Les acariens I. Les acariens hématophages A. Généralité Une tique présente 2 parties : - Le capitulum (gnathosome) rostre portant les pièces buccales : Le rostre comprend : o 2 pédipalpes : rôle sensoriel, ils ne pénètrent o 2 chélicères : élément vulnérant o 1 hypostome ventral : harpons - Le corps globuleux Les tiques sont regroupées en 2 familles : - Les ixodides ou tique dures à rostre et scutum sclérifié dorsal (seulement une partie sclérifié) - Les argasides ou tique molles à rostre ventral et tégument rugueux Eléments de diagnose ; emplacement du gonopore, stigmates respiratoire, sillon périanal. Biologie : toutes les tiques présentent 3 stases : - Larve hexapode - Nymphe octopode - Adulte II. Les ixodides A. Morphologie, cycle de développement Acariens de grande taille (1 cm) Principaux genre représentés en France : Ixodes, Dermacentor, Rhipicephalus Ixodes : à rostre long= longirostre Dermacentor et rhipicephalus : rostre court= brévirostre Cycle de développement : - Triphasique : chaque stade effectue un seul repas sanguin sur un hôte vertébré différent ; mue sur le sol - Durée : quelque mois à 3 ans (diapause hivernale possible à tous les stades) Les larves hexapodes se gorgent sur des petits mammifères et des oiseaux ; mue après 2 à 8 semaines. Les nymphes (octopodes) se gorgent sur divers mammifères et des oiseaux : mue après plusieurs mois. Les hôtes des adultes sont surtout mammifère de plus grande taille mais il n’y a pas d’hôte spécifique. Le mâle ne se gorge pas. La femelle ingère un volume très important de sang. La fécondation a lieu sur l’hôte. Elle pond sur le sol 3 à 4 semaines plus tard. Les femelle fécondées pondent plusieurs milliers d’œufs et meurent. L’incubation dure 20-50j. Il existe aussi des cycles diphasique (2 hôtes) ou monophasique. Ceci dépend de l’espèce et de son habitat en vie libre : - Exophiles (biotope ouvert : forêt, broussaille) - Endophile (biotope fermé : terrier, nid) En agriculture : les tiques se gorgent sur bovidé (80% du bétail) Aucune tique ne se nourrit exclusivement de sang humain mais toutes les stases peuvent se gorger sur l’homme B. Piqûre et repas sanguin La recherche de l’hôte est passive. Action mécanique : - Chélicères - Hypostome Action de la salive : - Formation d’un cément - Anticoagulant - Anti-inflammatoire - Vasodilatatrice - Immunomodulatrice Il faut faire un examen après la sortie dans une zone à risque, extraction mécanique des tiques en évitant toute régurgitation. Puis désinfecter et voire si érythème migrans si maladie de Lyme. Prévention des piqures : éviter les zones infestées, vêtements longs et fermés (+ perméthrine, etofenprox), répulsif (DEET, KBR 3023). C. Rôle pathogène propre La salive d’une 40aine d’espèces est responsable de la paralysie ascendante à tiques : - Toxine (salivaire) - Paralysie des membres inférieurs - Paralysie totale en 2-3 jours - Atteinte bulbaire, mort D. Rôle pathogène en tant que vecteur Les maladies transmises sont des anthropozoonoses (maladie commune aux animaux et à l’homme). Les réservoirs sont l’homme les animaux sauvages et domestiques. Contamination de la tique : - Sur un hôte infecté - Par « co- feeding » - Transmission trans-stadiale (différent stade et stase) - Transmission trans-ovarienne (selon pathogène) Contamination de l’hôte - Migration des agents pathogènes vers les glandes salivaire (au moins 12h) - Le délai peut être court pour les tiques partiellement gorgées. E. Principale maladies transmises 1. Arboviroses Virus transmis par les arthropodes, plus de 100 virus isolés Le virus TBE (Tick-Borne encephalitis) : encéphalite à tique, flavivirus , 2 sous type (eastern et western). - Vecteurs : Ixodes ricinus - Transmission trans-stadiale et trans-ovarienne - Réservoirs : mammifère (rongeur, oiseaux) - 1968 : 