Le passé n’est que
prologue
La Tempête, William Shakespeare
« Laisse-moi te dire une chose :
quand tu étais jeune, c'est toi-même qui te préparais pour aller où tu voulais ;
quand tu auras vieilli, tu tendras les mains,
et c'est un autre qui s'occupera de toi, et te mènera là où tu ne voudras pas aller !
Suis-moi ! »
Mais Pierre se retourna, et apercevant venir à eux le disciple que Jésus aimait,
« Et lui, alors ? –
Et si je veux qu'il vive jusqu'à ce que je revienne, que t'importe !
Toi, suis-moi !"
Jean, derniers versets
Ainsi tout change, ainsi tout passe,
Ainsi nous-mêmes nous passons,
Hélas,
Sans laisser plus de trace
Que cette barque où nous ramons
Sur cette mer où tout s’efface…
Lamartine, Golfe de Baïa, 1824
C’est à Saint Barth(élemy) - exactement le premier jour du printemps, le 22 mars 2009 -, que j’ai mis
le point final au tome 2 de mes mémoires : Missionnaire des Crépuscules. Mu par je ne sais quel
pressentiment, j’avais conclu sur une épitaphe que contredisaient superbement le soleil encore doux
des Caraïbes et l’océan qui brillait à perte de vue, et que je contemplais paresseusement depuis mon
fauteuil, chez un ami d’enfance installé, depuis la fin de l’Algérie, de l’autre côté de la France ! Et
décédé depuis mai 2012!
C’était très précisément une ‘Idée d’épitaphe pour le 10
ème
anniversaire de ma mort, supputai-je alors !
L’exergue stipulait très évangéliquement : ‘C’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de
l’Homme viendra !’ Et je continuais dans la même veine : ‘Je suis prêt, je l’attends, mais comme je ne
sais à quand il a fixé le rendez-vous, je veux être le serviteur qu’à son arrivée, son maître trouvera
debout !
J’étais allé même jusqu’à rédiger – toujours coquet ! -, un éloge funèbre virtuel (sic !)
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,
impertinemment curieux de faire quelques suggestions au chroniqueur que l’Ordre préposerait à cet
éventuel mémento. C’était emprunter à l’avenir ce ‘qui n’appartient qu’à Dieu’, me soufflait
liturgiquement Bossuet
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à l’oreille!
J’écrivais - dans la troublante nébuleuse de cette méditation morbide -, combien l’avenir proche et
moyen me paraissait opaque, et qu’ ’après les Temps Nouveaux et les Crépuscules’, j’étais
humainement incapable d’entrevoir s’il s’agirait d’être désormais le ‘Missionnaire des Déserts (c’était
ma plus forte conviction : depuis pas mal de temps, je me ‘contente’ d’être une : Vox clamans in
deserto !), Missionnaire de l’Esprit et de la Vérité (là, c’était mon orgueil qui parlait, et mon
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Que l’on trouvera à la fin du tome II : Missionnaire des Crépuscules. (www.toccoli.org)
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Eloge funèbre pour Henriette d’Angleterre