
que cette région émettrice est une
population électronique chaude ins-
table. Sans indice particulier dâune
accélération vers le haut à partir du
sommet de lâionosphĂšre jovienne,
on a imaginé dÚs 1965 que ces élec-
trons étaient accélérés au voisinage
de Io vers Jupiter. Ils précipitent
alors vers la planĂšte en suivant des
lignes de champ magnétiques le
long desquelles lâintensitĂ© du champ
(B) augmente. La théorie adiabati-
que impose que le rapport
v
â„
2
/B
reste constant au cours de ce mou-
vement (voir encadré). La conserva-
tion de lâĂ©nergie totale de la parti-
cule implique donc que sa vitesse
parallĂšle (au vecteur B) diminue au
proïŹt de sa vitesse perpendiculaire.
Si la vitesse parallĂšle sâannule avant
que la particule nâatteigne lâiono-
sphĂšre (point miroir oĂč
v=v
â„
!
,
celle-ci repart en sens inverse en
sâĂ©loignant de la planĂšte. Ce scĂ©na-
rio, qui ne préjuge pas du détail du
mécanisme microscopique de pro-
duction de lâĂ©mission, nâexplique
pas lâorigine des faisceaux dâĂ©lec-
trons pulsés requis pour expliquer
les séries de sursauts S consécutifs,
ni pourquoi ces populations électro-
niques nâĂ©mettent pas dâondes radio
en se rapprochant de la planĂšte (car
ces derniÚres présenteraient alors
des dérives positives, non observées
â ce dernier point sera Ă©clairci plus
bas). En revanche il a le mérite de
prédire une loi calculable pour la
variation des dérives des sursauts en
fonction de la fréquence observée :
u
df/df
u
âK.f.v
//
~
f
!
oĂč K = constante et
v
//
~
f
!
est une
fonction décroissante de f (voir en-
cadrĂ©). Pour des Ă©lectrons sâĂ©loi-
gnant de Jupiter le long dâune ligne
de champ magnétique à partir de
leur point miroir (point de rebrous-
sement de la trajectoire électroni-
que, à B élevé, prÚs de la planÚte),
la fréquence
fâf
c
=eB/2 pm
e
décroßt en
zR
â3
tandis que les
particules accélÚrent
~
v
//
augmente)
du fait du transfert
v
â„
âv
//
liĂ© Ă
leur mouvement adiabatique. En va-
leur absolue, la dérivée
u
df/dt
u
est
donc nulle à la gyrofréquence du
point miroir ; elle augmente rapide-
ment quand f dĂ©croĂźt (lâaccĂ©lĂ©ration
des électrons domine) puis atteint
un maximum avant de décroßtre li-
néairement pour les faibles valeurs
de f (pour lesquelles
v
//
~
f
!
devient
quasi-constante â voir ïŹgure 3). La
fonction
u
df/dt
u
~
f
!
est seulement
paramĂ©trĂ©e par la vitesse (ou lâĂ©ner-
gie) totale des électrons, et leur an-
gle dâattaque Ί(angle v-B â voir ïŹ-
gure 5) en un point quelconque de
la ligne de champ, par exemple Ă
lâĂ©quateur magnĂ©tique (Ί
éq
). Pour
des électrons de quelques keV se
dĂ©plaçant le long du tube de ïŹux de
Io, le maximum de
u
df/dt
u
se situe
vers 20-25 MHz.
Les sursauts S ont été intensive-
ment Ă©tudiĂ©s de 1965 Ă 1982 Ă
lâaide de rĂ©cepteurs analogiques de
résolution temporelle élevée
(<1 msec par spectre), notamment
dans le but dâĂ©tablir empiriquement
la courbe df/dt(f) et de la comparer
à la prédiction théorique ci-dessus.
Aucune mesure à haute résolution
nâa Ă©tĂ© obtenue pour f >33.7 MHz.
Entre ~ 5 et 33 MHz, on a constaté
une croissance réguliÚre de
u
df/dt
u
avec f, la dispersion des mesures
augmentant également avec la fré-
quence (voir ïŹgure 3). Ce rĂ©sultat
semble inïŹrmer le modĂšle « adiaba-
tique » ci-dessus. Il a motivĂ© la ïŹo-
raison de nombreuses autres inter-
prétations théoriques dans les
annĂ©es 1978-92 : dâabord limitĂ©es Ă
une modiïŹcation du modĂšle adiaba-
tique consistant à accélérer les élec-
trons vers le haut Ă partir du som-
met de lâionosphĂšre jovienne
â selon un mĂ©canisme indĂ©ter-
minĂ© â, elles ont Ă©voluĂ© vers des
processus plus exotiques (mécanis-
mes Ă hautes Ă©nergies, de lâordre du
MeV, conversion ou battements
dâondes de plasma, effet laser dans
une cavité résonante à parois mobi-
les, etc.)... et moins vĂ©riïŹables sans
mesures in-situ dans les sources des
Figure 3 - Variation des dérives (df/dt) des sursauts S en fonction de la fréquence. Nos résultats (cer-
cles pleins), compatibles avec les précédents (cercles vides, résumant la plupart des mesures de dé-
rives effectuées entre 1965 et 1982), sont basés sur un nombre beaucoup plus grand de mesures et
atteignent des fréquences plus élevées. Chaque cercle plein indique le pic de la distribution des dé-
rives observĂ©es Ă la frĂ©quence correspondante. Les barres dâerreur (±5 MHz/s) rĂ©sultent de la dis-
persion intrinsĂšque des dĂ©rives durant un orage et dâun orage Ă lâautre. Les courbes sont les
meilleurs ajustements calculés à partir du scénario adiabatique, avec U
éq
= 2,8° et v = 0,14c
(tirets) ±0,03c (pointillĂ©s). ModiïŹer U
éq
de seulement ±0,1° suffıt à décaler latéralement les courbes
de ±2 MHz.
Plasmas
121