Thème4:lesiècledestotalitarismes Chapitre1:Genèseetaffirmationdesrégimestotalitaires(soviétique, fasciste,nazi) Cartesdiapo Cequ’ilfautsavoir La première carte montre les conséquences territoriales et politiques de la Première Guerre mondiale : la disparitiondesgrandsempiresdisloquésenplusieursÉtatsd’unepart,lacassureentrevainqueursetvaincus, d’autrepart.Eneffet,lesdémocratieslibéralescoïncidentglobalementaveclesÉtatssortisvictorieuxduconflit, et les régimes autoritaires avec les vaincus humiliés (Allemagne, Autriche‐Hongrie) et les vainqueurs oubliés (l’Italie). Les dictatures prolifèrent dans la Mitteleuropa des années 1920, en partie par peur de la contagion communiste(Russie,Hongrie). Lasecondecartesoulignel’expansiondesrégimesautoritaires.L’Allemagnesurtoutserêveennouvelempire: la politique de conquête d’Hitler est la traduction spatiale de l’idéologie nazie, du pangermanisme et de la constructiond’unespacevital.Oninsisterasurlefaitquecestotalitarismesseconstruisentdansl’oppositionaux démocraties libérales. Ils savent néanmoins être pragmatiques : leurs différences idéologiques s’estompent quandlaRealpolitikl’exige;ainsilesnazisetlescommunistes,irréductiblesennemis,s’associentetnégocientle futurpartagedelaPologne. Lacomparaisondesdeuxcartespermetdenoterlereculdesdémocratiesaufildesannées1920:oninsistera surlecontexteéconomiquedelacrisede1929,etlafaiblessedesdémocratiesrongéespar«l’apaisement»etle «pacifismeintégral»(N.Ingram). Dansl’entre‐deux‐guerres,l’Europeprésenteplusieurstypesderégimespolitiques: Des démocraties libérales (régime qui respecte le pluralisme, la séparation des pouvoirs, la liberté d’expressionetledroitdevote)quel’ontrouveplutôtàl’Ouestdel’Europe,qu’ellesprennentlaforme derépubliques–commeenFrance,enSuisse–oudemonarchies–commeauRoyaume‐UnietauxPays‐ Bas; Desrégimesautoritairesoudictatures(régimedanslequellepouvoirestconcentréentrelesmainsd’un hommeoud’ungrouperéduitd’individus)plutôtsituésauSudetàl’Estdel’Europe(l’EspagnedeFranco, l’AutrichedeDollfuss…); TroisrégimestotalitairesenURSS,enItalieetenAllemagne:ils’agitd’untypederégimetotalement nouveauàl’époque(l’adjectif«totalitaires»estutilisépourlapremièrefoisen1924parunopposantà Mussolini, afin de dénoncer le régime qu’il venait de mettre en place). Un régime totalitaire est une dictaturequiviseàcontrôlertoutelasociétéetàremodelerlesindividusenfonctiond’uneidéologie. Nouveau type de régime fondé sur la toute‐puissance de l’Etat, l’encadrement des masses et un parti unique… Introduction En Europe, au lendemain de la Première Guerre mondiale, apparaissent trois régimes politiques de type nouveauqueleshistoriensetlesphilosophesqualifierontplustardde«régimestotalitaires».Ils’agitdel’Italie sousMussolinientre1922et1945,del’URSSsousStalineentre1924et1953etdel’AllemagnesousHitlerentre 1933et1945. RaymondAron,philosophefrançais,proposecinqcritèresquipermettentdedéfinirun«régimetotalitaire». C’estunrégimequisecaractérisepar: Unseulpartiestautorisé(onparlede«partiunique»); L’idéologiedupartiuniquedevientl’idéologieofficielledel’État; L’Étatdétientlemonopoledesmoyensdeviolence(pourassurerlarépressionpolitique)etpropagande (pourdiffusersonidéologie); L’Étatcontrôletouteslesactivitéséconomiquesetprofessionnelles; L’Étatexerceuneterreurpolicièreetidéologiqueenverslesrésistants/opposants Problématique:Quelssontlespointscommunsetlesdifférencesentrecestroisrégimes,àlafoisdansleur miseenplaceetdansleurfonctionnement? Page 1 sur 13 I‐ Lagenèsedesrégimestotalitaires A‐ LamiseenplacedustalinismedeLénineàStaline Victoire des Bolcheviks1dirigés par Lénine sur le tsarisme (en 1917, le régime du tsar Nicolas II est largement affaibli: contestésurleplanpolitique[cf.révolutionde19052]&discréditdelaRussiedufaitdesdéfaitesmilitairesdèsledébutde laGrandeGuerre).Unepremièrerévolutionrenverseletsarenfévrier.Enoctobre1917,lesbolcheviksdirigésparLénine organisentuncoupd’Etatquilesporteaupouvoir. S’en suit une guerre civile (1918‐1920) dont sortent victorieux les Bolcheviks grâce au «Communisme de guerre» (ensembledesmesuresprisesparlesbolcheviksde1918à1921pourmilitariserdeforcel’économieetlasociété,et vaincre ainsi les adversaires de la Révolution «les blancs»cf. «terreur rouge», la Tcheka s’employant à traquer les opposants à la Révolution + Armée rouge organisée par Léon Trotski). Les Bolcheviks finissent par être vainqueurs et entamentdès1922lareconstructiondupays.ToutesleslibertéssontsuppriméesetlespremierscampsduGoulagsont ouverts:laguerrefaitdoncnaîtrela«dictatureduprolétariat»,quidoitaboutiràladestructiondelabourgeoisie. L’instauration de la NEP (Nouvelle politique économique), un retour partiel au capitalisme de 1921 à 1928, permet de stopperlafamineetderelanceruneéconomiedésormaisnationalisée. AprèslamortdeLénineen1930,laluttepourlasuccessionpermetàStalinedes’imposer.Nouvelhommefortdurégime,il imposesavisiondusocialisme«dansunseulpays»etécartesesprincipauxrivauxdontTrotskiexiléen1929.Lamême année«LeGrandTournant»estpris,Stalineimposelacollectivisation(appropriationparlacollectivitéoul’Étatdes moyens de production) forcée des campagnes en regroupant les exploitations en kolkhozes (ferme collective où les moyensdeproductionsontmisencommun)&sovkhoze(grandeexploitationagricoled’État). Par le premier Plan quinquennal (1928‐1932) [planification gouvernementale fixant les objectifs de production visantàindustrialiserl’URSS],l’industrielourde,l’énergieetlestransportssontprivilégiés. Accessionau pouvoir: Contexteet modalitécontexte Duréeet inscription géographiquedu régime Leader Contexte: ‐régimesoviétiquedéjàmisenplace,depuislesrévolutionsdefévrieretoctobrede 1917. ‐1924:mortdeLénine ‐périodedelutteentresessuccesseurs,Stalinesebatdurantquatreanspourêtreseul aupouvoir,principalementcontreTrotski. (StalinefiniparlefaireassassinerauMexiqueen1940). IlestseulmaîtredupouvoirenURSSdès1928 URSS:1928–1953.30décembre1922 :fondationdel’URSS(Uniondesrépubliques socialistessoviétiques). JosephDjougachvili,ditStaline[« l’hommedefer »](1879‐1953):le«PetitPèredes Peuples» ‐issud’unefamillemodestedeGéorgie ‐ participe à la Révolution d’Octobre avec les bolchéviques: spécialisation dans le braquagedesbanques(rôlemineur) 1 Les bolcheviks, bolcheviques ou bolchéviques sont une fraction du Parti ouvrier social‐démocrate de Russie fondée en 1903 et dirigée par Lénine, avant de se constituer en parti indépendant à partir de 1912. Après la révolution russe de février 1917, les bolcheviks prennent le pouvoir au nom des soviets en octobre 1917 et constituent la République socialiste fédérative soviétique de Russie. En 1918, le parti est renommé en Parti communiste. Le PC de l'Union soviétique (PCUS) conserve dans son nom l'adjectif bolchevik, mis entre parenthèses, jusqu'en 1952. Le terme bolchevisme, dans les années qui suivent la Révolution d'Octobre, est utilisé non seulement pour décrire l'idéologie et la pratique politique des bolcheviks proprement dits mais également pour désigner le communisme dans son ensemble, et ne tombe que progressivement en désuétude. 