Plasmas LES SURSAUTS “S” DE JUPITER L’analyse automatisée de nouvelles données d’observation numériques à haute résolution temporelle et spectrale nous permet d’identifier, après trente ans de controverse, le scénario de production des intenses sursauts radio décamétriques de Jupiter. Dans le cadre du modèle proposé, le satellite Io joue un rôle crucial comme source d’accélération des populations électroniques à l’origine de l’émission des sursauts, et plusieurs faits observationnels trouvent une interprétation plausible. Divers paramètres du plasma magnétosphérique dans les sources peuvent être déduits des observations radio, qui deviennent un moyen de sondage à distance du magnéto-plasma jovien. L’application des conclusions tirées pour les sursauts S aux autres émissions radio planétaires – voire stellaires – est discutée. INTRODUCTION ’est en 1955 qu’a été découverte la première émission radio planétaire : celle de Jupiter, sur ondes décamétriques (fréquences de ≤ 10 à environ 40 MHz). C’est une émission extraordinairement intense : si elle était d’origine thermique, la région émettrice devrait avoir une température de 1018 K ! Ce rayonnement radio est donc évidemment d’origine non thermique. Il est polarisé ~ 100 % elliptiquement. Une dizaine d’années plus tard, la découverte d’une émission radio analogue d’origine terrestre par les satellites soviétiques Elektron lui a fait perdre son statut de simple « curiosité ». L’émission terrestre couvre les longueurs d’onde kilométriques (fréquences < 1 MHz). Quoiqu’intense, elle n’est pas détectable du sol car elle est émise bien au-dessus de l’iono- C – Laboratoire ARPEGES (URA 1757 CNRS), Observatoire de Paris, Section d’astrophysique, 92195 Meudon Cedex. – Station de radioastronomie de Nançay (USN), 18330 Nançay. – Institut de radioastronomie, Kharkov, 310004 Ukraine. 118 sphère terrestre et réfléchie vers l’espace par cette dernière. Entre 1980 et 1989, les sondes Voyager 1 et 2 ont permis de découvrir les émissions radio de Saturne, Uranus et Neptune, et d’étendre jusqu’au domaine kilométrique le spectre radio jovien. Les observations de Voyager ont montré que les cinq planètes fortement magnétisées du système solaire – la Terre et les quatre planètes géantes – s’entourent d’une bulle magnétique, ou magnétosphère, semi-perméable au vent solaire environnant, où des particules chargées sont accélérées à de hautes énergies (keV, MeV). Les mouvements de ces électrons et de ces ions sont guidés par les lignes du champ magnétique planétaire qui les focalisent au voisinage des pôles magnétiques où ils produisent d’intenses émissions radio et d’autres rayonnements électromagnétiques « auroraux », notamment dans l’infrarouge et l’ultraviolet. Les émissions radio planétaires apparaissent aujourd’hui comme un phénomène général, où les mécanismes à l’œuvre sont peut-être similaires à ceux qui engendrent les rayonnements radio produits lors des éruptions solaires ou stellaires. Elles sont de plus l’un des seuls moyens d’étudier à distance les magnéto-plasmas où elles sont engendrées, généralement des régions clés magnétosphériques comme les zones aurorales – à hautes latitudes magnétiques – de Jupiter ou le tore de plasma de son satellite galiléen volcanique Io. Les observations à distance sont réalisables sur des durées bien plus longues que le survol d’une sonde spatiale, et avec une instrumentation bien plus sophistiquée que celle embarquée. Leur interprétation théorique a pour but d’accéder à une meilleure connaissance des mécanismes de production des émissions radio, puis de la topologie du champ magnétique planétaire et des propriétés des particules chargées qui précipitent dans les zones aurorales (nature, origine, distribution spatiale et énergétique). L’idée d’une émission par un processus de type cyclotron a émergé dès la fin des années 1950. La fréquence émise en chaque point des lignes de champ traversant la région source serait voisine de la fréquence cyclotron − ou gyrofréquence − locale du mouvement hélicoïdal des particules chargées émettrices : fc = qB/2 pm où q et m sont la charge et la masse de la particule et B l’intensité du Plasmas champ magnétique ; dans le cas d’un électron en mouvement, q = e et fc = 2,8 B (avec fc en MHz et B en Gauss – 1 Gauss = 10–4 Tesla) Cette explication qualitative rend compte de la polarisation circulaire ou elliptique du rayonnement produit, et du fait que seul Jupiter émet en décamétrique : les plus hautes fréquences sont en effet émises plus près de la surface de la planète, où le champ dipolaire augmente en R–3 – R étant la distance au centre –, et les éventuels