le triple Saut

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coin de
l’entrainement
L'entrainement est une innovation continue, son objectif est
de nous former surtout à innover et non à être des applicateurs
très fidèles, très ordonnés... la preuve par l'athlé et tout particulièrement le triple saut ou la maitrise d'une course d'élan
accélérées afin de réaliser et réussir l'enchainement de 3 sauts
ordonnés. # Par Michel Cremonesi
S'entrainer, innover en athlétisme :
le triple saut
Comment s'entrainer en athlétisme audelà de l’initiation, qui s’adresse particulièrement
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articles parus dans le
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Revue Sport et plein air
> Le coin de
l'entrainement.
aux débutants (1) et sans «tomber» dans la spécialisation,
qui ne concerne qu’une minorité dont la quantité
d’entrainements est bien supérieure à la majorité de
nos athlètes ?
Entraineurs, éducateurs d'un sport populaire et amateur,
notre intervention se place du point de vue du perfectionnement, du progrès de tous. Dans le perfectionnement, notre expérience de club et de son fonctionnement
nous pousse à intervenir davantage sur un groupe
d’athlètes. Cependant, les observations sont individualisées et nous essayons d’apporter les réponses les plus
appropriées aux besoins de chacun. L’entraineur crée
les conditions pour rendre chaque athlète toujours plus
autonome et véritable acteur de sa pratique.
L’entrainement est donc une innovation continue et son
objectif est de «nous former surtout à innover et non
être des applicateurs très fidèles et très ordonnés» (cf.
la créativité partagée, Robert Mérand). Comme l'athlète,
le joueur, l’entraineur apprend tous les jours.
Entrainer au triple saut, c’est quoi ?
En athlétisme, l’entrainement est conçu pour améliorer
les performances des athlètes. Elles/ils s’y engagent par
un investissement régulier, hebdomadaire et sur toute
une saison constituée de périodes différentes : une reprise
de saison orientée fortement sur la PPG (préparation
physique générale) ; une période dite hivernale ; une
période précompétitive ; la période de compétition ; la
période de récupération ou de régénération et d’entretien
pour repartir sur une nouvelle saison.
L’entraineur va construire, avec les athlètes, un projet
d’entrainement pour favoriser les progrès dans la discipline choisie. Plusieurs thèmes peuvent être travaillés
simultanément ou alternativement : l’améliorations des
qualités physiques ; une meilleure maitrise technique ;
le maintien de la motivation ; une meilleure connaissance
de ses possibilités corporelles…
Prenons exemple sur une des composantes de l’athlétisme. : les sauts et plus particulièrement le triple saut,
cette épreuve qui consiste à couvrir la plus longue
distance possible en sautant à partir d'une marque fixe,
après une course d'élan, et en exécutant une séquence
de trois sauts (2).
Entrainer au triple saut (TS) c’est quoi ? Quelle est la
place de la technique dans l’entrainement ?
Entrainer au TS, c’est maitriser à la fois une course
d’élan progressivement accélérée afin de réaliser et
réussir l’enchainement de 3 «sauts» : un cloche pied
suivi d’une foulée bondissante et enfin un saut «en
longueur». La réalisation technique du TS appartient à
chaque athlète. Elle est liée à l’ensemble de ses ressources. L’entrainement est amené à les développer.
Chacun des sauts demande l’appropriation d’une tech-
14 sport et plein air # juin 2013
nique particulière avec une recherche permanente de
coordination:
• la coordination de la course d’élan avec l’impulsion
du premier saut (le cloche pied), déterminante pour la
suite ;
• la coordination dans l’enchainement des 3 sauts successifs jusqu’à la réception dans le sable ;
• la coordination des bras et des membres inférieurs.
Nous vous proposons, ci-après, plusieurs situations et
variables que vous pourrez proposer aux athlètes. Ces
situations sont soit globales, soit peuvent être plus
précises dans une dimension technique, en jouant essentiellement sur le paramètre de l’aménagement du milieu
pour que l’athlète recherche une adaptation motrice
et qu’en conséquence il construise la technique la plus
adaptée à ces contraintes.
Participer à une compétition
Les contenus d’entrainement rechercheront toujours
plus de maitrise dans l’enchainement course d’élan
étalonnée et les sauts. La vitesse deviendra de plus en
plus un élément déterminant de la performance si
l’enchainement avec le cloche pied est réussi. L‘équilibre
et le relâchement restent deux données essentielles
aussi bien dans la réalisation des trois sauts que dans
les phases de suspension entre les sauts.
Participer à une compétition de triple saut demande
une préparation exigeante. Le développement des
ressources physiques doit être en permanence recherché.
