AGAP – CNARELA
Association pour aider à l’étude et à l’enseignement du grec et du latin dans
la région d’Aix-Marseille et en Provence
BULLETIN DE JANVIER 2011
Université de Provence – Aix-Marseille I
Département des Sciences de l’Antiquité
Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme
5 rue du Château de l’Horloge – 13094 Aix-en-Provence CEDEX 2
http://agap.mmsh.univ-aix.fr
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ÉDITORIAL
Chers collègues, chers agapéens, chers amis,
Ce bulletin 2010-2011 arrivera bien tard dans vos boîtes car il a subi de près les vicissitudes
de la nouvelle présidente qui a déménagé (certains diront que ce n’est pas seulement
géographique !) et de l’ensemble des professeurs de Lettres classiques qui ont encore eu,
cette année, à lutter sans relâche pour leur discipline et même, quelquefois, pour leur poste.
Nombreux sont ceux qui, parmi nous, doivent gérer les nombreux changements et
bouleversements provoqués par les différentes réformes qui pleuvent sur notre profession,
aussi bien dans le primaire que le secondaire et l’université. Tout est remis en cause : les
formations, les diplômes, les concours, les disciplines mêmes, nos conditions d’exercice enfin
qui se trouvent de plus en plus « précarisées », pour utiliser un néologisme à la mode qui
nous vient, comme de nombreuses choses ces derniers temps, du monde économique.
Et c’est que le bât blesse : tous les aspects de notre métier sont maintenant soumis à une
logique comptable, à une loi du « marché » qui ne tient compte ni des contingences
humaines, ni de la morale sociale élaborée, dans notre démocratie, à partir de la réflexion de
nos plus anciens philosophes.
Nous commençons à découvrir les ravages provoqués par la réforme du collège et
l’obligation d’appliquer les réglementations du S3C ou Socle Commun des Connaissances et
des Compétences, la mise en place généralisée du Livret de Compétences (ah ! les petites
croix dans les petites cases ! quelle avancée technique et intellectuelle !), l’intrusion de sigles
barbares dans les cycles scolaires : ASSR, B2i, CESC, HDA* qui perturbent les journées et
privent souvent les élèves des cours qui leur seraient, parfois, bien plus profitables. Ces
différents « outils » n’auraient pas grande importance (nous avons tous connu des outils
semblables qui, eu cours de notre carrière, ont disparu, souvent sans laisser de souvenir
impérissable ...) s’ils n’étaient pas la manifestation sans cesse réaffirmée d’une volonté de
priver les professeurs et leurs élèves de la liberté d’agir et de penser qui leur est due. Car
qu’est-ce que l’ « évaluation par compétence » (j’entends d’ici certains plaisantins dauber sur
le terme ...) et le Livret de compétences, sinon des moyens de maintenir les futurs électeurs et
consommateurs dans un état de béatitude aveuglée, qui est celui du « ravi » de la crèche ?
Pour le lycée, le recul nous manque pour percevoir toutes les conséquences de l’application
de la réforme, mais nous sommes nombreux à souffrir, avec nos élèves, d’emplois du temps
ineptes, du morcellement et de l’éparpillement des cours. Nos disciplines, comme à
l’accoutumée, sont parmi les premières à souffrir des coupes budgétaires, des suppressions
de postes et du refus de considérer le savoir comme le noyau vivant de l’enseignement.
Ainsi, dans certains établissements, les enseignements d’exploration grignotent sur les
heures d’option et ne viennent pas les renforcer dans les cas où l’enseignement d’exploration
intitulé « Langues et culture de l’antiquité » est couplé avec l’option de latin ou de grec ; c’est
au professeur, encore une fois, de jongler avec les programmes et l’hétérogénéité des élèves
rassemblés dans une même classe avec des vœux et des objectifs différents. Encore ce cas
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n’est-il pas le plus alarmants : de nombreux élèves sont regroupés dans des classes à double
niveau (seconde et première, ou, pire, première et terminale) ou n’ont pas un horaire complet
pour le cours de latin ou de grec.
