l’Enass Ecole nationale d’assurances La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs Laurence PELZER « Construire son avenir en intégrant le risque de dépendance, c'est augmenter son espérance de vie dans la dignité. » Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 1 REMERCIEMENTS Je souhaiterais remercier Pascal Guedon, Black Belt, groupe Allianz, pour son soutien en tant que tuteur tout au long de mes recherches et surtout pour ses précieux conseils lors de la mise au point finale de mon document. Mes remerciements s’adressent également à toutes les personnes qui ont bien voulu m’apporter leur aide dans ma réflexion au cours d’entretiens ou par leurs conseils sur le choix des documents à consulter, des thèmes à ne pas oublier et des personnes à rencontrer: − Armelle de Joybert, adjointe au maire de la ville de St Germain en Laye chargée de la solidarité − Pierre Larquier, responsable Veille marketing et Reporting, groupe Allianz − Rosemary Mc Caslin, Ph.D.,A.C.S.W., Professeur, Département Assistance Sociale, Université de l’état de Californie − Nathalie Meynent, Avocate, Département patrimoine et assurance, groupe Fidal − Nathalie Paillot-Muhlheim, Responsable souscription France, Munich Re − Nicole Pochat, Directrice marketing et communication, groupe Europ Assistance − Corine Prével, Marketing prospective et Innovation, groupe Allianz − Marion de la Rivière, responsable Prévoyance et Risque s Médicale de France, groupe Predica − Jacqueline Robert, parente d’une personne dépendante, rencontrée au CCAS du Vésinet − Bernadette Robusson, parente d’une personne dépendante, rencontrée au CCAS du Vésinet − Gilles Thivant, Directeur France, groupe Scor − Philippe Trainar, Chief Economist Officer, groupe Scor Patrick Thourot, Directeur Général Délégué du groupe Scor, et parrain de la promotion 20092010 du MBA, a également toute ma reconnaissance pour nous avoir fait partager sa vision enthousiaste et éclairée du monde de l’assurance. Ce tableau aurait été incomplet si j’avais omis de remercier Anne Ramin, responsable du MBA, pour son dévouement, ses conseils et encouragements tout au long du MBA. Enfin je terminerai en remerciant ma famille et mes enfants pour leur support et encouragements et surtout mon mari pour son extrême soutien, sa compréhension et sa patience de tous les instants. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 2 RESUME Avec le vieillissement de la population, la dépendance devient un sujet préoccupant pour nombre de personnes. Face à l’augmentation de l’espérance de vie, les cas de dépendance et de maladies invalidantes progressent et, l’état de dépendance devrait toucher plus d’un million de personnes en 2040 avec une progression de coût entre 120 et 210% (passage de 1 à 2,2% du PIB). Cette problématique est mondiale et de nombreux pays cherchent déjà des solutions pour demain. En France, les particuliers sont encore souvent « sceptiques » face à ce risque plutôt hypothétique et très lointain à leurs yeux. Nombre d’entre eux considèrent que l’Etat et leur épargne suffiront à couvrir les frais si le risque survient. L’Etat, très conscient d’un problème réel, a apporté un début de solution en créant une allocation dédiée, l’APA, mais, on sait déjà que son montant ne suffira pas à couvrir les frais liés aux soins et à l’hébergement des personnes dépendantes. Et, en janvier, le président de la République qualifiait le besoin de réforme concernant la dépendance de « défi colossal » pour le pays. Pour l’Etat, la principale inquiétude concernant la prise en charge de ce nouveau risque réside dans la façon de trouver des financements pérennes qui permettront de faire face au bouleversement démographique attendu. Disposant d’une marge de manœuvre budgétaire très réduite, il apparaît presque incontournable qu’il doive faire appel aux assureurs en facilitant l’accès à leurs produits (défiscalisation, facilités de transfert de contrats d’épargne vers des contrats de dépendance…). Parallèlement, les assureurs, qui ont bien conscience du marché potentiel que représente ce secteur, cherchent à élargir et à moderniser leurs offres de couverture afin de répondre aux attentes croissantes générées par ce risque potentiel. Mais, vingt cinq ans après sa création, l’assurance privée de dépendance peine à décoller avec seulement trois millions de personnes assurées. C’est ce contexte qui nous amène à dire que « la dépendance représente un enjeu de société important et un véritable défi pour les assureurs ». Si côté public, il s’agit moins maintenant de former une cinquième branche de la Sécurité Sociale, déjà bien en peine de trouver son équilibre, que de mettre en place une solution mixte associant solidarité nationale et financement privé par le biais de l’assurance et du patrimoine français, côté privé, il s’agit de relancer un marché qui stagne et qui n’a pas encore fait ses preuves auprès des français. Pour cela, de nombreuses étapes restent à franchir. La mise en place d’un partenariat public privé semble une phase incontournable pour l’ensemble des acteurs. De plus, pour les assureurs, il apparaît important de trouver des pistes novatrices pour convaincre les français de l’importance de l’enjeu. La prévention, les nouvelles technologies, le développement des services à la personne mais aussi l’information constitueront des pistes essentielles pour donner un nouvel élan au secteur et tenter d’améliorer l’image que les français portent sur le secteur de l’assurance privée. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 3 ABSTRACT With the ageing population, long term care is becoming a bewildering subject for a large number of people. Facing the rise of life expectancy, cases of long term care and of disabling diseases increase; hence, long term care should affect more than one million people within 2040 with a rising cost expected between 120 and 210% (1 to 2.2% of the French GDP). This is a world problem and many countries are already looking for solutions to prepare the future. In France, private individuals often remain « sceptical » with reference to this rather hypothetical and apparently distant to their eyes risk. Many of them believe that the French State and their savings will be sufficient to cover the risk if it occurs eventually. The French State, well aware of an existing real problem, has found a beginning of solution with a dedicated allowance called APA, but we already know that its amount won’t be enough to cover the expenses linked to the medical treatments and accommodation of the long term care people. In January, the president of the French Republic spoke about the need for a reform about long term care as a « huge challenge » for the nation. For the State, the main worry with the covering of that new risk is all about finding sustainable source of funding, which will permit to face the expected population boom. With the very reduced budgetary margin room for manoeuvre the State has, it seems almost impossible to keep insurers apart from solutions. And therefore the State should be brought to encourage underwriting by giving easier access to the insurance products with for instance tax optimisation, transfer terms to turn saving contracts to pure long term care contracts…. At the same time, insurers, who are well aware of the potential market represented by this sector, attend to widen and modernize their covering offer so as to answer the growing expectations generated by this new potential risk. However 25 years after its birth, private long term care insurance still struggles to grow with only three million covered people. It is that context which allows us to say that “long term care is an important society issue and a very serious challenge for insurers”. From the State point of view, the idea is now, not so to create a fifth branch of the French public welfare system, though that system already has financial difficulties, than to elaborate a mixed solution linking national solidarity and private financing using insurance and French inheritance. From the private point of view the challenge is to boost a stagnant market, which still has to prove its efficiency so as to win French people’s confidence. In that purpose, many steps still remain to go through. One of which could be the setting up of a public-private partnership between all the economic and social actors. Moreover, for the insurers, it seems important to find new ideas to convince French people of the importance of the challenge. Prevention, new technologies, services to people and also information will be essential tracks to develop to give the sector a new burst and maybe improve the image that French people have about private insurance. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 4 SOMMAIRE INTRODUCTION .......................................................................................................................................... 6 1 PARTIE I - VIEILLESSE DEPENDANCE ET PERTE D’AUTONOMIE - DES CHIFFRES CLE POUR UNE PRISE DE CONSCIENCE NECESSAIRE ............................................................................... 8 1.1 L’INELUCTABLE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION ............................................................................ 9 1.1.1 Des chiffres incontestables ......................................................................................................... 9 1.1.2 L’augmentation des besoins de soins ........................................................................................ 13 1.1.3 La perte d’autonomie, un sujet qui fait peur.............................................................................. 17 1.2 L A PERTE D’AUTONOMIE : POURQUOI ? COMMENT ? COMBIEN ?......................................................... 18 1.2.1 Mais au fait, qu’est-ce que la dépendance ?.............................................................................. 18 1.2.2 Quels instruments de mesure ? ................................................................................................. 20 1.2.3 Quel coût ? .............................................................................................................................. 24 1.3 DES REPONSES DIVERSES AUX PROBLEMES DE DEPENDANCE ................................................................ 27 1.3.1 En termes d’organisation ......................................................................................................... 27 1.3.2 En termes d’accompagnement des pouvoirs publics et des collectivités locales.......................... 30 1.3.3 En termes d’assurance privée................................................................................................... 36 1.4 SYNTHÈSE PARTIE I............................................................................................................................ 39 2 PARTIE II - UN ECLAIRAGE EXTERIEUR - REGARD SUR LES SYSTEMES DE PROTECTION SOCIALE EN EUROPE ET AUX ETATS-UNIS ............................................................. 41 2.1 L’EUROPE: DIFFERENTS MODELES DE PROTECTION SOCIALE ................................................................ 42 2.1.1 Les pays « beveridgiens »......................................................................................................... 44 2.1.2 Les pays « bismarckiens » ........................................................................................................ 45 2.1.3 Un système mixte s’inspirant des deux formules........................................................................ 49 2.2 LE MODELE AMERICAIN...................................................................................................................... 53 2.2.1 Rôle du gouvernement.............................................................................................................. 53 2.2.2 Rôle du secteur privé................................................................................................................ 55 2.2.3 Bilan sur le système américain ................................................................................................. 58 2.3 ZOOM SUR LE MODELE FRANÇAIS EN COURS D’EVOLUTION .................................................................. 59 2.3.1 Prédominance d’une logique d’aide sociale.............................................................................. 59 2.3.2 Le marché français de l’assurance privée : risques et perspectives............................................ 60 2.3.3 Le cinquième risque dépendance .............................................................................................. 68 2.4 SYNTHESE PARTIE II........................................................................................................................... 71 3 PARTIE III - LA STRATEGIE DES ASSUREURS POUR DEMAIN - UNE NOUVELLE IMAGE TOURNEE VERS LE MODERNISME ET LA CONFIANCE ................................................................... 73 3.1 NOUVEAUX AXES DE DEVELOPPEMENT : I NFORMATION – PREVENTION - INNOVATION ......................... 74 3.1.1 Objectif des campagnes d’information...................................................................................... 74 3.1.2 Prévention ............................................................................................................................... 75 3.1.3 Innovation : nouvelles technologies pour l’autonomie............................................................... 79 3.2 LES SERVICES A LA PERSONNE ............................................................................................................ 83 3.2.1 Un secteur en plein développement........................................................................................... 83 3.2.2 Les diverses catégories d’acteurs opérationnels........................................................................ 85 3.2.3 Le rôle des sociétés d’assistance............................................................................................... 87 3.3 LES CONTRATS D’ASSURANCE ............................................................................................................ 89 3.3.1 Une couverture juridique plus complète.................................................................................... 89 3.3.2 Des contrats individuels combinant dépendance et/ou épargne ................................................. 92 3.3.3 Des contrats collectifs d’assurance dépendance........................................................................ 99 3.4 SYNTHESE PARTIE III ....................................................................................................................... 103 CONCLUSION ........................................................................................................................................... 105 4 ANNEXES .......................................................................................................................................... 109 4.1 4.2 4.3 4.4 MOTS CLÉ – KEY WORDS - ABRÉVIATIONS ....................................................................................... 110 TABLEAU COMPARATIF : C ONTRATS DEPENDANCE ........................................................................... 114 TEST DE BLESSED – TEST DE FOLSTEIN ............................................................................................. 116 SERVICES A LA PERSONNE : LISTE DES ENSEIGNES ............................................................................. 120 BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................................... 122 TABLE DES MATIERES .......................................................................................................................... 125 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 5 Introduction INTRODUCTION La démographie mondiale est en pleine évolution. Les projections démographiques d’aujourd’hui nous laissent entrevoir un allongement certain de la durée de vie avec des conséquences économiques, médicales et sociales majeures. En France, en 2050, sur une population de 70 millions d’habitants, nous compterons 11 millions de plus de 75 ans et probablement plus de 1,5 million de personnes dépendantes. Parallèlement, l’évolution de la pyramide des âges aboutit à une réduction du nombre des actifs (déclin de la force de travail), mais aussi à une baisse du nombre de personnes susceptibles de cotiser pour la couverture de ce risque. Devant ces chiffres, et quand on sait que la plus grande caractéristique du vieillissement est la fragilité qui atteint son paroxysme avec la dépendance, il semble essentiel d’aborder une réflexion sur la dépendance, tant sur son coût que sur les politiques de prise en charge susceptibles d’être envisagées. Car il s’agit bien d’assurer un niveau de santé élevé à des populations vieillissantes afin de renforcer les liens entre les générations mais aussi une stabilité économique et sociale au sein d’une société qui pourra abriter des familles où viendront à cohabiter jusqu’à cinq générations. Notre système de santé, déjà complexe et en constante évolution, doit donc prendre en compte ces changements de société, générateurs de nouveaux besoins pour les patients et de progrès médicaux. Il doit relever d’importants défis : parvenir à l’équilibre financier tout en assurant des soins de qualité à une population vieillissante. En effet, dans un avenir plus proche, le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans va quasiment doubler d’ici à 2015, nécessitant des prises en charge et des soins adaptés avec simultanément, un nombre d’actes, de consultations et d’hospitalisations qui va progresser de manière très sensible. Au plan macroéconomique, la prise en charge de la dépendance représente aujourd’hui 1% du PIB en France, ce qui n’est pas négligeable car une part importante de son financement n’est ni structurée, ni planifiée au niveau de son évolution. Et cela ne peut qu’augmenter compt etenu des évolutions démographiques mais aussi de l’évolution du niveau technologique des services, qui ne peut que générer des dépenses supplémentaires. Dans un contexte de forts déficits des systèmes publics, la question du financement et de la prise en charge de la dépendance apparaît donc essentielle aujourd’hui. C’est dans ce contexte que nous pouvons dire que « la dépendance est un enjeu de société important et un véritable défi pour les assureurs». Pour illustrer ce fait, tout au long de ce document, nous porterons un regard sur des chiffres clé importants afin de faire un état des lieux clair sur la situation de la France en regard de l’état de dépendance et de sa couverture sociale. La première partie nous permettra de faire le point sur une population française vieillissante, sur la progression du nombre de personnes dépendantes et sur le développement des maladies invalidantes. Nous verrons combien il est difficile de définir et de quantifier le degré de perte d’autonomie d’une manière claire et indiscutable. Nous ferons le constat de l’importance de la famille et des amis pour faire face à des situations de dépendance que les aides mises en place par l’état ne suffisent pas à couvrir. Enfin nous constaterons l’importance d’une solidarité entre tous les acteurs pour faire face à ce problème de société qui ne peut être ignoré. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 6 Introduction Dans une deuxième partie, nous porterons notre regard sur la couverture sociale de la dépendance en France où le système est en cours d’évolution (création d’une cinquième branche et mise en place possible d’un partenariat public privé). Mais aussi sur d’autres pays afin de voir quelles solutions peuvent être mises en place pour prévenir et couvrir d’une manière efficace le risque de dépendance. