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L’OPHTALMOLOGIE
ET LA FILIERE VISUELLE EN FRANCE
PERSPECTIVES ET SOLUTIONS A L’HORIZON 2025-2030
Aspects démographiques, médicaux,
paradicaux, juridiques et économiques.
FICHES DE SYNTHESE
SNOF Mai 2006
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1.
SOINS VISUELS A LA FRANCAISE
Une organisation qui ne manque pas d’atouts
Une grande lisibilidu système pour le patient
Une éthique de haut niveau empêchant les conflits d’intérêts
Une efficacité médicale curative certaine
Une prévention efficace fondée sur un scma cohérent de Sanpublique
Un coût économique modéré pour la solidarité nationale et la population
Une organisation adaptée aux besoins à venir
L’organisation française des soins oculaires est différente de celle des pays anglo-saxons. Dans ces
derniers, il s’est souvent dévelop une situation concurrentielle entre l’ophtalmologie et l’optotrie,
discipline mêlant une pratique de plus en plus médicale (et le revendiquant) et un cumul prescription-vente
des lunettes, ainsi que des lentilles de contact. La reconnaissance et le développement de l’optométrie
anglo-saxonne résultent d’une longue lutte à coup de jurisprudences et de lobbyings. En Arique du
Nord, il se développe actuellement une véritable decine parallèle commerciale en soins visuels en
dehors de tout contrôle de la médecine officielle et très lucrative. L’optotriste n’est ainsi pas
seulement le « gate-keeper » (porte d’entrée) du système de soins visuels, mais en devient aussi la porte de
sortie par la vente des équipements optiques et des médicaments oculaires qu’il a souvent fini par pouvoir
également prescrire, sans parler des tentatives d’intrusion dans le secteur de la chirurgie oculaire, qui se
concrétisent ces dernières années aux Etats-Unis. Cette situation pose des problèmes majeurs de
conflits d’intérêt, de mauvaise visibilité du système et de qualité des soins vu la formation des
optométristes et la situation dans laquelle elle s’exerce. Assez longtemps limitée aux Etats-Unis, l’évolution
médico-commerciale de l’optométrie gagne les autres pays anglo-saxons (Canada, Royaume-Uni, Australie)
sans que la situation sanitaire oculaire de ces pays s’améliore, mais au prix d’une pléthore de professionnels
et de cts en forte expansion. La stratégie de développement de l’optométrie est internationale et
l’organisme mondial représentatif de l’optométrie revendique une définition de la pratique englobant à la fois
l’optique, l’ophtalmologie et l’orthoptie !
La France et d’autres pays ont eu une approche ts différente avec séparation stricte des
professions de soins et de prescriptions d’une part (ophtalmologistes et orthoptistes) et, d’autre
part, les professions commercialisant les produits de santé (pharmaciens et opticiens).
C’est une organisation qui a fait ses preuves et qui reste d’actualité sur le principe et en
termes d’efficacité, même à l’orée des difficultés sanitaires à venir.
Les problèmes actuels de lais d’attente résultent d’une rupture mographique apparue après
l’instauration de l’Internat Qualifiant à la fin des années 1980,l’ophtalmologie a été doublement pénalisée
par la duction du Numerus Clausus et la diminution de ses postes d’internes par rapport aux autres
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spécialités. Sans ce dernier effet (qui a conduit à réduire de plus de 50% le nombre de nouveaux
ophtalmologistes formés à Numerus Clausus constant), il n’y aurait pas de pénurie d’ophtalmologistes
aujourd’hui. C’est l’application d’un rationnement de médecins de type anglo-saxon (cf. Rapport Choussat)
qui a conduit à la situation actuelle et non unfaut structurel du système français.
1) Une grande lisibilité du système pour le patient
En France, le patient sait que l’ophtalmologiste est son interlocuteur pour tout problème oculaire
ressenti, alors qu’aux USA, il sitera avec l’optotriste, au risque de retards de prises en charge, d’une
multiplication ou d’une redondance des examens, voire d’errements thérapeutiques dans certains cas.
Cette mission de premier interlocuteur de l’ophtalmologiste français est renforcée par la Convention
Médicale de 2005. L’ophtalmologiste est le spécialiste le plus consulté par la population après le médecin
généraliste et le chirurgien-dentiste et il y a peu de doublons avec le généraliste.
2) Une éthique de haut niveau empêchant les conflits d’intérêts.