Ne pensez pas que l’université soit épargnée par cet ouragan de réformes : la récente
application de la réforme des concours a des répercussions catastrophiques sur le
recrutement des étudiants en master et sur la formation des futurs professeurs du secondaire
et du supérieur. Ainsi, la fusion en une seule épreuve des écrits de latin et de grec au CAPES
ne va pas œuvrer en faveur de la qualité disciplinaire de nos jeunes collègues qui se
trouvent, d’ores et déjà, dans une situation épouvantable avec les réforme, ou plutôt, la
suppression des IUFM : certains d’entre eux sont jetés en pâture aux pires classes de nos
établissements, sans préparation et sans véritable soutien puisque, dans le même temps,
notre administration n’a pas jugé utile de préparer un véritable statut des tuteurs et
professeurs conseillers pédagogiques digne de ce nom et du travail que cela représente.
Autant qu’il est possible, nous vous tiendrons au courant de tous les développements et
informations liés à ces problèmes sans oublier, cependant, les nombreux aspects positifs et
agréables, parfois, de notre métier : c’est pour cela que je vous demande à tous de nous faire
part de vos expériences, de vos réussites et de celles de vos élèves dans tous les domaines qui
intéressent notre discipline ; n’hésitez pas à nous envoyer, par courriel ou courrier, vos
productions, personnelles ou collectives, vos projets, vos coups de gueule, aussi, sur tel ou tel
événement local ou pus général.
En attendant de vous lire, de vous entendre ou de vous rencontrer au cours des assemblées
générales, des journées de l’Antiquité, de la remise des prix du rallye, du stage ou d’autres
manifestations que nous allons tenter d’organiser avec votre aide et votre participation, je
vous souhaite la meilleur des années 2011 possible !
Anne-Marie CHAZAL
* Traduction pour ceux qui n’auraient pas encore eu l’occasion de pratiquer le langage « siglesque » (nous
pouvons, nous aussi, inventer des néologismes horribles !) :
ASSR : Attestation Scolaire de Sécurité Routière
B2i : Brevet Informatique et Internet
CESC : Comité d’Éducation à la Santé et à la Citoyennenté (excusez du peu !)
HDA : Histoire Des Arts
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HOMMAGES
L’année 2010 fut riche en événements les plus divers : des amis, des savants humanistes et
dévoués à la cause de l’enseignement des langues et cultures anciennes, nous ont quittés,
nous laissant continuer une route qui, sans eux, sera sans doute moins fleurie et moins claire.
Nous leur rendons hommage dans ces lignes : elles sont l’expression de l’indéfectible
admiration que nous leur portons qui est un gage de leur immortalité spirituelle.
HOMMAGE À BERNARD VALETTE
Bernard VALETTE nous a quittés le 13 janvier 2010 au terme d’un combat courageux et qui
nous semblait pouvoir durer toujours. Pour nous souvenir de lui et de sa faconde, de sa
pensée toujours positive et si vivifiante, nous publions un conte que son épouse, Claire
VALETTE, a confié à Pascale PEYRONNET :
EN HOMMAGE À BERNARD VALETTE
MEMBRE FONDATEUR DE THALASSA
ET MEMBRE ACTIF DU BUREAU DE LA CNARELA.
C’est avec une immense douleur que nous avons appris, le 13 janvier 2010, la
disparition de notre ami Bernard Valette.
Qui ne connaît pas Bernard ? Qui n’a jamais entendu Bernard ?
Nous lui devons nos plus grands fous rires lors des AG et nos plus beaux souvenirs
de voyage avec nos élèves et les guides de THALASSA.
Sa bonne humeur, ses coups de gueule et ses idées novatrices (notamment la mise à
jour du site web de la CNARELA) nous ont permis de braver les embûches semées
par les réformes sans pitié.
Après avoir pleuré à chaudes larmes comme les jumeaux sous la louve nourricière de
l’affiche de la CNARELA, nous saluons l’obstination et le talent que Bernard a mis au
service du latin et du grec.
Poursuivons de plus belle le combat pour la défense et la mise en valeur des Langues
Anciennes !
N’ayant pas pu assister à la remise des prix du rallye 2009, il nous avait adressé une
lettre qu’il aurait aimé lire aux lauréats.
Nous tenions à vous faire partager cette lettre truculente qui nous rappelle l’humour
et l’engagement sans faille de Bernard.
Pascale Peyronnet, secrétaire de l’AGAP.
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C'était il y a très longtemps, très longtemps ...un temps où le savoir et la culture avaient
pour origine deux cités, Athènes et Rome ... Rome avait déjà étendu sa domination et fondé en
particulier une ville dans un pays appelé la Gaule. Cette ville s'appelait Lutia, Lutèce ; elle
était située sur un fleuve, la Seine, et était jà lèbre par les encombrements de sa circulation.