termes multipolaires en R–5, R–7..., et le champ magnétique jovien atteint 14 Gauss en surface, contre moins de 1 Gauss pour les autres planètes. Les travaux théoriques des quinze dernières années, étayés d’études insitu dans les sources du rayonnement kilométrique terrestre, particulièrement par le satellite suédois Viking, ont permis d’identifier le mécanisme microscopique probablement à l’origine des émissions radio aurorales planétaires : une émission cyclotron de type maser, où l’énergie libre permettant d’amplifier les ondes électromagnétiques provient d’une inversion de population dans la distribution des vitesses des électrons libres énergétiques (de quelques keV) précipitant dans les régions aurorales. La condition de résonance électrons-ondes s’écrit : f − k// v// /2 p − fc /C = 0 où ~ f − k// v// /2 p !est la fréquence de l’onde dans le référentiel de l’électron, v// étant la vitesse parallèle des électrons et k// la composante parallèle du vecteur d’onde ~ k// v// /2 p traduit donc un effet Doppler), et fc /C est la gyrofréquence électronique relativiste locale 2 − 1/2 2 2 (où C = @ 1 − ~ v// + v⊥ !/c # est le facteur de Lorentz). Si la population électronique est à l’équilibre thermodynamique, le rayonnement cyclotron amplifié par les électrons de haute énergie est réabsorbé par ceux, dominants, de basse énergie car la condition de réso- Figure 1 - (a) Spectre dynamique à basse résolution temporelle (~ 1 sec) de l’émission décamétrique de Jupiter enregistré à Nançay, et montrant la structure lentement variable des émissions, à l’échelle de quelques minutes. Le noircissement est proportionnel à l’intensité reçue et les lignes parallèles à l’axe des temps sont des parasites à fréquence fixe. Les émissions décamétriques (DAM) joviennes apparaissent comme des structures sombres inclinées, striées verticalement par des phénomènes de propagation. (b) Zoom (principalement temporel) du cadre blanc de (a) obtenu au spectrographe acousto-optique, et révélant les sursauts S comme des structures fines dérivant rapidement dans le plan temps-fréquence. nance dépend peu de la vitesse. Si en revanche, la population électronique possède un excès d’électrons de haute énergie (plus exactement une inversion de population en vitesse perpendiculaire au champ magnétique local, à laquelle correspondent des gradients positifs de la fonction de distribution électronique par rapport à v ⊥ !, l’absorption devient moins importante que l’émission stimulée et la population électronique instable peut ainsi transférer une partie de son énergie libre aux ondes en les amplifiant de plusieurs ordres de grandeur, tout en revenant vers l’équilibre thermodynamique (distribution Maxwellienne). Ce processus est, pour une distribution continue de vitesses, l’analogue au surpeuplement de niveaux d’énergie discrets, atomiques ou moléculaires, conduisant à une émission de type laser ou maser. Dans les régions aurorales planétaires, la condition de résonance est généralement satisfaite pour f ≈ fc et k// ! k ⊥ ,ce qui se traduit par une émission au voisinage de la gyrofréquence et quasi-perpendiculairement au champ 119 magnétique local. On a pu ainsi rendre compte quantitativement du spectre et de l’intensité de ces émissions, et qualitativement de leur polarisation. Les scénarios d’émission détaillés sont en revanche mal connus, d’autant que la structure des émissions radio planétaires est très complexe et variable : elles sont généralement constituées d’une composante lentement variable (à l’échelle de quelques minutes à quelques heures – voir figure 1a) et de brefs sursauts (très intenses et de durée très inférieure à la seconde). Parmi ces derniers, seuls les sursauts décamétriques joviens, appelés « millisecondes » ou « S » d’après leur forme sur les spectres dynamiques (distribution de l’intensité dans le plan temps-fréquence) de l’émission, sont observables du sol (voir figures 1b et 2a). Leur structure détaillée a donc pu être régulièrement étudiée à très hautes résolutions temporelle et spectrale. Malgré trente ans d’étude, l’origine de ces sursauts restait controversée, mais de récentes observations nous permettent de lever la controverse. ORIGINE DES SURSAUTS « S » : MODÈLES ET CONTROVERSE Les sursauts S de Jupiter ont été découverts en 1961, peu après l’émission décamétrique elle-même. Leur occurrence représente ~ 10 % de l’activité radio de Jupiter, et ils sont très distincts du reste des émissions, plus lentement variables quoique très structurées (voir figure 1a). Outre leur durée à fréquence fixe de quelques millisecondes, et leur largeur spectrale instantanée de