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux systèmes de partenariat public-privé mis en place : • en Allemagne, avec une organisation qui repose sur deux acteurs séparés en termes de personnes couvertes et de philosophie de tarification (répartition versus capitalisation) mais qui se rejoignent en termes de garantie, définie par l’Etat (police et règles uniformes) • aux Etats-Unis, avec un système basé sur un partenariat entre la plupart des Etats Fédéraux et les assureurs privés au travers d’un programme d’indemnités issu du régime social Medicaid Nous ferons également le point sur la difficulté de la mise en place: • pour les assureurs, d’un système devant couvrir des personnes qui présentent des risques de santé lourds, susceptibles de générer des déficits importants sur le long terme (aléa moral et antisélection) • pour les assurés qui doivent comprendre et accepter les mécanismes de la couverture dépendance (contrats à fonds perdus, rentes souvent insuffisantes…) La troisième et dernière partie sera consacrée à la stratégie de vant être mise en place par les assureurs pour faire face aux défis de demain concernant la couverture de la perte d’autonomie. L’importance de l’information, de la prévention et de l’innovation seront mis en avant pour montrer que l’assurance a un rôle important à jouer dans la couverture du risque dépendance. Le partenariat, mis en place avec de nombreux organismes proposant des services à la personne, sera également un volet incontournable du succès de la couverture de demain. Pour les assureurs, il s’agit de gagner la confiance des clients et de s’affirmer sur ce marché difficile mais tellement important. Remarque : chaque partie s’achève sur une synthèse, sur fond gris clair, permettant de mettre en exergue les principaux points développés. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 7 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1 PARTIE I - VIEILLESSE DEPENDANCE ET PERTE D’AUTONOMIE - DES CHIFFRES CLE POUR UNE PRISE DE CONSCIENCE NECESSAIRE Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 8 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.1 L’inéluctable vieillissement de la population 1.1 L’inéluctable vieillissement de la population 1.1.1 Des chiffres incontestables L’amélioration des conditions de vie et les progrès de la médecine ont eu des conséquences très fortes sur l’allongement de l’espérance de vie. Les progrès sur la mortalité, devenue négligeable aux âges jeunes, se transfèrent sur les âges plus élevés et notre société entre dans une ère où les effectifs de centenaires – voire de « super centenaires » (110 ans et plus) – ne font qu’augmenter. Avec l’allongement très impressionnant de la durée de vie au niveau mondial, d’après l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé)1, le nombre de centenaires devrait passer de 6 000 en 1998 à 150 000 en 2050 contre 200 seulement en 1950. Ø En France Les dernières projections démographiques de l’INSEE confirment le vieillissement de la population française. A l’horizon 20502: o La France métropolitaine compterait 70 millions d’habitants, soit 7 millions de plus qu’aujourd’hui o Une personne sur trois serait âgée de 60 ans et plus o La population des 75 ans et plus doublerait : 11 millions en 2050 contre 5 millions en 2005, soit 15,6% de la population française contre 8% en 2005 Population âgée de 75 ans et plus en millions Source : Projections de population pour la France métropolitaine à l’horizon 2050 – Insee / juillet 2006 1 2 Source : Le rapport sur la santé dans le monde OMS 1994 Source : FFSA avril 2009 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 9 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.1 L’inéluctable vieillissement de la population Du fait de l’accroissement constant de la population de plus de 60 ans, la progression du nombre de personnes âgées dépendantes pourrait augmenter de 40 à 50% d’ici 2040 et atteindre plus de 1,5 million de personnes 3. Evolution du nombre de personnes âgées dépendantes de plus de 60 ans 1,5 1,3 1,15 1,07 Cette croissance serait de 1,5% en moyenne annuelle avec des périodes d’accélération comme celle qui est en cours pour la génération née après la Première Guerre Mondiale. Une seconde forte accélération est attendue à partir de 2025, lorsque les générations du baby boom atteindront 80 à 85 ans, âge à partir duquel le taux de prévalence 4 de la dépendance est en nette accélération. Avec un taux de dépendance de 50%, on arriverait à un chiffre de 1,3 million de personnes dépendantes en 2030 et 1,5 million en 20405. Ces chiffres traduisent une transition démographique importante avec un vieillissement de la population dont une partie de plus en plus importante n’échappera pas au problème de la dépendance qui est donc une question au cœur de nos projets de société. Enfin, la durée moyenne de la dépendance, lorsqu’elle survient, est de 4,4 années – 3,7 ans pour les hommes et 4,7 ans pour les femmes. Par ailleurs, les durées longues en dépendance sont rares: seuls 6 % des hommes et 16 % des femmes atteignant l’âge de 60 ans vivent plus de 5 ans en dépendance. Les différences entre hommes et femmes s’expliquent par la plus longue espérance de vie des femmes et par le fait qu’elles sont plus fréquemment touchées par la dépendance. 3 Source : DREES année 2007 Prévalence : proportion de personnes dans la population étudiée qui à une date donnée s’avère atteinte par telle ou telle pathologie. 5 Source : Congrès international de la population de l’UIESP, Tours, juillet 2005, Cyril Rebillard, Insee, Sophie Pennec, Ined. 4 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 10 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.1 L’inéluctable vieillissement de la population Ø Une évolution identique dans l’Union Européenne Les élargissements récents de l’Union Européenne renforcent une tendance antérieure au vieillissement et à la dépopulation. Entre 2004 et 2050, une large majorité des pays de l’UE pourraient voir leur population diminuer. Se tournant vers l’avenir, les experts d’Eurostat écrivent 6 : « Au cours des deux prochaines décennies, la population totale de l’UE devrait s’accroître de plus de 13 millions d’habitants, passant de 456,8 millions d’habitants au 1 er janvier 2004 à 470,1 millions d’habitants au 1er janvier 2025. La croissance de la population sera principalement due au solde migratoire puisque le total des décès devrait dépasser le total des naissances à partir de 2010. Le solde migratoire ne devrait plus compenser la décroissance naturelle après 2025 et la population devrait diminuer pour atteindre 449,8 millions d’habitants en 2050, soit une perte de plus de 20 millions d’habitants par rapport à 2025 ». De 1993 à 2004, le groupe d’âge de 65 à 79 ans est passé de 10,9% à 12,5%. Au cours de la dernière décennie, l’espérance de vie à la naissance a augmenté de près de trois ans dans les vingt-sept pays de l’UE actuelle. En 2050, il y aurait trois inactifs pour quatre personnes en âge de travailler et plus de 10% de la population de l’UE aura 80 ans ou plus, âge à partir duquel, comme nous l’avons déjà dit pour la France, le taux de prévalence de la dépendance est en nette accélération. Chiffres clés (UE 27)7 • Taux de population en âge de travailler en 2050 : (20-64 ans) : 52% • Taux de population âgée de 15 à 24 ans en 2050 : 19% • Taux de population âgée de 65 ans et plus en 2050 : 29% • Taux de dépendance en 2050 : 50% des personnes âgées de 85 ans et plus • Taux de fécondité en 2060 : 1,68 enfant par femme (seuil de renouvellement 2,1) • Espérance de vie des femmes en 2060 : 89 ans • Espérance de vie des hommes en 2060 : 84,5 ans • Solde migratoire en 2007 : +1,9 million Ø Que penser ? En France, on étudie généralement la dépendance à partir de 60 ans pour coïncider avec le champ d’application juridique des prestations publiques (l’APA). On constate que la prévalence reste faible pour les hommes et les femmes jusqu’à 75 ans puis augmente rapidement avec l’âge. 6 7 Source : IRIS, Actualités Européennes n°16, janvier 2008. Source: Eurostat Projections de population, 2008 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 11 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.1 L’inéluctable vieillissement de la population Age Taux de prévalence 60-69 ans 2,1 % 80 ans 10,5 % 85 ans 18,3 % 90 ans 30,2 % Source : drees/ Eudes et Résultats N° 160 /Février 2002 Taux de prévalence par tranche d’âge lors de l’enquête HID (Critères Gir 1 à 4 de la grille Aggir) Soit globalement un taux de prévalence de l’ordre de 6,6% de la population des 60 ans et plus Face aux chiffres énoncés ci-dessus, et quand on sait, qu’en France, les dépenses en prestations de vieillesse et survie sont déjà largement prédominantes au sein des prestations sociales, on peut s’inquiéter de l’augmentation prévisible du nombre de personnes dépendantes qui entraînera un accroissement des besoins et des coûts de prise en charge, tant pour les acteurs publics que pour les personnes âgées et leur famille. Les Français l’ont d’ailleurs bien compris et 8 sur 10 d’entre eux se sentent concernés par le sujet comme le montre l’enquête Sofrès ci-dessous8 : 65-75 ans : 49 % 65-75 ans : 54% 8 Source : baromètre prévoyance, vague 3, Sofrès, novembre 2009 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 12 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.1 L’inéluctable vieillissement de la population Selon les projections actuelles, l’augmentation du coût de la dépendance pourrait se situer entre 120% et 210% hors inflation à l’horizon 2040. Le poids économique de la dépendance passerait de 1% à 2,2% du PIB annuel. En 2040, on arriverait donc à un coût cumulé de la dépendance de l’ordre de 40% du PIB9. Le problème du financement de la dépendance constitue donc un enjeu crucial pour nous comme pour nos voisins européens. 1.1.2 L’augmentation des besoins de soins Ø Les affections traditionnelles Le nombre d’affections déclarées s’accroît avec l’âge. Au-delà de 64 ans, selon une étude du CREDES10, les enquêtés déclarent plus de sept affections y compris les problèmes dentaires et les troubles de la vue. Si l’on exclut ces deux derniers, les personnes de 65 à 79 ans déclarent 4,9 maladies et à partir de 80 ans : 5,4. Dès 65 ans et plus, surviennent: o o o o les maladies cardio-vasculaires, 71% (ex : l’hypertension) les affections ostéo-articulaires, 60% les troubles endocriniens ou du métabolisme, 59% (ex : obésité) enfin les troubles du sommeil, les troubles auditifs, les états dépressifs et, plus vague, des « douleurs » fréquentes Certaines personnes citent également des difficultés concernant des éléments de qualité de vie telle la capacité à se déplacer (26%) ou à faire sa toilette (8,6%). L’âge n’est pas la cause de la dépendance, mais il favorise la survenance de pathologies invalidantes de différentes natures : accidents cardio-vasculaires, maladies coronariennes, diabètes, maladies neurologiques… Au Royaume Uni, le rapport Wanless a passé systématiquement en revue les déterminants sanitaires de la dépendance des personnes âgées11. A partir d’une importante revue de littérature sur le sujet, il aboutit aux résultats suivants par pathologie : 9 Source : Institut Silverlife : centre de recherche sur l’économie du vieillissement. Source : Enquête Santé et Protection Sociale (SPS) 2000, Laurence Auvray, Sylvie Dumesnil et Philippe Le Fur: « Santé, soins et protection sociale en 2000 », série Résultats, n° 1 364, 2001, CREDES. 11 Source : Rapport Hélène Guisserot, Perspectives Financièresde la Dépendance des Personnes Agées à l’Horizon 2025, mars 2007. 10 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 13 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.1 L’inéluctable vieillissement de la population Source : rapport Wanless (op cit, p35) Affection Accident vasculaire cérébral Pathologies vasculaires périphériques Pathologies coronariennes Hypertension (si traitée) Pathologies rhumatismales Diabète (si traités) Obstruction chronique des voies respiratoires Maladie de Parkinson Problèmes d’audition Problèmes de vue Déficiences cognitives moyennes Déficiences cognitives importantes Augmente le risque de dépendance Oui Non Oui Non Oui Non Oui Oui Non Oui Oui Oui Augmente le risque de décès Oui Non Oui Non Non Oui Oui Oui Non Non Oui Oui Ø Les démences Certaines pathologies comme les maladies neurodégénératives ou les démences séniles 12 sont particulièrement invalidantes. Elles altèrent les fonctions de la personne, notamment intellectuelles. La prévalence de ces pathologies augmente très rapidement avec l’âge. Deux maladies sont particulièrement rencontrées : Parkinson et Alzheimer. La maladie d’Alzheimer représente de l’ordre de 50% du nombre de personnes atteintes de démence sénile 13. Elle rend la prise en charge à domicile très difficile voire impossible pour l’entourage du malade. Ses caractéristiques particulières de désorientation, d’errance et d’agressivité imposent une surveillance constante du malade ce qui rend inévitable son placement en établissement spécialisé à moyen terme. La maladie d’Alzheimer passe par différents stades : o Le stade léger ou initial dont les symptômes principaux sont les pertes de mémoire, les difficultés de communication et les changements d’humeur. Ce stade requiert une aide minimale les personnes atteintes restant conscientes de leurs déficiences. o Le stade modéré, caractérisé par une chute importante des facultés cognitives et fonctionnelles du malade. A ce stade, une aide peut devenir nécessaire pour accomplir de nombreuses tâches quotidiennes. o Le stade avancé, durant lequel la personne n’est plus capable de communiquer verbalement ou de prendre soin d’elle-même. Des soins sont alors nécessaires vingt quatre heures sur vingt quatre. o La fin de vie. A ce stade, les soins fournis viseront à assurer une qualité de vie ainsi qu’un soutien affectif et spirituel 12 Le terme de démence sénile désigne une détérioration intellectuelle survenant après 65 ans et qui peut avoir pour origine une maladie dégénérative, une démence vasculaire ou d’autres affections. 13 Source : Europa, portail de l’Union Européenne, déterminants de la santé Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 14 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.1 L’inéluctable vieillissement de la population Une fois la maladie diagnostiquée, son évolution est irréversible mais différente selon chaque personne et les traitements suivis. L’espérance de vie est alors estimée entre sept et dix ans avec une période de dépendance relativement longue selon la durée des passages dans les différents stades. Actuellement, la maladie d’Alzheimer touche 25 millions de personnes dans le monde et, environ 850 000 personnes en France 14. A partir de 85 ans, une femme sur quatre et un homme sur cinq sont touchés. Toutes les démences ne conduisent pas à un état de dépendance – au sens de l’APA (cf. §1.3.2) –, mais les études montrent une forte corrélation entre démence et dépendance Compte-tenu de l’importance de la maladie d’Alzheimer et de ses répercussions sociales, un plan d’état « Alzheimer et maladies apparentées 2008 – 2012 » a été lancé, basé sur les besoins du couple malade / aidant. Ce plan ambitieux est doté de moyens financiers importants, 1,6 milliards d’euros sur cinq ans répartis selon les axes suivants 15 : o 1,2 milliards pour la prise en charge des malades o 200 millions pour les soins o 200 millions pour la recherche Cette répartition illustre la priorité donnée à l’amélioration de la qualité de vie des malades et des aidants avec la mise en place de 44 mesures qui couvrent l’ensemble des situations rencontrées (diagnostic à la prise en charge à domicile ou en institution, intégration des soins et des services de prise en charge, développement des structures de répit innovantes, etc.). 14 Source : Alzheimer Conseil, 2009, organisme indépendant créé par des professionnels de l'accompagnement des malades d’Alzheimer et de leurs aidants vers une maison de retraite. 15 Source : séminaire Caritat, Silver Life, La Tribune de l’Assurance, novembre 2009. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 15 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.1 L’inéluctable vieillissement de la population Lors de la journée 5ième risque et assurance dépendance, le 24 novembre 2009, Madame Florence Lustman, Inspecteur général des finances et responsable du Plan Alzheimer 2008 2012, rencontrée à cette occasion, nous explique l’importance de cette maladie qui a été placée comme priorité de l’Union Européenne. Vingt pays de l’Union ont d’ailleurs décidé de mettre en place un outil de recherche commun, unissant leurs moyens humains et financiers dans un même but de progrès 16. C’est dire toute l’importance de ce projet. Ancienne secrétaire générale de l’ACAM, elle rappelle également que, dans ce contexte, les assureurs qui détiennent des statistiques très complètes sur la dépendance, ont un rôle important à jouer dans ce projet ambitieux qui nécessite toutes les compétences. Pour cela les sociétés d’assurances pourront mettre au point des modèles mathématiques permettant de proposer des produits d’assurance innovants. Ils doivent démontrer leur savoir-faire, en collaboration étroite avec un milieu médico-social plutôt réfractaire vis à vis de sociétés privées. Ø Les déterminants sociaux et comportementaux de la dépendance La consommation de tabac et d’alcool, la nutrition ou les activités sociales peuvent avoir une incidence sur le processus de dépendance. Le risque de dépendance est également différent selon le statut socio-économique de la personne. Une revue de littérature réalisée par l’OMS Europe évalue le caractère prédictif de plusieurs facteurs du risque de dépendance. Ses résultats sont regroupés dans le tableau ci-dessous : Evaluation du caractère prédictif de différents facteurs du risque dépendance17 Facteur Lien prédictif avec la dépendance +++ +++ +++ ++ +++ + +++ + Déficience cognitive Dépression Nombre de pathologies Variation de l’Indice de Masse Corporelle Faibles limitations fonctionnelles Faible fréquence de contacts sociaux Faible niveau d’activité physique Absence de consommation d’alcool (comparée à une consommation modérée Tabac +++ Déficience visuelle +++ Lecture : +, ++, +++ = niveau de certitude 0 = la question n’a pas été étudiée ? = il n’y a pas d’évidence scientifique 16 17 Possibilité de prévenir la dépendance en intervenant sur ce facteur 0 0 ++ 0 ++ + +++ ? + + Source : Europa, commission Européenne, Actualités, juillet 2009. Source : OMS Europe, 2008. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 16 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.1 L’inéluctable vieillissement de la population A la lecture de ces résultats, on peut imaginer que certains éléments comme la croissance moyenne de l’indice de masse corporelle des français ou la réduction des contacts sociaux des personnes âgées (réduction prévisible des aidants naturels) pourrait également accroître le niveau de la dépendance… 1.1.3 La perte d’autonomie, un sujet qui fait peur Une enquête TNS Sofres réalisée en septembre 2008 interroge les plus de 70 ans sur la perte d’autonomie. Ce sondage révèle leur vécu et leur perception des enjeux liés au « grand âge » et au vieillissement. Selon ce sondage, quatre personnes « autonomes » sur dix ne veulent pas aborder ce sujet qui gêne, même avec leur entourage proche. La peur de déranger, de demander de l’aide est d’autant plus forte que la personne est fragilisée et a une autonomie limitée. Paradoxalement, ce sont ainsi ceux qui ont le plus besoin d’aide qui osent le moins la demander. Et pourtant, la grande majorité des personnes interrogées (8/10) envisage de devenir un jour moins autonome, même si la plupart n’y pense que « de temps en temps ». Concrètement, certains pensent à aménager leur logement ou à déménager, à se munir d’une téléalarme, etc. Mais, très peu ont recours à la souscription d’un contrat d’assurance dépendance. Lorsqu’on leur demande ce qu’ils redoutent le plus, la perte de mémoire arrive en première position (65% pour les femmes et 46% pour les hommes). Celle-ci n’est pas toujours associée à la perte d’autonomie qui est citée en deuxième position dans les sources d’inquiétude. Les seniors aujourd’hui sont très attachés à leur qualité de vie. Leur attente principale pour l’avenir est de vivre pleinement et le plus longtemps possible. Pour cela, il est important pour eux de : o préserver leur autonomie physique et psychologique o conserver leur autonomie financière C’est pourquoi, l’état de perte d’autonomie peut se révéler, non seulement humainement douloureux, mais aussi un cauchemar financier pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros par mois. La perte d’autonomie doit donc être une préoccupation de tous, tout d’abord pour se prémunir et aussi pour préserver ses proches de l’impact financier qui peut devenir insoutenable à terme. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 17 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.2 La perte d’autonomie : Pourquoi ? Comment ? Combien ? 1.2 La perte d’autonomie : Pourquoi ? Comment ? Combien ? 1.2.1 Mais au fait, qu’est-ce que la dépendance ? Ø Définitions Le dictionnaire définit la dépendance comme la sujétion, la subordination impliquant un lien vis-à-vis d’autrui: être sous la dépendance de quelqu’un. Pour être simple, on peut donc dire de la dépendance qu’il s’agit du recours à un tiers pour les actes de la vie courante. Par la suite, une représentation négative impliquant une charge financière ou un problème social pour la société ont accompagné cette notion. La dépendance ne doit pas être confondue avec le handicap. Juridiquement, ce sont deux catégories différentes depuis la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances des personnes handicapées. La dépendance constitue une forme de handicap, limitée dans le temps. Elle survient en fin de vie, alors que la personne concernée dispose d’un revenu et souvent d’un patrimoine. Pour l’assureur, la dépendance est un risque alors que le handicap est un état de fait qui doit naturellement faire l’objet d’une aide publique. La classification internationale des Handicaps a contribué à clarifier les concepts généralement associés à la notion de dépendance. Ainsi, trois niveaux de handicaps ont été définis par l’Organisation Mondiale de la Santé suite aux travaux de Wood et Badley en 1978 : la déficience, l’incapacité et le désavantage social. La déficience : selon l’OMS « toute perte de substance ou altération d’une structure ou fonction psychologique, physiologique ou anatomique ». Les déficiences sont d’ordre physique mental ou sensoriel. La perturbation peut être permanente ou temporaire, accidentelle ou consécutive à une maladie. L’incapacité : « toute réduction (résultant d’une déficience), partielle ou totale, de la capacité d’accomplir une activité d’une façon ou dans les limites considérées comme normales pour un être humain ». Elle se traduit par une réduction partielle ou totale à accomplir certains gestes ou certaines activités. Le désavantage social pour un individu « résulte d’une déficience ou d’une incapacité qui limite ou interdit l’accomplissement d’un rôle normal (en rapport avec l’âge, le sexe, les facteurs sociaux et culturels) ». Cet écart lui confère un désavantage social. Ø Du concept de dépendance à celui de perte d’autonomie Au final, il est nécessaire de distinguer la perte d’autonomie de la dépendance. L’autonomie consiste à effectuer librement ses choix de vie tout en disposant de la capacité d’être encore un acteur social. Le Conseil Economique et Social en a donné la définition suivante : « c’est la capacité et le droit d’une personne à choisir elle -même les règles de sa Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 18 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.2 La perte d’autonomie : Pourquoi ? Comment ? Combien ? conduite, de ses actes et les risques qu’elle est prête à courir. C’est également pour une personne la possibilité d’effectuer sans aide les principales activités de la vie courante, qu’elles soient physiques, mentales, sociales ou économiques et s’adapter à son environnement ». La perte d’autonomie « est l’impossibilité pour une personne d’effectuer certains actes de la vie courante dans son environnement habituel »18. A la différence, la dépendance est la situation « d’une personne qui, en raison d’un déficit anatomique ou d’un trouble physiologique, ne peut remplir des fonctions, effectuer des gestes essentiels de la vie quotidienne, sans le concours d’autres personnes ou le recours à une personne ». Il est à noter que la dépendance est un état évolutif qui va d’une perte d’autonomie faible à la dépendance totale. Celle-ci correspond à la situation ou la personne ne peut plus effectuer seule trois des quatre actes élémentaires de la vie (se laver, s’habiller, se nourrir, se déplacer). La dépendance partielle est un état plus difficile à définir selon les variables suivantes : o la durée du besoin d’une tierce personne o le nombre d’actes de la vie quotidienne que la personne est incapable de faire seule Ø Subjectif ou intuitif pour les familles Pour les familles, la dépendance reste cependant une notion subjective qui se traduit par des besoins en soins d’hygiène et de santé mais aussi en assistance à la vie quotidienne. Un même sondage réalisé chaque année par le groupe DAFSA met en évidence la variation des critères de dépendance selon les répondants et selon les périodes 19. En avril 2008, ce sondage concernant les seniors et la dépendance donne les résultats suivants: Question : A partir de quel moment selon vous devient-on dépendant ? 96,80% Quand on ne peut plus s’alimenter seul 95,90% Quand on ne peut plus se laver seul 95,90% Quand on ne peut plus s’habiller seul 94,20% Quand on est continuellement alité 92,40% Quand on ne peut plus se déplacer seul 92,40% Quand on commence à perde la tête 90,10% Quand on ne peut plus gérer ses propres affaires et son budget 89,40% Quand on ne peut plus utiliser les moyens de communication à distan ce 89,40% Quand on ne peut plus se repérer dans le temps 88,80% Quand on ne peut plus préparer ses repas Quand on ne peut plus faire son ménage 81,60% 18 Arrêté du 13 mars 1985 à l’enrichissement du vocabulaire aux personnes âgées, à la retraite et au vieillissement. 19 Source DAFSA, ensemble de l’échantillon 898 personnes, 2008.. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 19 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.2 La perte d’autonomie : Pourquoi ? Comment ? Combien ? Les réponses montrent qu’en 2008, pour les personnes interrogées, la dépendance est fonction de : o premier critère : lorsqu’on « ne peut plus s’alimenter seul » (97 %) ; ce critère arrivait en 4ième position en 2003 o deuxième : critère lorsqu’on « ne peut plus se laver seul» (96 %) o cinquième critère : lorsqu’on « ne peut plus se déplacer seul »; ce critère arrivait en première position en 2003 Cette évolution du classement des critères de dépendance est due à l’évolution de la société, des modes de vie et aux progrès des technologies (par exemple : se déplacer est plus facile avec des fauteuils roulants, des ascenseurs nouvelles normes, et de nouvelles infrastructures même si celles-ci sont encore insuffisantes…). Ø Les degrés et les types de dépendance En vieillissant, hommes et femmes ne peuvent échapper au phénomène naturel d’un amoindrissement de leurs facultés physiques et int ellectuelles. Avec celui-ci surviennent les premières difficultés d’organisation de la vie au quotidien. La dépendance physique (domestique) : la perte de force physique empêche ou démotive l’accomplissement des tâches quotidiennes. A partir de 80 ans, plus de 70 % des personnes manquent d’autonomie domestique, dont plus de 40 % à un degré élevé ou très élevé. La dépendance psychique : les personnes âgées atteintes de détérioration intellectuelle peuvent être dépendantes pour les activités de la vie courante. Cumul des dépendances : le cumul de la dépendance physique lourde et de la dépendance psychique concerne 45 % des personnes prises en charge. Si les progrès de la médecine ont fait beaucoup quant à l’aide apportée aux personnes âgées, il reste difficile de savoir quand le processus s’enclenchera et à quelle vitesse et degré il évoluera. Il est donc important d’évaluer avec le plus de précision et d’impartialité possible le degré de dépendance. 1.2.2 Quels instruments de mesure ? Il existe plusieurs indicateurs synthétiques de dépendance. Ø L’indicateur de Colvez C’est un indicateur d’appréhension de la dépendance (au sens du besoin d’aide) qui mesure la perte de mobilité. Il classe les personnes en quatre groupes : o Niveau 1 : personnes confinées au lit ou au fauteuil o Niveau 2 : personnes non confinées au lit ou au fauteuil ayant besoin d’aide pour la toilette et l’habillage Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 20 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.2 La perte d’autonomie : Pourquoi ? Comment ? Combien ? o Niveau 3 : personnes ayant besoin d’aide pour sortir de leur domicile ou de l’institution où elles sont hébergées, mais n’appartenant pas aux niveaux 1 et 2 o Niveau 4 : autres personnes (considérées comme non dépendantes) Cet indicateur est cependant limité à la mesure de la dépendance physique. Ø L’indicateur EHPA Pour pallier cette limite, un indicateur croisant la grille Colvez avec un indicateur de dépendance psychique a été construit pour les enquêtes du SESI (ex-service statistique du ministère de l’Emploi et de la Solidarité) relatives à la clientèle des établissements d’hébergement pour personnes âgées. Cet indicateur, dit EHPA, a été repris pour l’enquête handicaps-incapacités-dépendance (HID). On considère qu’il y a dépendance psychique lorsque la personne est soit totalement incohérente, soit totalement désorientée, soit partiellement incohérente et partiellement désorientée. Le croisement des quatre groupes de Colvez sur la dépendance physique avec les deux groupes définis selon l’espace et dans le temps permet de répartir les personnes âgées en huit groupes qui conjuguent les deux approches de la dépendance physique et psychique. D’après les résultats de l’enquête HID de l’Insee en 2000, la France compte 844 000 personnes dépendantes psychiquement ou physiquement : o 39 % montrent seulement une dépendance physique o 35 % montrent une double dépendance physique et psychique o 26 % souffrent de troubles de comportement ou d’orientation sans perte d’autonomie significative Ø L’indicateur de Katz Une autre mesure usuelle de la dépendance évalue la capacité de la personne âgée à réaliser six activités de la vie quotidienne AVQ (activities of daily living, ADL) : o o o o o o 1 : faire sa toilette 2 : s’habiller 3 : aller aux toilettes et les utiliser 4 : se coucher ou quitter son lit et s’asseoir et quitter son siège 5 : contrôler ses selles et ses urines 6 : manger des aliments déjà préparés L’indicateur de Katz synthétise ce besoin d’aide au moyen de différents niveaux : o o o o indépendant pour les six activités dépendant pour une seule des six activités dépendant pour deux activités, dont la première (faire sa toilette) dépendant pour trois activités, dont les deux premières (faire sa toilette et s’habiller) Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 21 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.2 La perte d’autonomie : Pourquoi ? Comment ? Combien ? o dépendant pour quatre activités, dont les trois premières (faire sa toilette, s’habiller et aller aux toilettes et les utiliser) o dépendant pour cinq activités, dont les quatre premières (faire sa toilette, s’habiller, aller aux toilettes et les utiliser et se coucher ou quitter son lit et s’asseoir et quitter son siège) o dépendant pour six activités o dépendant pour au moins deux activités, sans être classable dans les catégories précédentes Cet indicateur est utilisé de manière internationale et très souvent par les compagnies d’assurance. Il n’est cependant pas suffisant, comme indiqué par les assureurs rencontrés, pour évaluer la démence et est donc souvent complété par l’un des deux tests suivants : Ø Le test de Folstein ou Mini Mental Score (MMS) Ce test permet de mettre en évidence les capacités suivantes (voir questionnaire en annexe 4.3) : o o o o o o orientation dans le temps orientation dans l’espace apprentissage attention et calcul épreuve de mémoire épreuve portant sur le calcul Ø Le test de Blessed Le test Blessed est un outil permettant d'évaluer l'état de dépendance psychique. Il doit être réalisé par le neurologue ou le psychiatre traitant, par interrogation du bénéficiaire dépendant et de son entourage. De manière générale ce test met en évidence une dépendance psychique lorsque le score à l’échelle A (interrogation de l’entourage) est supérieur à 18 et le score à l’échelle B (interrogation du patient) est inférieur à 10 (voir questionnaires en annexe 4.3). Ø L’outil AGGIR Mise au point par le syndicat national de gérontologie clinique et basée sur l’observation des activités qu’effectue seule la personne âgée, la grille AGGIR (Autonomie gérontologique groupe iso-ressources) classe les personnes âgées selon dix variables discriminantes : o o o o o o cohérence : converser et /ou se comporter de façon sensée orientation : se repérer dans le temps, les moments de la journée et dans les lieux toilette : assurer son hygiène corporelle habillage : s’habiller, se déshabiller, choisir ses vêtements alimentation : se servir et manger les aliments préparés hygiène de l’élimination : assurer l’hygiène de l’élimination urinaire et fécale Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 22 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.2 La perte d’autonomie : Pourquoi ? Comment ? Combien ? o transferts : se lever, se coucher, s’asseoir o déplacement à l’intérieur du logement ou de l’institution (éventuellement avec canne, fauteuil roulant ou déambulateur) o déplacement à l’extérieur : à partir de la porte d’entrée, à pied ou en fauteuil o communication à distance : utiliser les moyens de communication (téléphone, alarme, sonnette) Chaque variable a trois modalités : o A. fait seul, totalement, habituellement et correctement o B. fait partiellement ou non habituellement ou non correctement o C. ne fait pas. AGGIR comporte également sept variables illustratives : o o o o o o o Gestion Cuisine Ménage Transports Achats Suivi des traitements Activités de temps libre En fonction des réponses aux dix variables discriminantes (notes A, B, C), un algorithme classe chaque personne selon un groupe iso-ressources dit GIR. Il existe six groupes GIR : o GIR 1 : les personnes confinées au lit ou au fauteuil, ayant perdu leur autonomie mentale, corporelle, locomotrice et sociale, qui nécessitent une présence indispensable et continue d’intervenants o GIR 2 : les personnes confinées au lit ou au fauteuil dont les fonctions mentales ne sont pas totalement altérées et qui nécessitent une prise en charge pour la plupart des activités de la vie courante ou celles dont les fonctions mentales sont altérées mais qui ont conservé leurs capacités motrices o GIR 3 : les personnes ayant conservé leur autonomie mentale, partiellement leur autonomie locomotrice, mais qui nécessitent quotidiennement et plusieurs fois par jour des aides pour leur autonomie corporelle o GIR 4 : les personnes qui n’assument pas seules leur transfert mais qui, une fois levées, peuvent se déplacer à l’intérieur du logement. Elles doivent être aidées pour la toilette et l’habillage o GIR 5 : comporte des personnes âgées ayant seulement besoin d’une aide ponctuelle pour la toilette, la préparation des repas et le ménage Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 23 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.2 La perte d’autonomie : Pourquoi ? Comment ? Combien ? o GIR 6 : réunit les personnes âgées n’ayant pas perdu leur autonomie pour les actes essentiels de la vie courante C’est ce dernier outil qui s’est imposé en 1995 après expérimentation pour validation dans douze départements. En 2000, l’enquête HID de l’Insee évalue pour 12 millions de personnes interrogées de plus de 60 ans : o à près de 800 000 le nombre de personnes dépendantes (GIR 1 à 4) o à plus de 530 000 les dépendants les plus forts (GIR 1à 3) Ainsi, 6,6 % de la population des plus de 60 ans peut être considérée comme dépendante. Remarque : le seuil de 60 ans ne reflète pas véritablement l’âge de la vieillesse, la dépendance n’apparaissant de manière générale que bien plus tard, mais il sert de référence car les prestations allouées aux personnes âgées dépendantes sont accessibles à partir de ce seuil. La grille AGGIR est utilisée pour les attributions d’aide publique (APA) et souvent par les assurances mutualistes. Nous n’avons cité ici que les principaux tests, mais il en existe de nombreux autres. Cela souligne la complexité de la détermination de l’état de dépendance pour les principaux acteurs du marché. 1.2.3 Quel coût ? Les besoins de financement augmentent du fait de la diminution des services assurés par la famille, les voisins et amis (soins informels apportés aux personnes dépendantes) et par l’augmentation avec l’âge de la prévalence de l’état de dépendance. Ø La dépense publique En 2009, la dépense publique liée à la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées est évaluée à 19,4 milliards d’euros, soit 1 % du PIB et répartis de la manière suivante20 : o 60 %, soit 11,4 milliards d’euros financés par l’assurance maladie o 22 %, soit 4,2 milliards d’euros, dont 3 milliards d’euros financés par les départements via l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) o 16 %, soit 3,4 milliards d’euros financés par la Caisse nationale pour la solidarité (CNSA) o 2 %, soit 400 millions d’euros par l’Etat 20 Source : projections de la loi de finances et de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2008 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 24 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.2 La perte d’autonomie : Pourquoi ? Comment ? Combien ? Postes Montant en milliards d’€ % Assurance Maladie Départements CNSA (0,3 %)21 Etat Total en 2008 11,4 4,2 3,4 0,4 19,4 60 22 16 2 100 Compte tenu de l’évolution de la pyramide des âges, de l’augmentation de la population totale ou encore de l’augmentation du coût des services, le financement de la dépendance pourrait représenter, selon le CAS, Centre d’Analyse Stratégique, 1,6 % du PIB à l’horizon 2025. Ø Situation au 30 juin 200922 o 1,117 million de personnes bénéficiaires de l’APA au 30 juin 2009: 61 % vivent à domicile et 39 % en établissement d’hébergement pour personnes âgée s (EHPA) o montant moyen de l’aide mensuelle distribuée à domicile : 494 euros Ø Explosion des dépenses dans les maisons de retraite privées Les soins de longue durée (SLD), dont bénéficient les personnes âgées, sont assurés: o à domicile par des infirmiers o dans le secteur hospitalier o dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées privés et publics Dans leur grande majorité, les personnes âgées préfèrent le maintien à domicile tant que cette solution est possible. Ce sont donc les personnes les plus dépendantes qui intègrent les structures d’accueil type EHPA 23 et EHPAD24 générant une hausse des dépenses liées aux soins et au matériel nécessaire (équipements médicaux, climatiseurs suite à la canicule de 2003…). Les dépenses de santé réalisées dans ces établissements ont représenté 73 % des soins de longue durée aux personnes âgées contre 27 % dans les hôpitaux25. Entre 2004 et 2006, la croissance moyenne annuelle des prix à la consommation a été de 4,7% contre 2,3 % de 1998 à 2003. Parallèlement, la demande de services à domicile (soins d’infirmiers, ménage, aide pour se laver, s’habiller, portage des médicaments…) a fortement augmenté mais reste stable depuis 2008. 21 0,3 % correspondant à la journée de solidarité annuelle. Source : étude DREES, novembre 2009 23 EHPA établissement d’hébergement pour personnes âgées. 24 EHPAD établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. 