L’alternance et l’articulation de différentes séances
proposées aux athlètes joueront un rôle important dans
leur préparation. #
(1) Le chapitre athlétisme du livre «Des jeux, des enfants et
du sport» (Les Cahiers du sport populaire-FSGT) et ses 23 fiches
de jeux (en saut en longueur ; courses rapides, longues et haies
et lancers) est une bonne entrée dans la pratique. Commande
sur www.fsgt.org > Publications.
(2) L'Association internationale des fédérations d'athlétisme
(IAAF) définit la discipline comme tel : «Le saut s'effectuera
de telle sorte que le concurrent retombe d'abord sur le pied
avec lequel il a pris son
appel, puis au second
saut sur l'autre pied, à
partir duquel le troisième saut sera fait».
1. Premier problème à résoudre :
coordination de la course d’élan et du cloche pied
La vitesse de la course d’élan est la composante essentielle du
triple saut (TS). Elle sera déterminante pour sauter loin. D’autant
plus que l’impulsion de chaque saut entrainera une perte de vitesse.
Nous observons plusieurs comportements types : certains piétinent,
avant la zone d’impulsion, les derniers appuis de leur course d’élan.
La plupart ont une course d’élan plus régulière jusqu’à l’impulsion
du cloche pied, ce qui marque déjà un progrès. Une minorité a une
course progressivement accélérée jusqu’à la première impulsion
Difficultés majeures à résoudre par le sauteur dans la coordination
de la course d’élan et le cloche pied :
• Étalonner toujours mieux sa course pour passer d’une course
d’élan déjà régulière à une course d’élan progressivement accélérée.
• Coordonner la course d’élan avec le cloche pied qui reste la clé
de la réussite des deux autres sauts et du TS dans son ensemble.
«J’étalonne ma foulée»
# Objectif : Rechercher son meilleur rapport amplitude/fréquence pour réaliser une course qui permet de prendre de la vitesse.
n But : réaliser le parcours en franchissant
chaque intervalle
n Consigne
Franchir en courant l’intervalle, sans aucune perturbation dans la course, en augmentant progressivement la
distance des intervalles, jusqu’à être en «rupture» :
l’athlète ne court plus mais bondit, il choisira le parcours
en dessous et le répètera pour avoir des foulées régulières
mais non bondissantes.
n Dispositif
Remarque : Le plot évite de taper des pieds parce que
les intervalles entre les lattes sont plus courts et d’autre
part la présence du plot entraine une montée des genoux
plus marquée. Cela permet de travailler la fréquence
des appuis jusqu’à obtenir des appuis en plante de pied.
Chercher à rebondir (sensation d’avoir des «pieds véritable ressorts»), les genoux monteront plus facilement
vers l’avant (l’animateur observe cette pose de pied et
le rythme soutenu des appuis qui s’enchainent, le coureur est projeté vers l’avant).
n Conseil à l’entraineur
Pour commencer, vous pouvez aménager le parcours sur
la pelouse (moins traumatisant), puis sur la piste car les
couloirs vont donner des repères dans l’axe et dans le
balancé des bras. Pour finir, ils pourront le réaliser vers
le sautoir pour se rapprocher des conditions réelles.
illust
ration
: Céli
ne De
corte
• Parcours 1, «j’augmente l’amplitude» (dessin ci-dessous) : aménagement de plusieurs couloirs avec des
lattes au sol espacées de 1,70 m à 2 m sur 25/30 m.
• Parcours 2, «je réduis ma fréquence» : aménagement
d’un couloir de plots placés à intervalle de 1 à 1,80 m.
«Je vise juste»
n But : arriver le plus vite possible sur
la zone d’appel départ arrêté.
n Dispositif
• Aménagement d’un couloir de 25/30 m.
• La zone d’impulsion est très visible (40/50 cm moins
au cours de la saison 30/20 cm). Le sauteur marque son
passage dans la zone d’une impulsion modérée (appel
du cloche pied).
n Conseil à l’entraineur
Il centrera les sportifs sur une recherche en permanence
d’un relâchement du tronc et des épaules en gardant
le regard horizontal. «Courir haut, dominer son couloir
de course d’élan».
sport et plein air # juin 2013
15
Après ces situations de préparation (recherche de
coordination), l’apprentissage du TS se poursuit par
des situations ludiques (où les athlètes seront davantage autonomes). L’organisation et l’aménagement
de l’espace d’entrainement facilitent la multiplication des ateliers. Chaque athlète du groupe trouvera
la situation qui lui conviendra ou que l’entraineur lui
proposera. La proximité des espaces facilite à la fois
la variété des situations d’apprentissage et leur gestion par l’entraineur. Les athlètes continuent ainsi,
à se lancer des défis. L’entraineur pourra aussi varier
les ateliers pour mettre l’athlète dans une recherche
nouvelle d’équilibre et de coordination.
