Bon en orthographe

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Dictée proposée par le CLEC en 2015
Bon en orthographe !
Certains se vantent d’être « bon en orthographe », pourquoi pas ? C’est, de nos
jours, un label dont on peut se prévaloir, alors qu’ici et là, dans les courriers rédigés à
la main, dans les courriels, malgré les correcteurs intégrés dans les programmes de
traitement de texte, les fautes font florès.
Que dire en effet de ces comptes-rendus de réunions truffés de fautes de
syntaxe, de ces mots écorchés, de ces verbes accordés à la va-comme-je-te-pousse ?
Ces erreurs, hélas récurrentes, sèment le doute dans l’esprit du lecteur sur le sérieux
de l’organisme par lequel ils sont rédigés ou sur la capacité de compréhension du
scripteur. La bévue peut faire sourire, mais l’inexactitude répétitive décrédibilise !
Pourtant, il n’est pas difficile d’écrire en bon français ! Si quelques acariâtres, un
peu pisse-vinaigre, prétendaient devant moi que notre langue est bien difficile à
maitriser, je leur rétorquerais qu’ils n’ont qu’à se plonger dans les lexiques, les
dictionnaires, les manuels… tous ces ouvrages dans lesquels, grâce aux efforts des
lexicographes, le savoir est emmagasiné. Qu’ils les ouvrent, qu’ils les lisent, qu’ils
s’imprègnent de leur contenu ! Voilà l’effort qu’il convient d’accomplir afin
d’appréhender le minimum indispensable pour s’en sortir dans le monde si
intransigeant de la communication.
Voici quelque temps on pouvait encore invoquer, comme une circonstance
atténuante, le parcours chaotique des études. Désormais, hormis les cas particuliers
qu’il n’est bien sûr pas question de nier, la plupart de ceux qui arrivent sur le marché
de l’emploi ont reçu un enseignement de bon niveau dispensé par des personnels
compétents et formés.
Toutefois si l’on évoque les particularités qui complexifient inutilement notre
langue, il faut admettre qu’il est parfois délicat d’argumenter. En effet, comment
justifier les écritures des mots paysanne et partisane ou patronner et patronage et
que dire de l’accord des verbes pronominaux ?
Mais malgré ces écueils, souhaitons que chacun puisse être fier des efforts qu’il
aura faits ; qu’il n’ait aucun remords, aucune honte lorsqu’il devra rédiger une lettre
de motivation, un pensum…, qu’il puisse dire : « Ces centaines d’heures
d’apprentissage que l’acquisition de ces règles m’ont couté, je ne les ai pas passées
pour rien ! »
Ah ! Pour terminer, juste un codicille, ne pas oublier que la langue et l’usage
qu’on en fait doivent être au service de l’homme et non l’inverse.
Dictée proposée par le CLEC en 2015
Commentaires
Bon en orthographe : il s’agit là d’une construction adverbiale, le mot « bon » reste au singulier.
Le doute étant permis, le pluriel est accepté.
Certains : pronom indéfini, toujours au pluriel, tantôt féminin, tantôt masculin.
Label : au sens propre, marque, étiquète -nous ne parlerons pas de l’éditeur de disque-, le mot
est utilisé avec un sens métaphorique
Courriers : le sens exact de ce mot définit le moyen de transport qui assure le service postal ou
l’ensemble de la correspondance transmise. Par métonymie (figure de style qui permet
d’exprimer l’effet par la cause, l’objet par son origine, le contenu par le contenant ; par exemple
« cent voiles », pour désigner cent bateaux), le mot est souvent utilisé, à tort, pour désigner la
lettre elle-même.
Courriels : abréviation de courrier électronique, c'est le mot qui doit être utilisé au lieu de
l'anglicisme mails. Par contre, comme on abrège à l’écrit téléphone par tél. on peut abréger
courriel par mél.
Florès : ce mot ne s’emploie plus que dans l’expression verbale « faire florès » qui signifie
« obtenir du succès » du latin floridus « fleuri, couvert de fleurs » ; ici elle est donc volontairement
utilisée avec dérision, puisque ce sont les fautes qui gagnent du terrain. Hormis l’accent grave, et
le « s » final, ce mot devenu rare, ne présente pas de difficulté.
Comptes-rendus : ce mot composé est intéressant dans la mesure où il est une sorte de modèle
de l’incertitude orthographique. Suivant le dictionnaire que vous ouvrez, soit il est écrit avec un
trait d’union, soit il n’en a pas. Il en est de même au pluriel. L’orthographe rectifiée n’a pas
simplifié son écriture. Avec ou sans tiret, il n’y a pas de faute, sous réserve que les deux termes
soient au pluriel.
Truffés : est une métaphore culinaire qui est utilisée dans l’expression « comptes-rendus truffés
de fautes ». Le sens exact étant « garni de… » pour agrémenter une préparation. S’accorde au
pluriel avec comptes-rendus.