2 La Révolution russe de 1905 désigne l'ensemble des troubles politiques et sociaux qui agitèrent l'Empire russe en 1905. Elle commença le 9/22 janvier 1905, lors du Dimanche Rouge, et aboutit dix mois plus tard à l'octroi d'une constitution, le Manifeste d'octobre. L'évolution économique et sociale du pays avait fait monter les oppositions libérales, démocrates, socialistes et révolutionnaires au régime tsariste. La meurtrière fusillade du Dimanche Rouge à Saint‐Pétersbourg mit le feu aux poudres. Le régime impérial survécut à cette première attaque d'envergure, mais le mécontentement grandit et l'opposition se radicalisa. La grève générale d'octobre 1905 réussit à faire céder le régime. Une constitution libérale fut octroyée ; mais dans les deux ans qui suivirent, la contre‐attaque de Nicolas II réduisait à néant les espoirs soulevés par cette révolution. La mutinerie du cuirassé Potemkine et la fusillade de l'escalier Richelieu à Odessa, immortalisées en 1925 par Le Cuirassé Potemkine, film de Sergueï Eisenstein, en sont restées les symboles. Page 2 sur 13 Principauxaxes idéologiqueset politique économique Principaux symboles Instrumentsdu pouvoir ‐occupeplusieurspostesdanslerégimebolchevikjusqu’àlamortdeLénine(ilobtient en1922leposteclédePremierSecrétaireduComitécentralduParticommuniste). ‐UtilisesonpostepouréliminertoussesrivauxetsuccéderàLénine.Ilresteàlatête del’URSSde1929(exildeTrotski2ansaprèssonexclusionduParti)àsamort. Seuldes3grandsdictateursàsurvivreàlaguerre,ilfinitsavieentreplusieurscrises deparanoïa:cf.le«ComplotdesBlousesBlanches»(1952‐53)3. - Collectivisationdesterres(abolitiondelapropriétéprivée,transféréeàl’État ouàdesorganismescollectifs(coopératives,syndicats,etc.) - Industrialisationmassivesouslecontrôledel’Etat,seulpropriétairedesmoyens deproduction - Miseenplacedelaplanification(directiondesentreprisesetdel’économiepar l’État. En URSS, les plans quinquennaux (5 ans) sont introduits en 1928 et déclinés en plan annuels dont la réalisation est obligatoire sous peine de sanctions) dans l’industrie et l’agriculture, augmenter la production, avec des objectifsàatteindre:stakhanovisme. - La société stalinienne se prétend communiste : les classes auraient disparu (Société sans classe » : Selon les théories marxistes, après la révolution, l’État communisteseracaractériséparlafindesdominationsdeclassefondées surla richesse). Lemarteauetlafaucille(symbolesdel’EtatouvrieretpaysURSS) Le drapeau rouge (symbole du mouvement ouvrier, utilisé par des mouvementsrévolutionnaires). Partiunique:lePCUS(particommunistedel’Unionsoviétique) Policepolitique:leNKVD4 LesJeunessesCommunistes:leKomsomol 3 Le « Complot des Blouses Blanches » (1952‐53). Le 13 janvier 1953 éclate à Moscou l'affaire des « médecins empoisonneurs ». Un article de la Pravda accuse ces médecins ‐ tous juifs ‐ de préparer des assassinats médicaux à l'instigation d'une organisation sioniste. Plusieurs médecins sont prestement inculpés et déportés. Parmi eux le médecin personnel de Staline ! Ils auraient empoisonné Andreï Jdanov (mort en 1948). Selon sa tactique habituelle, le dictateur prévoit de faire condamner les médecins après leur avoir arraché de faux aveux, de les faire pendre sur la Place Rouge, de susciter des pogroms dans le pays, enfin, à l'appel « spontané » de personnalités juives du monde de la culture, de protéger les juifs soviétiques en leur offrant un « asile » dans les régions orientales du pays ! L'appel est déjà prêt, ainsi que l'explique l'historien Léon Poliakov quand la mort surprend le « petit père des peuples » et l'empêche de mener à bien son dernier exploit... Contexte : dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'antisémitisme officiel renaît progressivement en Union soviétique. Toute évocation du destin spécifique des juifs durant la guerre est ainsi interdite. La publication du Livre noir est arrêtée en 1947, le Comité antifasciste juif est dissous en 1948 et ses principaux membres arrêtés (ils seront exécutés en 1952). L’antisémitisme d’État d’abord insidieux apparaît au grand jour en janvier 1949 lorsque la presse lance la campagne contre le « cosmopolite sans racine ». Lors des procès de Prague organisés par le président communiste tchécoslovaque Klement Gottwald en novembre 1952, quatorze cadres du Parti communiste tchécoslovaque sont soupçonnés d'avoir organisé un « complot titiste ». Onze sont condamnés à mort, trois à la prison à vie. Sur les quatorze accusés, onze sont juifs, dont Rudolf Slánský. Depuis le début des années 1950, Staline soupçonne le chef des services secrets MVD, Lavrenti Beria, de vouloir lui nuire. Un complot dont Beria ignorerait l'existence donnerait un bon prétexte à Staline pour l'accuser d'incompétence et l'écarter du pouvoir au profit de Viktor Semyonovich Abakoumov. 4 Le NKVD (en français « Commissariat du peuple aux Affaires intérieures ») est la police politique de l’Union des républiques socialistes soviétiques créée en 1934 par absorption de la Guépéou, avant d'être elle‐même progressivement dissoute et absorbée par le MVD à partir de 1946, puis de disparaître totalement en 1954, date de création du KGB. Le rôle du NKVD était de contrôler la population et la direction de l’URSS2 ; ses chefs ne rendaient compte qu’à Staline, qui l'utilisa pour imposer et maintenir son autorité sur le pays. Le NKVD rassemblait plusieurs milliers d’hommes, allant d’agents de police jusqu’à des militaires. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le NKVD était chargé des camps de prisonniers de guerre, notamment polonais en 1939. Il avait ses propres divisions qui permettaient ainsi de maintenir son influence jusque sur la ligne de front et ainsi de faire appliquer les ordres du haut commandement. Le rôle des unités du NKVD a été fortement décrié après la guerre par les soldats de l'Armée rouge à cause des Page 3 sur 13 LesGrandsProcèsetladékoulakisation5àpartirde1929 Lescamps:leGoulag(ensembledusystèmeconcentrationnairesoviétique caractérisé par le travail forcé poussé jusqu’à l’épuisement et souvent, jusqu’àlamort)àpartirde1930 NBprof:LesProcèsdeMoscousontunesériedeprocèstruquésorganisésparJosephStalineentre1936à 1938, pour éliminer les vétérans bolcheviks de la Révolution d'Octobre, en particulier Léon Trotski, qui ont participé à la création de l'Union soviétique en compagnie de Lénine. Les procès de Moscou annoncent les GrandesPurgesdesannées1930.Dèsavril1933,leComitécentraldécrèteunecampagned'épurationduParti communiste de l'Union soviétique (PCUS). Les procès touchent d'abord les anciens bolchéviks, qui jouissent d'unecertainepopularitéauseindelapopulation. Pourleséliminer,ilnefautpasàStalinesimplementlesenvoyerauGoulag,etlesexécuter:ilfautlesdiscréditer auseindelapopulation. C'estainsiquedesdossiersd'accusationssontcréésdetoutespiècesparleNKVD.Desbolcheviksdelapremière heuresontaccusésdehautetrahison,desabotages,d'assassinatsetautrescrimesdumêmegenre. Les procès de Moscou contribuent à la construction du totalitarisme stalinien. Loin d'être irrationnels, ils répondentefficacementàplusieursobjectifsessentielsaumomentoùilssedéroulent: 1) Une prise en main plus étroite de l'appareil du Parti communiste : éliminer les vieux bolcheviks et d'une manièregénéralelescadresquidoiventleurpositionàleurengagementouàleurvaleurpersonnelle.Staline poursuiticiàgrandeéchelleletravailqu'ilavaitentaméentantquesecrétairegénéralduPartien1922: l'appareildoitêtreexclusivementcomposédeses«créatures»,plusdocilescardépendanttotalementdelui. Nonseulementlespurgesdoiventtétanisertoutevelléitéderésistance,maislecadrequiveutgardersaplace ettouslesprivilègesmatérielsquiluisontattachésdoitsemontrerencoreplusservilequeseshomologues. 2) Affermir le contrôle sur la société soviétique. Contrairement aux cadres de la nomenklatura, les citoyens viventlapénurieauquotidien.Lacarenceenbiensdeconsommations'estaggravéeavecl'abandondela NEP,ladéportationdes«koulaks»etlacollectivisationàoutrancede1929‐30.Ilfautexpliquercettepénurie persistante : comme il est évidemment exclu d'en rendre le système responsable, on recourt au vieux stratagèmeducomplot:cesontdes«saboteurs»quidétruisentlesvivresetempêchentleravitaillement descitadins.Sicessaboteurssontdevieuxbolcheviks,au‐dessusdetoutsoupçon,oncomprendpourquoiils ontpuœuvrersanséveillerlaméfiancedanslasociétésoviétique.Onnepeutalorsqueresserrerlesrangs autourdeStaline,dontseulelaclairvoyanceapermisdedébusquerles«traîtrestrotskistes»... 3) Réaliser les « grands projets » qui montreront au monde la supériorité du modèle soviétique. À côté des procèsdecadres,àgrandspectacle,retransmisparlaradio(aveclesaveux«spontanés»desinculpés),les GrandesPurgesfrappentjusqu'auniveauleplusmodestelesrâleurs,lescontestatairesetautresasociaux qui rechignent à accomplir « le plan quinquennal en quatre ans ». Condamnés à la déportation, ils vont rejoindreleGoulag,maind'œuvreservileindispensablepourconstruiredansdesconditionsimpossiblesles grandsbarragesd'Ukraine,lescanauxduNordetlesvillesdeSibérie. méthodes extrémistes employées par ceux‐ci en matières disciplinaire et répressive. Mais, il forme aussi les troupes d'élites chargées des missions les plus dangereuses (infiltrations, parachutages derrière les lignes ennemies). Ces unités sont à l'origine des « Spetsnaz », forces spéciales soviétiques. Le NKVD est responsable, selon le général du KGB Alexandre Karbanov, de la mort de 3,5 millions de Soviétiques lors des Grandes Purges. Il gérait le système répressif en URSS, dont le Goulag. 5 La politique de collectivisation des terres agricoles décidées par Staline et menée à partir de 1929 a pour but d'abolir la propriété privée (idéal communiste) et d'améliorer la production et les rendements afin de permettre le financement de l'industrialisation du pays (très en retard dans ce domaine comparé au pays d'Europe de l'Ouest). Le refus des koulaks, les plus aisés des paysans, et les difficultés engendrées par cette politique aboutissent à la dékoulakisation : les koulaks sont "liquidés" (exécutés ou déportés). Koulak (en russe : кулак, « poing », c'est‐à‐dire « tenu fermement dans la main ») désignait, de façon péjorative, dans l'Empire russe, un paysan qui possédait sur ses terres de grandes fermes dans lesquelles il faisait travailler des ouvriers agricoles salariés. Page 4 sur 13 B‐ Lamiseenplacedufascisme Depuis1870,l’ItalierevendiquelesTerresirrédentes(IstrieetDalmatie)afind’acheversonunité.Bienque lesvainqueursdelaguerreaientpromisdeluidonnercesterresunefoislapaixrevenue,l’Italienelesobtient finalementpas,cequialimentelesrancœursdès1918. EnItalie,labourgeoisies’inquiètedesgrèvesde1919:lepartifasciste,crééparMussolinien1919,apparaît commeleseulrempartàcestroubles.Le28octobre1922,ilorganisela«marchesurRome»:bienquemenaçant defaireuncoupd’Etat,sestroupesnefontquedéfilerdansRome,cequisuffitàeffrayerleroiVictor‐Emmanuel III,quilenommealorsPremierministre.L’arrivéedesfascistesaupouvoirestlégale. Contexte :SuitesdelaGrandeGuerre:crisepolymorphe (sociale, économique & politique). Recherche d'un homme fort + thème de la «victoire mutilée» (Thème nationaliste qui exprime l’insatisfaction territoriale liée à l’engagement de l’Italie aux côtés de l’Entente (Traité de Londres de 1915)). Italie revendiquait des terres(terresirrédentes:l’IstrieetlaDalmatie)6.Ellene lesapastoutesobtenues. Modalité: ‐ 1919: création des faisceaux italiens puis en 1921 le Accessionaupouvoir: partinationalfasciste(PNF)soutenuentreautrespardes Contexteetmodalitécontexte industrielsinquietsdel’influencedescommunistesdans lesusines. ‐ Mussolini obtient des soutiens dans les milieux industrielsetmilitaires. ‐ 27 et 28 octobre 1922 : Marche sur Rome‐ 25000 fascistes («chemises noires») défilent et réclament les pleins pouvoirs pour Mussolini. Ce dernier est nommé présidentduConseilparleroiVictor‐EmmanuelIII. Mussolini obtient les pleins pouvoirs en novembre 1922. Italie :1922– 1943/45 Duréeetinscriptiongéographiquedurégime Leader BenitoMussolini :le« Duce »(1883‐1945) ‐ Issu d’une famille modeste. Devient lui‐même instituteur ‐ Socialiste avant la 1ère GM, il est révolté par le peu de territoiresgagnésparl’Italiepourtantpasséeducôtéde l’Ententeetdevientardemmentnationaliste. ‐ilfondelesFaisceauxItaliensen1919. ‐Chefdel’Etaten1922,imposelafascisationdel’Etat; ‐d’abordhostileàHitlers’enrapproche(quandlaSDNle sanctionne à la suite de son attaque de l’Éthiopie). AllianceparPacted’Acieren36,s’engagedanslaguerre en40auxcôtésdel’Axe. Capturépuisexécutéparlesrésistantsitaliensenavril 1945 6 L'irrédentisme italien est un mouvement d'opinion, défendu par divers groupes et diverses associations, et qui réclamait l'intégration (irrédentisme) dans le royaume d'Italie de tous les territoires sous domination étrangère (terres irrédentes) habités par des Italiens ou qui ont fait partie d'un des États pré‐unitaires ; il a été surtout actif en Italie dans la seconde moitié du XIXe siècle et au début du siècle suivant. Page 5 sur 13 - Principauxaxesidéologiquesetpolitique économique Principauxsymboles Instrumentsdupouvoir Anticommunismeetanticapitalisme Autarcie : système économique qui permet l'autosuffisance du pays. C'est une forme de nationalisme. - Corporatisme : système qui regroupe tous les individusd’unemêmeprofessionquelquessoitleurs fonctions. Façon de nier l'existence des classes sociales(ex:entrepatronsetsalariés).+politiquede grands travaux soutenus par l’Etat. Liens entre les deux:unisderrièrelechef.Unisdanslanation. - Élogedelaviolence,etdelaguerre.Unvraiitalienest unitalienenarmes. Salut fasciste, faisceaux (Les faisceaux sont les objets portés par les licteurs devant certains magistrats romains, regroupant deux instruments de punition), la louve «Croire,obéir,combattre» ‐ lepartiunique,lepartifasciste ‐ milices : les commandos et squadre : arme de prédilection,l’huiledericin ‐policepolitique:l’OVRA ‐propagandedemasse ‐JeunessesFascistes:lesFilsdelaLouvedès4ans! Balillias(8‐14ans)/Pionniers Les«fasci»sontdesgroupesparamilitairesconstituésdelaissés‐pour‐compte(chômeurs,ancienscombattants, petitsbourgeoisaigris....).Mussoliniveuts'enservirpourconquérirlepouvoirparlaforce,enapplicationdes théoriesdel'anarchistefrançaisGeorgesSorel,quiprônelaviolence,etdeLénine,quipréconiselerecoursàune avant‐gardederévolutionnairesprofessionnels. Squadrismoestletermeaveclequelonindiqueunphénomènecaractéristiquedufascismeitalien.Ildésigne enparticulierlesmouvementsparamilitaires,dirigéspardeschefslocaux(lesras,dunomdeschefs éthiopiens)desFaisceauxitaliensdecombat. L'ondésigneparOVRAl'ensembledesservicessecretsdepolicepolitiquedontsedotal'Italiefasciste,et quifurent actifsd'abordentre1930 et1943,puissouslaRépubliquesocialeitalienne(RSI)de1943à1945. Cependant, il est d'usage de nommer par cet acronyme de façon plus générale la police politique fasciste tel qu'elleœuvradèsavantladateofficiellede1930,enparticulieràpartirde1926,suiteàl'entréeenvigueurdes loisditesfascistissimes. Cettepolicesecrète,crééeàl'initiativedeBenitoMussolinilui‐même,étaitorganiséeenonzeinspectoratsde sécurité publique, couvrant la totalité du territoire de l'Italie et s'appuyant sur un vaste et redoutable réseau d'informateurs. Les missions imparties à l'OVRA consistaient à surveiller et réprimer les organisations subversives, la presse hostile à l'État et les groupes d'étrangers. À cet effet, l'OVRA compilait également les informations recueillies par les services de renseignements de plusieurs autres corps de l'État investis de missions de sécurité publique, et se chargeait de transmettre le dossier des suspects au Tribunal spécial de défensedel'Étatouauxcommissionsderelégation(confino). C‐ Lamiseenplacedunazisme Suppléments prof: dans les années 1860, le nationalisme (théorie politique qui place l’intérêt national au‐ dessus de l’intérêt des individus et des autres nations) allemand revendique le regroupement de toutes les populations germanophones dans une grande Allemagne, idée que les nazis reprennent dans leur politique extérieure.Maisjusquedanslesannées1930,ceprojetnevoitpaslejouralorsqu’ilestlargementpartagépar unemajoritédesAllemands. Page 6 sur 13 EnAllemagne,lapercéecommunisteeffraieaussilabourgeoisie.Deplus,lepaysesttrèsgravementtouchépar lacriseéconomiqueaudébutdesannées1930,crisequelespartisdegaucheaupouvoirn’arriventpasàenrayer :lechômagetouche6millionsd’Allemandsen1932etl’inflationestgalopante.Danscecontexte,lepartinazi apparaîtcommeleseulrempartefficacecontrelescommunistesetlacrise.Aprèsunetentativeratéedecoup d’étaten1923(quimèneHitlerenprisonoùilrédigeMeinKampf),lesnazisjouentlejeudesurnespourarriver aupouvoir.Lessuffragesqu’ilsrécoltentprogressent:2,8%auxlégislativesde1928contre44%àcellesde1933. LepartinaziétantmajoritaireauReichstag(parlementallemand),Hitlerestnomméchancelierparleprésident Hindenburgle30janvier1933.Sonaccessionaupouvoirestdémocratique. Accessionaupouvoir: Contexteetmodalitécontexte Duréeetinscriptiongéographiquedurégime Leader Principauxaxesidéologiquesetpolitique économique Principauxsymboles Contexte: Echeclorsde laGrandeGuerre,paix mutilée, «Diktat» de Versailles, l’Allemagne se sent humiliée + Crise économique de 1929. Augmentation du nb de chômeurs et augmentation parallèle des voix du NSDAP: mépris pour les démocraties libérales et le capitalisme. Modalités: ‐30janvier1933,Hitlerdevientchancelierlégalement ‐Nuit27au28février,lesNazisincendientleReichstag‐ ils accusent les communistes, ce qui légitime l'interdictionduparticommunistequiétaitleurprincipal concurrent. Hitlerapparaîtcommelesauveur,cequiluifitobtenir lespleinspouvoirs.Ilmodifieensuitelesloisélectorales. LeNSDAPestleseulpartiautorisé. Allemagne:1933– 1945 AdolfHitler :le « Führer »(1889‐1945) ‐ Issu d’une famille modeste autrichienne (père douanier),jeunessedifficile. ‐peintreraté ‐Blessépendantlaguerreettraumatiséparladéfaiteet le«Diktat»deVersailles. ‐ Après son coup d’Etat manqué de 1923, il est emprisonnéetrédigeMeinKampf(«moncombat»). Se suicide le 30 avril 1945 devant l’évidence de la défaiteduReich 3élémentsessentiels : Hiérarchiedesraces:ausommetlaracearyenne,et tout en bas de la hiérarchie, on trouve les juifs, les noirs, les tziganes. On peut parler d'obsession antisémite. Interventionnisme de l'Etat, politique de grands travaux, armements et soutien aux grands groupes industriels.