quelques kHz, ces sursauts se caractérisent principalement par le fait qu’ils dérivent en fréquence, presque toujours négativement : ils apparaissent à haute fréquence et « glissent » très rapidement vers les basses fréquences, au rythme de plusieurs dizaines de MHz/s. Cette dérive varie au cours du sursaut, de sorte que sa 120 Figure 2 - (a) Spectre dynamique d’une autre séquence de sursauts S enregistrés au spectrographe acousto-optique (à Nançay, le 18/04/94). Leur dérive négative apparaît clairement à cette résolution temporelle (10 msec). (b) Résultat de l’identification automatique des sursauts. C’est à partir de ce « squelette » de spectre dynamique que les paramètres physiques de l’émission sont mesurés tous les 200 kHz. forme résultante dans le plan tempsfréquence est une courbe – peu incurvée mais dont le sens de courbure peut être quelconque – ressemblant à une portion de « S », d’où leur nom (voir figures 1b et 2a). Enfin, les observations à long terme montrent que ces sursauts ne sont détectés que dans des configurations très particulières du triangle Observateur/Jupiter/Io, seulement quand la « phase de Io », comptée positivement dans le sens direct à partir de la direction opposée à l’observateur (voir figure 5), vaut 90° ou 230° (± 10°). Dans le cadre d’une théorie de type cyclotron, leur dérive presque toujours négative suggère que la région émettrice s’éloigne de la planète au cours d’un sursaut, de sorte qu’elle parcourt une ligne de champ dans le sens des gyrofréquences décroissantes. On suppose par analogie avec l’émission radio terrestre Plasmas que cette région émettrice est une population électronique chaude instable. Sans indice particulier d’une accélération vers le haut à partir du sommet de l’ionosphère jovienne, on a imaginé dès 1965 que ces électrons étaient accélérés au voisinage de Io vers Jupiter. Ils précipitent alors vers la planète en suivant des lignes de champ magnétiques le long desquelles l’intensité du champ (B) augmente. La théorie adiabati2 que impose que le rapport v ⊥ /B reste constant au cours de ce mouvement (voir encadré). La conservation de l’énergie totale de la particule implique donc que sa vitesse parallèle (au vecteur B) diminue au profit de sa vitesse perpendiculaire. Si la vitesse parallèle s’annule avant que la particule n’atteigne l’ionosphère (point miroir où v = v ⊥ !, celle-ci repart en sens inverse en s’éloignant de la planète. Ce scénario, qui ne préjuge pas du détail du mécanisme microscopique de production de l’émission, n’explique pas l’origine des faisceaux d’électrons pulsés requis pour expliquer les séries de sursauts S consécutifs, ni pourquoi ces populations électroniques n’émettent pas d’ondes radio en se rapprochant de la planète (car ces dernières présenteraient alors des dérives positives, non observées – ce dernier point sera éclairci plus bas). En revanche il a le mérite de prédire une loi calculable pour la variation des dérives des sursauts en fonction de la fréquence observée : donc nulle à la gyrofréquence du point miroir ; elle augmente rapidement quand f décroît (l’accélération des électrons domine) puis atteint un maximum avant de décroître linéairement pour les faibles valeurs de f (pour lesquelles v//~ f ! devient quasi-constante − voir figure 3). La fonction u df/dt u ~ f ! est seulement paramétrée par la vitesse (ou l’énergie) totale des électrons, et leur angle d’attaque Φ (angle v-B – voir figure 5) en un point quelconque de la ligne de champ, par exemple à l’équateur magnétique (Φéq). Pour des électrons de quelques keV se déplaçant le long du tube de flux de Io, le maximum de u df/dt u se situe vers 20-25 MHz. Les sursauts S ont été intensivement étudiés de 1965 à 1982 à l’aide de récepteurs analogiques de résolution temporelle élevée (< 1 msec par spectre), notamment dans le but d’établir empiriquement la courbe df/dt(f) et de la comparer à la prédiction théorique ci-dessus. Aucune mesure à haute résolution n’a été obtenue pour f > 33.7 MHz. Entre ~ 5 et 33 MHz, on a constaté une croissance régulière de u df/dt u avec f, la dispersion des mesures augmentant également avec la fréquence (voir figure 3). Ce résultat semble infirmer le modèle « adiabatique » ci-dessus. Il a motivé la floraison de nombreuses autres interprétations théoriques dans les années 1978-92 : d’abord limitées à une modification du modèle adiabatique consistant à accélérer les électrons vers le haut à partir du sommet de l’ionosphère jovienne – selon un mécanisme indéterminé –, elles ont évolué vers des processus plus exotiques (mécanismes à hautes énergies, de l’ordre du MeV, conversion ou battements d’ondes de plasma, effet laser dans une cavité résonante à parois mobiles, etc.)