L'Europe et le monde dominé Page 5
Jusqu'au début du XXe siècle, l'Europe domine l'économie mondiale.
Ainsi, elle réalise plus de 60% du commerce mondial en 1914 : l'Europe
exporte des produits manufacturés et importe surtout des matières
premières agricoles et minières.
La marine britannique commerciale et militaire domine les mers et
océans. La livre sterling est alors la monnaie des échanges
internationaux.
A partir des années 1870, la Grande dépression qui frappe l'Europe
accroît la concurrence entre les puissances industrielles qui pousse les
industriels et les financiers à rechercher à l'extérieur des débouchés
pour leurs marchandises et leurs capitaux.
2) Les facteurs politiques
Le besoin d'établir des points de ravitaillement des navires (notamment
en charbon) conduit à la recherche de points d'appui dans tous les
espaces maritimes. La France, par exemple, s'installe dans l'océan Indien
où elle possède déjà l'île Bourbon (la Réunion), dans le Pacifique (Nouvelle-
Calédonie, Tahiti). De son côté, la Grande-Bretagne, bien décidée à pénétrer
le marché chinois, s'implante aux points clefs des grandes route maritimes de
la Méditerranée à l'Inde et de l'Inde à la Chine.
Les discours politiques associent conquête coloniale et puissance
nationale : sans colonie, le pays n’a que peu de poids dans la balance des
forces diplomatiques. La puissance et le prestige international passe alors
par la domination des plus vastes étendues possibles de terres.
La France, humiliée en 1871 par l’Allemagne, compense par la
colonisation la nostalgie des provinces perdues.
« La colonisation est pour la France une question de vie ou de mort: ou la
France deviendra une grande puissance africaine, ou elle ne sera dans un
siècle ou deux qu’une puissance européenne secondaire ». P. Leroy-
Beaulieu, 1882.
Paul Leroy-Beaulieu (1843-1916) est un économiste français. En 1870, il rédige un
mémoire sur le Système colonial des peuples modernes, qu'il augmente et publie en 1874
sous le titre De la colonisation chez les peuples modernes. Avec cet ouvrage, Leroy-
Beaulieu devient l'un des porte-parole de la colonisation, inspirant les discours de Jules
Ferry, et invitant la Troisième République à une nouvelle expansion coloniale. Ce livre lui
vaudra le désavœu de certains économistes libéraux. Là, est l'originalité de Leroy-
Beaulieu : c'est le seul économiste libéral qui est favorable à l'expansion coloniale.