et ses tuyaux de poêle volants
René Leduc
René Lorin
Attention :
L’histoire de l’aéronautique
connaît un second René Leduc,
sans aucun rapport avec celui
objet de notre article.
Neuf ans plus jeune (1907 –
1990) ce constructeur amateur
réalisa plusieurs appareils de
tourisme et de vitesse, dont le
RL-21avec lequel il établit trois
records :
le 13 octobre 1960 : 316 km/h,
le 12 juillet 1963 : 334 km/h, et
le 14 juin 1966 : 350 km/h.
René Leduc naît le 24 avril 1898 à Saint-
Germain-lès-Corbeil. A 14 ans, il arrête ses
études pour devenir apprenti-mécanicien (il
répare des vélos) puis commis de bureau.
A 18 ans (1916), il s'engage dans l'armée
(artillerie) et combat en première ligne. Il
fait le peloton d'officiers de Fontainebleau,
d’où il sort avec le grade de major de sa
promotion.
Démobilisé en 1920, il s’inscrit à l'école
supérieure d'Électricité (future Sup’Elec)
pendant un an, obtient son diplôme
d’ingénieur et s’intéresse à la résistance des
matériaux et à la thermodynamique.
En 1922, il quitte la France pour prendre un
poste de sous-directeur d'une usine de
cellulose en Autriche où il rencontre celle
qui devient son épouse. Mais à la suite du
décès de son père, il revient en France en
1923. Il entre alors aux Établissements
Louis Breguet où il dirige le bureau des
calculs. Il étudie le comportement des
poutres prismatiques (rectilignes et de
section constante) et l’élasticité des corps
creux.
Leduc dépose son premier brevet en 1930.
Il s'agit d'un « propulseur à réactions
intermittentes », connu aujourd’hui sous le
nom de pulsoréacteur (voir explications
plus loin). Trois mois plus tard, l’allemand
Paul Schmitt déposera un brevet similaire.
Bénéficiant du soutien du III° Reich, ce
dernier pourra développer cette invention
qui motorisera en particulier les bombes
volantes V-1.
Il quitte alors Breguet et rejoint la toute
nouvelle Société Générale Aéronautique,
née de la fusion, voulue par le
gouvernement, de cinq avionneurs.
Mais insatisfait des performances de ce
type de moteur, il développe une nouvelle
théorie, celle des « tuyères
thermopropulsives ».
Il s’agit en fait du statoréacteur.
A la fermeture de la S.G.A. en 1933, il
prend une année sabbatique et profite de
ses indemnités de licenciement pour
développer cette invention. Il en dépose le
brevet en 1933. Il découvre alors les
travaux de René Lorin, ingénieur de la
Compagnie des Omnibus, qui a déposé en
1908 un brevet de réacteur, et publié en
1910 et 1913 dans l’Aérophile le principe
du même statoréacteur. Mais à cette
époque, les performances des avions ne
permettaient pas d’atteindre la vitesse
minimale de fonctionnement d’un tel
moteur, et il n’avait donc pu expérimenter
ses théories.
Leduc cherche alors à le rencontrer, mais
Lorin vient de s’éteindre en janvier de la
même année. Toute sa vie, il ne manquera
jamais de rendre hommage à ce
prédécesseur.
Il faut savoir également que le russe B. S.
Stetchkine avait découvert ce même
principe en 1929 et que les Américains
avaient commencé également à le
développer depuis 1927, mais sans que
l’ingénieur français ait pu en avoir
connaissance.
En 1934, René Leduc revient chez Breguet
comme consultant, tout en continuant ses
recherches sur les tuyères. Il obtient une
subvention de l’État pour la réalisation
d’une première tuyère de 30 mm. Il lui faut
deux ans pour mettre au point l’engin et y
stabiliser la combustion. Mais en juin 1936,
il peut enfin faire la démonstration, devant
les services techniques officiels du
Ministère de l’Air, de la réalité de sa
théorie.