... et moins vérifiables sans mesures in-situ dans les sources des u df/df u ≈ K . f . v//~ f ! où K = constante et v//~ f ! est une fonction décroissante de f (voir encadré). Pour des électrons s’éloignant de Jupiter le long d’une ligne de champ magnétique à partir de leur point miroir (point de rebroussement de la trajectoire électronique, à B élevé, près de la planète), la fréquence f ≈ fc = eB/2 pme − 3 décroît en zR tandis que les particules accélèrent ~ v// augmente) du fait du transfert v ⊥ → v// lié à leur mouvement adiabatique. En valeur absolue, la dérivée u df/dt u est Figure 3 - Variation des dérives (df/dt) des sursauts S en fonction de la fréquence. Nos résultats (cercles pleins), compatibles avec les précédents (cercles vides, résumant la plupart des mesures de dérives effectuées entre 1965 et 1982), sont basés sur un nombre beaucoup plus grand de mesures et atteignent des fréquences plus élevées. Chaque cercle plein indique le pic de la distribution des dérives observées à la fréquence correspondante. Les barres d’erreur (± 5 MHz/s) résultent de la dispersion intrinsèque des dérives durant un orage et d’un orage à l’autre. Les courbes sont les meilleurs ajustements calculés à partir du scénario adiabatique, avec Uéq = 2,8° et v = 0,14c (tirets) ± 0,03c (pointillés). Modifier Uéq de seulement ± 0,1° suffıt à décaler latéralement les courbes de ± 2 MHz. 121 Encadré THÉORIE ADIABATIQUE DE L’ÉMISSION DES SURSAUTS S 2 1 – CONSERVATION DU 1ER INVARIANT ADIABATIQUE (MOMENT MAGNÉTIQUE a v⊥ /B) DU MOUVEMENT D’UNE PARTICULE CHARGÉE DANS UN CHAMP MAGNÉTIQUE D’INTENSITÉ VARIABLE Lors de son mouvement le long d’une ligne de champ, la particule « voit » un champ magnétique d’intensité variable B(t), dont la variation induit un champ électrique perpendiculaire à B ~ rot E = ­B/­t !, qui va donc modifier l’énergie perpendiculaire de la particule (le courant j correspondant induit un champ B qui s’oppose à la variation de B(t)). Pour un champ dipolaire de quelques Gauss, la variation dB/B au cours d’une gyropériode électronique 1/fce = 2 pme /eB est très faible : − 6 dB/B ≈ 3 . dr/r ! 6 pme c/eBRj ≈ 10 . On peut donc considérer B constant pour évaluer le travail de E durant une gyropériode : *me . dv ⊥ /dt . dL = * e. E . dL = e . **rot E . dS = − e . **­B/­t . dS 2 pqce 2 2 pqce 2 pqce pqce avec qce = me v ⊥ eB d’où : ~ 2 pmc v ⊥ /eB ! . dv ⊥ /dt = ep . ~ me v ⊥ /eB ! dB/dt ⇒ 2 . dv ⊥ /v ⊥ = dB/B ⇒ v⊥ /B = C 2 2 2 te Comme la force magnétique (seule force extérieure effectivement appliquée à la particule, e . v × B) ne travaille pas lors du mouvement de la particule le long de la ligne de champ, la variation d’énergie perpendiculaire s’accompagne d’une variation correspondante d’énergie parallèle. 2 − CALCUL DE LA DÉRIVE df/dt DE L’ÉMISSION D’UN ÉLECTRON EN MOUVEMENT ADIABATIQUE DANS UN CHAMP DIPOLAIRE, EN FONCTION DE LA FRÉQUENCE D’ÉMISSION f De l’intensité du champ magnétique B = u B u = M/R . ~ 1 + 3cos2h ! 3 1/2 3 (M = moment magnétique, en Gauss . R J , si R est exprimé en rayons joviens : 1 RJ = 71 400 km) et de l’équation d’une ligne de champ coupant l’équateur magnétique à L . RJ R = L . sin2~ h ! ~ h est la colatitude magnétique ! on déduit la variation dB/dt « vue » par un électron de vitesse parallèle v// : dB/dt = dB/dh × dh/ds × ds/dt avec v// = ds/dt ⇒ dB/dt = − 3/~ L . RJ ! . g~ h ! . B . v// avec g~ h ! = ds = @ dr + ~ r . dh ! # 1/2 2 et 2 ~ cosh/sin2h ! . ~ 3 + 5cos2h !/~ 1 + 3cos2h !3/2 La vitesse parallèle d’un électron en mouvement adiabatique s’exprime : v// = v . ~1 − B.L 3 . sin2~ Uéq !/M ! 1/2 où v est la vitesse totale (constante) de l’électron, et Uéq son angle d’attaque (v-B) à l’équateur. On pose ici L = 6 (lignes de 3 champ coupant l’orbite de Io), et M = 7 Gauss . R J de sorte que la gyrofréquence au pied des lignes de champ à L = 6 excède la 3 fréquence maximum observée (36 MHz). Le moment dipolaire jovien est en fait de 4,2 Gauss . R J , mais des termes quadrupolaires et octupolaires s’y ajoutent à hautes latitudes près de la planète. L’altitude de la source s’étend de ~ 0,01 RJ à 36 MHz jusqu’à ~ 0,28 RJ à 17 MHz (voir figure 5) ; sa colatitude varie de h = 27,5° à 24,2°, et g~ h ! est quasi-constante. Comme f ≈ fce = eB/2 pme on obtient finalement : @ df/dt = − 3/~ L . RJ ! . g~ h ! . f . v . 1 − sin2~ Uéq ! . 2 pme . f . L /~ M . e ! 3 # 1/2 ≈ − K . f . v//~ f ! df/dt n’est fonction que de f, et est paramétrée par v et Uéq. L’énergie caractéristique des électrons est évidemment : E = ~ C − 1 !me c 2 122 − 1/2 = @ ~ 1 − v /c ! 