25 Source : Haut Conseil de la Santé Publique, 2008 22 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 25 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.2 La perte d’autonomie : Pourquoi ? Comment ? Combien ? En effet, malgré la crise de 2008 qui a généré une hausse continue du chômage, l’e mploi et l’activité dans le secteur des services à la personne a continué à se développer en 2009 avec une prévision de hausse de 1,5 % du nombre d’heures travaillées en 2009 représentant près de 1 % de la valeur ajoutée totale générée dans l’économie. En 2009, la valeur ajoutée du secteur devrait croître de 6 % comparé à la baisse du PIB de l’ordre de 1,5 %26. Ø L’explosion des dépenses de santé, un phénomène commun à l’ensemble de l’Union Européenne Le vieillissement de la population, phénomène commun à l’ensemble des pays de l’Union Européenne, aura mécaniquement un impact sur les dépenses de protection sociale que des réformes éventuelles pourront corriger partiellement. Selon des projections Eurostat, scénarios envisagés pour six pays de l’Union Européenne, (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni, Suède,) le vieillissement de la population conduirait à une augmentation du poids des dépenses27 : o protection sociale, de 3,5 à 6,5 points de PIB o retraite, de 3 à 5,5 points de PIB o santé, de 1,5 à 3 points de PIB En ce qui concerne les dépenses de santé, différents scénarios peuvent être construits en tenant compte des facteurs explicatifs qui interviennent dans la relation entre l’âge et la dépense de santé. L’état de santé est évidemment le facteur majeur, qui explique l’essentiel de la croissance des dépenses de santé avec l’âge. A partir d’un état de santé donné et de caractéristiques propres aux individus (par exemple niveau d’éducation, possession d’une complémentaire santé qui incite à se soigner davantage), l’impact de l’âge est très faible, voire plutôt négatif. On ne dépense pas forcément plus de soins quand on est plus âgé. L’allongement de la durée de vie diminue la proportion de personnes dans leur dernière année de vie durant laquelle les dépenses de santé sont les plus élevées. Ceci pourrait freiner la progression des dépenses de santé. Des travaux restent à poursuivre pour étayer des hypothèses et développer différents scénarios concernant l’évolution de l’état de santé à un âge donné et l’amélioration du système de soins en liaison étroite avec les progrès techniques. Au niveau européen comme international, ces évolutions seront à moduler, pour tenir compte de disparités importantes fonction de la démographie plus ou moins dynamique de chaque pays concerné. 26 Source : Agence nationale des services à la Personne, 2009. Source : DREES, vieillissement et protection sociale : une protection comparée pour six pays de L’Union Européenne, septembre 2001. 27 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 26 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance 1.3.1 En termes d’organisation Ø L’entourage familial et les aidants Ils sont essentiels car ils permettent d’alléger les difficultés liées au vieillissement et à la dépendance en assumant certains problèmes et certains coûts. Cette solidarité permet à la personne dépendante de faire moins appel à une aide extérieure. Le point capital est d’apporter un soutien psychologique permettant d’aider la personne vieillissante à rester en contact avec la société et donc, éviter son isolement, autant physique que psychique. Cette forme de prise en charge de la personne dépendante par la famille ou par des proches est maintenant reconnue dans son rôle de prestataire d’aide et de service. Cette entraide peut prendre des formes très variées : apport de services plus ou moins quotidiens, échange d’informations, aide financière, hébergement… Les bénévoles consacrent trois fois plus de temps que les professionnels à la prise en charge de la personne dépendante. L’autonomie de la personne vieillissante doit être préservée au maximum afin de ne pas l’enfermer dans un carcan de devoirs et d’obligations. L’aide de la famille ou des proches doit être spontanée et non contrainte afin d’établir une relation optimale entre les deux parties. Le niveau d’aide dont la personne âgée a besoin doit être évalué soit par un membre du cercle familial, soit par un voisin, soit par une aide professionnelle. Si le niveau d’aide est excessif, la passivité et donc le phénomène de vieillissement et de dépendance de la personne âgée s’accroît. Afin d’optimiser le coût de la prise en charge, il est nécessaire d’aboutir à une prise de décision consensuelle permettant d’équilibrer recours à l’aide informelle des proches et aide professionnelle. Ceci permet donc de lutter contre l’aléa moral de la personne âgée qui aurait tendance à consommer ces prestations gratuites de manière excessive. Ø Des dispositifs professionnalisés L’investissement affectif et psychologique est épuisant pour la famille et les proches qui souhaiteraient confier la personne à charge à une structure spécialisée en particulier pour les vacances. Mais il n’existe pas de structure d’accueil temporaire permettant d’héberger un parent dépendant sur une période de quelques jours-nuits consécutifs. La seule solution reste d’engager une aide professionnelle à domicile mais qui est peu accessible pour la majorité car extrêmement onéreuse. Actuellement, il existe deux grandes composantes du dispositif professionnalisé, les institutions d’hébergement et de soins et les services de soutien au domicile. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 27 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance Ø Les institutions d’hébergement et de soins Cette composante concerne environ 10 % des personnes âgées de 75 ans ou plus et 15 % des personnes âgées de 80 ans ou plus. Ø Les services de soutien à domicile Ils sont composés de deux grands types de services très complémentaires: les soins infirmiers et l’aide à domicile. La moitié des bénéficiaires de ce type de prestations ont plus de 85 ans. ü Les soins infirmiers sont assurés par : o le secteur infirmier libéral qui est le pourvoyeur essentiel des soins infirmiers aux personnes âgées avec l’instauration de la démarche de soins infirmiers (DSI) permettant de s’adapter aux besoins spécifiques. o les services de soins infirmiers à domicile pour personnes âgées permettant d’assurer des prises en charge coordonnées d’infirmières et d’aides soignants financées forfaitairement par l’assurance maladie ü L’aide à domicile aux activités de la vie quotidienne peut être réalisée grâce à: o L’aide ménagère (entretien quotidien du logement, du linge, courses, repas, actes sommaires d’hygiène corporelle). o L’auxiliaire de vie proche de l’aide ménagère, elle intervient davantage auprès de personnes handicapées ou dépendantes avec une aide à la personne plus importante. o Le technicien de l’intervention sociale et familiale intervient dans un domaine plus large. Il mène des actions préventives ou réparatrices auprès des familles, des personnes âgées ou handicapées dans le cadre de la vie quotidienne pour éviter tout risque d’exclusion sociale économique à la fois à domicile et en établissement. Le diplôme d’état TISF est obtenu après une formation théorique et pratique de vingt quatre mois dans un centre de formation après sélection. Son rôle est de stimuler l’autonomie des personnes, leur insertion sociale et la lutte contre l’exclusion. o Les centres locaux d’information et de coordination gérontologique, Mille centres ont été créés permettant aux personnes âgées et à leur famille d’accéder à un pôle unique d’accueil et de soutien. Ils ont pour mission d’informer sur les aides possibles, coordonner les actions retenues et articuler les interventions des différents professionnels des services existants tout en assurant leur suivi. o Les services de soins infirmiers à domicile ont pour but de retarder l’entrée en établissement spécialisé des personnes âgées malades ou dépendantes en prévenant ou ralentissant la dégradation de leur état de santé. Ces soins, délivrés sur prescription médicale correspondent à la fois à des gestes techniques (injections, pansements…) mais aussi à des soins d’hygiène et de confort pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie courante. Ces soins sont assurés par trois catégories de professionnels : ⇒ les infirmiers salariés ⇒ les aides soignants salariés ⇒ les infirmiers libéraux Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 28 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance ü Les autres formes d’aide à domicile : o L’aménagement de l’habitat. Il est encouragé par toute une gamme de primes, de subventions et de prêts versés par les collectivités locales, l’Etat ou la CNAVTS (caisse nationale d’assurance vieillesse des travailleurs salariés). En cas d’incapacité physique ou de perte d’autonomie fonctionnelle, ces différents financements servent à améliorer, réhabiliter, adapter et rendre accessible le logement o Les structures intermédiaires proposent les solutions suivantes entre le domicile et l’hébergement collectif : ⇒ un accueil de jour permettant de soulager momentanément l’entourage ⇒ un hôpital de jour qui propose un bilan des affections chroniques et l’élaboration d’un projet thérapeutique ⇒ un hébergement temporaire dans un établissement d’accueil permettant de décharger les familles pendant des vacances ou une indisponibilité temporaire ⇒ des petites structures d’accueil de voisinage proposant un mode de vie de type familial. Ø Des difficultés d’accès à ces types d’aide pour la population ü Le manque de maisons médicalisées o En 2010, il manque déjà près de 40 000 chambres et 15 % des places existantes nécessitent une profonde restructuration pour mise aux normes. La taille minimale des chambres, par exemple, est passée de 16 à 22m². Le secteur public s’essouffle et le secteur associatif peine à suivre. De ce fait, le secteur privé se positionne sur le créneau mais avec des tarifs qui dépassent largement, de 60 à plus de 100 euros par jour, les revenus moyens des retraités (1700 euros par mois) 28. En investissant en direct dans les groupes qui gèrent des établissements pour personnes âgées dépendantes, les compagnies d’assurance se familiarisent avec cet univers. C’est pour participer à la prise en charge de la dépendance en milieu médicalisé, en complément de ses activités d’assurance et d’épargne, que Groupama a pris en 2009 5 % du capital du groupe de maisons de retraite Noble Age. L’institut de prévoyance Malakoff Médéric qui détient 13 % du capital de Korian29 aux côtés des assureurs Prédica (Crédit agricole) et ACM Vie (crédit Mutuel) espère ainsi faciliter le suivi médical des pensionnaires et améliorer la prise en charge des patients des deux groupes. Ceci pourrait constituer un nouveau métier pour les assureurs. 28 Source : le Figaro, le boom des maisons de retraite médicalisées, janvier 2010. La moyenne de 1 700 € /mois citée dans l’article semble nettement supérieure à celle donnée par d’autres sources, notamment par la FFSA, cf. p38 du document. L’Insee indique pour 2004, une moyenne de 979€ pour les femmes et 1625€ pour les hommes soit une moyenne globale mensuelle de 1302€. 29 Korian : né en 2001, le groupe gère 218 établissements dans 3 pays (France, Italie, Allemagne). Il intervient dans trois domaines, maisons de retraites médicalisées, cliniques de soins de suite et de réadaptation, cliniques psychiatriques. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 29 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance ü Des difficultés d’accès aux soins o Des professionnels en nombre insuffisant o L’absence de sensibilisation et de formation des professionnels de santé aux besoins spécifiques des personnes en perte d’autonomie o Les réticences des personnes en perte d’autonomie à se faire soigner o L’inaccessibilité physique des structures aux personnes en perte d’autonomie o Le manque de coordination entre les centres de consultations spécialisées et les équipes pluridisciplinaires chargées des soins o Le non-accès à un diagnostic précoce o Le coût des soins pour des personnes qui ne connaissent pas toujours leur degré de couverture o Du fait du statut administratif des personnes qui pèse sur leur accès aux droits et donc aux soins 1.3.2 En termes d’accompagnement des pouvoirs publics et des collectivités locales Ø CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie) : budget 18,3 milliards d’euros en 2009 La CNSA a été créée par une loi du 30 juin 2004 (suite notamment aux conséquences de la canicule en 2003 et à la surmortalité des personnes âgées). Elle fonctionne depuis mai 2005 et est financée par : o la contribution de solidarité pour l’autonomie (CSA) : 0,3 % sur les revenus salariaux au titre de la suppression du jour férié, ainsi qu’un prélèvement du même ordre sur les revenus des placements du patrimoine o une part de la recette de la CSG o une contribution des régimes d’assurance vieillesse o des crédits de l’assurance maladie La CNSA contribue o au financement de l’APA o aux dépenses de modernisation des services d’aide à domicile intervenant auprès des personnes âgées dépendantes o aux dépenses de professionnalisation des métiers qui apportent au domicile des personnes âgées dépendantes une assistance dans les actes quotidiens de la vie o aux dépenses de formation et de qualification des personnels soignants La CNSA a un rôle d’expertise et d’appui aux DASS et DDASS dans l’élaboration des programmes interdépartementaux d’accompagnement de la perte d’autonomie. Ces programmes fixent les priorités de financement des créations, extensions, transformations des établissements et services d’accompagnement pour les personnes âgées dépendantes et les personnes, enfants ou adultes, en situation de handicap, tarifés par l’Etat dans la région. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 30 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance + 4 milliards de financement par les départements Source : site CNSA APA : allocation personnalisée d’autonomie CSA : contribution solidarité autonomie CSG : contribution sociale généralisée OGD : objectif global des dépenses ONDAM30 : objectifs nationaux des dépenses d’assurance maladie OPCA : organisme paritaire collecteur agréé MDH : Maison départementale des personnes âgées MDPH: Maison départementale des personnes handicapées PCH : prestation de compensation du handicap 30 L'ONDAM est réparti entre les grandes catégories de dépenses : hôpitaux, soins de ville, médico-social. Pour l’hôpital, l’objectif est décliné par régions et donne lieu à une négociation entre les établissements et les agences régionales de l’hospitalisation agences régionales de l’hospitalisation créées à cette occasion. Pour les soins de ville, les caisses de sécurité sociale négocient avec les professionnels de santé la répartition de l’enveloppe dans le cadre d’annexes aux conventions. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 31 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance Ø Les départements L’aide sociale extralégale correspond aux charges financières assumées par les départements qui décident des conditions et de montants plus favorables que ceux prévus par la loi et les règlements pour des prestations obligatoires comme ils en ont le droit dans le cadre du code de l’action sociale et des familles. L’aide facultative englobe quant à elle l’ensemble des dispositifs ponctuels et des actions non obligatoires menées par les Conseils Généraux. Ces actions sont diverses, elles concernent par exemple : o des compléments ‘aide ménagère o des dispositifs directement liés à l’APA o des services de portage de repas o des aides pour la téléalarme ou télésurveillance o des aides pour le transport o … Ces aides peuvent concerner toutes les personnes âgées dépendantes ou non. Ø Les Communes Les maires gèrent également une action sociale, cette action est totalement facultative mais concerne huit communes sur dix lorsqu’il s’agit des personnes âgées. Quelle que soit la taille de la commune, les personnes âgées sont au cœur de l’action sociale. Les communes proposent souvent des offres de services qu’elles financent plus ou moins selon leurs moyens et objectifs : portage de repas à domicile, aide ménagère, téléalarme… Ø Zoom sur l’APA Entré en vigueur le 1er janvier 2002, l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), est une allocation départementale attribuée par le président du Conseil Général selon les principaux critères suivants : o Avoir 60 ans ou plus o Remplir un dossier d’obtention de l’allocation o Souffrir d’une perte d’autonomie selon l’un des quatre premiers groupes de la grille AGGIR définis précédemment o Ressources du foyer prises en compte pour établir le montant des droits 31 A domicile, l’APA permet de couvrir tout ou partie de la dépense figurant dans un plan d’aide individualisé élaboré par une équipe médico-sociale (médecins, infirmières, assistantes sociales…) dont l’un des membres au moins se déplace au domicile. 31 Les rentes viagères constituées pour se prémunir contre le risque de dépendance ou les pensions alimentaires versées par les descendants ne sont pas prises en compte dans les ressources. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 32 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance Cette allocation peut être utilisée pour : o Le paiement des prestations fourni aux bénéficiaires par un service d’aide à domicile o La rémunération d’un ou plusieurs employés au domicile du bénéficiaire o L’adaptation du logement en lien direct avec la dépendance o Le financement d’aide technique o Les frais d’accueil de jour ou temporaire o Le règlement des services rendus par les accueillants familiaux agréés En établissement, l’APA permet à la personne âgée bénéficiaire d’acquitter tout ou partie du tarif de l’établissement correspondant à son niveau de dépendance. Le coût global en établissement correspond à la somme des trois coûts suivants : o Tarif journalier afférent à l’hébergement à la charge de la personne âgée o Tarif journalier afférent à la dépendance à la charge de la personne âgée o Tarif journalier afférent aux soins et pris en charge par la sécurité sociale Ø Nombre de bénéficiaires de l’APA Evolution du nombre de bénéficiaires de l’APA Source : Drees juin 2009 Au total, 1,117 million de personnes âgées dépendantes ont bénéficié de l’APA au 30 juin 2009: o 686 000 ont perçu l’APA à domicile o 431 000 en établissement Ceci correspond à une progression de 2,1 % sur un an. La hausse est plus marquée en établissement (+2,9 %) qu’à domicile (+1,6 %). Ce sont les personnes modérément dépendantes (GIR 4) qui représentent 57 % des bénéficiaires à domicile et seulement 24 % en établissement. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 33 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance A l’inverse, 16 % des personnes résidant en établissement sont lourdement dépenda ntes (GIR 1) contre 3 % résidant à domicile 32. Sachant que la perte d’autonomie est croissante, ce qui implique que son coût de prise en charge l’est aussi, le montant de l’APA fait l’objet d’une révision périodique fonction de l’état du bénéficiaire. L’APA peut également être révisée à tout moment à la demande de l’intéressé, de son représentant légal, du Président du Conseil Général, si des éléments sont venus modifier la situation de la personne dépendante. Le montant de l’APA peut également être modifié pour les raisons suivantes : décès, chômage, admission au bénéfice d’une pension de retraite ou invalidité du conjoint ou du concubin, divorce ou séparation. Le nouveau montant de l’APA sera alors estimé selon une analyse spécifique des ressources dans un délai minimum d’un mois. Dans le cas où l’absence d’aide pourrait compromettre le maintien à domicile de la personne âgée, une procédure d’urgence peut être engagée permettant de verser immédiatement un montant forfaitaire. Cette prestation forfaitaire qui varie en fonction du lieu de résidence du demandeur est versée jusqu’à la fin de l’instruction du dossier. 32 Source : enquête trimestrielle DREES auprès des Conseils Généraux (exploitation des données au 8 juin 2009, estimation nationale à partir de 86 départements répondant). Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 34 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance On peut noter qu’en 2009 les Conseils Généraux ont déjà prévu une augmentation substantielle de l’APA de 5,9 %. Ce poste budgétaire est devenu très élevé pour l’ensemble des départements métropolitains (4,9 milliards hors Paris) qui ont prévu deux solutions de financement : augmentation de la dette et du taux des impôts locaux 33. Ø Les limites de l’APA L’APA apporte une réponse originale en conciliant le bien-être des personnes âgées, la qualité des soins qui leur sont apportés et un financement personnalisé qui repose sur la solidarité nationale. Cependant, on pourra souligner que la perte d’autonomie des personnes âgées est progressive et induit ainsi une augmentation croissante des coûts de prise en charge. Avec l’accroissement de la population âgée (choc démographique décrit dans le chapitre 1), on peut en conclure que l’APA ne pourra pas, sur le long terme, assurer un financement suffisant pour une prise en charge de qualité des personnes dépendantes. En effet, le nombre de bénéficiaires devrait être multiplié par 2,7 en trente ans et le montant moyen par bénéficiaire devrait sensiblement augmenter avec le vieillissement de la population. Enfin, les recettes qui assurent le financement de l’APA restent étroitement liées aux budgets des départements qui ne peuvent être augmentés indéfiniment. Il apparaît donc évident que la solidarité nationale ne pourra pas suivre, et ce d’autant plus en ces temps de crise financière et de déficits publics et sociaux abyssaux. L’une des solutions à cette problématique consisterait à augmenter la solidarité intragénérationnelle avec redistribution de la richesse des personnes âgées les plus riches vers les personnes âgées les plus pauvres. L’un des meilleurs instruments pour y arriver pourrait être une augmentation de la CSG qui serait affectée au fond de financement de l’APA. Afin de limiter la charge financière supportée par la personne dépendante ou sa famille proche, une autre solution consisterait à souscrire à une assurance privée (source de revenu non pris en compte pour le calcul de l’APA). Il est en effet illusoire de penser que la solidarité nationale ou l’Etat puissent couvrir la totalité des coûts de dépendance dans les décennies à venir. L’effort des pouvoirs publics devra intégrer le recul de la solidarité familiale, l’insuffisance du personnel qualifié, et la pénurie des structures d’accueil. Ø Bilan Le système existant a été façonné au fil du temps par des réponses graduées et conjoncturelles pour répondre à la montée des besoins des personnes âgées. Les départements ont donc exercé un rôle majeur dans ce processus empirique pour répondre aux besoins de prise en charge des personnes âgées dépendantes. 33 Source Figaro économie le 20 août 2009 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 35 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance Cette évolution peut être jugée positive car elle tend vers une meilleure approche de la prise en charge de la perte d’autonomie qui repose sur une réponse individualisée aux besoins avec une gestion de proximité. On peut noter que de nombreux pays européens ont tendance à favoriser ce rapprochement des moyens et des responsabilités au niveau local. Cependant, la collectivité départementale n’a perçu qu’une partie de la responsabilité financière de la prise en charge des personnes âgées dépendantes. Le contrôle des établissements (EHPAD) est partagé entre l’état et les départements dans le cadre d’un partenariat obligatoire qui ne favorise pas l’efficience d’ensemble du dispositif public de prise en charge. Enfin, les outils de planification et de programmation imposés par la loi, devant permettre aux départements d’assurer leur responsabilité au niveau dépendance, ont été mis en place avec retard (limitation des schémas médicaux-sociaux opérationnels). 1.3.3 En termes d’assurance privée En phase avec les évolutions démographiques, le marché de l’assurance dépendance comporte d’importants potentiels de croissance dus au vieillissement de la population couplé à l’augmentation de l’espérance de vie. Cependant, à court terme, avec la dégradation de la conjoncture économique et la montée du taux de chômage, la situation est délicate. De nouvelles dépenses comme la souscription d’une assurance dépendance pour des ménages confrontés à des problèmes de pouvoir d’achat, ne sont pas dans les priorités. Ce marché potentiel reste en attente du projet de loi sur la prise en charge de la dépendance repoussé au mieux en 2010, voire à horizon 2012. Ø Les différents intervenants Divers éléments expliquent à ce jour le développement limité du marché privé de l’assurance dépendance: o le coût élevé de l’assurance pour le particulier o la nature même du risque, très éloigné dans le temps et hypothétique o le manque d’information o le législateur qui promet des évolutions concernant la couverture dépendance sans donner de date de mise en place o des cotisations qui peuvent évoluer selon la nature du risque Et pourtant, selon une étude Eurostaf34, la dépendance reste la troisième préoccupation des français ce qui amène de nombreux intervenants du secteur privé à se positionner sur ce marché : 34 Source : EUROSTAF, le marché de l’assurance dépendance individuelle en France, 2008. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 36 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance Les Sociétés et mutuelles d’assurances : Elles dominent le segment avec 35,9 % du marché. On retrouve aux premiers rangs Groupama-Gan et la CNP puis, Aviva, Axa, Groupe Prévoir, Allianz (anciennement AGF) et Generali. Les bancassureurs : Avec en tête le Crédit agricole (Prédica) suivi par la banque Postale et le Crédit Mutuel-CIC réalisent 30,9 % du marché. Ils ont un fort potentiel de développement compte-tenu d’un réseau d’agences important qui permet des contacts fréquents avec la clientèle et notamment la cible forte des retraités. Les Institutions de prévoyance : Elles sont très novatrices sur le secteur. AG2R, ProBTP et le groupe Malakoff Médéric détiennent 24,6 % du marché. Là aussi, le taux de pénétration particulièrement élevé auprès des retraités est à la base de leur succès. Leur positionnement, très axé sur les assurances collectives, a quelque peu freiné leur développement mais pourrait leur permettre de rebondir dans l’avenir. Les Mutuelles de la mutualité : Leaders de la prévoyance (complémentaire santé), elles restent à ce jour les moins présentes sur le secteur, avec à peine 6 % du marché. Face à un produit complexe, elles préfèrent conserver un rôle de distributeur, l’offre étant gérée et élaborée par des partenaires telle l’UNPMF qui propose un contrat de la CNP (Indépendance Services). L’ensemble des acteurs du secteur privé doit faire face à un premier défi qui est celui de convaincre le particulier que l’APA ne suffit pas pour faire face à la dépendance. Les particuliers pensent en effet souvent que leur épargne leur suffira et surtout comptent sur une intervention de l’Etat dans ce domaine. Le deuxième défi consiste à expliquer et à modifier une certaine façon de penser. Les particuliers associent en effet assurance dépendance avec épargne et rentabilité alors qu’il s’agit plutôt de prévoyance couvrant, comme en automobile, un risque susceptible de survenir. Ø Les différentes offres Les offres d’assurance dépendance ont évolué au cours du temps vers des contrats d e plus en plus complets : ü les contrats de première génération 1985 - 2000 offraient o une prise en charge de la dépendance totale uniquement o un système de rente viagère o une définition de la dépendance selon la grille AGGIR ü les contrats de deuxième génération 2000 - 2003 offraient o une prise en charge de la dépendance partielle et totale o une mise en place des systèmes d’assistance dans les contrats o la personnalisation des contrats en tenant compte de la situation financière et psychologique de l’assuré Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 37 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.3 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance o le développement des contrats collectifs dépendance o le renforcement des garanties, avec en option le versement d’un capital permettant de financer les premiers frais liés à la perte d’autonomie ü les contrats de troisième génération 2003 - 2009 offrent o la généralisation des contrats d’assurance dépendance qui ne sont pas à fonds perdus. Deux formules sont proposées : assurance dépendance « pure » avec le versement d’un capital aux bénéficiaires si toute l’épargne constituée n’a pas été utilisée et contrat d’assurance-vie avec une sortie en rente dépendance o une mise en place des mesures de prévention, notamment pour les maladies du type Alzheimer et Parkinson o le développement des prestations en nature o le lancement des formules dédiées aux aidants : possibilité pour les descendants de prendre une assurance pour leurs parents et grands-parents, développement des prestations pour les aidants Ø Quelques chiffres Sur vingt trois millions de personnes de plus de soixante ans, seulement trois millions de personnes (15 %) sont couvertes par le secteur privé 35. Deux millions par les compagnies d’assurances et un million par les mutuelles et institutions de prévoyance. Ce qui peut paraître beaucoup mais en réalité est nettement insuffisant face aux prévisions d’accroissement du nombre de personnes âgées. Selon une étude FFSA, l’assurance dépendance coûte en moyenne 1 € par jour soient 365 € par an. En effet, pour une personne ayant cotisé 30 ans, de 55 ans à 85 ans et rentrant en état de dépendance, sur une durée moyenne de 5 ans : o L’assurance a coûté 10 950 € (365 € * 30 ans) o les frais de dépendance sont de 180 000 € (3 000 € / mois * 60 mois) o l’APA éventuel serait de l’ordre de 500€ par mois (30 000 € sur 5 ans) o reste à charge 150 000€ pour la personne dépendante hors assurance o les prestations complémentaires d’assurance seraient de l’ordre de 700 € par mois (42 000 € sur 5 ans) o reste à charge 108 000 € sur 5 ans pour la personne dépendante, soit 1 800 € par mois qui restent largement supérieur à une retraite moyenne de 1200 € par mois En conclusion, on constate que payer une assurance pendant 30 ans pour, in fine, avoir la certitude de toucher 700 € par mois en cas de dépendance, c’est à la fois trop peu côté prestations et, trop, côté cotisations à fonds perdus. 35 Source :enquête FFSA 2009 (voir également note 26 en page 29 du document) Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 38 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.4 Synthèse 1.4 Synthèse partie I En 2010, en France : Ø il y a 64 millions d’habitants Ø 10,5 millions âgés de plus de 60 ans, dont plus d’1 million de personnes dépendantes Ø le poids économique de la dépendance représente 1 % du PIB annuel A l’horizon 2050, les projections des instituts de statistiques nous permettent de penser: Ø qu’il y aura en France 70 millions d’habitants Ø qu’une personne sur trois sera âgée de plus de 60 ans dont plus de 1,5 million de personnes dépendantes Ø que le poids économique de la dépendance représentera près de 2,2 % du PIB annuel En France, mais aussi partout dans l’Union Européenne, ces chiffres ont imposé le risque de dépendance comme un sujet économique et sociétal majeur auquel notre système social actuel complexe n’est pas en mesure de répondre. Et près de 8 français sur 10 âgés de 35 à 75 ans se déclarent concernés par la dépendance des personnes âgées même s’ils ont le sentiment d’être mal informés et mal préparés. Il existe plusieurs moyens de mesurer le degré d’incapacité. Le critère français retenu pour l’attribution de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) est le GIR allant de 1 à 6. Le GIR 1 équivaut à un état de dépendance totale et le GIR 6 à l’absence de dépendance. Les assureurs privés, quant à eux, privilégient davantage l’aptitude à réaliser seul les actes de la vie quotidienne (6 AVQ), se laver, s’habiller, se coucher, manger, aller aux toilettes, contrôler selles et urines, complétée par des tests permettant d’évaluer la démence (test de Folstein). L’âge n’est pas directement la cause de la dépendance, mais il favorise la survenance de pathologies invalidantes. Parmi celles-ci, il faut citer notamment la maladie d’Alzheimer qui représente de l’ordre de 50 % des personnes atteintes de démences séniles (860 000 personnes en 2010 et plus de 2 millions prévues d’ici à 2050). Pour faire face à la maladie d’Alzheimer, le Président de la République a lancé un plan d’Etat important « Alzheimer et maladies apparentées 2008-2012 » basé sur la recherche et les besoins du couple malade – aidant. La prise en charge de la dépendance coûte cher, 19,4 milliards d’euros en 2009 et se heurte à de nombreuses difficultés d’ordres très diverses : Ø diminution du nombre d’aidants familiaux Ø manque d’institutions d’hébergements et de soins spécialisés Ø manque de personnel qualifié Ø manque de ressources budgétaires de l’Etat et des départements Ø manque de ressources des familles En France, le secteur public (CNSA) et les collectivités locales (départements, communes) jouent un rôle important dans la prise en charge de la dépendance. D’autre part, les assureurs privés ont compris depuis plusieurs années que le marché de l’assurance dépendance comporte un important potentiel de croissance mais ils n’ont pas encore réussi à convaincre. Sur 23 millions de personnes de plus de 60 ans, seulement 3 millions sont couvertes par une assurance privée. Face à la dépendance, pour l’Etat comme pour les assureurs, le temps est donc venu de réagir. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 39 Partie I - Vieillesse dépendance et perte d’autonomie – Des chiffres clé pour une prise de conscience nécessaire 1.4 Synthèse Synthèse imagée 36 : 36 Source : Le Figaro, 18/02/2010 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 40 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2 PARTIE II - UN ECLAIRAGE EXTERIEUR - REGARD SUR LES SYSTEMES DE PROTECTION SOCIALE EN EUROPE ET AUX ETATS-UNIS Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 41 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.1 L’Europe : différents modèles de protection sociale Tout d’abord, jetons un premier regard international synthétique sur l’histoire de l’assurance dépendance avec les dates des premières mises en place de l’assurance privée par pays 37: 2.1 L’Europe: différents modèles de protection sociale Au cours de la seconde moitié du 20ième siècle, tous les pays européens ont progressivement mis en place une couverture sociale pour la majorité des citoyens qui s’opère différemment selon les pays. Les orientations prises en matière de prise en charge de la dépendance sont liées : o au contexte socioculturel (poids de la famille et tradition sociale) o à la structure démographique o à la capacité d’offre de soins en lien avec les systèmes de santé (et plus généralement de protection sociale) existants. Les différents modèles ont pour but : o de constituer un marché suffisamment large de services aux personnes âgées dépendantes o de favoriser l’aide informelle, c'est-à-dire celle prodiguée par les familles, amis… o d’optimiser le niveau des prestations de dépendance. 37 Source : entretien avec Madame Nathalie Paillot-Muhleim Munich-RE, novembre 2009 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 42 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.1 L’Europe : différents modèles de protection sociale Au niveau de l’Europe, la comparaison des systèmes publics de prise en charge de la dépendance au sens de l’assistance à la vie quotidienne des personnes dépendantes et de leurs aidants trouve son origine, de manière schématique, dans deux grands systèmes: o le système beveridgien38 où la protection généralisée est fondée sur la solidarité, indépendamment de toute activité professionnelle o le système bismarckien39 où prévaut le principe d’assurance lié au travail. Aujourd’hui, de nombreux pays peuvent être regroupés de manière schématique selon ces deux systèmes notamment au niveau de l’organisation et du financement. D’autres ont évolué vers un système intermédiaire que nous qualifierons de système mixte combinant des caractéristiques de chacun des deux modèles. Cependant, les dépenses de santé, de chômage et de retraite ayant fortement augmenté au cours des deux dernières décennies, les pays européens cherchent des solutions pour freiner les dépenses liées à la protection sociale. Le tableau suivant retrace les fondements des systèmes bismarckien et beveridgien : Modèle Bismarck Caractéristiques Fin 19ème siècle Période de mise en place Assurer une protection aux travailleurs Objectif qui subissent un risque les limitant dans leur capacité à travailler Principe(s) du système Assurances sociales obligatoires (sauf pour les populations les plus riches) : protection en échange d’une activité professionnelle. Prestations proportionnelles aux cotisations. Risques protégés Mode de financement Maladie, accidents du travail, retraite Cotisations proportionnelles aux salaires réparties entre salariés et employeurs. Gestion du système Beveridge Après 2ème guerre mondiale Assurer à tout citoyen une aide lui permettant de subsister dignement. Garantir une aide égalitaire de base. Universalité (couverture pour tout le monde) Uniformité (prestations identiques pour tous) Unicité (système unique national) Maladie, chômage, retraite Impôt pour la santé et les prestations familiales (solidarité nationale) Cotisations identiques pour tous pour le chômage et la retraite. Décentralisée, confiée à des caisses Par l’Etat, contrôle par le indépendantes de l’Etat administrées par Parlement des représentants des salariés et des employeurs. 38 Lord William Henry Beveridge (1879 - 1963), économiste et homme politique britannique auteur du rapport de 1942 Social Insurance and Allied Services (connu sous le nom de « Premier rapport Beveridge ») qui fournit les bases de réflexion à l’instauration du Welfare State par le gouvernement travailliste d’après-guerre. 39 Otto von Bismarck (1815 - 1898), homme politique conservateur, il devient le premier Chancelier de l’Empire Allemand (1871 - 1890). Il institue une retraite obligatoire et une assurance santé et accident pour les travailleurs pour calmer la classe ouvrière et la dissuader de rejoindre le parti socialiste. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 43 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.1 L’Europe : différents modèles de protection sociale 2.1.1 Les pays « beveridgiens » Dans les systèmes « beveridgiens », la dépendance est largement prise en charge par la collectivité à travers la mise en place de services de proximité. Dans cette catégorie, on distingue deux groupes : o Les pays anglo-saxons qui assurent une prise en charge limitée en tenant compte du niveau de ressources (revenu – patrimoine) des personnes dépendantes. Les pouvoirs publics participent au financement de prestations essentiellement couvertes par le secteur privé. Citons par exemple le Royaume Uni et l’Irlande. o Les pays scandinaves qui ont initié, dès les années 60, une organisation financée par l’impôt et basée sur le placement en institution publique (un quart des 85 ans et plus vit en établissement). Récemment, des dispositifs plus souples de maintien à domicile et d’aide à la personne ont vu le jour. Citons comme exemples le Danemark, la Suède, la Finlande et les Pays Bas 40. Ø L’exemple du Royaume-Uni Selon l’OCDE, le Royaume-Uni consacrait en 2006, 1,5 % de son PIB à la dépendance dont 65 % pour le secteur public et 35 % pour le secteur privé. La prise en charge à domicile représente 30 % du total et les personnes aidées 25 % de la population des plus de 65 ans. Depuis 1993, les collectivités locales gèrent la prise en charge des personnes âgées (évaluation des besoins, gestion des soins et coordination de l’ensemble). Elles assurent directement les prestations non thérapeutiques ou font appel à des acteurs privés. L’hébergement en établissement non hospitalier est essentiellement privé. Le financement est assuré par des subventions de l’état, par la fiscalité locale et une participation des usagers fonction de leurs revenus et de leur patrimoine. Ø L’exemple de la Suède Selon l’OCDE, la Suède considérée comme le pays le plus « vieux » du monde 41, consacrait en 2006, 2,89 % de son PIB à la dépendance dont 95 % pour le secteur public. La prise en charge à domicile représente 28% du total et les personnes aidées 17 % de la population des plus de 65 ans. Le financement du service public est principalement assuré par les impôts locaux. 