Syntaxe : ce terme, féminin, définit l’arrangement des mots et des propositions dans une phrase
selon les règles de grammaire.
La va-comme-je-te-pousse : avec le verbe aller on a construit plusieurs expressions, on peut citer
à la va-vite, un va-t-en-guerre (qui est batailleur) et, bien qu’un peu vulgaire, un va-te-laver (pour
dire un coup, une claque sur le visage). La forme adverbiale utilisée a le sens de « n’importe
comment » les quatre tirets doivent être présents.
Récurrentes : cet adjectif, accordé, ici au féminin pluriel, signifie « qui revient, qui se répète » ; un
« c » suffit, mais deux « r » sont nécessaires.
Sont rédigés : le participe passé, à la forme passive (le sujet subit l’action) est accordé avec
comptes-rendus, remplacé à proximité par le pronom « ils ».
Le scripteur : est bien sûr celui qui écrit, avec le sens historique de celui qui écrit à la main. Issu
du latin scriptor, secrétaire, écrivain, auteur. Scripteur s’oppose à locuteur, celui qui parle.
La bévue : c’est l’erreur commise par ignorance ou faute de jugement.
L’inexactitude répétitive décrédibilise ! L’auteur veut dire que si l’erreur ponctuelle est acceptable
sa répétition est compromettante.
Dictée proposée par le CLEC en 2015
Acariâtres : peu se souviennent que l’évêque Acharius, Saint-Acaire en français guérissait de la
folie dans la religion chrétienne, mais tous savent que ce mot qualifie une personne
habituellement aigre et querelleuse. Certainement que c’est du nom du saint et du « s » disparu
que lui vient son chapeau pointu sur le « a », son accent circonflexe, pour dire mieux… Mais
comment savoir ? Un seul « c ». Ici l’expression est utilisée au pluriel.
Pisse-vinaigre : ce mot composé désigne un esprit chagrin, grincheux et avare. Petite
particularité, l’expression, liée par un trait d’union est invariable.
Maitriser : Ce verbe ne présente pas de particularité, si ce n’est son accent circonflexe. Le mot,
comme tous ceux de la famille, vient du latin magister, « chef, maitre » ; il est passé en 1080 par
mestre ou maistre ; c’est de cet héritage ancien qu’il conserve son accent. Les rectifications de
l’orthographe (parues au JO n° 100 du 6 décembre 1990) proposent, comme pour la plupart des
« i » et des « u » de supprimer cet accent : avec ou sans, il n’y a pas de faute.
Rétorquerais : est un verbe régulier du premier groupe. Son acception, son sens, est « retourner
contre son adversaire les arguments qu’il avance ». Le verbe est utilisé à la première personne
du singulier du conditionnel « Si quelques acariâtres… », il prend donc un « s » final… Il n’en
prendrait pas au futur.
Lexicographes : issu des mots grecs lexikon, recueil de mots et graphien, écrire. Ce terme définit
celui qui étudie les mots, qui élabore des dictionnaires. On lui connait dans cette fonction des
synonymes tels que dictionnariste et terminologue. Le lexicologue est plutôt celui qui étudie
l’origine et la valeur des mots dans une langue.
Emmagasiné : mettre en magasin, accumuler, c’est « du savoir » dont il s’agit ; le mot s’écrit avec
deux « m ».
Appréhender : ce verbe peut être utilisé avec trois significations différentes, soit arrêter, un
malfaiteur, par exemple, soit craindre, redouter, soit saisir par l’esprit, c’est celle qui est retenue
ici. Hormis les deux « p » et le « h », le mot ne présente pas de difficulté.
Intransigeant : qui ne transige pas, qui n’accepte pas d’accommodement ou plus trivialement :
« qui ne fait pas de cadeau » ; s’écrit avec un « a » puis un « e », pour faire « ge » devant le
« a » de la finale « ant ».
Quelque temps : sans difficulté, sinon que la formule est invariable.
Chaotique : le chaos, étymologiquement, c’est la confusion qui a précédé l’organisation du
monde. « Le parcours chaotique » dont il est question ici est celui de l’enseignement de jadis.
Paysanne et partisane, patronner et patronage : l’auteur utilise ces associations de mots très
proches, voire issus d’une même origine et qui n’ont pas le même nombre de « n » pour illustrer
les réelles difficultés de la langue française.
Écueil : au sens propre, c’est un obstacle sur la mer, et au sens figuré une difficulté qui ralentit la
progression. La position de la lettre « u », la même que dans recueil, par exemple, peut en être
un.
Ces règles m’ont couté : ici, le participe passé couté ne s’accorde pas : on dit « les règles ont
couté combien ? » et non pas « ont couté quoi ? ». Sur le « u » de couté, on acceptera qu’il y ait
ou pas d’accent circonflexe, comme indiqué plus haut, pour maitrise.
Codicille : ce mot désigne une disposition ajoutée à un testament pour le modifier… Il peut
réserver des surprises, mais pas de difficulté particulière.
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