2 2 − 1 # me c . 2 Plasmas sursauts S, mesures évidemment inexistantes (et pour longtemps !). En conséquence, les travaux observationnels et théoriques sur les sursauts S ont divergé depuis une douzaine d’années, par trop grande complexité du cadre théorique dans lequel interpréter des observations peu abondantes. LE NUMÉRIQUE À LA RESCOUSSE À nouvelles observations... L’impossibilité de réaliser continûment des observations à très haute résolution temporelle, la plus faible activité radio jovienne à hautes fréquences, et le peu de radiotélescopes décamétriques observant à plus de 32 MHz expliquent la rareté des mesures de dérives à hautes fréquences. La forte dispersion de ces mesures est partiellement due à la difficulté de les effectuer manuellement en grand nombre sur des enregistrements analogiques (chaque cercle de la figure 3 correspond à quelques dizaines de sursauts au plus), souvent à bande relativement étroite (≤ 1 MHz), et à la diversité des télescopes, récepteurs et observateurs impliqués. Mais les erreurs de mesure ne dépassent probablement pas quelques MHz/s, de sorte que la cause principale de cette dispersion est certainement la grande variabilité intrinsèque des caractéristiques physiques des sursauts S. L’amélioration de ces résultats passait donc par des mesures très nombreuses et homogènes. Nous avons effectué les observations requises à l’aide des interféromètres décamétriques de Nançay (France) et Kharkov (Ukraine). Le premier comporte 144 antennes hélicoïdales à large bande (~ 10100 MHz) couvrant une aire effective de 4 000 à 7000 m2, selon la fréquence observée (gain ~ 25 dB). Le second est constitué de 2 040 dipôles identiques (gamme 7-35 MHz) pour une aire effective ≥ 25 000 m2. Le même récepteur a été utilisé dans les deux cas : un spectrographe Le radiotélescope décamétrique UTR 2 de Kharkov, Ukraine. Photo : Philippe Zarka. acousto-optique, dans lequel un cristal piézo-électrique convertit le spectre radio incident en un spectre d’oscillations acoustiques qui diffracte la lumière d’un laser pour produire une distribution linéaire de lumière, qui est l’image exacte du spectre radio incident. Elle est détectée et numérisée toutes les 10 msec par une barrette CCD. On obtient ainsi un spectre de 26 MHz de large échantillonné simultanément sur 2 048 points (soit une résolution spectrale d’environ 13 kHz) toutes les 10 msec. Malgré cette résolution temporelle relativement modeste, les données présentent l’immense avantage d’être numériques. Dix-sept observations réparties sur quatre jours entre décembre 1993 et avril 1994 ont été analysées. Chacune correspond à 20 s d’observation continue (soit 2 000 spectres) pendant un « orage » riche en sursauts S, réalisée de nuit en l’absence de parasites, entre ~ 14 et 40 MHz (voir figures 1 et 2). Toutes correspondent à une phase de Io de ~ 90°. ... Nouvelle méthode d’analyse Un programme d’analyse a été spécialement développé : il identifie chaque sursaut S comme un « objet » du plan temps-fréquence (voir figure 2b), puis mesure automatiquement, sur une grille de fréquences de pas 200 kHz, ses caractéristiques physiques : dérive, durée à fréquence fixe, largeur spectrale instantanée, intensité ; la durée totale et la largeur spectrale totale sont également déterminées pour chaque sursaut. Plus de 12 000 sursauts ont ainsi été identifiés entre 17 et 36 MHz, sur lesquels plus de 45 000 séries de mesures ont été réalisés. Ces mesures nombreuses, homogènes (sinon objectives), et couvrant les hautes fréquences (plusieurs centaines de points au-dessus de 32 MHz) se prêtent idéalement à une étude statistique. MESURES ET INTERPRÉTATIONS La figure 4 est l’histogramme des ~ 45 000 dérives mesurées, toutes fréquences confondues. 93 % d’en123 Figure 4 - Distribution de nos ~ 45 000 mesures de dérives de sursauts S, toutes fréquences confondues : 93 % sont comprises entre – 100 et – 1 MHz/s, 1,5 % sont positives, et 5,3 % « saturées » à la valeur de – 127 MHz/s (sursauts dérivant trop vite pour être temporellement résolus à 10 msec/spectre). La dispersion intrinsèque des dérives est très grande, avec un pic de l’histogramme à – 18 ± 5 MHz/s ~ 1 r !. tre elles sont comprises entre – 100 et – 1 MHz/s, 1,5 % apparaissent positives, et 5,3 % « saturées » à la valeur de – 127 MHz/s, qui correspond aux sursauts dérivant trop vite pour être temporellement résolus à 10 msec/spectre. Le pic de l’histogramme est à – 18 ± 5 MHz/s (1 σ). On constate que la dispersion intrinsèque des dérives est effectivement très grande. Des histogrammes du même type ont ensuite été construits par tranche de fréquences de 1 