C'est que s'étaient posés deux pigeons, Latinus, le mâle, et Ellenika, la femelle. Elle était
athénienne, lui romain. Le destin les avait fait se rencontrer alors qu'ils participaient aux Jeux
Olympiques des Volatiles, jeux au cours desquels les oiseaux présentent un spectacle : ainsi les
cygnes dansent sur un lac, les pies calculent 3,14, quant aux pigeons, ils cherchent La Fontaine
afin de pouvoir vivre d'amour et d'eau fraîche. Bref, la ville de Lutèce, ils avaient trouvé
refuge, était, malgré ces encombrements, tellement belle, que certains la nommaient déjà Paris,
du nom d'un personnage mythologique grec qui passait pour très beau lui-me et à qui, il y a
bien longtemps, on avait demandé de se prononcer sur la beau de quelques esses bres. A
dire vrai, ceux qui trouvaient Luce digne de s'appeler Paris avaient un très bon jugement...
Et puis un jour, nos deux tourtereaux reçurent une lettre anonyme les dénonçant comme
coupables d'étudier des langues bizarres, le grec et le latin, et qui étaient censées être «
mortes ». A coupr cettenonciation venait d'un méchant « corbeau » qui ne comprenait rien à
la valeur de l'Antiquité classique. Latinus et Ellenika se dirent « partons d'ici car ces oiseaux
sont de mauvaise augure ». Ils savaient en effet que dans un lieu appelé «Ministerium
Educationis » (que l'on pourrait traduire par « Le lieu certains responsables font un blocage
sur la valeur de l'étude du grec et du latin) », certaines personnes cherchaient à détruire
systématiquement toutes les initiatives visant à promouvoir l'enseignement de ces deux langues,
partant du principe qu'elles étaient mortes, et bien mortes ; bref, ces personnes étaient de vrais «
vautours », toujours prêtes à fondre sur leurs proies éducatives et à prendre en grippe tous ceux
qui souhaitaient que l'étude des Langues Anciennes perdure . Latinus et Ellenika en conclurent : «
Partons de cette ville car, le moins qu'on puisse dire, c'est que certains responsables éducatifs ne
sont pas des aigles ! »
Ils prirent donc leur envol....
Aps de longues heures, ils passèrent au-dessus d'une montagne ts bizarre : elle ne ressemblait
pas aux autres, elle n'avait pas ritable sommet, elle était creue en son centre et le sommet
était en fait repsen par une sorte de couronne. Ils descendirent pour voir de plus près cette
bizarrerie de la nature et se porent enfin sur cette montagne qui les intriguait tant. Un homme
gardait un troupeau ; ils lui demanrent comment s'appelait cette montagne si étrange ; il leur
pondit : « Le Puy de Dôme » Latinus et Ellenika s'esclaffèrent : « Ils sont fous, les gens d'ici !
Une montagne qui porte le nom d'un Puy et d'un Dôme ; ils ne savent pas ce qu'ils veulent. Mais
des gens qui nomment ainsi une montagne ne peuvent être totalement mauvais ». Ils
découvrirent alors qu'à quelque distance de cette montagne, se trouvait une ville, perce sur une
butte ; ils s'y rendirent et questionnèrent le premier habitant qu'ils rencontrèrent. « Quel est ton
nom, bel habitant ? Je me nomme Vercintorix, répondit l'autre ». « Où sommes-nous ?
demandèrent les deux pigeons ». « À Gergovie, la capitale de cette contrée, et notre roi s'appelle
Arvernus. Il est très ouvert à toutes les cultures » « Alors, dit Latinus, s'il n'est pas sectaire,
peut-être est-il possible ici d'étudier le grec et le latin ? » « Bien sûr,pondit Vercingétorix ; nous
avons dans notre ville un groupe très dynamique, l’ARELACLERA qui a pour devise en grec «
Diavazo, etsi petao », ce qui veut dire en langage de notre gion « Je lis, donc je vole ». Vous
voyez que cette devise vous convient parfaitement ! » Avant de quitter leur interlocuteur, ils
remarqrent que celui-ci tenait dans sa main un ouvrage bizarre, la Guerre des Gaules. Ils lui
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