L’ophtalmologiste est soumis à l’éthique médicale, au Code de Déontologie Médicale qui fait
référence. Il n’a pas d’implication dans un circuit de vente, il n’est pas soumis à une politique commerciale
d’enseigne, il n’a pas droit à la publicité, son examen n’est pas un acte préparatoire à la vente. Il peut
conseiller en toute objectivité son patient sur l’opportunité de choisir tel ou tel mode de correction
optique (lunettes, lentilles de contact, chirurgie fractive), d’en changer ou de s’en passer, sur la
seule base de son état clinique. Sa longue formation (11 ans) associée à son indépendance lui assurent la
meilleure compétence en la matière. Les optométristes ont engendré une inflation de 25 à 50% de la vente
des lunettes dans les pays anglo-saxons et plus de 30% des enfants porteurs de lunettes prescrites par des
optométristes n’en auraient pas besoin.
3) Une efficacité médicale curative incomparable
L’ophtalmologiste, porte d’entrée médicale pour un patient qui présente un trouble touchant l’appareil
oculaire et ses annexes, est le seul réellement capable de poser un diagnostic objectif par ses
connaissances et son appareillage spécialisé. En couvrant tout le champ médical, optique et chirurgical de
l’appareil oculaire, l’ophtalmologiste français peut intervenir immédiatement et mettre en place les
mesures thérapeutiques adéquates dès le premier examen. Au Royaume-Uni, il faudra affronter des
listes d’attente importantes après l’optométriste ou le general practitioner, et aux USA des conflits
Évolution de l'effectif des médecins
Base 100 en 1984
118,43
164,61
100,00
144,44
100,00
110,00
120,00
130,00
140,00
150,00
160,00
170,00
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Généralistes
Spécialistes
Ophtalmologistes
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concurrentiels, mais surtout il y a un risque important de méconnaissance de certaines pathologies et donc
des retards ou des absences de diagnostic. La prise en charge française, plus directe et plus globale,
offre seule les garanties thérapeutiques indispensables.
4) Une prévention efficace dans un scma cohérent de Santé publique
L’obligation actuelle de passer par un ophtalmologiste pour obtenir une ordonnance de
lunettes permet non seulement de fournir au patient la meilleure correction optique possible et de tecter
les cas sans rapport avec une prescription de lunettes (30% des cas lorsque le patient vient pour ce motif !) ;
c’est aussi l’occasion de réaliser un bilan des différents tissus de l’œil (cornée, cristallin, rétine, annexes…)
et ainsi de pouvoir intégrer certains pistages primordiaux en phase avec le suivi de la correction
optique. comme, par exemple, l’amblyopie et le strabisme chez l’enfant ; les glaucomes, la cataracte, les
complications oculaires du patient diabétique de type 2 et la dégénérescence maculaire liée à l’âge chez les
patients presbytes.
Contrairement à ce qu’on voudrait faire accroire, il y a le plus souvent lien entre les troubles de la
réfraction (amétropie) corrigés par lunettes et certaines pathologies. De me, dans la mesure où les
principales maladies chroniques ophtalmologiques surviennent à un âge tous les patients ont des
lunettes (presbytie assoce ou non à un autre trouble réfractif), c’est l’occasion idéale de faire passer des
messages de préveention en couplant actions de détection-dépistage et examen oculaire (glaucomes,
cataracte, DMLA, diabète,…). Cela évite d’avoir à organiser en parallèle des actions de pistage
lourdes et coûteuses, mais souvent peu efficaces du fait d’une participation insuffisante rapportée à
la population générale. Les résultats du système français sont éloquents : la prise en charge de la
cataracte est d’un très bon niveau en France, le nombre de glaucomateux traités est deux fois supérieur à
celui du Royaume-Uni et le nombre d’aveugles trois fois inférieur à ce dernier pays.
Alors que chacun s’accorde aujourd’hui en France sur la cessité de velopper la prévention,
sous la poussée en particulier du vieillissement de la population, la prévention assurée depuis des
dizaines d’années par les ophtalmologistes à l’occasion de chaque examen n’est pas prise en
compte à sa juste valeur. me lorsque le patient vient pour une pathologie connue ou un traitement
particulier, des examens de base complémentaires sont la plupart du temps pratiqués. Cette prévention
primaire doit continuer ; elle doit être mieux reconnue.