MHz. Leurs pics sont représentés sur la figure 3 (cercles pleins). La forme de la courbe df/dt(f) résultante se révèle être celle prédite par le modèle adiabatique, et en dépit de la dispersion des dérives (typiquement ± 5 MHz/s), les quelques centaines de mesures à hautes fréquences montrent clairement sa décroissance au-dessus de ~ 32 MHz après un plateau s’étendant de ~ 23 à 32 MHz. Les courbes théoriques les mieux ajustées sont représentées en pointillés sur la figure 3. Elles cor124 respondent à des électrons de vitesse v = 0,14c ± 0,03c et d’angle d’attaque équatorial Φéq = 2,8°(± 0,1°). Aucune de ces courbes ne peut seule représenter toutes les observations, mais les paramètres des populations électroniques varient certainement d’une journée d’observation à l’autre. Le cadre du modèle adiabatique ainsi réhabilité permet de déduire des observations plusieurs paramètres physiques intéressants (voir encadré), comme l’énergie moyenne des électrons (E = 5,3 ± 2,2 keV) et leur vitesse parallèle moyenne dans la région source v// = 22 000 ± 2 000 km/s. Cette valeur de l’énergie est étonnamment semblable à celle mesurée pour les électrons responsables de l’émission kilométrique terrestre. Dans le cadre de ce modèle, la dimension caractéristique de la source instantanée (δr) s’interprète comme la taille de la région excitatrice (paquet d’électrons) en mouvement responsable de l’émission. Cette taille peut être estimée par deux méthodes indépendantes : (i) en interprétant la durée à fréquence fixe (δt) d’un sursaut comme la durée du passage de la région excitatrice en un point donné de la ligne de champ (donc à une gyrofréquence donnée), on en déduit dr = v// . dt. Cette durée n’est malheureusement pas résolue par nos observations, qui ne permettent de fixer qu’une limite δt ≤ 10 msec, dont on déduit une limite supérieure δr ≤ 220 km ; (ii) la largeur spectrale instantanée (δf) d’un sursaut correspond, elle, à la gamme de gyrofréquences instantanément couverte par la région excitatrice, d’où on déduit dr ≈ r . df/3 . f (dans une géométrie dipolaire où u df/f u ≈ 3 . dr/r ; la valeur moyenne mesuu u rée pour δf est 15 ± 15 kHz (l’incertitude élevée provient de la nécessité de retrancher de la valeur δf observée l’étalement u df/dt u × 10 msec dû à la dérive rapide des sursauts). On en tire δr ≤ 30 km. De même, la durée totale moyenne d’un sursaut (∆t ≈ 50-100 msec) et la bande spectrale totale couverte (∆f ≈ 0.5-2 MHz) impliquent une longueur totale de la région d’interaction ondes/particules de l’ordre de ∆R ≈ 1 000-2 000 km le long de la ligne de champ source. Ces valeurs ne sont évidemment que des moyennes statistiques autour desquelles les valeurs individuelles pour chaque sursaut S peuvent beaucoup varier, mais leur ordre de grandeur est représentatif. Io : LE SCÉNARIO Io est le seul corps du système solaire – autre que la Terre – à posséder un volcanisme encore actif, entretenu par les forces de marées exercées par Jupiter. Son atmosphère volcanique est partiellement ionisée par collision avec les particules rapides magnétosphériques. Le Plasmas mouvement du conducteur ainsi constitué à travers la magnétosphère jovienne excite dans son sillage des ondes d’Alfvèn, oscillations transverses des lignes du champ magnétique jovien qui vont se propager le long de ces dernières vers les hautes latitudes. Ce sillage, observé par les sondes Voyager, précède en fait Io dans son mouvement orbital, car la magnétosphère jovienne est entraînée par la rotation de Jupiter avec une période de 9 h 55,5 min tandis que la période orbitale de Io est de 42 h. Le champ électrique associé aux ondes d’Alfvèn possède une composante alignée au champ magnétique jovien local, et est donc susceptible d’accélérer des électrons jusqu’à quelques keV. Le « contrôle » géométrique très strict exercé par Io sur l’occurrence des sursauts S conduit ainsi à imaginer un scénario d’émission où les populations électroniques instables à l’origine de l’amplification des ondes radio sont initialement accélérées par les trains d’ondes d’Alfvèn du sillage de Io. En supposant que la géométrie de l’émission est indépendante de l’observateur et du temps, sa détection limitée à une phase de Io de ~ 90° ou ~ 230° implique immédiatement que les lignes de champ « actives » sont situées ~ 20° en avant de Io et que le rayonnement est émis principalement à ~ 70° du vecteur B dans la source aurorale (dans un feuillet conique creux – voir figure 5). Notons que cet écart entre les lignes de champ « actives » et celle passant instantanément par Io est compatible avec des travaux antérieurs concernant l’influence de