40 Aux Pays-Bas, un fonds spécial financé par l’impôt pour les frais exceptionnels de maladie (AWBZ) couvre tous les citoyens quel que soit leur niveau de revenu, depuis 1968, pour les prises en charge de longue durée dont le coût est considéré comme trop élevé pour être supporté par les individus ou couvert de manière adéquate par une assurance privée. A l’origine, l’AWBZ prenait entièrement en charge par exemple les séjours dans les maisons de soins. Depuis le début des années 1980, la participation financière des usagers augmente. 41 En Suède, 17,4% de la population ont plus de 65 ans et presque 28% des personnes âgées de plus de 65 ans ont plus de 80 ans. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 44 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.1 L’Europe : différents modèles de protection sociale 2.1.2 Les pays « bismarckiens » Dans un certain nombre de pays « bismarckiens », la dépendance a été reconnue comme un nouveau risque. Cependant, ces pays à forte tradition sociale ne prennent en charge que les personnes les plus dépendantes et plafonnent les prestations avec instauration d’un copaiement pour les assurés. Citons comme exemples l’Allemagne (date d’entrée en vigueur du nouveau système 1995), l’Autriche (1993), le Luxembourg (1998), le Portugal, l’Italie. Ø Zoom sur l’Allemagne Assurance Dépendance Allemande Ass. Dépendance Obligatoire Caisses Publiques Maladie (2) (1) Assureurs Santé (3) Ass. Dépendance Complémentaire Assureurs santé Indemnité Journalière Indemnités légales (4) Assureurs Vie Rbt Frais Médicaux Rente Complémentaire Indemnités contractuelles ü (1) L’assurance dépendance obligatoire : En Allemagne, la loi garantit à tous les adhérents du système d’assurance publique une couverture de soins de longue durée sans condition de ressources ou d’âge et constitue, depuis 1995, le cinquième risque du régime d’assurance sociale. La raison principalement donnée pour justifier la création de ce cinquième risque était « qu’il n’était pas politiquement admissible qu’une personne âgée consacre l’intégralité de sa pension Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 45 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.1 L’Europe : différents modèles de protection sociale de vieillesse au financement des prestations de dépendance ou qu’elle soit obligée d’avoir recours à l’aide sociale en cas de dépendance ». (2) Les caisses publiques couvrent obligatoirement tous les salariés dont le revenu annuel est inférieur à 48 600 € (en 2009) 42, les autres ont le choix entre l’adhésion à une caisse publique ou à une assurance privée dont la prime est indépendante du revenu. La décision de quitter le champ des caisses publiques est irréversible et très réglementée. Les prestations fournies doivent au moins être équivalentes à celles des caisses publiques et les primes plafonnées au niveau du maximum de cotisation des caisses publiques. En 2007, les caisses publiques couvrent 70,34 millions de personnes43 soit de l’ordre de 85 % de la population. En complément de la couverture des caisses publiques, (3) les assureurs santé couvrent obligatoirement : o tous les fonctionnaires o tous les travailleurs indépendants o toutes les personnes avec un salaire brut supérieur à 48 600 € (2009) affiliées à une assurance maladie privée En 2007, les assureurs santé couvrent 9,32 millions de personnes44 dans le cadre de la couverture obligatoire. ü (4) L’assurance dépendance complémentaire privée : Le marché de l’assurance privée est naturellement limité par le caractère obligatoire du régime public et seule 10% de la population a fait le choix de l’assurance privée. Il s’agit essentiellement d’une population haut de gamme attirée par des produits d’épargne. Car si le dispositif garantit l’accès à une couverture dépendance pour tous, il ne couvre pas l’intégralité des frais occasionnés par la dépendance et notamment les frais d’hébergeme nt et de nourriture en établissement. Cette absence dans la couverture proposée est utilisée par les assureurs privés qui proposent des assurances complémentaires facultatives à l’ensemble des assurés (indemnités journalières, remboursement des frais). Mais ce deuxième marché a du mal à décoller (1% de la population en 2004) du fait de la couverture publique obligatoire. ü Financement : Le financement du dispositif public est assuré par une cotisation uniforme (1,95% sur les salaires bruts, 2,2% s’ils n’ont pas d’enfants) partagée entre employeurs et employés. 42 Source : Bienvenue au sénat, étude de législation comparée, octobre 2009 Source: German Ministry of health, Association of the Health Insurance Companies Nombre d’habitants recensés au 31/12/2007: 82,17 millions. 44 Source: German Ministry of health, Association of the Health Insurance Companies Nombre d’habitants recensés au 31/12/2007: 82,17 millions. 43 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 46 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.1 L’Europe : différents modèles de protection sociale La suppression d’un jour férié est également venue compléter le système. Les retraités versent comme les salariés la moitié de leur cotisation, l’autre moitié étant prise en charge par l’organisme d’assurance pension. Malgré cela, depuis l’origine, un déficit structurel persiste avec des réserves de 3 milliards d’euros à fin 2007. Le financement par les assureurs privés se fait essentiellement par capitalisation avec un taux de prélèvement selon l’âge des assurés et la constitution de la famille. Il est pris en charge conjointement par le salarié et l’employeur. Depuis l’origine, ce régime est à l’équilibre avec des réserves de 18 milliards à fin 2007. ü La couverture : Sont considérés comme dépendants, les assurés atteints physiquement ou mentalement qui nécessitent une aide pour exécuter les actes courants de la vie quotidienne durant une période supérieure ou égale à six mois. Pour bénéficier des prestations de soins, il faut justifier d’une période d’assurance d’au moins cinq ans dans une caisse d’assurance dépendance. Les prestations prises en charge sont fonction du degré de dépendance (catégorie I grande dépendance, catégorie II dépendance lourde, catégorie III invalidité nécessitant l’aide constante d’une tierce personne). Des prestations cumulables en nature et en espèces sont proposées. Pour les soins à domicile, elles sont versées en cas de recours à du personnel professionnel, à un membre de la famille ou en cas de prise en charge en institution. Bien que le montant des prestations en espèces soit inférieur aux prestations proposées en nature (crainte de détournement), 75% des personnes optent pour les espèces (rente forfaitaire). Introduction d’un statut de l’aidant : o Les aidants bénévoles prodiguant 14 heures minimum de soins à la personne dépendante bénéficient d’une allocation de soins mensuelle et sont automatiquement assurés contre les risques vieillesse – invalidité ou les accidents survenus durant les soins au dépendant. o Les aidants bénéficient d’une formation adaptée à l’aide à apporter à une personne dépendante. o Un « congé dépendance » de six mois est proposé à l’aidant La démence est un déclencheur indépendant de l’ouverture des droits à la dépendance. Ceci est important quand on sait que l’expérience mondiale montre une croissance constante des pathologies démentielles comme cause de sinistre (actuellement environ 33%). Les établissements d’hébergement et les services de soins à domicile appartiennent tous au secteur privé. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 47 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.1 L’Europe : différents modèles de protection sociale ü Bilan L’Allemagne consacrait en 2008 de l’ordre de 20 milliards d’euros à la dépendance (1,5% du PIB) dont 70% pour le secteur public et 30% pour le secteur privé 45. La prise en charge à domicile représente 35% du total et les personnes aidées 11% de la population des plus de 65 ans. Aujourd’hui on constate que ce système atteint ses limites pour les différentes raisons suivantes : o de plus en plus de personnes en état de dépendance (plus de 2 millions de personnes) o de moins en moins de cotisants (salariés et retraités) o difficile maîtrise des coûts de soins : ⇒ pas assez de volontaires pour travailler dans ce secteur, ⇒ mise en concurrence nécessaire des établissements de soins du fait d’un constat d’entente sur les tarifs o déficit structurel du modèle par répartition : ⇒ malgré déjà deux réformes en 2004 et en 2008 pour tenter de rééquilibrer le régime alors que les plafonds d’indemnisation n’avaient encore jamais été ajustés à l’inflation ⇒ Si l’augmentation de la cotisation en 2008 n’est pas suffisante, les réserves seront épuisées à fin 2012. o les assureurs privés ⇒ sont liés aux décisions du Ministère de la Santé quant aux traitements couverts dans l’assurance obligatoire et aux plafonds indemnisés ⇒ ont une faible possibilité de développement du fait de la création du cinquième risque qui a conforté les assurés dans l’idée qu’une couverture supplémentaire n’était pas nécessaire Depuis sa réélection fin 2009, le premier chancelier Angela Merkel a déclaré que la priorité N°1 du nouveau gouvernement est de trouver des solutions pour assurer un financement pérenne du système de dépendance. Le système par répartition obligatoire pourrait être amélioré selon les principales pistes suivantes : hausse des cotisations pour les adhérents augmentation des cotisations pour les personnes sans enfants augmentation du temps de travail (reprise de jours fériés) réduction du coût des soins mais cela semble difficile (facteur humain important pour la plupart des soins) o rapprochement des caisses publiques et privées (bénéficiaires à ce jour) o introduction d’une part plus importante de capitalisation o o o o 45 Source: The Boston Consulting Group, entretiens de l’assurance 2007, mise à jour mars 2009 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 48 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.1 L’Europe : différents modèles de protection sociale 2.1.3 Un système mixte s’inspirant des deux formules En Europe du Sud, on observe une logique principalement d’aide sociale fondée sur des critères d’éligibilité avec souvent des capacités d’offre restreinte. Dans ce système, les personnes dépendantes peuvent bénéficier entre autres de majoration de pension, de prise en charge du handicap, de politique familiale (incitations fiscales pour les aidants). Cette logique est liée à une forte tradition familiale et l’aide informelle est souvent prédominante (France, Grèce, Espagne, Belgique…). Dans certains pays, l’aide formelle suppose comme de fait l’existence de l’aide informelle. Ainsi, dans le calcul des conditions de ressources, l’Espagne par exemple, prend en compte le revenu des aidants familiaux. Il est à noter que ce système, dans lequel l’aide informelle a un rôle essentiel, tend vers ses limites du fait des évolutions démographiques (baisse de la population des 45-69 ans et 80 ans et plus) et socioculturelles (individualisation croissante des modes de vie, augmentation de l’activité féminine). De ce fait, l’Espagne vient de créer un système non contributif de prise en charge à domicile ou en établissements. Ø Zoom sur l’Espagne L’Espagne est un l’un des pays d’Europe dans lequel la structure familiale joue un rôle clé. A titre d’illustration, il est significatif de noter que 91% des personnes handicapées en âge de travailler vivent dans leur famille sans aide particulière de l’Etat. Cependant, compte tenu de la croissance régulière du nombre de femmes actives, contributrices de l’aide informelle, l’Etat s’est vu contraint de mettre en place une aide formelle publique. Avec le SND créé en 2007, système national de dépendance, l’Espagne tente de développer une aide à la dépendance financée par l’impôt et une participation des bénéficiaires basée sur ses revenus et son patrimoine. Un système basé sur trois degrés de dépendance (légère, sévère et totale) conditionne le type de prestations. Chaque patient fera l’objet d’un plan individuel de prise en charge avec des options telles que la téléassistance, intégration dans un établissement publique spécialisé ou privé avec aide de l’Etat. En cas de choix de prise en charge à domicile, l’aidant reçoit une rémunération de l’Etat en échange de son inscription à la sécurité sociale. Au total, l’Espagne devrait consacrer 1% de son PIB à la dépendance d’ici 2012 (contre 0,33 en 2007). Près de 1,5 million de personnes devraient être prises en charge d’ici 2020 46. 46 Source: rapport Hélène Gisserot, Perspectives financières de la dépendance des personnes âgée à l’horizon 2025, mars 2007. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 49 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.1 L’Europe : différents modèles de protection sociale Ø Remarques Au-delà du financement, à l’intérieur d’un groupe, les modalités de prise en charge peuvent varier. Ainsi, en Allemagne, la dépendance n’est pas considérée comme un risque lié à la vieillesse. L’attribution de l’aide publique y est sans condition d’âge, ce qui n’est pas le cas de la France. Le degré de gravité des cas pris en charge et le degré des aides est également très variable. L’APA en France offre des aides moindres qu’en Allemagne. Mais, suite à l’évolution démographique homogène dans tous les pays, la plupart tendent à restreindre les conditions d’attribution pour cibler les cas les plus lourds de dépendance. La nature des prestations et des prestataires est également différente à l’intérieur de chaque groupe. En général, un plan d’aide basé sur une évaluation individualisée définit la nature des prestations en espèces ou en nature et guide leur usage. Cette procédure est peu formalisée en Suède, soumise à l’appréciation du « care-manager » au Royaume-Uni et très forte en Allemagne où à chaque degré de dépendance correspond un niveau théorique d’aide en temps. Ø Bilan Finalement, les différences entre les systèmes de protection sociale des différents pays européens décrits précédemment se sont progressivement estompées au cours de crises ou de réformes. En effet, on observe une convergence de la plupart des systèmes qui puisent des éléments à la fois dans les modèles source beveridgiens et bismarckiens. Ainsi, aujourd’hui on qualifierait plutôt les systèmes de santé selon les trois grands types suivants : Les Systèmes nationaux de Les systèmes articulés autour des santé d’Europe du Nord caisses d’assurance maladie Danemark Allemagne Finlande Autriche Suède Belgique Royaume uni France Irlande Luxembourg Les systèmes de santé mixte d’Europe du Sud Espagne Italie Grèce Portugal Le tableau en page suivante, extrait du rapport Gisserot de mars 2007, résume les caractéristiques des principaux systèmes de prise en charge de la dépendance par les pouvoirs publics à l’étranger. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 50 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.1 L’Europe : différents modèles de protection sociale Prises en charge de la dépendance par les pouvoirs publics à l’étra nger Financement Montant des prestations Participation des Nature des Soutien à l’aide Prestataires Gestionnaires Attribution Conditions assurés prestations informelle conditionnelle d’âge (Ressources / situation familiale) Libre choix, Allocation Privés Caisses Non Non Allemagne Cotisation (1,7 De 205 à 1.432 Complément % également euros + hébergement en nature ou d’assurance répartie entre + nourriture en espèces maladie pour employeurs et (dans 75 % l’octroi des employés) + des cas) aides, Länder suppression pour jour férié organisation de l’offre Non Proportionnelle à Fonction du Rémunération, Public ou Non Non Espagne contributif, la capacité de plan d’aide incitation fiscale privé (SND) Etat financement et de (revenu et l’opérateur patrimoine) (public ou privé) Hausse Montant moyen A domicile : 0 si Nature ou APA en espèces Public ou Départements Non Plus de 60 France prélèvements + A domicile ; revenus <670 espèces privé ans suppression 479 euros / euros, 90 % si jour férié mois. revenus > 2270 En euros entre les 2 établissement : sinon 405 euros / mois Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 51 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.1 L’Europe : différents modèles de protection sociale Prises en charge de la dépendance par les pouvoirs publics à l’étranger - Financement Japon Majoration des De 570 à cotisations entre 3320 dollars 40 et 64 ans en 2000 (0,9 point). Cotisations sur les retraites publiques pour les plus de 65 ans Royaume Uni Suède Non contributif, Fiscalité locale Non contributif - Etats unis Non contributif - Montant des Participation des Nature des prestations assurés prestations - Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 10 % du plan d’aide plafonné En nature, montant prédéfini. Choix libre mais tiers payant conditionné à la définition d’un plan d’aide Proportionnelle au Nature revenu Proportionnelle au Nature revenu Nature Soutien à Prestataires l’aide informelle Gestionnaires Attribution conditionnelle (Ressources / situation familiale) Communes Non Conditions d’âge Non Public ou privé Non Public Communes Non Non Non Public Communes Non Non Non Privé Programmes mis en œuvre par l'état Oui (revenu / patrimoine) Non 52 Plus de 40 ans et caractère gériatrique de la dépendance. Plus de 60 ans sinon Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.2 Le modèle américain 2.2 Le modèle américain Aux Etats-Unis, le système de prise en charge de la dépendance s’organise autour de l’idée que l’aide publique ne doit pas décourager l’aide informelle pour les soins longs terme pouvant être assurés par l’entourage. 2.2.1 Rôle du gouvernement Les principales aides gouvernementales Ø Medicare Medicare est un programme Fédéral destiné à couvrir la prise en charge des soins des personnes de 65 ans et plus, des personnes de moins de 65 ans souffrant de certains handicaps et de toutes personnes souffrant de maladies rénales à un stade terminal nécessitant par exemple dialyses, greffe de rein, ... Medicare est une assurance maladie obligatoire cofinancée paritairement par les cotisations sociales prélevées sur les salariés actifs et les employeurs ou par les impôts et les primes d’assurance. Cette couverture représente environ 20% des dépenses nationales de la dépendance 47. Medicare ne couvre que les soins médicaux nécessaires et plus particulièrement les consultations médicales, séjours en hôpitaux, soins court-terme visant à amoindrir le handicap. Medicare ne prend généralement pas en charge les besoins d’aide à la vie quotidienne qui sont incontournables en cas de dépendance sauf dans les conditions suivantes où il sera possible de bénéficier de soins dans un « skilled nursing facility ». La personne: o a fait l’objet d’une hospitalisation récente d’au moins trois jours o a été agréée à un programme Medicare de soins infirmiers moins de trente jours après une période d’hospitalisation o a besoin de soins infirmiers spécifiques Si ces conditions sont remplies Medicare peut payer une partie des frais à hauteur de cent jours de soins : o 100% des frais de soins infirmiers les vingt premiers jours o du vingt et unième jour au centième jour, une franchise de $133,50 par jour est déduite o au-delà de cent jours, Medicare ne prend plus en charge La prise en charge par Medicare des soins à domicile ou de la rééducation du langage sont limités aux soins prescrits par le médecin traitant. Ces soins doivent être dispensés par du personnel agréé par les agences Medicare de soins à domicile. 