nerf laryngé récurrent inférieur, innerve le mésoblaste du sixième arc branchial dont dérivent entre autres les muscles du larynx. C’est donc un nerf branchial moteur. La racine spinale innerve le mésoblaste somitique situé au voisinage du sixième arc branchial et dont sont issus les muscles trapèze et sterno-cléido-mastoïdien. Innervant des territoires topographiquement très proches au stade embryonnaire, ces deux racines aux origines complètement différentes se rejoignent et s’accolent pour former ce que l’on a par la suite appelé le nerf accessoire. Conséquence de la superposition entre métamérisation et branchiomérisation, les somites occipitaux qui participent à la formation de la base du crâne sont, pour certains d’entre eux, plus haut situés que le sixième arc branchial. Ainsi, lors de la formation de la boite crânienne, les deux racines du nerf accessoire sont « séquestrées » dans la fosse crânienne postérieure. Les collisions embryologiques sont fréquentes au niveau cranio-cervical. D’autres exemples ont été rapportés dans ce mémoire : La difficile systématisation des rapports entre l’artère cérébelleuse postéro-inférieure (PICA) branche de l’artère vertébrale et les racines du nerf accessoire rend compte de la complexité et du caractère aléatoire des processus morphogénétiques se déroulant dans cette région. Les anastomoses entre la racine spinale du nerf accessoire et les racines dorsales sensitives des nerfs cervicaux proximaux ainsi que l’existence de ganglions nerveux sensitifs sur le trajet de la racine spinale soulèvent des interrogations quant au rôle purement moteur de cette racine. Contrairement à ce que l’on pensait depuis Willis, la racine spinale du nerf accessoire ne serait pas seulement motrice mais également sensitive. En effet, Laruelle a montré que le nerf accessoire comportait de petits ganglions, analogues à celui présenté dans les résultats, à la jonction des filets radiculaires avec le tronc de sa racine spinale. De plus les afférences sensitives du premier nerf cervical peuvent dans certains cas emprunter le nerf accessoire pour rejoindre le névraxe. Les travaux effectués au cours de ce master tendent à confirmer l’existence d’une fonction sensitive du le nerf accessoire et plus précisément de sa racine spinale. Cependant, cette observation n’a pu être effectuée que chez un seul sujet. De plus, la présence d’un ganglion sensitif accolé au tronc de la racine spinale ne signifie en rien l’éventuel rattachement fonctionnel des deux structures. Conclusion L’étude des racines du nerf accessoire sur le plan embryologique et anatomique semble confirmer la dualité de la onzième paire des nerfs crâniens. Bien que formant un tronc commun pour pénétrer dans le foramen jugulaire, les deux racines sont clairement différentes et sans rapport sur le plan fonctionnel. La racine crâniale est branchiale motrice et semble indissociable du nerf vague. La racine spinale est surtout somato-motrice mais semble posséder les caractéristiques des nerfs rachidiens aussi bien sur le plan moteur que sensitif. Références 1- ANGER V. Le nerf accessoire mémoire réalisé dans le cadre du certificat d’anatomie, d’imagerie et de morphogenèse Nantes 2007 2- Larsen W. J. Embryologie humaine 2ème édition française Edition De Boeck, 2003 3- Lazorthes G. Le système nerveux périphérique Edition Masson 4- Pansky B. Embryologie humaine Edition Ellipses, 1982 5- Pradal G. Embryologie humaine élémentaire, l’individu de sa naissance à sa mise au monde Edition Ellipses, 2005 6- Rouvière H. et Delmas A Anatomie humaine Tome 1 : tête et cou Edition Masson, 2002 Je tiens à remercier particulièrement Docteur O. Hamel pour sa disponibilité et ses conseils. l’ensemble de nos professeurs d’anatomie pour nous avoir donné le goût de cette science. les techniciens du laboratoire d’anatomie pour leurs conseils, leur aide et leur bonne humeur. Mesdames Anne Riet et Céline Charrier pour leur aide à la préparation et à l’observation des coupes d’anatomie microscopique. tous mes camarades de master et tout particulièrement Izelfanane Hafida pour son aide à la dissection.