Population : origine et e
¤volution
De l’entre
´e en service en 1939 au 22 juin 1941, le
camp rec¸oit essentiellement des Polonais, a
`l’exception
d’un groupe de prisonniers sovie
´tiques, marins de
ba
ˆtiments de la flotte sovie
´tique ancre
´sa
`Gdansk et
Gdynia. En de
´cembre 1939, les premiers de
´tenus
allemands de droit commun, interne
´s sur ordre de la
Kripo
1
, font leur apparition. Au de
´but de la guerre
commencent aussi a
`arriver des Juifs polonais, arre
ˆte
´s
a
`Gdansk et Gdynia
2
.
Le nombre d’e
´trangers de
´tenus au camp de Stutthof
est difficile a
`e
´tablir a
`partir des documents retrouve
´s,
ou
`beaucoup figurent avec la mention RD (pour
Reichsdeutsch), utilise
´e pour de
´signer les personnes
vivant a
`l’exte
´rieur de l’Allemagne mais conside
´re
´es
comme appartenant a
`la race allemande (Franc¸ais
d’Alsace-Moselle, Autrichiens, etc.) ou Stl (pour
Staatslos, « sans patrie »).
En 1942, 5334 de
´tenus sont passe
´s au camp de
Stutthof
3
, dont 536 enfants (437 garc¸ons et 99 filles).
En 1943, 36 transports arrivent au camp parmi
lesquels quelques Franc¸ais. En juillet, l’effectif du
camp tourne autour de 4 000 de
´tenus, re
´partis entre
l’ancien et le nouveau camp, l’ensemble du complexe
de
´pendant de Stutthof atteignant 13 500 de
´tenus
4
.
La de
´portation des Juifs au camp de Stutthof est lie
´e
a
`l’e
´volution politique et militaire de l’Est europe
´en. A
mesure de l’avance des arme
´es sovie
´tiques, ghettos,
camps et prisons de Pologne et des re
´publiques
occidentales de l’URSS ou
`se de
´placent la ligne de
front, sont e
´vacue
´s vers le camp de Stutthof.
Par ailleurs, il y a augmentation du nombre de
de
´porte
´s juifs des pays d’Europe, centrale surtout, a
`
partir de juin 1944, avec en corollaire un surpeu-
plement du camp d’Auschwitz, dont les de
´tenus
doivent e
ˆtre re
´partis ailleurs. Des transferts vers
d’autres camps, dont celui de Stutthof, sont organise
´s.
Au cours de la deuxie
`me moitie
´de l’anne
´e 1944, de
nombreux groupes de Juifs polonais, hongrois, franc¸ais
et autres arrivent, suivis de de
´tenus en provenance
d’autres camps e
´vacue
´s devant l’avance des troupes
sovie
´tiques (Auschwitz, Riga, Kowno).
Du 29 juin 1944 au 9 janvier 1945, le nombre de Juifs
passe
´sa
`Stutthof est de 48 700
5
. Les principaux
groupes viennent de Riga, Kaunas et Auschwitz.
17 sous-camps sont cre
´es pour eux. Leur sort final
dans ces annexes est mal connu. A partir de juillet 1944,
des exterminations en chambre a
`gaz et dans un wagon
ame
´nage
´sont pratique
´es quotidiennement a
`Stutthof.
Le Dr Marek Orski s’est inte
´resse
´aux Franc¸ais
de
´porte
´sa
`Stutthof et repe
`re sur les documents qu’il a
pu retrouver une premie
`re pre
´sence franc¸aise signale
´e
de
`s 1941, avant le rattachement du camp a
`l’IKL
6
. Elle
est issue des groupes de travailleurs force
´s des camps de
travail pour e
´trangers instaure
´sa
`Gdansk, Gdynia et
Elblag. Il s’agissait d’ouvriers ayant commis diverses
fautes en rapport avec leur travail et envoye
´s au camp
pour e
ˆtre re
´-e
´duque
´s pendant quelques semaines. Ces
de
´tenus franc¸ais, comme d’autres d’ailleurs, ne sont pas
reste
´s au camp mais ont fait l’objet d’une libe
´ration et
d’une remise au travail dans leur entreprise d’origine.
Certains « re
´fractaires » ou re
´cidivistes sont classe
´s
« politiques », et sont alors interne
´s pour une dure
´e
inde
´termine
´e.
Le 27 janvier 1944, des Franc¸ais originaires
d’Alsace-Moselle sont de
´porte
´sa
`Stutthof pour appar-
tenance au parti communiste ille
´gal d’Alsace-Lorraine
et sont classe
´sNN
7
.
En octobre 1944, un transport franc¸ais de volontai-
res SS Freiwilligen de la premie
`re division de la Le
´gion
franc¸aise arrive au camp de Stutthof. Ils ont commis
des infractions criminelles ou ont tente
´de de
´serter.
3
1. Kommandantur
2. Garage
3. Ancien camp
4. Crématoire
1
2
4
5
66
7
8
9
10
11
12
13
14
© Fondation pour la Mémoire de
la Déportation / Maximilian Eberl
13. Nouveau camp
14. Nouvelle cuisine
5. Chambre à gaz
6. Jardin
7. Dortoir
8. Bureau de police
9. Chenil
10. Villa du commandant
11. Elevage de lapins
12. Bureau de la DAW
Plan ge
´ne
´ral du camp de Stutthof.
1. Police criminelle.
2. Sources : e
´tude du Dr Marek Orski, Les Franc¸ais au Stutthof, 1993 (non
encore e
´dite
´en France).
3. Sources : Roman Hrabar, Zofia Tokarz et Jacek E.Wilczur, Enfance
martyre, le martyre des enfants polonais pendant l’occupation hithle
´rienne,
Interpress, Varsovie, 1981.
4. D’apre
`s Karin Orth, Das System des nationalsozialistischer Konzentra-
tionslager, Hamburger Ed., 1999.
5. Op. cit.,e
´tude du Dr Marek Orski, Les Franc¸ais au Stutthof.
6. Inspection ge
´ne
´rale des camps de concentration.
7. Le 7 de
´cembre 1941, Hitler publie une ordonnance, signe
´e par le chef de
la Wehrmacht, intitule
´e«Richtlinien fu
¨r die Verfolgung von Straftaten gegen
das Reich oder die Besatzungsmacht in den besetzten Gebieten », connue sous
le nom d’ordonnance Keitel, ou Nacht und Nebel Erlass, selon laquelle les
personnes civiles entreprenant, dans les pays d’Europe de l’Ouest, une
activite
´contre l’Allemagne ou ses arme
´es devaient e
ˆtre de
´porte
´es dans les
prisons du Reich et mises a
`la disposition des Tribunaux spe
´ciaux et du
Tribunal du Peuple. A partir du 31 mai 1943, ils furent envoye
´s, le plus
souvent sans jugement, dans les camps de concentration sur la base de
dispositions du RSHA. On estime a
`5 000 le nombre de de
´porte
´sNacht und
Nebel arre
ˆte
´s en France.
memoire-vivante40 - 24.12.03 - page 9
ME
´MOIRE VIVANTE – NUME
´RO 40 9