Les couloirs
# Le sautoir est utilisé dans le sens da sa largeur. Plusieurs couloirs sont balisés (3 à 5 couloirs de 80/90 cm de large). Cette largeur limitée contraint
davantage l’athlète à courir dans l’axe. Cette organisation permet à plusieurs athlètes de
sauter en même temps et augmente la quantité de répétitions possibles.
n But : arriver dans le sable sur les deux
pieds à partir d’une latte.
• Dans le couloir 3 : départ à 10 m : 2 cloches pieds et
1 foulée bondissante et réception sur les 2 pieds dans
le sautoir.
n Dispositif
• Dans le couloir 4 : première impulsion à 8 m (balisée
par une latte), réaliser un triple saut (si trop facile,
reculer la latte qui balise l’impulsion).
• Aménagement avec deux lattes de la zone d’élan
autorisée (une à 8 m l’autre à 12 m, ce qui donne la
possibilité de prendre 8, 9,10, 11, et 12 m d’élan).
• Dans le premier couloir (C 1) : départ à 7 m, le sauteur
réalise 2 cloches pieds et se réceptionne sur les 2 pieds
dans le sable (soit 2 CP et un saut).
illustr
ation
: Céli
ne De
corte
• Dans couloir 2 : départ à 8 m et je dois réaliser
3 foulées bondissantes et me réceptionner sur les
2 pieds (si les 8 m sont trop importants, l’entraineur
ou l’athlète rapproche la latte à 7,50 ou 7 m ; même
chose pour l’athlète pour qui 8 m est une distance
trop facile, il peut reculer la latte progressivement
pour aller à 9 m).
16 sport et plein air # juin 2013
n Conseil à l’entraineur
Les réceptions se font systématiquement dans le sable
(un plot sécurité à 1 m de chaque côté du sautoir délimite la zone de chute obligatoire, cette sécurité balisée
évite les réceptions trop au bord du sautoir).
2. Deuxième problème à résoudre : le premier «cloche pied»
La plus grosse difficulté du Triple Saut c’est la liaison course d’élan
et l’appel du cloche pied qui est le premier saut déterminant pour
pouvoir enchainer les deux autres sauts composant le triple.
Saut par dessus la latte
complète de l’impulsion.
n But : enchainer, après un élan réduit, le
cloche pied au dessus de l’obstacle avec
deux foulées bondissantes avant de chuter
dans le sable.
n Dispositif
Élan réduit à 5/6 foulées, départ à 7/8 m du sable.
Obstacle bas de 15/20 cm et une latte devant pour délimiter une zone interdite
d’appel (cette zone, qui
oblige le sauteur à prendre
son impulsion avant, peut
augmenter ce qui allongera
d’autant le premier saut en
cloche pied).
Il reste difficile dans sa réalisation. Souvent très long ou encore
trop haut, il entraine une réception écrasée et très déséquilibrante.
Il faudra limiter l’envol de ce premier saut afin de rendre efficace
la foulée bondissante qui suit.
# Objectif : rechercher une poussée
n Variantes
• Augmenter la zone interdite d’appel.
• Augmenter légèrement la hauteur de l’obstacle (10/15
cm) pour allonger le cloche pied (recherche d’un bassin
haut).
• Reculer la zone d’appel de 1 puis 2 m avec possibilité
de faire une foulée bondissante supplémentaire avant
de chuter dans le sable sur les 2 pieds.
en salle... Qu’est-ce que je peux faire ?
En salle, pour travailler un cloche pied complet (talon à la fesse) et revenir très vite
vers l’avant, l’athlète réalisera un élan réduit cloche pied, réception sur tapis d’hauteur (*).
Cette situation permet, par l’aménagement de l’espace,
de ne pas réaliser un cloche pied sur une jambe tendue
car le tapis de hauteur oblige l’athlète à faire une
foulée en pliant sa jambe pour ne pas cogner le bord
du tapis.
(*) Le tapis de hauteur mesure 4 m de long et 2 m de large.
Sa hauteur est variable 40 à 80 cm mais on peut avoir des
tapis de réception gym de 20 cm qui sont intéressants aussi.
n Évolution
L’appel du CP est balisé par du ruban adhésif à 1 m du
tapis et la réception se fait au moins à 40/50 cm du
bord (sécurité). L’entraineur pourra indiquer l’espace
de chute avec de la craie. Après réception sur un pied,
le sauteur devra enchainer une foulée bondissante sur
ce même tapis (attention équilibre des sauts perturbé
par réception molle du tapis de hauteur).
