5. RÉSULTATIF
5.1. Introduction
Definition of the notion of resultative, a specific kind of aspect. Terminology, classification, gen-
eral properties. The description framework used here is Nedjalkov’s (1988).
La monographie de Nedjalkov (1988) présente un cadre intéressant pour la des-
cription des constructions résultatives dans de nombreuses langues. C’est sur elle
que nous avons fondé notre travail, mais nous en avons considérablement réduit et
simplifié le système de notions pour le présenter ici.
5.1.1. Quelques remarques sur l’aspect et le temps
Some introductory words about the notions of grammatical tense and aspect: tense as a time ref-
erence with regard to the moment of speaking, and aspect as a view to the “time structure” of a
process. Some instances of aspect are presented: completedness, prospectiveness, complexive-
ness, perfectivity and the two varieties of “perfectness”, the most important for us being res-
ultativity.
Il nous est apparu indispensable, avant de présenter la notion de résultatif en
propre, de donner une esquisse des catégories de temps et d’aspect, auxquelles elle
se rattache. C’est une tâche difficile à cause à la fois de l’étendue du sujet, de la forte
dépendance à la langue de ces catégories et de la très grande diversité des approches
et des théories que l’on peut trouver dans la littérature96. Nous essaierons donc ici,
sans volonté de théorisation, de donner une image simplifiée des quelques notions
qui pourront nous servir par la suite. Pour cela, nous nous sommes inspiré librement
de plusieurs solides études sur le sujet : Comrie (1976), Maslov (1978, 1984), Cohen
(1989), Tournadre (2004) et Feuillet (2006: 295-323).
5.1.1.1. Quelques définitions
Rappelons (3.2) qu’un énoncé exprime, au niveau sémantique, un procès et les
participants à ce procès, lequel procès peut consister en une action ou en un état97. Il
est représenté au niveau morphosyntaxique par un prédicat. Aspect et temps gram-
maticaux sont des moyens de marquage du prédicat, utilisés par le locuteur pour
rendre compte, subjectivement, de la manière dont un procès s’inscrit dans le temps.
Le temps grammatical permet de repérer le procès par rapport au moment de
l’élocution (réel, ou conventionnellement choisi comme tel par le locuteur). Il ne
s’agit que d’un repérage sommaire, par exemple avec trois valeurs (antérieur, simul-
tané, ou postérieur au moment de l’élocution, soit encore passé, présent et futur),
qui peut souvent être affiné par le biais de compléments circonstanciels : au Moyen-
Âge, hier, dans trois ans... On veillera à ne pas confondre cet emploi du terme
« temps » avec celui qui désigne un paradigme aspecto-temporel de conjugaison
dans une langue donnée (ex. les « temps » imparfait, futur antérieur etc.).
96 Voir la mise en garde très explicite de Lazard (1992: 59) : « On a vu apparaître des
ouvrages généraux sur l’aspect ou le temps (p.ex., Comrie 1976 et 1985, Cohen 1989),
œuvres de fort bons linguistes, qui par conséquent savent ou croient savoir ce que c’est
que l’aspect ou le temps (linguistique) conçus indépendamment d’une langue particu-
lière. [Même constatation à propos du passif.] À vrai dire, chacun a son idée, qui ne coïn-
cide avec celle d’aucun des autres. »
97 Nous en restons ici à des notions intuitives sans prétendre les avoir définies, mais en sui-
vant une tradition bien établie : « Le verbe indique les « procès », qu’il s’agisse
d’actions, d’états ou de passages d’un état à un autre » (Meillet 1920: 175). Nous assimi-
lons le « passage d’un état à un autre » à l’action, terme qui, de ce fait, recouvre tous les
procès « dynamiques » par opposition aux procès « statiques ». Et, pour nous, l’expres-
sion d’un procès n’est pas l’apanage du seul verbe, mais plus généralement du prédicat.