(Ex:Krupp,I.G.Farben) Nationalisme belliqueux: extension nécessaire du territoire allemand. Théorie de l'espace vital (Lebensraum).Étendrel'espaceversl'Est. Croixgammée,aigle,saluthitlérien «EinReich,einVolk,einFührer» Page 7 sur 13 Instrumentsdupouvoir ‐ partiunique:leNSDAP7 ‐milices:SApuisSS8 ‐Policepolitique:laGestapo ‐propagande(cf.leministèredeGoebbels) ‐JeunesHitlériennes,lesHitlerjugend(ouHJ) ‐ Les camps : concentration dès 33 (Dachau), exterminationàpartirde42. Enbref: - Avant1914:montéedunationalisme,problèmesethniques. - 3régimesquis’imposentdansuncontextepolitiqueconfus. - Conséquences politiques de la Grande Guerre sont également importantes, formation de groupes paramilitairesquiexploitentlethèmedela«victoiremutilée»,Défaitetropdurecôtéallemand«Diktat»de Versailles.Traumatismequiadesconséquencessocialesetéconomiquesimportantes. - Enfincontextedecriseéconomiqueetsociale.EnRussie,laguerreentraînedespénuries(faminedansl’Oural en1921)etdesgrèvesdansunpaysdéjàtrèspauvre.EnItalie,lechômageestélevéetdesgrèveséclatent également.EnAllemagne,onobservequependantlesannées1920etaudébutdesannées1930,lesrésultats dupartinaziprogressentenfonctiondelamontéeduchômage,quiatteint6à14millionsdepersonnesen 1932 + inflation. A des dates différentes, et dans des contextes particuliers, la situation économique et la défiancedespopulationsfaceàdesélitestraditionnellesjugéesincapablesd’améliorerlasituationontdonc contribué à la montée en puissance des totalitarismes. On notera que les trois mouvements, quelles que soientleursprofondesdifférences,s’adressentaumoinsàleursdébuts‐pourlefascismeetlenazisme‐àla composanteouvrièredelapopulationetqu’ilsseprésententcomme«révolutionnaires». - ArrivéelégaleaupouvoirpourItalieetAllemagne,parunerévolutionpourURSS. II‐ Desrégimestotalitairessimilaires? A‐ Desrégimesantidémocratiques «Pourlefascisme,toutestdansl’État[…].Nigroupement(partispolitiques,associations,syndicats,niindividusen dehorsdel’État.» Mussolini,DottrinaesocialedelFascismo,préambuleduPartinationalfasciste,1938. Lesidéologiestotalitairessesontconstruitessurlamêmecondamnationdeladémocratieetdesesvaleurs depluralismeetdetolérance.Ainsi,leslibertésindividuelles(libertéd’expression,libertédelapresse,libertéde réunion,confidentialitédescommunications,droitàlapropriété(quipeutêtreconfisquée)disparaissent‐elles avecl'Étatdedroit. D’autrepart,lepartiaupouvoirdevientleseulpartiautorisé:c’estlecasenURSSaveclePCdepuis1917, enItalieaveclepartifascistedepuis1924etenAllemagneaveclepartinazidepuis1933.Mêmesiledroitde voten’estpassupprimé,lefaitquelepluralismepolitiqueaitétésupprimé(ouqu’unpartiuniquesoitautorisé) enlèvetoutepossibilitédechoixaucitoyen(qui,dépossédédesesdroits,n’enestplusvraimentun). L'Étatautoritairedevientomniprésentdanslasociétéquel'onchercheàsoumettre.Ils'agitdecréer«l'homme nouveau»donttouteslesétapesdelaviesontdésormaispolitisées,auservicedurégime.«L'individun'estrien, l'Étatesttout»proclameMussolini.Lesrégimestotalitairesmettentdoncàmortlesstructuresdémocratiques existantes. CenouvelÉtats'incarnedansunmodèle,lechefcharismatique.Issusdupeuple,contrairementàd'autres régimesautoritaires,Mussolini,Hitler,Stalinesontdesguidesincontestésetinfaillibles,gardiensdeladoctrine, 7 Le NSDAP : Parti national‐socialiste des travailleurs allemands (Nationalsozialistische Arbeiter Partei), fondé à Munich en février 1920. Son programme nationaliste, xénophobe et antisémite le classe à l’extrême‐droite. 8 Les sections d’assaut (Sturmabteilungen) et les sections de protection (Schutzstaffeln) sont les deux milices du Parti nazi, créées respectivement en 1921 et 1923‐1925 (le terme de SS n’apparaît qu’en 1925). Garde prétorienne chargée de la protection personnelle de Hitler, la SS qui est une subdivision de la SA, s’émancipe peu à peu. C’est elle qui, sur l’ordre de Hitler, assassine les principaux chefs de la SA dont Ernst Röhm son fondateur, lors de la Nuit des Longs Couteaux (30 juin 1934). Par la suite, la SS devient un véritable empire : son chef est nommé chef de la police allemande et ministre de l’Intérieur en 1936 ; elle contrôle l’univers concentrationnaire nazi et elle est chargée de la « solution finale ». Page 8 sur 13 initiateursdela grandeurretrouvée dupays. Flattant, galvanisantlesfoules,lechefcharismatique entretient cetteadhésionpopulairelorsdegrandesmanifestationsorganiséesparleparti.Lecheffaitl’objetd’unvéritable cultedelapersonnalité:ilestmisenavantparlapropaganded’Etat,présentécommeleguidedupeuple,qu’il nefautpascontester:d’ailleurs,lestermesdeFührer,deDuceoudeVodj–surnomsdonnésàHitler,Mussolini etStaline–signifient«guide». B‐ Laviolenceetlaterreurcommemoyendegouvernement Pour Hannah Arendt, la terreur est au cœur même du fonctionnement des régimes totalitaires ; l’historien britanniqueIanKershawdésignel’Étatnazicommeunétat«terroriste»ausensd’unÉtatquiplacelaterreuren principedefonctionnement. Laviolenceestexercéedirectementparl’État(ouparlesorganesduparti).Onprocèdeàdesarrestations– souventarbitraires–puislessuspectssontsoitdéportésdansdescampsdetravauxforcés(lescampsduGoulag enURSS,lecampdeprisonnierspolitiquesdeLiparienItalieetlescampsdeconcentrationenAllemagne9)soit exécutésparlapolicepolitique(leGuépéoupuisleNKVDenURSS,laGestapoenAllemagne,l’OVRAenItalie).La plupartdutemps,ils’agitd’exécutionssommaires,organiséesjusteaprèsdessimulacresdeprocès(quisontde toutefaçontruquésetoùl’accusén’apaslesmoyensdesedéfendre).Lorsdes«grandespurges»deMoscou10 (menées entre 1937 et 1938), les accusés ne disposaient pas d’avocats, le procureur Vychinski orientait les réponses par ses questions (et on forçait les accusés à avouer des crimes, parfois farfelus, en les violentant/torturantentrelesséances).11 Cetteviolenced’Etatpouvaits’abattresurn’importequi,n’importeoùetn’importequand,d’oùunvéritable climatdeterreur.Lesvictimesdecetteterreursont: - Desminoritésethniquesgênantespourlepouvoircentral(telsquelesFinnois,lesBaltesetlesCoréensen URSSoulesJuifsenAllemagne); - Des opposants politiques qui dénoncent le régime totalitaire ou luttent contre lui (les communistes en Allemagne,lesocialisteMatteottienItalie); - Desconcurrentsauchef(ousupposéscommetelsparlui):Trotski,quiestéliminéparlesservicessecrets soviétiquesàMexicoen1940;legénéralRöhm,chefdelaSAenAllemagne,assassinéen1934. C‐ Lavolontédecréerunesociéténouvelleetdecontrôlerlesmasses Lavolontédetransformerlanaturehumaineetdecréerun«hommenouveau»estunbutcommundes3 totalitarismesdel’entre‐deux‐guerres.L’hommeindividueldoitainsis’effacerauprofitdelamasse.L’hommeest comparéàunematièrepremière.Lesmoyenspourlemodeleretlerendreaveuglémentfidèleaurégimesont desmoyensscientifiques(appelàlapsychologie…). L’hommenouveausoviétique12etl’hommenouveaunational‐socialistepossèdenttousles2,lavolonté,laforce, pratiquent le travail manuel. Volonté de rompre avec le passé, agir sur l’homme afin que ce dernier serve le régimedepuissanaissance. 9 Dachau ouvert dès 1933 et l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Le système concentrationnaire est placé sous l’administration des SS d’Heinrich Himmler 10 Les « grandes purges » qui visent non seulement les opposants au régime mais aussi les compagnons historiques de Lénine. 98 des 139 membres du comité central élu en 1934 sont exécutés. 11 La répression touche les intellectuels, les artistes, l’armée, les hauts fonctionnaires… On évalue à 2 millions le nombre de victime exécutées et sans doute 5 à 8 millions de détenus dans les camps de concentration administrés par le Goulag, où le taux de mortalité atteint 10% par an. 12 Le stakhanovisme était une campagne de propagande soviétique en URSS faisant l'apologie d'un travailleur très productif et dévoué à son travail. Le terme provient du nom du mineur « de choc » Alekseï Stakhanov qui, dans la nuit du 30 au 31 août 1935, aurait extrait 102 tonnes de charbon en six heures, soit environ quatorze fois le quota demandé à chaque mineur. Ce record avait été décidé par le gouvernement soviétique sous Joseph Staline pour servir de modèle aux autres salariés, afin qu'ils travaillent plus et si possible qu'ils dépassent les cadences et les quotas de travail imposés. Le stakhanovisme s'inscrit dans une politique tentant d'accroître la productivité par un contrôle plus sévère des travailleurs. En 1932, le pouvoir instaure successivement la peine de mort pour vol de la propriété collective, le licenciement immédiat en cas Page 9 sur 13 Les régimes totalitaires visent à encadrer totalement leur, ce dès le plus jeune âge. Des organisations d’encadrementdelajeunesse(BalillasenItalie,JeunesseshitlériennesenAllemagneetKomsomolsenURSS) sontmisesenplaceafindeprendreenchargelesenfantsafindeleurinculquerl’idéologiedurégime(quileur estenseignéeenclassesavecdesmanuelsscolairesspécialementédités),delesfairetravaillerauservicedela nation et de les former militairement dans l’armée (en Allemagne, on cherche à ce qu’ils s’engagent dans les organesmilitairesdupartinazi,laSSoulaSA). L’objectifestdoncdemodelerlesjeunesafinqu’ilsdeviennentde«bonspetitssoldats»auservicedurégime. Cefaisant,lesrégimestotalitairesespèrentqu’étantembrigadés(faireentrerquelqu’unparlaforceauseind’une organisation,plusoumoinsrattachéeàunpartipolitique)dèsleurplusjeuneâge,lesenfantsn’échapperontplus aurégime(mêmeenétantadultes). Dans les régimes totalitaires, la population est en permanence confrontée à une propagande intense (diffusion de l’idéologie d’un parti ou d’un régime politique afin de la faire intégrer et accepter par la population)quiviseàmobiliserlesmassesetdiffuselemessagetotalitaireparlesdiscoursduchef,lapresse,la radio, les affiches, le cinéma. En général, les régimes totalitaires organisent des cérémonies grandioses (culturelles,artistiquesousportives)avecunefouleimmense,utilisantdesdécorsimpressionnantsenmontrant tous les symboles du régime (sur le doc. 3 page 176 Grande parade sportive organisée sur la place Rouge à Moscou,le13juin1935.Surlespancartesonpeutlire«viveleguidedugrandParticommuniste,lemeilleurami dessportifs,lecamaradeStaline»).Cesdiscourssontengénéraldiffusésàlaradioetfilméspourêtrediffusés auxactualitéscinématographiques(desréalisateurssontassociésauxrégimestotalitairescommeEisensteinen URSSouRiefenstahlenAllemagne).Lesartistesdoiventapparteniràdesorganisationscontrôléesparl’Etatpour pouvoirpublier(«Uniondesécrivains»enURSS),sinonleursœuvressontcensurées(dufaitqu’ellespeuvent êtrecontrairesàl’idéologiedurégime). L’unedesspécificitésdesrégimestotalitairesestlamiseenplaced’unencadrementdelapopulationàtousles âgesdelavie,avecuneimportanceparticulièreaccordéeàl’encadrementdel’enfanceetdelajeunesse. EnItalie,lesenfantssontintégrésàdesgroupesoùonlesréunitparsexeetparâge.Lesplusjeunesgarçons (de5à8‐9ansenviron)setrouventdansles«filsdelalouve».Lesadolescentsde8à14anssetrouventdans lesBalillasoùilsreçoiventununiformeetcommencentàs’entraîneraumaniementdesarmes.Ilssontensuite avanguardisti(de14à18ans)avantd’intégrerlesJeunessesfascistes.Lesjeunesfillessontégalementintégrées danscetyped’organisations. EnAllemagne,lajeunesseestégalementl’objetdetouteslesattentions.Lesjeunesgarçonssontainsiintégrés aux Hitlerjugend (jeunesses hitlériennes) où ils reçoivent un entraînement sportif et militaire qui les préparentauservicemilitaireetégalementdescoursdepropagande.Onlesencourageaussiàdénoncerleurs parentssiceux‐cicritiquentleFührer. L’adhésionauxHitlerjugenddevientobligatoiredès1936etl’organisationrassemble8millionsdemembresà laveilledelaguerre. Lesprogrammesscolairessontégalementrepensésenfonctiondel’idéologienazie.Dèsleplusjeuneâge,les