1er ca en Alsace (env 30 cas) - Syndrome pseudo-grippal évoluant dans 5ù à 30% des cas en méningite fébrile (grave dans 1% à 2% des cas) Traitement symptomatique Prophylaxie : vaccin inactivé souche Neudoerfl, Ticovax® Baxter (conditionnement adultes et enfants) primo vaccination : 3 injection IM, 0, 1-3 mois , 5-12 mois rappel tous les 3 ans. 2. Infections bactériennes a) Rickettsiose Rickettsie= - Bactérie endocellulaire gram- Atteinte des endothéliums vasculaire - Transmise par arthropodes - Fièvre, exanthème, tuphos (état de stupeur) - Sensibles aux cyclines (doxy) La fièvre boutonneuse méditerranéenne : - Agent : Rickettsia conorii - Réservoir : chien - Vecteur : Rhipicephalus sanguineus - Caractéristique : o Incubation (3-15j) o Tache noire (50-70% des cas) o Fièvre brutale (39°-40°) o Eruptions cutanée généralisée o Forme sévère polyviscérales (6%) Les Ehrlichioses : maladie émergente dues à des rickettsies parasite des leucocytes et transmises par des Ixodidès, leur réservoir est encore mal connu : - Ehrlichiose monocytaire humaine - Ehrlichiose granulocytaire humaine (même vecteur que la maladie de Lyme - Signe : o Fièvre, céphalée, myalgie, nausée o Thrombocytaire, leucopénie, anémie o Complication pulmonaire et méningite - Diagnostique : évoque syndrome pseudogrippal après piqûre de tique en zone d’endémie de la maladie de Lyme. b) La fièvre Q Coxiella burnettii est l’agent de la fièvre Q « query fever » : Maladie cosmopolite Les tiques entretiennent l’enzootie chez le bétail mais l’homme se contamine par l’inhalation des bactéries. - Incubation 15j - Syndrome pseudogrippal, pneumopathie - Souvent spontanément résolutif - Formes chroniques graves (endocardite), facteur de risque : valvulopathie, immunodéficience, grossesse - Vaccin Chlamivax (Mérial) c) Borrelioses Borrelia : spirochète = bactérie 10-15µm/0.4µm Les Ixodes sont vecteurs de la borréliose de Lyme. La maladie de Lyme : - 1976 Steere : cas d’arthrite inflammatoire dans le Comté de Lyme - 1982 Burgdorfer : spirochète transmis par les tiques - 1984 identifications de Borrelia burgdorferi - 1992 : découverte d’autre espèce en Europe Distribution : - Région tempérées et froides de l’hémisphère nord - En France : tiques infectées sur l’ensemble du territoire (sauf bordure de la Méditerranée Epidémiologie - Vecteur : o Ixodes ricinus en Europe o I. persulcatus en Asie o I.scapularies et I. pacificus en Amérique du nord - Transmission trans-ovarienne faible, transmission trans-stadiale - Habitat : o Forêt humides et sous-bois o Friches, prairie et même en milieu urbain - Période d’activité : début du printemps à la fin de l’automne - Pics de transmission : mai-juin et septembre-octobre Ixodes ricinus : - 10-15% des tiques contaminées en France - Etude européenne : o Larves 1.9% o Nymphes 10.8% o Adultes 17.4% - Mais grande variabilité régionale et locale : « poche » de plus forte incidence - Réservoirs animal important : o Mammifère sauvage, oiseaux o Animaux domestiques o Existence de porteurs sains - Plusieurs agents : au moins 5 espèces en Europe Borrelia bugdorfer, B. garinii, B.afzelii, B. valaisiana et B.lusitania Clinique - Erythème chronicum migrans o 1-4 semaines après la piqure o Erythème d’évolution centrifuge (>5 cm) o Ni douleur, ni prurigineux o Disparaît spontanément - Dissémination : o Manifestations cutanée : érythème multiple (rare en Europe) o Manifestations rhumatologique : arthrite évoluant par poussées touchant les grosses articulations o Manifestation neurologique : plus fréquente en Europe(B.garinii) méningoradiculite sensitive (algie dans les zones de piqûre de la tique), atteinte du nerf facial (paralysie), atteinte centrale plus rare (encéphalite), Ac dans LCR o Manifestation cardiologique : trouble de la conduction auriculo-ventriculaire (palpitation) parfois myocardite - Sans traitement, évolution chronique o Manifestations rhumatologique : arthrite invalidante o Manifestations neurologique : médullaire ou centrale cliniquement polymorphes, manifestations psychiatrique o Manifestations cutanées tardives : acrodermatite chronique atrophiant (ACA)=érythème cyanosé o Le lymphocytome cutané bénin : lésion médullaire unique ou multiple (oreille, mamelon, scrotum) délai d’apparition long Diagnostique - Isolement du germe difficile (sang, LCR, biopsie) - Détection possible par PCR - Sérologie (interprétation difficile) sérum et LCR o IFI ; ELISA (IgM, IgG) o Confirmation par Western Blot Traitement : - Phase précoce o Amoxicilline 3-4 g/j 10 à 15j alternative (CI pénicillines) doxycycline 200mg/j 10-15j o Enfant <5 ans et femme enceinte - Complication o Doxycycline 200mg/j 2-3 semaine ou o Ceftriaxone 2g/j 2-3 semaine IM ou IV Prophylaxie Vaccination =0 mise au point d’un vaccin au USA (contre Osp « outer surface proteins ») mais arrêt de la production : Lymerix® : commercialisation depuis 1998 mais effet secondaire arrêt en 2002 (arthrite induit) En Europe problème de diversité des espèces - Lutte contre les triques difficile sur le terrain - Reste seulement la prévention individuelle : o Vêtement, répulsif o Extraction rapide o Antibiothérapie (femme enceinte) Incidence naturelle : Première maladie vectorielle dans son aire de distribution : - Cas annuelle estimés : o 15 0000 aux USA o Plus de 50 000 en Europe o 10 000 à 20 000 en France - Inscrite sur la liste des maladies professionnelles Entre 2001 et 2003 grande étude sur la France : déclaration des cas ; environ 400 médecins interviennent et remplissent un questionnaire. On a déterminé le délai d’apparition : 1 mois. L’incidence en Alsace on a 10 fois plus de cas que dans le reste de la France. d) Tularémie : Fracisella tularensis Cocobacille gram- Réservoir sauvage important ( lagomorphe (lapin), rongeur) - Transmissions par contact direct ++ - Transmission par arthropodes (dont tiques) Environ 20 à 50 cas déclaré en France Clinique : ulcération + adénopathie Diagnostique sérologique Traitement : fluoroquinolone 3. Parasitoses Les babésioses (ou piroplasmose) sont des affections vétérinaire très répandues transmises par des Ixodidès : Les babésia sont des protozoaires parasites intraérythrocytaires qui provoquent, comme dans le paludisme, une anémie de type hémolytique. L’homme est rarement contaminé. - Quelque dizaine de cas en Europe dû à B.divergens Réservoir : bovins ; facteur favorisant : la splénectomie - Quelques centaine de cas aux USA et en Europe dû à B. microti ; réservoir : des rongeurs. III. Les argasides A. Morphologie Tiques molles à rostre ventral. 2 sous famille - argasinés (repli périphérique) - orthodorinés B. Biologie, cycle de développement - tiques endophiles - mœurs nocturnes - repas sanguins brefs - longévité (10-20 ans) - résistance au jeûne (plusieurs mois) Cycle de développement - une centaines d’œufs par ponte - larve hexapode (repas de durée variable) - 2 à 7 stades nymphaux (repas + mues de croissance) - Adultes (plusieurs repas et ponte) C. Rôle pathogène propre Morsure d’Argas de pigeon (Argas reflexus) - Piqûre nocturne et brève - Réaction locale inflammatoire et douloureuse - Réactions allergiques pouvant aller jusqu'à un choc annaphilactique D. Rôle vecteur Fièvre récurrente à Borrelia Transmission : salive, liquide coxal Incubation : 1 semaine Fièvre à 40° (3j) avec céphalées, nausées, arthralgies Apyrexie (3-7 j) Récurrences fébrile : une dizaine Asthénie, trouble de l’hémostase, manifestation cardiaque et neurologiques. - Afrique du nord, Europe méridionale : maladie bénigne à Borrelia hispanica ; réservoir : rats - Régions tropicales réservoir et espèces variées - La