La transformation impersonnelle
Autor(en): Martin, Robert
Objekttyp: Article
Zeitschrift: Revue de linguistique romane
Band (Jahr): 34 (1970)
Heft 135-136
Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-399483
PDF erstellt am: 05.06.2017
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LA TRANSFORMATION IMPERSONNELLE
En respectueux hommage
àM. Georges Straka,
àl'occasion de son
soixantième anniversaire.
Les études consacrées àla phrase impersonnelle 1ont eu essentiellement
pour objet de déterminer le rôle et la valeur du morphème il et la fonction
exacte du segment traditionnellement appelé le «sujet réel ou logique ». De
telles recherches s'éclairent d'un jour nouveau àla faveur des hypothèses
de la grammaire transformationnelle. Profitant des quelques suggestions
contenues sur ce point dans l'excellente Introduction de N. Ruwet "-, on
essaiera de préciser les conditions de la transformation dite «impersonnelle »
[Tlmp] et son rôle dans l'économie du français.
Avant toute chose, il convient d'attribuer un «indicateur syntagma¬
tique »3àla phrase impersonnelle. Ala suite de Damourette et Pichón,
on distinguera trois types de tournures, qui ont toutes en commun de pré¬
senter en tête un morphème il non représentant, c'est-à-dire non commu-
table avec un syntagme nominal :
type i:il passe un truin toutes les heures
type 2:il importe qu'il reprenne confiance
type 3:il pleuvra demain.
i. Damourette et Pichón consacrent au problème un chapitre copieux
1487-1543 ;t. IV, p. 463-542) ;on consultera avec profit les articles récents
de G. Hilty, «II)) impersonnel, Fr. mod. 1959, t. 27, p. 241-251, de P. Hoybye,
Les Expressions impersonnelles, Mél. Grévisse, p. 215-220 et surtout celui de
P. Pieltain, La Construction impersonnelle en fançais moderne, Mél. Delbouille,
p. 1-30. Sur il ya, il est, il existe, voir l'étude courte mais très suggestive de
R.-L. Wagner dans Le Français dans le monde, t. IV, 29, p. 10-15 ;l'emploi
temporel de ilya, que nous négligerons ici, afait l'objet d'une recherche rigou¬
reuse et approfondie (A. Henry, C'était ilyades lunes, Paris, Klincksieck, 1968,
134 p. Bibl. fr. et rom. A-XV).
2. Introduction àla grammaire generative, Paris, Pion, 1967, en partie, p. 134,
226, 254-255, 406, 411-12.
3. C'est-à-dire de remplacer les éléments (dits «éléments terminaux ») d'une
phrase réalisée par les catégories correspondantes.
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Au type icorrespond l'indicateur syntagmatique :
il XSV xSN (x X)
SV signifie «syntagme verbal », SN «syntagme nominal »et Xrepré¬
sente l'ensemble des syntagmes circonstanciels, doués de mobilité en ce sens
qu'ils peuvent précéder, suivre ou encadrer le SN, selon la règle rythmique
qui rejette en fin de phrase le syntagme le plus long (il passe un train toutes
les heures ;il passe toutes les heures un train en direction de...).
Cette «structure de surface », complexe en raison de la présence obligée
du morphème il qui n'apparaît pas dans une «phrase nucléaire »l, résulte
d'une «transformation singulière »2qui consiste àrejeter après le verbe le
SN sujet de la phrase primitive :
P->P'
SN xSV (x X) ->il xSV xSN (x X)
Un train passe toutes les heures -> ilpasse un train toutes les heures
La TlmB retarde l'apparition du SN sujet, remplacé en tête de phrase par
le morphème «impersonnel »il.
L'indicateur syntagmatique du type 2est en tout point semblable àcelui
du type i[il xSV XSN (x X)], àcette différence près que le SN est soit
une phrase qui asubi préalablement la transformation par que (Il importe
qu'il reprenne confiance), soit un syntagme infinitif introduit par de (Il im¬
porte de reprendre confiance). Cette structure se distingue donc de la précé¬
dente par le fait que la Tlmp intervient après une «transformation généra¬
lisée »qui intègre àla phrase matrice (Pj Ceci importe) une phrase
constituante (P2 Il reprend confiance), nominalisée par que ou par l'in¬
finitif :
[i] Nominalisation de P2 :
Qu'il reprend confiance¡qu'il reprenne confiunce¡reprendre confiance
[2] Tgénéralisée :P2 intégré àV1 -s- *P'3 :
*Qu'il reprenne confiunce
*De reprendre confiunce
1. Celle qui n'a subi aucune transformation.
2. Rappelons que par opposition àla «transformation généralisée », la trans¬
formation singulière répond au scheme P-> P' et ne consiste pas àintégrer
une «phrase constituante »(Pj) dans une «phrase matrice »(P2) selon le scheme
Px XPa-^P3.