Io sur le rayonnement décamétrique de Jupiter, ainsi qu’avec l’écart récemment observé en infrarouge entre le pied du tube de force de Io et sa position prévue par les modèles de champ magnétique. Par ailleurs, les études observationnelles et théoriques de la directivité des émissions radio planétaires constatent ou prédisent toutes une émission préférentiellement amplifiée à grand angle (60°-90°) Figure 5 - (bas) Schéma de l’interaction Io-Jupiter présentée dans notre scénario de production des sursauts S, vue du pôle Nord jovien. Les sursauts S sont observés seulement pour les deux configurations représentées, pour lesquelles la phase de Io (comptée positivement à partir de la direction opposée à l’observateur) vaut 90° ou 230°. La corotation magnétosphérique rapide (~ 10 heures) fait que le sillage de Io (grisé) précède Io dans son mouvement orbital. La ligne en gras représente la ligne de champ « active » le long de laquelle se produit principalement l’émission des sursauts S, après accélération des électrons par des ondes d’Alfvèn dans le sillage de Io. Elle précède la ligne de champ passant instantanément par Io d’un angle a. L’émission radio est produite dans un feuillet conique de demi-angle au sommet b. Les valeurs de a et b sont déterminées dans le texte. La situation réelle est plus compliquée : par exemple, les lignes de champ ne sont pas contenues dans un plan méridien, mais gauchies par la corotation du plasma. (haut) Schéma méridien d’une ligne de champ active (à L = 6) et de la zone source correspondante entre 17 et 36 MHz (notée DR !, et définition des paramètres R, h, U, v// et v ⊥ . du champ magnétique dans la source. Les récentes observations infrarouges des zones aurorales joviennes ont par ailleurs montré que la brillance du pied du tube de force magnétique passant par Io, à une longueur d’onde de quelques µm, est anticorrélée avec l’émission décamétrique. Cette dernière est préférentiellement produite quand le pied du tube de force de Io balaye des zones de champ magnétique intense à la surface de Jupiter. On en déduit l’extension suivante du scénario « adiabatique » : Io accélère des faisceaux électroniques qui précipitent vers la planète sans émettre de rayonnement radio – car un simple faisceau parallèle à B ne possède pas d’inversion de population en v⊥ susceptible d’amplifier efficacement les ondes. S’il aboutit à une zone de champ magnétique peu intense, son 125 point miroir va se trouver assez bas pour que la plus grande partie du faisceau soit perdue par collision dans la haute atmosphère. Celle-ci, localement chauffée, va alors émettre du rayonnement infrarouge. Si au contraire, le faisceau aboutit à une « tache » magnétique plus intense, une grande partie des électrons vont être réfléchis ; la faible partie perdue par collision – qui correspond aux particules de v// les plus élevées – est alors insuffisante pour produire une émission infrarouge détectable, mais déstabilise la population électronique remontante qui possède alors une inversion de population en v⊥ (appelée « cône de perte ») et devient capable d’amplifier des ondes radio. Ce scénario n’explique pas pourquoi les populations électroniques responsables des sursauts S semblent « pulsées », de manière à produire des séries de sursauts discrets et non une émission continue. La réponse est à chercher dans le mode de production des ondes d’Alfvèn près de Io, ou dans l’interaction des électrons avec de la turbulence basses fréquences près de leur point miroir. En revanche, il rend compte de nombreuses observations et permet de comprendre l’absence de sursauts S dérivant positivement. cile de savoir si ces impulsions sont de même nature que les sursauts S joviens. Dans l’affirmative, la question majeure concernerait l’absence près de Saturne, Uranus ou Neptune d’un satellite qui puisse jouer un rôle comparable à celui, apparemment crucial, de Io dans l’accélération des particules. D’autres sources d’ondes d’Alfvèn magnétosphériques ne sont pas exclues. Des faisceaux électroniques pourraient aussi être accélérés par d’autres processus (interaction avec de la turbulence basses fréquences, des solitons, des doubles couches ?), mais les données in-situ font cruellement défaut pour ces études. L’émission kilométrique terrestre, elle, semble presque exclusivement constituée de structures spectrales très fines dérivant dans tous les sens, peut-être témoins d’accélérations complexes des électrons dans les zones aurorales, mais là encore les observations à très haute résolution (temporelle, notamment) sont limitées par les débits de données des expériences de radioastronomie