plus importante : celle à Borrelia duttonii Arthroponose d’Afrique centrale et de Madagascar Vecteur Ornithodoros moubata adapté à l’habitat humain Mortalité (15 à 30%) sans traitement Diagnostique par recherche des spirochètes dans le sang Traitement : tétracycline (réaction de Jarisch- Herxheimer) Arbovirose : une quarantaine dont 3 à l’origine de maladies humaines Parasitose IV. Les acariens lymphophages Trombidioses provoquées par des larves d’une cinquantaine d’espèces du genre Trombicula surnommées aoûtats. Les adultes et les nymphes sont libres. Repas 3 jours. Réaction prurigineuse intense (5à 6 jours) Se fixe en formant un histosiphon (= stylostome) pour dissoudre les tissus et les réaspiré. Traitement : benzoate de benzyle (Ascabiol), antiinflammatoires et antiprurigineux. V. Les acariens cuticoles A. Démodécie à Demodex folliculorum 300 -400µm/40µm Pattes atrophiés Opisthosome strié Parasite des follicules pileux et glandes sébacées Peau grasses abondant dans les comédons blépharite (racine ciliaire) Certains démodécie animales sont mortelles. B. La gale Il existe de nombreuses gales animales qui peuvent provoquer chez l’homme en contact des prurits fugaces. L’agent responsable de la gale humaine ou scabioses est Sarcoptes scabiei 1. Morphologie Acariens astigmate Sphérique femelle 300-4000µm et mâle 250µm Rostre court Patte atrophiées (soies ou ventouses) - 2. Cycle de développement Femelle fécondées creusent l’épiderme ( 2-3 µm /jour) Elles pondent 3 à 5 œufs par jours. Il y a2 fois plus de nymphes femelles. Les larves sont hexapodes.la fécondation est a la surface de la peau - - - - 3. Epidémiologie Transmission par contact direct o Manque d’hygiène corporelle o Maladie paravénérienne o Epidémies (hôpitaux, foyers) 4. Symptômes Prurit très intense (eczématisation) Lésions cutanés (sillons, vésicules perlées) Surinfections (impétigo) Localisation des lésions : espaces interdigitaux, poignées, coudes, ceinture, chevilles, seins, fesses, verge… La forme sévère : gale norvégienne ou hyperkératosique, formation de croute sur terrains favorable (terrains cachectique, immunodéprimé, lésions crouteuses, même sur les visages, non prurigineuse, parasite) 5. Diagnostique Clinique Recherche des sarcoptes dans les prélévements cutanés Traitement d’épreuve 6. Traitement topique Traitement historique : bain soufré Benzoate de benzyle = ascabiol® lotion Pyréthrinoïdes, sprégal® Respecter les recommandations d’emploi Prurit post scabieux (10-15j) Traiter en priorité l’imprégnation Traitement anti-reflux 7. Traitement systématique Ivermectine : stromectol® Gale commune : 200µg par kilo de poids corporel en une prise unique ; guérison estimée à guérir définitivement que 4 semaines après le traitement. ème Gale profuse et gale crouteuse : 2 dose d’ivermectine et/ou en association à 1 traitement topique C. - Acariens des poussières de maison >20 espèces (Pyroglyphidés) se nourrissent de squames cutanées - Allergènes= secrétions et excréments des acariens - Sensibilisation= rhinite et asthme Dermatophagoides pteeronyssinus Traitement de l’asthme ; désensibilisation ; éviction des pneumoallergènes - Acarex®test : colorimétrique dosant la guanine de la poussière. D. - Acariens des denrées Tyroglyphes Farines, grains, fruits sec, produit laitiers, jambon Impératifs économique : dégâts des denrées entreposées Impératifs médicale : dermatite de contact Glycyphagus domesticus : dermatite des épiciers - Pyermotes ventricosus = parasite d’insecte vivant dans les graines et végétaux sec E. Autres acariens responsable des dermatites - Cheylotiella avec des pedipalpes crochus Vivent dans le pelage des chats et des chiens - Dermanysses = poux des volatiles Petits acariens hématophages (1mm) parasite des oiseaux mais peuvent s’attaquer à l’homme.