enfantsdoiventapprendreàaimerleFührerplusqueleursparentsetêtreélevésdanslespréceptesdunational‐ socialisme. d'absence et in fine le passeport intérieur. Le régime lie la productivité des ouvriers à leur paie et leur alimentation2. C'est dans ce contexte que les Soviétiques publient les exploits du mineur Stakhanov. Ces exploits reposaient en réalité sur le travail de préparation d'une équipe de soutien2. Cette campagne de propagande interne fut ensuite utilisée à l'extérieur pour « démontrer » l'adhésion des travailleurs au régime staliniste, les capacités de l'« Homme Nouveau » et les extraordinaires capacités productives du régime. Dans un contexte économique de récession en Occident, l'URSS était ainsi censée rattraper et dépasser très vite le niveau de vie capitaliste occidental. Le stakhanovisme servit ainsi d'incitation à l'amélioration des cadences et de la productivité. Il était néanmoins impopulaire Page 10 sur 13 Unexemplededictéedansl’Allemagnenazie «CommeJésusadélivréleshommesdupéchéetdel’enfer,ainsiHitlerasauvélepeupleallemanddelaruine. JésusetHitlerfurentpersécutés,maistandisqueJésusfutcrucifié,Hitlerfutélevéaupostedechancelier. TandisquelesdisciplesdeJésuslereniaientetl’abandonnaient,lesseizecamaradesd’Hitlers’allièrentpourleur chef. Les apôtres achevèrent l’œuvre de leur maître. Nous souhaitons qu’Hitler puisse achever lui‐même son œuvre.Jésustravaillaitpourleciel,Hitlerœuvrepourlaterreallemande.» Dictéedonnéeenécoleprimaireenmars1934. Commentaire: Hitler est ici comparé à Jésus et ses compagnons aux apôtres. Le parallèle peut paraître surprenant dans la mesure où Hitler était lui‐même athée et les principes du nazisme, fondamentalement contraires à l’enseignementchrétien,s’inspiraientenpartied’unnéo‐paganismedepacotille. Néanmoins,lesAllemandsdecetteépoquesontencoremassivementcroyantsetpétrisdeculturechrétienne.La référence religieuse est ici utilisée pour inculquer le principe d’une obéissance et d’un dévouement absolu à l’égardduFührer. L’encadrementdelajeunessesertdefondementàlacréationd’unhommenouveau,toujoursdansl’idée d’une rupture avec le passé : il s’agit de créer une nouvelle société, de nouvelles normes, de nouvelles valeurs. Les normes valorisées par l’Italie fasciste, puis par l’Allemagne nazie sont la virilité, la force et la violence.EnURSS,onvalorisel’ardeurautravailetl’enthousiasmepourl’œuvrerévolutionnaire. Cethommenouveauestenserrédansunfonctionnementcollectif,rejetantl’individualisme.Aussilespartisau pouvoir sont‐ils aussi des partis de masse, l’adhésion à ces partis conditionnant les carrières dans l’administrationparexemple. III‐ Lesspécificitésdes3régimestotalitaires A‐ L’URSSdeStaline:latransformationdel’économieetdelasociété Latransformationdelasociété:versunesociétésansclasse Pour aboutir à cette société idéale, dans laquelle régnerait une égalité parfaite, il faut supprimer le fondementdesinégalitéssociales:lapropriétéprivée.Cettelecturesocialesetraduitparlapersécutionet la déportation de nombreux « koulaks », paysans propriétaires présentés comme des exploiteurs par la propagandeofficielleconsidéréscommedes«ennemisdeclasse»13maisaussiparunevolontéd’intégration égalitairedetouslespeuplesdel’URSS(Ukrainiens,Caucasiens,Tatars,Sibériensetc.).Laréalitéestdifférente: une nouvelle classe de privilégiés apparaît et profite des largesses du régime. Dictature du prolétariat/idéologiemarxiste‐léniniste. Totalitarisme le plus meurtrier (mais le plus long: 74 ans). Controverse autour du Livre noir du communisme. Crimes,terreur,répression,estunouvragerédigéparuncollectifd'universitaires,publiéen1997parlesÉditions RobertLaffont.Certainshistoriensparlentdeplusde20millionsdemorts…problèmedessources.Lesméthodes semblent moins «brutales» que celles employées par les nazis mais: exécutions, mort par épuisement (dans les campsdetravail)oudefaim(cf.famineukrainiennede1932‐1933). Latransformationdel’économie:collectivisationetindustrialisation L’URSSsecouvredecombinats(pôlesdedéveloppementindustrielsdanslesquelsontrouvepresque exclusivementdesindustrieslourdes)c’estsurtoutl’industrielourdequiestfavorisée. Descomplexesindustrielsgéantssemettentenplacedansl’Oural,enSibérie,dansleKazakhstan. B‐ L’Italiefasciste:l’exaltationnationaliste À plusieurs titres, le projet fasciste apparaît comme relativement inachevé et moins systématique que les totalitarismesstaliniensetnazis. 13 Notion qui peut être si largement étendue que l’historien Nicolas Werth a pu parler d’ « un État contre son peuple ». Les catégories persécutées le sont au nom de la lutte des classes, même si cela peut recouper des réalités ethniques au sein de cet ensemble multinational qu’est l’URSS (et en ce sens on peut parler aussi d’un « État contre ses peuples ») Page 11 sur 13 Sonprojetreposesurl’exaltationdelanationitalienneauseind’unprojetpolitiquequiseveutéminemment modernisateur.Cetteidéologienationalistedoitpermettreàl’Italiederetrouversagrandeurantique(parà desconquêtescolonialesenEthiopie,enSomalieetenLibye). Menant une politique d’autarcie, Mussolini veut permettre à l’Italie de se suffire à elle‐même en matière économique. L’État lance de grands travaux : autoroutes, barrages. L’Italie va rompre avec une culture de l’inefficacitéetpourlescontemporains,Mussoliniestl’hommequifaitarriverlestrainsitaliensàl’heure… Labatailledublé.LancéeparMussolinidès1925,apourambitiond’augmenterlaproductionitaliennede céréales afin que le pays soit capable de se suffire à lui‐même. De grands projets d’assèchement des zones marécageusessontlancésafindegagnerdenouvellesterresagricolesetdefairereculerlamalariaquitueencore des milliers d’Italiens chaque année. La propagande du régime met ainsi en scène l’assèchement des Marais pontins,réaliséentre1928et1932. L’Étatmèneaussiunepolitiquenataliste.IlmultiplielesmesuresincitativespourpousserlesItaliensàfaire desenfants.Ilinterditparailleursl’immigration.Lesmigrationsintérieures,notammentdusuddel’Italie, ruraletsous‐industrialisé,verslenordetenparticulierverslePiémont(régiondeTurin)etlaLombardie(région deMilan)prennentalorsdel’importance.Danslemêmetemps,lapopulationactiveagricoledécroîtauprofitde l’industrieetlascolarisationdespetitsItalienscroîtnotablementaucoursdelapériode. C‐ Lenazisme,untotalitarismeracisteetantisémite LadoctrinenazieaétéélaboréeparHitlerdanslesannées1920etmiseparécritdans,sonouvragerédigéen prison,MeinKampf.Ilydéveloppelesprincipesessentielsdunazisme.