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[3] Timp:P'3^P3:
T, 1qu'il reprenne confiunce
Il importe de reprendre confiance.
Cette Tlmp se définit exclusivement au niveau des «indicateurs syntag-
matiques »et non àcelui de la phrase réalisée :elle aun caractère obliga¬
toire qui rend agrammaticales les phrases *P'3.
L'indicateur syntagmatique du type 3s'écrit :
il XSV(X X);
nous formulons l'hypothèse que le SN est réduit àrien par le fait que le SV
est dans ce cas incompatible avec l'idée d'agent ou de patient. La TJmp se
schématise donc ainsi :
(*SN) xSV^ilxSV(x *SN).
Pour les commodités de l'exposé, nous appellerons cette TImp une «trans¬
formation suppressive », l'un des éléments de l'indicateur syntagmatique
étant réduit par suppression pure et simple.
En résumé, la TImp s'écrit toujours :
SN xSV -> il xSV xSN ;
mais elle est facultative (type 1), obligatoire (type 2) ou suppressive
(type 3)-
Le type 1permet de définir le mieux les conditions et le rôle de la Tlmp.
Les types 2et 3n'en sont que des applications particulières.
I. Les conditions de la Timp.
Une phrase nucléaire SN XSV ne se prête pas nécessairement àla Tlmp.
Les conditions tiennent les unes àla structure du SN, les autres àla struc¬
ture du SV. A. Structure du SN.
Dans le SN, le prédéterminant est obligatoirement un indéfini :
Un train passera d'ici deux heures —> il passera un train d'ici deux heures
et non :
Le train pusseru d'ici deux heures —> *il passera le train d'ici deux heures.
380 R. MARTIN
Sont commutables avec un, outre les numéraux (il passera trois, dix...
trains), les indéfinis (ilpassera quelques... plusieurs trains ;ilypasserait n'im¬
porte quel train), l'adjectif interrogatif quel (il passeru quel train ainsi que
les partitifs et les quantificateurs (ilpassera beaucoup de trains). En revanche,
il est difficile de dire :
*il passeru ton (ou ce) truin d'ici deux heures.
De même, le pronom personnel, toujours réfèrent, est exclu de la tour¬
nure impersonnelle 1.
Cependant, lorsque l'article le ne se comporte pas comme un réfèrent,
c'est-à-dire lorsqu'il ne renvoie pas àune partie du message déjà énoncée
ou àune donnée situationnelle, il devient compatible avec les exigences de
la Tlmp :
il passera le train que tu as déjà pris la semaine dernière.
La détermination de type intrasyntagmatique (le train que... le truin de...)
s'accommode de la TImp.
B. Structure du SV.
Le verbe ne peut en aucun cas être un verbe transitif (Un train conduira
les voyageurs àParis ;*il conduira un train les voyageurs...). Il est obliga¬
toirement intransitif (il passeru un truin...) ou, exceptionnellement, transitif
indirect (il ycorrespond toutes sortes de fuits ;Uen découle toutes sortes de
fuits...).
Les verbes pronominaux se prêtent àla Tlmp (il se passera des années
avant que...), mais avec de fortes limitations, dont la plus importante est
que le pronom réfléchi ne peut en aucun cas correspondre au complément
d'objet de l'emploi transitif ;se soustraient ainsi àla TlŒp les verbes pro¬
nominaux réciproques (*il se buttuit des ennemis furouches...) et les verbes
pronominaux réfléchis (*il se farduit un ucteur duns su loge) ;et il en est de
même du pronominal transitif (l'un des généruux s'uttribuuit le mérite de lu
victoire ;*il s'attribuait l'un des généraux tout le mérite...), alors que le pro¬
nominal indirect (il s'y ajoute la volonté délibérée de...) peut, sous certaines
réserves, s'en accommoder.
1. Damourette et Pichón en citent pourtant un exemple 1495) :
Mme AIl vient tes élèves, tantôt
M. PII les vient (24/3/22).
Cet exemple, qui comporte àla fois un déterminant possessif et un pronom
personnel, semble tout àfait isolé et contraire àtoute norme.
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