Fraternités de Jérusalem | Atelier biblique en ligne 10 novembre 2009 | 2
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Méditer
Ce passage est celui que nous vous proposons de creuser plus particulièrement pour ce tout premier atelier biblique. Il s’agit
d’un «échauffement», c’est pourquoi il est très court ! Les expressions en gras sont commentées sous le texte.
1. Puisque beaucoup ont entrepris de composer un ré-
cit des événements qui se sont accomplis parmi nous, 2. d’après
ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins
oculaires et serviteurs de la Parole, 3. j’ai décidé, moi aussi, après
m’être informé exactement de tout depuis les origines, d’en écrire
pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile, 4. pour que tu te ren-
des bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus.
Ces quatre versets forment une sorte de prologue. Il n’est pas majestueusement théologique
comme celui de Jean, mais se présente comme une dédicace ainsi qu’avaient coutume d’en
rédiger les historiens hellénistiques. Cette longue phrase soigneusement composée nous
apprend déjà beaucoup de choses sur son rédacteur : Luc est d’origine grecque et de bonne
culture, sans doute le «cher médecin» dont parle Paul (Col 4,14).
«Beaucoup…» : Luc n’écrit pas à partir de rien :
en plus des traditions orales de sa communauté,
il connaît d’autres «évangiles». Les paroles de Jé-
sus, les «récits des événements» circulaient et se
transmettaient dans les communautés ; certaines
les avaient déjà mises par écrit, partiellement ou
de façon plus organisée (comme l’évangile «selon
saint Marc», sans doute rédigé vers 65).
«D’après ce que …» : Luc n’est pas un apôtre ni
même de la génération apostolique. Il ne connaît
Jésus que par la «tradition» (ce qui a été «trans-
mis»), terme qu’utilisait déjà le judaïsme pour dé-
signer la transmission orale par des maîtres.
«Témoins…» : on voit que les transmetteurs ont
une double fonction qui correspond globalement
à leur rôle avant et après la Passion-Résurrec-
tion du Seigneur. Cela correspond aussi aux deux
parties de l’œuvre de Luc (malheureusement dis-
sociées dans nos bibles) : la première – l’évangile
– relate les paroles et actes de Jésus dont les apô-
tres furent les «témoins oculaires» ; la seconde
– les Actes des Apôtres – les débuts de la course
de la Parole portée à toutes les nations, dont les
apôtres deviennent dès lors les «serviteurs». Ain-
si symboliquement l’évangile de Luc commence
dans le temple de Jérusalem et s’y achève ; c’est à
Jérusalem aussi que commencent les Actes qui se
déploient ensuite dans tout le Bassin méditerra-
néen jusqu’à Rome.
«Après m’être…» : Luc n’est pas un historien au
sens moderne du terme ; mais il indique sa mé-
thodologie :
- une information exacte (nous ne connaissons
pas toutes ses sources, mais elles sont variées
de telle façon qu’il est seul à rapporter certains
épisodes : l’enfance de Jésus, des paraboles telles
le ls prodigue ou le bon Samaritain, des récits
comme le pardon de la pécheresse ou le repas
chez Marthe et Marie…) ;
- un exposé suivi : il ne cherche ni à être exhaus-
tif, ni à suivre une succession chronologique. Son
plan est essentiellement théologique et marqué, à
partir du chapitre 9, par la montée de Jésus vers
Jérusalem.
«Excellent Théophile» : Le dédicataire de l’œuvre
de Luc, qui ne nous est pas autrement connu, était
peut-être un chrétien d’origine païenne (il porte
un nom grec), occupant une fonction importante,
selon l’usage qui faisait dédier les ouvrages à des
protecteurs inuents. Mais son prénom signie
«ami de Dieu» : c’est donc à tout disciple qu’est
dédié le livre, à celui qui veut s’approcher de Dieu
et apprendre à le connaître tel qu’il s’est révélé
en son Fils Jésus-Christ.