47 Source : Centers for Medicare and Medicaid Services (CMS) Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 53 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.2 Le modèle américain Medicare peut également participer à la fourniture de matériel médical (fauteuils roulants, lits d’hôpitaux, oxygène, déambulateurs…). Il n’y a pas de limite dans le temps à ces services qui doivent cependant faire l’objet de renouvellement de prescription tous les soixante jours. Les soins aux personnes âgées atteintes d’une affection en stade terminal (devant décéder dans une période de six mois) sont intégralement couverts (médicaments liés à l’affection et traitement antidouleurs, soutien psychologique). Ces soins peuvent être dispensés dans des établissements spécialisés ou à domicile. Medicare peut également prendre en charge de courts séjours en établissements pour décharger les aidants. Ø Medicaid Medicaid est un programme mis en place conjointement par le gouvernement Fédéral et les états. Il offre une couverture médicale aux personnes les plus démunies. L’adhésion est liée aux ressources. Pour une personne seule, le revenu mensuel doit être inférieur à $623, la valeur de la résidence principale inférieure à $500 000 et il faut avoir moins de $2 000 de biens non immobiliers. Tous les revenus doivent être alloués aux dépenses de dépendances sauf un faible forfait de l’ordre de $30 par mois. Les personnes bénéficiaires et la nature de l’offre sont propres à chaque état. Mais il n’est pas rare de voir les personnes arriver au bout de leurs ressources personnelles avant de pouvoir bénéficier de cette aide. Chaque état dispose de bureaux d’aide médicale pour renseigner les personnes sur les aides auxquelles elles peuvent prétendre. Medicaid propose principalement des soins pour les personnes dépendantes en institutions ou « home community based service ». Le programme Medicaid a été officiellement adopté par le Congrès en 1965 (en même temps que Medicare). Il couvre 49% des dépenses nationales de dépendance 48. Depuis 1993, les Etats recouvrent les frais de Medicaid sur les biens immobiliers des bénéficiaires décédés (estate recovery). Ø Older Americans Act Le Older Americans Act est un programme Fédéral destiné à apporter une aide aux personnes âgées afin de rester indépendantes le plus longtemps possible. Dans ce but, des agences (the Aging Network) proposent, coordonnent et fournissent des services d’aide tels que des programmes de nutrition, de remise en forme, de prévention des maladies, de conseil et protection juridique. Bien que disponible sans conditions spécifiques, ce programme est surtout destiné aux personnes âgées de plus de 60 ans, à faibles revenus, et souvent vivant en zone rurale. 48 Source : Centers for Medicare and Medicaid Services (CMS) Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 54 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.2 Le modèle américain Ø Veterans Affairs - LTC Benefits (long term care benefits) Ce programme est destiné à des vétérans ayant servi l’Etat et qui ont des besoins faisant référence à des situations de dépendance. Des rentes en espèces ainsi que de l’assistance à domicile peuvent être obtenues. Des aides aux veuves peuvent également être allouées. 2.2.2 Rôle du secteur privé Nul n’est enthousiaste à songer à la dépendance et aux Etats Unis, la population pense que Medicare et Medicaid paieront si elle survient. La réalité est que Medicare ne prend pas en charge ou très peu la dépendance et que Medicaid ne concerne que les gens à très faibles revenus. Le coût des services à domicile ou des établissements spécialisés étant très élevé, cela ouvre donc des perspectives au marché de l’assurance privée. Les Etats-Unis qui comptent désormais de l’ordre de quinze millions d’assurés sont à l’origine des premiers produits d’assurance dépendance qui datent de 1974. Ce marché américain sert de référence aux différents assureurs européens pour mettre au point leurs différents modèles techniques et économiques car la dépendance est un risque émergent et donc mal connu. Les garanties proposées des contrats américains pour la couverture du risque dépendance sont liées à la perte d’au moins deux AVQ sur six pendant au moins quatre vingt dix jours. L’assuré bénéficie d’un remboursement de ses frais réels dans la limite d’un plafond journalier ou mensuel et sur une durée fixe, allant généralement de deux à cinq ans. L’assurance privée couvre 7% des dépenses nationales de la dépendance à travers 49 : o des polices individuelles (4,63 Millions ) o des polices collectives (2,1 Millions ) Ø Les polices dépendance certifiées « dollar for dollar » Elles sont vendues dans le cadre d’un partenariat public privé. Elles ont pour principe que la valeur de la garantie d’assurance souscrite est déduite du patrimoine. Le seuil Medicaid est ainsi abaissé. Ce système a pour but de protéger le patrimoine pour les héritiers et de retarder l’entrée dans les programmes Medicaid. Mise en place dans quatre Etats pilotes (Connecticut, NY, Indiana et Californie) entre 1992 et 2005, leur diffusion a été stoppée sur demande du Congrès puis reprise en 2005. Un premier constat montre que les classes moyennes ont peu souscrit et qu’il n’y a pas de réel décalage de l’entrée dans le programme Medicaid. 49 source LIMRA Annual Review 2007 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 55 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.2 Le modèle américain Ø Les polices d’assurance privée (hors cadre « dollar for dollar ») Ces polices se démarquent au niveau fiscal, par un encouragement à la souscription grâce à un système intelligent de déductibilité d’une fraction des cotisations versées. La base déductible des cotisations versées est d’autant plus importante que l’assuré est jeune. Ceci constitue un excellent moyen pour sensibiliser le plus tôt possible, l’ensemble des personnes, à la problématique du risque dépendance. Une nouvelle loi fédérale devant entrer en vigueur en 2010 permettra de plus à un actif d’accumuler des sommes sur un compte en vue d’un complément de retraite ou pour couvrir le coût des services requis en cas de dépendance. Ø Quelques exemples de contrats privés Les assureurs américains leaders comme Gentworth ou John Hancock ont apporté chaque année des innovations aux contrats d’assurance dépendance proposés. Exemple de contrat proposé : Corner Stone, le produit phare de Genworth 50 : ü ü ü ü ü ü L’assuré choisit le montant de capital garanti L’assuré choisit le niveau de protection d’inflation L’assuré choisit la durée de franchise L’assuré choisit son plafond de remboursement mensuel L’assuré paie 20% de chaque dépense qu’il demande à Genworth de lui rembourser Le questionnaire médical très complet permet d’obtenir des réductions substantielles pour bonne santé ü La tarification intègre le statut marital Corner Stone est : ü Le premier contrat d’assurance dépendance à instituer le co-paiement (effet attendu sur les demandes de remboursement en baisse) ü Adopté par l’AARP 51 (effet attendu sur les coûts de diffusion, impact sur la tarification) ü Un contrat qui bénéficie de tous les services de conseils, de discounts et de sélection de prestataires de services apportés par CareScout, un intermédiaire (internet et plateforme téléphonique) de services aux personnes détenu à 100% par Genworth Exemple de contrat proposé : Leading Edge, le produit phare de John Hancock52 : ü ü ü ü L’assuré choisit le capital garanti L’assuré choisit la durée de couverture : 3 ans, 5 ans ou 5 ans + 1 million de dollars L’assuré choisit le niveau de protection contre l’inflation L’assuré choisit la durée de franchise 50 Source : Silver Life Institute Innovation en assurance dépendance 11/12/2008. AARP: Association for the Advancement of Retired Persons: une association de personnes dont le but est de promouvoir le bienêtre des personnes âgées. 52 Source : Silver Life Institute Innovation en assurance dépendance 11/12/2008 51 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 56 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.2 Le modèle américain ü Le questionnaire médical très complet permet d’obtenir des réductions substantielles pour bonne santé ü La tarification intègre le statut marital et le nombre de têtes sur le contrat Leading Edge est: ü Le premier produit à proposer un capital de $ 1 million si l’assuré a épuisé son capital garanti au bout de la durée de cinq ans choisie ü Le premier assureur à proposer des services, conseils et accès à des discounts pour ses assurés qui souhaiteraient utiliser ces services pour un proche dépendant qu’ils prendraient en charge ü Le premier assureur à pousser aussi loin le discount en fonction du questionnaire médical et de l’environnement familial Simplicity ii, le produit pilote de MedAmerica la seule compagnie américaine à ne proposer que des contrats en rente 53 : ü ü ü ü ü L’assuré choisit le montant de capital garanti total entre $100 000 et $ 1 million L’assuré choisit le montant de la rente mensuelle L’assuré choisit le niveau de protection contre l’inflation Le questionnaire médical et l’achat deux têtes permettent des réductions de tarification L’assuré a accès à des discounts sur les services et les médicaments Simplicity ii est : ü Le premier produit à faire disparaître la durée de couverture ü Le premier produit à faire disparaître la durée de franchise ü Le premier produit à « permettre » la couverture des soins et services dans le monde entier pendant toute la durée couverte de dépendance L’exemple des contrats ci-dessus permet de voir que le marché américain met l’accent sur : ü ü ü ü ü L’approche patrimoniale à la vente Une tarification ciblée La prise en compte de l’environnement familial La maîtrise des risques (questionnaire médical) Le bouche à oreille positif (le choix des prestataires de services est à plus de 50% fait sur la base du conseil d’un proche, un aidant est plus enclin à souscrire un contrat dépendance qu’un non aidant ü Le supplément de profitabilité lié aux services Les assureurs dépendance américains attaquent sur tous les fronts : ü Les associations (l’AARP a mis au point CornerStone avec Genworth, financement d’associations d’aidants (blogs, sites internet, études…) ü Les Etats (partenariats, labellisation des contrats par les Etats…) 53 Source : Silver Life Institute Innovation en assurance dépendance 11/12/2008 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 57 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.2 Le modèle américain ü Le gouvernement Fédéral (incitations fiscales à la souscription de contrats dépendance, lobbying pour défiscaliser la sortie d’épargne retraite en cas de souscription de contrat dépendance…) ü Les entreprises (aide aux salariés en position d’aidants, formations sur les lieux de travail…) ü Les gestionnaires de patrimoine (formations, outils de simulation…) ü Les fondations et les universités (financement d’études, de recherches, d’enquêtes, de nouveaux métiers de type « care manager » pour la coordination des services et des soins…) L’assurance privée couvre 7% des dépenses nationales de la dépendance 54. 2.2.3 Bilan sur le système américain Le problème de la garantie indemnitaire entraîne une grave dérive des coûts avec notamment : o une entente tarifaire des acteurs prestataires de services o des coûts administratifs et de gestion des contrats très élevés, et cela d’autant plus que la dépendance garantie correspond à de la dépendance partielle o une contractualisation des prestations difficile sur le long terme qui ne tient souvent pas compte des évolutions technologiques possibles L’aide aux aidants familiaux n’est pas prévue dans le système public américain. Les assureurs privés ont cependant compris l’importance de cet aspect de la couverture dépendance et proposent des solutions (remboursement de frais encourus par les proches, compensation pour l’entreprise de l’absence d’un employé…). Le partenariat public / privé ne permet pas de couvrir toute la population ni toute la gamme de besoins. Il nécessite un effort de communication important car les citoyens américains restent convaincus que leur dépendance sera forcément couverte par l’un des programmes MEDICAID ou MEDICARE. Il reste à noter que les incitations fiscales importantes restent un élément important d’incitation à la souscription. 54 Source : entretien avec Madame Nathalie Paillot-Muhleim Munich-RE, novembre 2009 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 58 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution 2.3.1 Prédominance d’une logique d’aide sociale La prise en charge de la dépendance en France est pour l’instant marquée par une prédominance d’aide sociale ainsi que par la grande diversité des acteurs et des sources de financement avec des dispositifs très complexes. Ø Une solidarité familiale imposée par le droit et encouragée fiscalement Le code civil incite fortement à la solidarité intergénérationnelle au travers de l’obligation alimentaire et de la transmission de l’héritage. De plus, la fiscalité française comporte de nombreuses mesures de déductions fiscales encourageant la prise en charge familiale (déduction des revenus imposables, quotient familial, réduction d’impôts…). Ces deux dispositifs législatif et fiscal sont une des racines de la solidarité familiale en France et sont, contrairement à la tradition anglo-saxonne, inscrits dans la Loi (code civil). Si en raison de son état de santé, l’un des membres du foyer fiscal réside dans un établissement pour personnes âgées dépendantes, celui-ci peut bénéficier d’une réduction d’impôt. Cette réduction égale à 25% des dépenses retenues dans une limite de 10 000 € par an et par personne couvre les frais liés à la dépendance et à l’hébergement (logement et nourriture). Si la personne dépendante bénéficie de l’APA, cette allocation est alors à déduire des dépenses à faire figurer sur la déclaration d’impôt. Cette disposition fiscale est applicable aux deux conjoints si leur état de santé le nécessite. Ø Des mesures réglementaires en faveur des personnes âgées La canicule de l’été 2003 a mis en exergue le manque de moyens au niveau des structures d’accueil des personnes âgées en France. Depuis cette date, le gouvernement cherche à pallier aux insuffisances au travers : o des lois de solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées de 2005 et 2006 (LFSS55) qui sont des projets ayant pour but d’augmenter les crédits pour assurer une meilleure prise en charge de ces personnes et d’accélérer l’effort de création de places en établissements spé cialisés o du Plan Solidarité-Grand Age 2007 (PLFSS56) qui prévoit de créer une consultation pour détecter les pathologies liées au grand âge, d’améliorer la prise en charge à domicile, d’investir dans les structures d’hébergement spécialisées et de les moderniser, d’améliorer la formation et le nombre des personnels soignants, de lutter contre la maltraitance et d’adapter l’hôpital en créant des filières gériatriques 55 56 LFSS : lois de financement de la sécurité sociale, source Sécurité Sociale PLFSS : Projet de loi de financement de la sécurité sociale, source Sécurité Sociale Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 59 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution o de la mission « Vivre chez soi » lancée le 18 février 2010 par Nora Berra, Secrétaire d’Etat chargée des Aînés. Cette mission intègre les six champs d’action suivants pour assurer les garanties nécessaires du vivre chez soi et répondre aux besoins et aux attentes de nos aînés 57 : ü diagnostic autonomie habitat dont les objectifs sont de réaliser un état des lieux, d’élaborer une méthodologie d’intervention, de construire un référentiel de compétences et de définir le cadre de mise en œuvre du diagnostic ü technologies et services pour l’autonomie dont les objectifs sont d’identifier et de définir les conditions du développement des technologies ainsi que de mettre en place un plan de communication nationale sur l’usage de ces technologies ü mobilité et urbanisme dont les objectifs sont d’établir un état des lieux et de favoriser au maximum les besoins de mobilité des aînés grâce aux moyens de transports et à l’urbanisme ü métiers, compétences et formations dont les objectifs sont de labelliser les compétences des métiers identifiés ü inclusion et prévention des discriminations dont les objectifs sont de prévenir les discriminations ü optimisation de gestion des services, état des lieux des services à la personne et expérimentations et développement d’applications destinées aux aînés, à leur entourage familial et aux prescripteurs. Exploitation d’un prototype de téléphone mobile pour équiper dans 5 départements volontaires les prestataires de services et les usagers L’ensemble de ces points est réalisé en partenariat avec de nombreux acteurs : institutions publiques, organismes sociaux, collectivités locales, associations, industriels, caisses de retraite, fondations et aussi instituts de prévoyance, banques et assurances etc. 2.3.2 Le marché français de l’assurance privée : risques et perspectives Le marché du risque dépendance est toujours très concentré sur une t rentaine d’acteurs parmi lesquels se détachent les quatre principaux groupes suivants qui représentent 76% de la collecte des cotisations en 2008 et 83% des personnes couvertes : o o o o Prédica filiale du Crédit Agricole (23%) CNP fournisseur de la Banque Postale et des caisses d’Epargne (20%) Prima filiale du groupe AG2R – La Mondiale (17,1%) Groupama – GAN (15,9%) A quelques mois de la création du cinquième risque (cf. § 2.3.3), ces chiffres montrent que les banques devancent les assureurs. 57 Source : Ministère du Travail, des relations Sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 60 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution Ø Risques Le marché français de l’assurance dépendance est influencé par des contraintes structurelles en relation avec l’évolution du niveau des dépenses de santé, du comportement des assurés et de l’incertitude concernant la mise en place de la cinquième branche. La crainte des assureurs d’attaquer ce marché à fort potentiel vient du fait que, quel que soit le risque couvert, une assurance privée se heurte en général à des comportements opportunistes. Ceux-ci vont induire un coût important auquel s’ajouteront des incertitudes sur le risque d’une dérive des dépenses futures. Les assureurs qui doivent garantir la solvabilité de leurs contrats à long terme adoptent donc une attitude réservée et prudente, mais qui a des conséquences en termes d’offre et de coûts pour les assurés. Ø Les risques humains : aléa moral et anti-sélection Les comportements opportunistes que redoutent les assureurs ont une forte probabilité de réalisation et apparaissent difficiles à éviter. Dans le cas de la dépendance, ils sont au nombre de deux : o L’aléa moral ou phénomène de surconsommation o L’anti-sélection qui caractérise la surreprésentation des hauts risques dans la population assurée Avec le risque dépendance, l’aléa moral est plus probable du fait du type de couverture. La rente forfaitaire à utilisation libre correspond au dénouement des contrats souscrits. La prestation versée a donc une valeur d’usage non nulle et des personnes risquent d’adopter un comportement opportuniste en demandant la rente dépendance alors qu’elles n’ont pas perdu leur autonomie. Sachant que la définition du risque dépendance est complexe, les assureurs ont donc du mal à choisir des règles d’attribution précises pour le versement des prestations. Ce qui augmente donc le risque de dérive. En effet, l’état de sinistre s’apprécie avec difficulté car la dépendance n’est pas une maladie. Elle ne peut donc pas être caractérisée par un professionnel de manière aussi indiscutable et facile que lorsqu’un médecin fait un diagnostic somatique 58. Finalement ce sont les assurés eux-mêmes qui sont les meilleurs juges pour déterminer s’ils sont dans un état de dépendance ou non. L’aléa moral est donc inévitable car une partie de la décision revient à l’assuré lui-même ou à un proche. En conclusion, la large part laissée aux personnes pour apprécier leur état de dépendance conduit au risque de devoir verser des prestations non nécessaires d’où un risque de dérive important. Le deuxième risque auquel les assureurs sont confrontés est l’anti-sélection. 