Àtouslesniveaux,l’idéologienazierepose surunantisémitismequidésignelesjuifscommelesresponsablesdetouslesmauxdelasociétéallemande.Cet antisémitismeobsessionnelconstituelaprincipalecaractéristiquedunazismeetuntraitoriginalparrapportaux autrestotalitarismes.Lesciblesdelaterreursontlesennemisdu«Volk»(«peuple»ausensde«nation»,les nazisluidonnentlasignificationdecommunautéraciale,unieparlesliensdelapuretédusang).Lesopposants politiquesallemandssontcertespersécutésmaislesciblesprincipalessontlesélémentsconsidéréscommeune menace pour la « race des seigneurs ». La spécificité essentielle du nazisme est son racisme radical dirigé essentiellementcontrelesJuifsetquidébouchesurla«solutionfinale». Aussilesnazismettent‐ilsenplaceunvéritableantisémitismed’État.Enpourchassantlesjuifs,Hitleretses complicesprétendentpréserverlapuretédelaracearyenne. Étude. Les lois de Nuremberg (1935) Doc 1 – Les lois de Nuremberg Ce document présente les deux lois adoptées à l’occasion du Congrès du NSDAP de 1935 et le décret d’application. Ces trois textes définissent la citoyenneté allemande selon les nazis. Doc 2 – Les lois de Nuremberg expliquées aux enfants Ce dessin explique aux enfants allemands quels sont les mariages autorisés par le régime nazi. On peut une nouvelle fois signaler l’importance de la jeunesse dans la propagande totalitaire. Quatre cas sont présentés et les dessins sont construits de la même manière. À gauche, un couple est représenté à l’entrée d’une mairie ; la légende précise l’identité des deux époux. À droite se trouve un enfant né de cette union. Le décor de la porte d’entrée de la mairie, tout comme la couleur des personnages (blanche, grise ou noire), permettent d’identifier les unions qui sont condamnées par le régime. Question 1. Le fait d’être juif est présenté dans ces documents comme un caractère biologique ; il existerait une race juive et il y aurait donc une différence de sang entre les Allemands et les juifs, les juifs ne pouvant être considérés comme Allemands. On est juif ou Allemand en fonction du statut de ses parents et grands-parents et de la nature de son mariage. Question 2. Les lois de 1935 visent à exclure les juifs de la communauté civique et à interdire les mariages et les relations adultérines entre juifs et non juifs. Les juifs sont vus comme des étrangers qui menacent la pureté de la race aryenne. Page 12 sur 13 LesjuifssontrapidementexclusdelasociétéallemandeparlebiaisdesloisdeNuremberg(1935). Ellesinterdisentnotammentlemariageentrejuifetnon‐juifs.Ellessontrapidementcomplétéespardivers textesdontlesordonnancesantisémitesdu12novembre1938.Lesjuifssontexclusdesprofessionslibérales (avocats,notaires,médecins),desprofessionsdel’enseignement,del’armée,delamagistrature,dujournalisme… Lescommerces,lesentreprisestenuespardesjuifssontaryanisés,c’est‐à‐direconfisquésparl’Étatnaziqui lesrevendàsonprofitoulesconfieàdesfidèlesdurégime. Pourlesreconnaître,onleurimposebientôtleportdel’étoilejaune.Lesjuifssontégalementvictimesdes violencesdesS.A.etdesS.S.LaNuitdecristal(Francfort),le9‐10novembre1938estungigantesquepogromqui voitlesbandesnaziess’attaquerauxquartiersjuifsdesvillesd’Allemagneetd’Autriche. Desmilliersd’appartements,deboutiques,dessynagoguessontbrûlés(267synagogues,815boutiques,29 grandsmagasinset171appartementappartementsappartenantàdesjuifssontincendiésetdétruits)Cepogrom faitenviron100victimes(91mortset36blessés)aucoursdecettenuitd’horreur,25000sontdéportésversles campsdeconcentrationdeDachau,deBuchenwaldetSachsenhausen… Bilan:L’idéologiedestotalitarismes(etleurmiseenapplicationenmatièredeluttecontreles«ennemisintérieurs »)sontdifférentes.Lefascismeetlenazismesontdestotalitarismesd’extrême‐droitealorsquelestalinismeestun totalitarismed’extrême‐gauche. Une spécificité importante du nazisme tient à la place du « charisme » de Hitler (Ian Kershaw) : le « Führerprinzip»estcentraldanslenazismealorsquele«cultedeStaline,indispensableàsonpouvoir,nel’était pasaufonctionnementduparti»(NicolasWerth),etqu’enItalieleculteduDucen’apasempêchésadéposition parlepartifascisteenjuillet1943. Conclusion: Cestroisrégimesontdeuxpointscommuns.Ilsnaissenttoustroisdanslecontextetroublédel’entre‐deux‐ guerres:laPremièreGuerremondialeadéstabilisélessociétésetfragilisélesrégimesenplace,laissantle champlibreàleurmiseenplace.Deplus,cesrégimesontdespratiquescommunes:cesontdesdictatures violentesquirejettentladémocratiequiencadrentdefaçontrèsstricteleursociétéafindeforgerunhomme nouveau,conformeàl’idéologiedurégime. Cependant,biendespointsdistinguentcestroisrégimes.Surleplanidéologique,lefascismeetlenazisme sontdestotalitarismesd’extrême‐droitealorsquelestalinismeestuntotalitarismed’extrême‐gauche.De plus,mêmes’ilsusenttousdelaviolence,ilsnelefontpasaveclamêmevigueuretdanslesmêmesbuts.Le fascismeréprimesurtoutlesopposantspolitiques,cequiesttypiqued’unedictaturealorsquelestalinisme et le nazisme massacrent en masse (près de 10 millions de victimes du nazisme, près de 20 millions de victimesdustalinisme)…Maislàencore,lesmobilessontdifférents:enURSS,ils’agitdedétruiredesennemis declassealorsqu’enAllemagne,onchercheàéliminerungroupeethnique,lesjuifs. Dans les années 30, la menace totalitaire est forte en Europe, les totalitarismes refusent l’équilibre internationalinstaurésparlesdémocraties.Lesliguesetpartisnationalistes,d’extrême‐droitesemultiplient (notammentdanslesrégimesdémocratiquesfragilisésparlacrisede1929):lesdifficultéséconomiques, sociales et morales entraînent l’avènement de plusieurs régimes autoritaires dans l’entre‐deux‐guerres. Fascistes,nazisetsoviétiquesmènentunepolitiqueexpansionnistequifinitparentraînerlemondedansla guerre.En1938,l’Allemagneannexel’Autriche:c’estl’Anschluss. Une collusion s’effectue entre les différents totalitarismes: l’Italie et l’Allemagne signent une alliance militaireenmai1939(Pacted’Acier),l’URSSetl’Allemagnesigneen1939,àlaveilledelaguerre,unpacte denon‐agression. Page 13 sur 13