Chez l’enfant la prévention doit s’articuler aussi avec les diatres, les services de PMI et la
médecine scolaire pour dépister l’amblyopie, le strabisme, les amétropies, mais aussi certaines maladies
rares, mais graves (rétinoblastome, glaucome congénital, syndrome malformatif…).
Entre 15 et 44 ans, les baisses de vision et les autres signes d’appel oculaire (rougeurs, douleurs,
gênes, …) résument la grande majori des problèmes ophtalmologiques atteignant cette classe d’âge et
nécessitent un avis dical spécialisé. Sauf cas particulier, un contrôle tous les cinq ans peut être conseillé
au reste de la population, la médecine du travail a aussi un rôle d’alerte à jouer.
A l’âge de la presbytie, il faut coupler prévention et suivi des amétropies avec prescription des
lunettes pour un meilleur suivi de population au moindre coût . Gardons à l’esprit que c’est l’âge plusieurs
maladies fréquentes potentiellement citantes débutent insidieusement sans signe d’appel, ce qui justifie
un dépistage systématique (glaucomes, rétinopathie diabétique, DMLA).
5) Un coût économique modéré pour la solidarité nationale et la population
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L’ophtalmologie française ne coûte pas cher lorsqu’on la compare aux organisations anglo-saxones
avec optométristes (cf. chapitre III du Rapport sur les expériences étrangères et fiche 4). En cas d’ajout d’un
circuit primaire autonome de type « gate-keeper », il faudrait dépenser 500 millions d’euros de plus à terme.
Elle n’est pas onéreuse par rapport au coût des lunettes délivrées en aval dans un tiers des cas,
dispositif pourtant purement supplétif. Les 27 millions d’actes en ophtalmologie libérale (englobant les
revenus des médecins, les salaires des personnels et les charges des cabinets médicaux) sont facturés
environ un milliard d’euros alors que les 11 millions de paires de lunettes fournies annuellement coûtent à la
population plus de trois milliards d’euros.
Elle est particulièrement rentable si l’on considère qu’une société fonctionne mieux avec une
population apte à voir le mieux et le plus longtemps possible. Jamais dans l’histoire, la vue des gens
n’a eu autant d’importance pour eux-mêmes et pour autrui. Tout dans notre vie quotidienne nécessite et
sollicite une bonne vision: les études, la conduite automobile, le travail (industrie, services), l’utilisation des
médias (écrits ou audio-visuels), le tourisme, les loisirs, le sport, une retraite pleine et aboutie Il est admis
que 90% des informations arrivent au cerveau par la vue. L’investissement en frais médicaux et
pharmaceutiques est faible pour un tel résultat par rapport au PIB (à peine 1,5/00).
6) Une organisation adaptée aux besoins à venir.
L’ophtalmologie de 2006 n’a plus rien à voir avec celle d’il y a 50 ans où la majorité des actes
était liée directement à la prescription de lunettes. Elle va encore se transformer considérablement
avec le renforcement vers le haut de la pyramide des âges.
La population des 0- 44 ans va diminuer de un à trois millions, alors que celle des plus de 44 ans va
augmenter de six à sept millions d’ici vingt ans. Les maladies oculaires liées à l’âge vont fortement
progresser, souvent associées les unes aux autres (glaucomes, cataracte, DMLA, rétinopathies vasculaires).
Les progrès dicaux et chirurgicaux pour les prendre en charge sont constants et vont se poursuivre. La
part des examens liés uniquement à un problème réfractif, déjà inférieure à 20%, va encore se réduire (10%
dans vingt ans ?). Les besoins ophtalmologiques devraient augmenter de 50% d’ici vingt ans (cf .
partie IV.2.3. du Rapport et fiche 3).
Seul un nombre suffisant d’ophtalmologistes, au moins équivalent à celui d’aujourd’hui, secondés
dans le même lieu par une équipe paramédicale (orthoptistes, techniciens aides-soignants en
ophtalmologie) et administrative compétente, permettra de faire face à un tel afflux à la fois de maladies, de
besoin de prévention et de traitement. La majori des prescriptions optiques se fera dans le cadre
d’examens ayant a priori un autre motif. Seule cette organisation permettra de contenir les coûts tout en
gardant la meilleure qualité.
Il est donc urgent de relancer la formation d’ophtalmologistes tout en développant les
structures nécessaires pour former des paramédicaux de soins compétents dans le domaine visuel.
Sachant que les besoins actuels et à venir sont bien dans la filière de soins et non ailleurs.
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