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Revue Marocaine de Rhumatologie
H. Baïzri et al.
FMC
dans une étude de 800 patients contre 2,3 % sur les 600
témoins non diabétiques [41]. Leur développement est
favorisé par l’âge, l’ancienneté du diabète, son caractère
insulino-nécessitant et l’existence de certaines autres
complications diabétiques, telles que la rétinopathie ou
la néphropathie [42] et la présence d’une neuropathie
autonome [47]. Les données anatomopathologiques
concernant la capsulite rétractile de l’épaule ont évolué
depuis la première description de Neviaser en 1945 [43].
Actuellement la plupart des études montrent que la capsulite
rétractile primitive présente des aspects identiques à ceux
rencontrés sur le plan histologique et immunocytochimique
dans la maladie de Dupuytren [44]. Il n’est pas retrouvé
de cellules inflammatoires, en revanche des fibroblastes
et myofibroblastes sont mis en évidence. La production
de collagène de type II et III est augmentée, il existe
une hypervascularisation synoviale avec présence de
cytokines. Chez les diabétiques, les mêmes constatations
sont faites avec en plus l’existence de microangiopathies
pouvant expliquer le caractère particulièrement rebelle de
certaines atteintes chez le diabétique. L’évolution naturelle
de la capsulite rétractile primitive se fait classiquement en
trois étapes. La 1ère phase douloureuse, survient souvent
spontanément, elle est insomniante, sa durée varie entre 2
et 9 mois et s’accompagne d’une réduction progressive du
volume articulaire. La 2ème phase de raideur débute pendant
la phase douloureuse pour aboutir progressivement à un
enraidissement indolore, elle dure entre 4 et 12 mois.
Cette raideur est particulièrement invalidante pour les
patients qui se trouvent dans l’impossibilité de réaliser des
gestes simples, tels que se coiffer ou se laver le visage.
L’abduction et l’antépulsion sont souvent inférieures à 90°,
la rotation externe dépasse rarement 10-15°, la rotation
interne rarement 90°, empêchant le passage de la main
dans le dos. Il existe de façon inconstante des troubles
vasomoteurs, notamment une diminution de la chaleur
cutanée. Une limitation de la mobilité des hanches et une
rétraction des gaines des tendons fléchisseurs des doigts
sont régulièrement notées, traduisant un phénomène
pathologique général, aboutissant à une perte d’élasticité
des gaines tendineuses ou des capsules articulaires [45-46].
Balci et al [47] relatent une association significative entre
capsulite et maladie de Dupuytren ou cheiroarthropathie
diabétique. Avec la 3ème phase de récupération (entre 5
et 26 mois), la durée totale des symptômes est en moyenne
de 30 mois (extrêmes : 12–42 mois). La récupération
complète n’est cependant pas la règle pour 39 à 76 % des
patients, avec en général la persistance d’une limitation
de certaines amplitudes (principalement la rotation
externe). Cette limitation d’amplitude s’accompagne
très rarement de douleurs et la gêne fonctionnelle reste
minime. La bilatéralisation n’est pas rare pouvant atteindre
6 et 17 % des cas. L’atteinte de l’épaule controlatérale
apparaît généralement entre 6 mois et 7 ans après le
début de l’atteinte de la première épaule. La récidive est
exceptionnelle, une seule étude retrouve 3 % de récidives
[38]. Les capsulites diabétiques n’ont que peu de spécificités
si ce n’est leur caractère plus fréquemment bilatéral ou
récidivant, et pour certains auteurs, par leur évolution
plus prolongée [45-48]. Elles sont souvent associées à
d’autres SEA [47]. Les radiographies simples permettent
surtout d’éliminer une autre pathologie, dans certains cas
elles mettent en évidence un aspect moucheté de la tête
humérale. L’arthrographie reste la technique d’imagerie
de référence, elle montre classiquement une réduction
de la capacité articulaire associée à un rétrécissement
des récessus synoviaux sous scapulaire et axillaire.
L’arthroscanner n’apporte pas d’argument complémentaire
pour le diagnostic positif. Il retrouve parfois l’aspect
déminéralisée de la tête humérale. La scintigraphie osseuse
peut montrer une discrète hyperfixation sur l’épaule
pathologique sans que cette fixation ne soit comparable
à celle rencontrée habituellement dans les algodystrophies
[38]. L’IRM apparaît très intéressante : Emig et al, ont
montré la présence d’un épaississement de la région du
récessus axillaire [49]. Les séquences avec effacement de
graisse et injection de gadolinium [50], objectivent une
prise de contraste très significative du récessus axillaire
inférieur, du récessus sous coracoïdien et de l’intervalle
des rotateurs et à un degré moindre de la bourse sous
acromiodeltoïdienne par rapport à des épaules témoins.
Cette prise de contraste est retrouvée dans les premiers
mois d’évolution des capsulites rétractiles, elle traduit la
présence d’une hypervascularisation. L’IRM a également
un intérêt dans le diagnostic différentiel.
Les objectifs thérapeutiques diffèrent selon le stade évolutif
de la maladie et du handicap du patient, mais aussi des
habitudes de chaque équipe.
Il n’existe à ce jour aucune recommandation venant
d’une société savante concernant la prise en charge
de cette pathologie. Mais les données de la littérature
suggèrent que :
• dans la phase précoce : recours au traitement antalgique
de paliers 1 et/ou 2, éventuellement associé à des anti-
inflammatoires ; en cas de bonne tolérance, coussin
d’abduction la nuit ; enfin, si cela soulage le patient,
application locale de glace [51];