1 • la naissance de l’écriture
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1 • la naissance de l’écriture
Tablette inscrite avec des pictogrammes :
compte de vaches et de moutons
Basse Mésopotamie, actuel Iraq,
vers 3100 av. J.-C.
Argile crue. H. 4,4 x l: 4 x ép.1, 5 cm.
Musée du Louvre,
département des Antiquités orientales
© Musée du Louvre / R. Chipault
La magie
de l’écrit
l’écriture cunéiforme*
( écriture en forme de coins, appelés
aussi clous )
Les premières traces d’écriture
sont constituées de signes appelés
pictogrammes qui sont des dessins
simplifi és des objets ou des êtres qu’ils
désignent : une tête de vache (un triangle
et des cornes) représente la vache etc…
Les pictogrammes traduisent aussi des
idées (on les appelle alors idéogrammes) :
la fécondité est représentée par un dessin
d’oiseau et un dessin d’œuf à côté.
Progressivement, ces signes se
transforment pour être facilement tracés
par une pointe de roseau sur de la terre
humide : la pointe est enfoncée par le
scribe sur la tablette d’argile et trace des
signes de forme pointue, comme des coins.
Des signes traduisant des sons
(phonogrammes) sont ajoutés à cet
ensemble pour se rapprocher de ce qui est
dit à l’oral, puis des signes déterminatifs
sont inventés pour être des clés de lecture
pour les groupes d’autres signes (tel signe
détermine un son, tel autre une idée
abstraite par exemple). On parle d’écriture
à partir du moment où le discours parlé est
transcrit précisément.
L’écriture cunéiforme, dont l’origine se
situe au pays de Sumer vers 3300 av. J.-C.,
a été adoptée par des peuples différents
pour traduire leur langue, dont le sumérien
qui est resté longtemps une langue de
référence pour les textes religieux et
littéraires (comme le latin encore enseigné
aujourd’hui, langue des Romains mais
utilisé jusqu’à l’époque moderne pour
la science ou la religion) et l’akkadien*,
langue diplomatique utilisée pour les
échanges entre les peuples (équivalent de
l’anglais pour notre époque).
Pictogramme de la vache
Pictogramme de la fécondité
Deux systèmes d’écriture très différents sont apparus presque au même moment, il y a plus de
5000 ans, dans des régions du monde assez proches l’une de l’autre pour avoir eu des contacts
entre elles : la Mésopotamie* et l’Égypte (cf. carte géographique). On y trouve les deux premières
écritures de l’humanité.
D’abord ensembles de signes organisés et maîtrisés par des spécialistes (les scribes), les écritures
ont permis de représenter des objets, des individus ou des animaux et de traduire des idées sur
des supports matériels. Ensuite, lorsque ces systèmes ont évolué vers une notation plus précise
(catégories de signes, traduction des sons), le discours parlé pouvait être transcrit, bien que le
langage écrit n’ait jamais été la transcription exacte de l’oral jusqu’à une période récente.
Cette première partie du dossier correspond à la première section de l’exposition : « la naissance des écritures : image ou écriture »
> L’écriture,
une représentation du monde :
L’écriture est le résultat de l’invention par les êtres
humains d’un moyen de représenter par des signes
le monde qui les entoure.
Elle est née de la nécessité pour eux de structurer
une société (par exemple : utilisation de la compta-
bilité pour contrôler les troupeaux) et de garder les
informations en mémoire.
En se structurant, ces sociétés ont développé des
cultes religieux, un pouvoir politique, une adminis-
tration, des échanges commerciaux, une maîtrise de
leur environnement hostile etc : ceci les a conduites
à devoir disposer d’un système effi cace pour faire
fonctionner cette organisation, l’écriture.
Au-delà de ce rôle, l’écriture a permis progressive-
ment de raconter des histoires. Elle était utilisée pour
gérer l’administration, écrire des textes de loi ou des
textes religieux mais aussi pour composer des textes
littéraires ou des poèmes.
Évolution du pictogramme de la vache vers le cunéiforme
(Extrait du catalogue de l’exposition «l’aventure des écritures» BNF, 1997)