spatiale. Ces derniers devraient cependant atteindre des valeurs énormes pour les missions aurorales à venir (comme la mission européenne IBIZA : Investigation BIsatellitaire des Zones Aurorales). ET LES AUTRES PLANÈTES ? CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES Les sondes Voyager ont permis de découvrir des sursauts radio émis par les autres planètes géantes. Dans le cas de Saturne, la composante impulsive domine largement le spectre dynamique de l’émission, tandis que composante lentement variable et sursauts alternent pour Jupiter, Uranus et Neptune. Toutefois, la résolution temporelle limitée (6 s par spectre) de l’expérience de radioastronomie de Voyager fait apparaître les sursauts comme des points de mesure isolés intenses sur les spectres dynamiques. Une dérive ne peut pas être mise en évidence à cette résolution, et il est donc diffi- L’analyse automatisée d’une grande quantité de données numériques à haute résolution temporelle a autorisé une étude statistique fiable des dérives des sursauts S de Jupiter. Malgré leur variabilité intrinsèque élevée, on obtient une loi de variation de leur dérive moyenne en fonction de la fréquence d’observation qui semble permettre de trancher la question de leur origine, controversée depuis trente ans, en réhabilitant le scénario « adiabatique » selon lequel les populations électroniques responsables des émissions sont accélérées principalement par Io, et non au sommet de l’ionosphère jovienne. L’énergie ca- 126 ractéristique déduite pour ces populations est identique à celle des électrons chauds dans les sources du rayonnement radio kilométrique terrestre : ~ 5 keV. Ce scénario fournit un cadre d’interprétation cohérent à divers faits observationnels (ondes d’Alfvèn dans le sillage de Io, contrôle de l’occurrence des sursauts S par Io, anticorrélation infrarouge/décamétrique et écart de ~ 20° entre les lignes de champ « actives » et le pied instantané du tube de force de Io). Il relance l’intérêt des études détaillées des sursauts S : en effet, bien que cette première étude se soit limitée à des moyennes statistiques, il est en fait possible de déterminer les paramètres physiques (E, v, Φéq, δr, ∆r) de chaque sursaut, l’évolution de son intensité, et ainsi d’étudier la résonance ondes-particules le long de la ligne de champ source pour remonter au mécanisme d’émission microscopique. S’il se confirme que c’est une instabilité « maser-cyclotron », l’inversion des observations radio permettra alors de sonder à distance les propriétés du magnéto-plasma jovien (topologie du champ magnétique, distribution et énergie des particules...). Diverses interrogations restent posées, dont notamment : l’origine de la structure discrète, parfois quasi-périodique, des sursauts S ? Les vitesses parallèles déduites sont-elles les vitesses réelles de faisceaux électroniques ou la vitesse de phase de zones de résonance ondesparticules ? Côté perspectives, de nouvelles observations sont en cours, trois fois plus rapides que les précédentes (3,8 ms/spectre). Leur accumulation, notamment à hautes fréquences, permettra de valider et préciser le scénario adiabatique, et d’analyser comparativement les propriétés des sursauts « orage par orage ». Ces dernières dépendent de la directivité de l’émission (encore à préciser) et de la configuration magnétosphérique correspondant à chaque cas Plasmas (phase et longitude de Io, influence du vent solaire). A partir de décembre 1995, et pour au moins deux ans, la sonde Galileo fournira de plus des mesures in-situ dans la magnétosphère jovienne. Enfin, les concepts développés pour expliquer les sursauts S pourraient dépasser un cadre d’application purement jovien, et se révéler à terme, utiles pour la compréhension d’autres sursauts produits par des radiosources astrophysiques bien plus inaccessibles, comme les étoiles éruptives magnétiques. POUR EN SAVOIR PLUS Desch (M.D.) et al., Nature, 272, 3840, 1978. Ellis (G.R.A.), Nature, 283, 48-50, 1980. Connerney (J.E.P.) et al., Science, 262, 1035-1038, 1993. Zarka (P.), Farges (T.), Ryabov (B.P.), Abada-Simon (M.), Denis (L.), « A Scenario for Jovian S-bursts », Geophys. Res. Lett. 1995. Zarka (P.), Pedersen (B.M.), Prangé (R), Ferrando (P.), Hoang (S.), Canu (P.), « Quelques résultats marquants de la rencontre Ulysse-Jupiter », Bull. Société Française de Physique, 90, 3, 1993. Article proposé par Philippe Zarka, Tél. (1) 45.07.78.19. Les observations utilisées ont été effectuées à Nançay (France) avec Meil AbadaSimon et Laurent Denis, et à Kharkov (Ukraine) avec Boris P. Ryabov. Leur analyse a été réalisée avec Thomas Farges. 127