La salle peut être aussi l’occasion de travailler d’autres
situations grossissantes et varier les prises d’informations
corporelles :
• Départ sur élément de plinth (20 à 60 cm, cette
hauteur peut varier en fonction de l’expérience des
athlètes et de leur puissance musculaire), sauter en
contre bas, réception au sol enchainée avec une ou
deux foulées bondissantes en fonction de la réception
de la première (pas d’écrasement).
• Enchainer plusieurs CP et mesurer la distance et/ou
chronométrer (valoriser la vitesse des sauts).
sport et plein air # juin 2013
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3. L’impulsion du deuxième saut : la foulée bondissante
Enchainer le deuxième saut est lié à la réalisation du premier. La
réception du cloche pied doit permettre de poursuivre une foulée
bondissante et ce n’est pas évident. En anglais, le TS se traduit par
«hop step jump» ; or, «step» signifie «pas»… ce qu’il ne faut surtout
pas faire ! La réception du cloche pied est déterminante pour ne
pas faire un pas au second.
La traversée du couloir en multi bond
n But : réception dans le sable après avoir
réalisé plusieurs bonds (au choix des athlètes qui proposent des multi sauts différents, ex. : double cloche pied enchainés
par deux foulées bondissantes et un cinquième réception deux pieds).
n Variantes
• Ajouter un obstacle de 10/15 cm entre chaque zone
balisée.
• Passer rapidement sur la coordination enchainement
cloche pied / foulée bondissante en variant les combinaisons.
n Dispositif
• Après une course d’élan progressivement allongée (8,
10, 12 appuis).
Aménagement de plusieurs couloirs de 20 m avec plusieurs zones balisées par 2 lattes (dont l'écartement est
précisé ci-dessous), une course d’élan de 4/6 foulées.
• Enchainer 2 CP suivi de 2 foulées bondissantes (alterner
2 CP gauche + 2 foulées ou 2 CP droits + 2 foulées bondissantes) par exemple. Réception 2 pieds dans le sable.
• C1 : espacées de 2 grands pas + 1 pied
• Enchainer le multi sauts précédent et terminer par un
5e saut type longueur dans le sable.
• C2 : 2 grands pas + 2 pieds
• C3 : 2 grands pas + 3 pieds
• C4 : augmenter si nécessaire à 3 grands pas
• Réaliser un pentabond sans élan et rapidement avec
élan, augmenter l’élan mais en maintenant la même
vitesse des sauts (voir chrono).
Défi sur triple saut
n Consigne
n But : garder des performances voisines
sur une série de triple saut dont l’élan diminue au fur et à mesure des passages.
3 réalisations puis une récup courte puis tripler le temps
de récup avant d’entamer une seconde série, voire une
troisième. Rechercher l’amplitude des 3 sauts et toujours
relâché du haut du corps (souffler à chaque impulsion).
Remarque : C’est une partie de séance éprouvante qui,
à elle seule, est une séance.
4. Le troisième saut : vers un saut en longueur
Il devrait être un véritable saut en longueur : arriver vite à l’impulsion en projetant les bras vers le haut et l’avant, rechercher l’équilibre dans la suspension : regard horizontal, buste vertical pour enchainer une réception aussi équilibrée que possible, pieds vers l’avant.
Afin d’acquérir la technique plus spécifique du saut en longueur :
se lancer des défis (de sauts en longueurs) sur différents essais en
jouant sur la course d’élan réduite de 2 à 8 foulées maximum.
5. Le triple saut complet
La course reste nécessairement limitée (8/12 appuis), elle facilite
la maitrise globale de l’enchainement des 3 sauts.
Le défi
n But : Réaliser le TS le plus long possible
en perdant le moins de vitesse possible.
n Consigne
• Chronométrer chaque réalisation du TS de l’impulsion
du CP jusqu’à l’arrivée dans le sable. Essayer de faire
mieux en allongeant la course d’élan, de 8 à 10 foulées).
• Chaque athlète va rechercher un équilibre dans la
longueur des différents sauts. Il pourra, avec l'aide d'un
camarade, repérer l’appui de réception de chaque saut
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afin d’en évaluer la distance (utiliser de la craie ou
petit bout de ruban adhésif) et vérifier effectivement
cet équilibre (3 x un tiers environ).
n Répétition et récupération
• 2 séries de 3 essais avec une récupération de 3’ à 4’
entre chaque passage et 6’entre les deux séries. Après
une nouvelle récupération de 6’, recommencer avec
élan de 12/14 foulées.
• 1 à 2 séries en fonction des athlètes, de leur temps
de pratique et de leur expérience.
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