58 Source : entretien avec Monsieur Gilles Thivant, Directeur France groupe Scor, octobre 209 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 61 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution En réalité, ce comportement opportuniste est plus qu’un risque car il est effectif et important dans le cas de la couverture du risque dépendance. En effet, l’efficacité d’une assurance repose sur la mutualisation du risque qui ne peut être efficiente si le pourcentage d’indivi dus à haut risque est supérieur dans la population assurée que dans la population globale. Cette surreprésentation est réelle parmi les souscripteurs de contrats d’assurance dépendance selon les éléments suivants : o Le fait de s’assurer implique un coût que seule une partie de la population est prête à accepter et qui n’est donc pas représentative de la population d’ensemble. o On constate que la grande majorité des souscripteurs sont essentiellement ceux qui redoutent le plus de devenir dépendants. A partir d’exemples familiaux, de proches ou de convictions personnelles, ces personnes estiment qu’ils vont devenir dépendants. Finalement la surreprésentation des hauts risques est donc réelle avec en majorité des individus de la population d’ensemble qui ont la probabilité la plus importante de devenir dépendants En conclusion, les assureurs ne sont actuellement pas en mesure d’éviter ces comportements opportunistes d’aléa moral et d’anti-sélection faute d’information statistique suffisante sur une longue période. Ø Risque économique : l’évolution du niveau des dépenses Au risque humain décrit précédemment s’ajoute un risque purement économique : grande difficulté à anticiper le niveau futur des dépenses liées à la dépendance. Cette difficulté se pose à deux niveaux, micro-économique et macro-économique. Au niveau micro-économique, les assureurs s’interrogent d’abord dans le futur sur le niveau du coût moyen de la dépendance par personne. Ce coût peut être décomposé en deux dépenses : 1. le coût de la prise en charge « hors soins » de prestations particulières directement liées à la dépendance. Il correspond au surcoût hôtelier et au soutien psychologique avec des interventions logistiques importantes et des prestations relationnelles ‘aide à la vie quotidienne, destinées à préserver la capacité d’autonomie restante des personnes. Ces actes, essentiellement peu techniques, souvent ingrats et très gourmands en temps ont essentiellement un coût salarial qui ne peut qu’augmenter dans les années à venir. 2. le coût de la prise en charge « soins » résulte de la médicalisation potentielle de celle-ci. Ce coût étant surtout salarial, et donc les mêmes incertitudes de hausse se posent avec une redéfinition des professions médico-sociales. Cette problématique a conduit les assureurs français à choisir de verser des prestations sous forme de rentes forfaitaires plutôt que de rembourser les frais réels afin de limiter le risque d’une hausse du coût moyen de la prise en charge. Au niveau macro-économique se pose un risque plus important que les assureurs ne peuvent limiter. En effet, quel que soit la durée restant à vivre de l’assuré qui commence à toucher sa rente viagère, l’assureur devra la lui verser jusqu’à sa mort. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 62 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution Les assureurs vont donc devoir verser les rentes plus longtemps avec l’augmentation de l’espérance de vie, soit un coût unitaire majoré. D’autre part, l’arrivée à moyen terme de populations nombreuses du baby-boom à l’âge moyen susceptible de devenir dépendantes va grossir le nombre de personnes à indemniser. En conséquence, le risque que doivent couvrir les assurances dépendances n’est plus classiquement d’un écart à la moyenne du coût mais les variations de cette moyenne dans le futur, dont les conséquences ne peuvent être maîtrisées complètement avec la mutua lisation. Les assureurs ne peuvent donc se contenter de demander des primes annuelles reflétant l’espérance des dépenses pour les primes en cours. Afin d’équilibrer les polices en fin de vie des assurés, il est donc nécessaire qu’une phase de capitalisation des primes précède l’éventuelle phase de versement des prestations sous forme de rentes forfaitaires. Ø Conséquences sur les caractéristiques de l’offre des assureurs Face aux risques humains et économiques décrits précédemment, les assureurs du domaine privé ne sont pas démunis. Ils sont libres de définir les modalités des contrats qu’ils proposent car ils n’ont aucune obligation de service public. Ils adoptent les mesures prudentielles suivantes pour ne pas être déficitaires : o au niveau des conditions de souscription, les primes sont élevées afin de garantir une marge de manœuvre suffisante. Ceci a pour conséquence d’exclure les couches sociales basses ayant un pouvoir d’achat insuffisant. D’autre part les sujets à haut risque sont partiellement éliminés avec des conditions d’exigibilité stricte. o au niveau de la couverture proposée, les rentes forfaitaires sont faiblement indexées avec un taux retenu qui ne correspondra jamais au taux de variation du coût de la prise en charge moyenne de la dépendance. Au bout d’un certain temps, l’assuré qui bénéficie de la couverture recevra une rente insuffisante pour couvrir ses dépenses, même si au moment du versement initial de la rente, il y avait adéquation besoin / rente. En conclusion, la probabilité que la couverture dépendance privée ne soit pas complètement efficace reste très importante et elle doit donc être considérée comme une solution complémentaire et/ou alternative à la solution publique. Ø Perspectives d’évolution du marché français La taille encore modérée du marché de la couverture du risque dépendance français s’explique par toutes les contraintes décrites précédemment. Néanmoins, malgré cela et en se comparant aux données internationales (en particulier avec le marché américain), la croissance devrait être rapide dans les années à venir. Au niveau français, le nombre d’organismes (assureurs, bancassureurs, instituts de prévoyance) proposant une couverture dépendance devrait croître pour aboutir à une augmentation du nombre de contrats vendus. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 63 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution En effet, la demande de contrats dépendance suit une logique classique : la recherche stratégique d’une couverture se traduisant par une protection contre les conséquences financières de l’état de dépendance. L’intérêt des français pour des produits de couverture du risque dépendance privés est important, 70% des personnes estimant qu’il s’agit là d’un problème « tout à fait important »59. Même si la plupart des personnes sous estiment le risque de devenir dépendant, la population en général est sensible à ce problème et à ses conséquences financières. On constate par ailleurs que plus la personne se rapproche du risque de dépendance, moins elle y est sensibilisée. Plus la personne interrogée est jeune et plus elle considère que la dépendance peut devenir un problème important. En fait, la prise de conscience de la dépendance et de ses conséquences financières est un phénomène récent généré par l’allongement de la durée de vie. Les personnes qui ont aujourd’hui plus de 60 ans n’ont en moyenne pas eu à subir les conséquences de la dépendance de leurs proches alors que les autres, plus jeunes, ont pu le vivre dans leur famille ou parmi leurs proches. D’autre part, 75% des cadres français sont sensibles au risque dépendance qu’ils estiment être un problème réel. Par contre, moins de 60% des employés et des ouvriers sont sensibles au risque dépendance. Ceci s’explique par le fait que les catégories socioprofessionnelles « hautes » sont davantage concernées par ce phénomène car elles ont une espérance de vie plus élevée. De même les femmes sont plus sensibilisées que les hommes car elles vivent plus longtemps. En conclusion, les catégories dont le risque est important sont plus sensibles au phénomène de dépendance ce qui constitue un point positif pour le développement de futurs produits de couverture de l’assurance privée. Globalement, on peut estimer à environ 18 millions le nombre de français intéressés par un contrat d’assurance dépendance, essentiellement les catégories socioprofessionnelles élevées. Selon Hervé Le Bras, démographe, historien et membre du Cora, il ne faut pas confondre la demande « potentielle » c'est-à-dire objective de dépendance et la demande subjective portée par une population beaucoup plus riche avec un patrimoine plus conséquent qui peut en assumer les coûts60. Deux aspects permettent d’estimer au mieux le futur nombre de personnes dépendantes parmi le nombre de personnes âgées : o l’une proportionnelle aux coûts de santé qui augmentent de façon importante dans les cinq dernières années avant le décès 59 60 Source : Baromètres Prévoyance, la Banque Postale Prévoyance / La Tribune, 2009 Source : les rencontres du CORA, 18 décembre 2009. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 64 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution o l’autre basée sur l’espérance de vie en bonne santé qui augmente actuellement au moins aussi vite que l’espérance de vie totale La plupart des personnes surestiment la prise en charge publique en cas de dépendance, et ne pensent donc pas utile de souscrire une assurance privée complémentaire. Ø La forme et les critères des contrats Majoritairement, les personnes souhaitent un contrat individuel plutôt qu’un contrat groupe. Parmi ceux qui préfèrent un contrat groupe, ils sont favorables à une adhésion facultative. Les principaux critères recherchés par les personnes souhaitant se garantir contre le risque de dépendance sont les suivants : o La simplicité: le produit, les formalités d’adhésion, la démarche de vente et l’acceptation médicale éventuelle doivent être simplifiés au maximum afin que le contrat puisse être souscrit simplement. o La souplesse des garanties : le niveau de couverture doit être le plus large possible aussi bien pour la dépendance partielle que pour la dépendance totale avec un déclenchement, en cas de nécessité, de la manière la plus simple et le plus rapidement possible. o Les services complémentaires : les assurés potentiels souhaitent des services supplémentaires, tels que la prise en charge directe du règlement des factures et « l’administration » de la mise en place des soins avec un service d’information efficient. Malgré un besoin potentiel important en matière de couverture dépendance, celle-ci se heurte à des freins de nature psychologique mais aussi financiers : o Les freins psychologiques : la première étape pour s’assurer est la prise de conscience des conséquences financières liées à l’état de dépendance. Ce risque fait en effet l’objet d’une inhibition profonde. Pour beaucoup, la barrière psychologique est difficile à franchir. En effet, s’assurer, c’est déjà accepter que le risque puisse se produire. Ce phénomène se vérifie d’autant plus que la personne est âgée. De ce fait, volontairement ou non, beaucoup sous-estiment le risque de devenir dépendant et surestiment la prise en charge publique en cas de risque avéré. De fait, l’interaction entre la prise en charge publique et l’existence possible du soutien familial rend inutile, pour la majorité des gens, la souscription d’une assurance privée. o Les freins financiers : un effet d’éviction par le prix. Les primes demandées pour les contrats dépendance sont souvent très élevées en particulier pour les retraités. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 65 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution Soit les personnes âgées ne peuvent pas les payer, soit le coût financier immédiat n’est pas compensé par le bénéfice futur de la couverture. Un effet d’éviction par le prix impacte directement la souscription d’une assurance dépendance que seules les catégories socioprofessionnelles les plus élevées peuvent souscrire. Par exemple sur le marché américain, 91% des personnes ayant renoncé à souscrire un contrat justifient leur décision par le prix. Cet effet désincitatif est aggravé par le mode de fonctionnement des contrats qui fonctionnent sur le même modèle que l’assurance dommage. Si le risque survient avec constat de la dépendance, une rente viagère non fiscalisée est versée par l’assureur jusqu’au décès de l’assuré. En revanche, les primes sont définitivement perdues s’il décède sans avoir été reconnu dépendant. La perte d’utilité due au désenrichissement immédiat et définitif n’est pas compensée par la couverture dépendance garantie par le contrat (sous-optimum économique pour certains individus). L’assuré voit donc là une opposition entre la logique stratégique de protection contre le risque et la logique financière d’une opération économique optimale. Avec une demande forte et un marché potentiellement dynamique, les assureurs devront mener une politique de communication efficace sur les conséquences financières de la dépendance en particulier pour les classes moyennes et aisées. Le nombre d’assureurs proposant des contrats dépendance a déjà beaucoup augmenté et devrait continuer à croître dans les années à venir avec des offres variées au niveau des critères, des garanties et surtout des services en s’appuyant sur les contrats existants. Ø Projet de couverture universelle des réassureurs Alors qu’il reste dans l’attente des arbitrages gouvernementaux prévus en 2010, le futur régime du cinquième risque devra associer solidarit é nationale (Etat), solidarité familiale et patrimoniale (transfert de l’assurance vie, récupération sur héritage) et solidarité personnelle (assurance). Toute la difficulté technique et surtout politique est de mettre en place un système pérenne et équitable pour tous sachant que le marge de manœuvre des pouvoirs publics est très limitée (déficits publics et sociaux très importants). Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 66 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution Dans ce contexte, le rôle des assureurs et des réassureurs ira croissant pour tenter d’aider à structurer un dossier « tabou », difficile et maintes fois reporté. Les réassureurs, qui estiment avoir une grande légitimité sur ce sujet, rappellent que la réassurance est la clé de voûte de l’assurance dépendance 61. Outre un partage du sort, donc du risque, la réassurance permet à l’assureur de bénéficier de l’expertise technique du réassureur et, in fine de fixer son tarif. Le réassureur SCOR exerce sur la couverture du risque dépendance une domination de fait en réassurant plus de 50% du marché français. Il fournit également des contrats clé en main aux plus petits assureurs. Via l’association des professionnels de la réassurance en France (APREF), les réassureurs sortent de leur réserve en proposant un projet de couverture universelle pour les Français basé sur quelques principes simples mais néanmoins assez révolutionnaires. A partir des deux postulats suivants : o se recentrer sur la dépendance lourde qui coûte le plus cher et est le plus aléatoire o faire bénéficier de la solidarité nationale les personnes les moins solvables les réassureurs proposent les principes suivants pour une couverture universelle : o la dépendance est un risque assurable qui peut être pris en charge par le marché o les cotisations d’assurance dépendance doivent être versées avec une possibilité de déduction sur le revenu imposable (d’une manière identique au PERP) pour inciter les personnes à souscrire. L’exonération fiscale serait alors remplacée par un crédit d’impôt remboursable pour les personnes non imposables o seule la dépendance lourde62 et onéreuse a vocation à être prise en charge o la couverture proposée n’a pas vocation à être obligatoire o les personnes qui feraient le choix de ne pas s’assurer seraient pénalisées, via un mécanisme de reprise sur héritage o la prise en charge publique ne doit concerner que les personnes non solvables Au niveau financier, pour les personnes solvables, la substitution de l’assurance à l’APA ferait économiser 2,3 milliards d’euros, et la prise en charge des personnes les plus dépendantes uniquement ferait économiser 1,5 milliards. Ainsi, au bout de quinze ans, le budget « APA » passerait de 5 à 1,2 milliards d’euros avec en contrepartie un budget de crédit d’impôt de l’ordre de 3,5 milliards d’euros par an à financer par l’état. Ce budget est inférieur à ce que coûterait à l’Etat la déductibilité fiscale et sociale appliquée sur les cotisations versées à une nouvelle cinquième branche. 61 Source : entretien avec Monsieur Philippe Trainar, chief economist officer, groupe SCOR Les ménages n’ont pas de réels problèmes financiers avec la dépendance légère qui est plus difficile à appréhender avec objectivité et donc est susceptible de donner lieu à dérive voire à fraude. 62 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 67 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution 2.3.3 Le cinquième risque dépendance La naissance du cinquième risque est un pas vers un nouveau champ de la protection sociale. Dans les pays industrialisés, avec le vieillissement de la population (espérance de vie supérieure à 81 ans), la question de la prise en charge des personnes âgées est devenue cruciale et incontournable. Les limites de l’efficacité d’une prise en charge uniquement privée pour la couverture du risque dépendance ont été étudiées par l’économiste américain D. Cutler à partir de polices d’assurance couvrant ces risques long terme. La création d’une cinquième branche de la protection sociale venant en complément des quatre branches existantes (maladie, accidents du travail, vieillesse et protection familiale), permettrait de mettre en place un traitement spécifique de la dépendance concernant les personnes âgées. L’insertion des personnes âgées non autonomes reste en effet primordiale dans la mesure où elles sont de plus en plus nombreuses (6,5 millions aujourd’hui et 8 millions à venir en 2020). D’après la loi, les personnes qui, nonobstant les soins qu’elles sont susceptibles de recevoir, ont besoin d’une aide ou d’une surveillance dans l’accomplissement des actes essentiels de la vie quotidienne doivent bénéficier d’une aide publique. Le débat sur le cinquième risque « dépendance » porte sur la manière d’accompagner au mieux la fragilité des personnes vieillissantes ou des personnes qui vivent avec un handicap en tentant de répondre aux questions suivantes : o Quelles solutions apporter à une personne en situation de perte d’autonomie qui ne peut plus s’assumer et réaliser les tâches de la vie quotidienne seule ? o Quelles aides apporter à son entourage afin qu’il la soutienne au mieux ? o Est-il normal de répondre à ces questions de manière différente selon l’âge de la personne concernée (au-delà de 60 ans pour la dépendance, en dessous de 60 ans pour un handicap) ? o Ce critère d’âge est-il le plus pertinent pour élaborer une politique d’accompagnement équitable pour tous ? Ce chantier très complexe au niveau social, financier et administratif est actuellement en préparation au niveau du gouvernement, sous l’impulsion du Président de la République, et tente de dégager des axes essentiels autour des points suivants : o Quel périmètre donner à ce nouveau risque et quelle couverture proposer (totale ou partielle) ? o Quelles sont les sources de financement possibles ? o Comment coordonner et organiser l’ensemble autour du système de protection sociale déjà existant et, par ailleurs, déjà très complexe ? Dans notre système de sécurité sociale à la française, les assurés ont acquis au fil du temps beaucoup de droits selon les 4 branches en vigueur sans se rendre compte qu’ils avaient un certain nombre de devoirs envers le reste de la société. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 68 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution Et, dans ce contexte, certaines idées sont avancées concernant le financement de la dépendance: o Afin de dégager une part du budget au niveau de notre système de protection sociale, Luc Ferry propose par exemple, de rendre le versement des allocations familiales dépendantes du revenu des parents ce qui permettrait d’économiser de l’ordre de 4 Milliards d’euros63. Dans le cadre de la solidarité nationale, cette somme pourrait être affectée au budget de la dépendance afin d’aider les personnes âgées qui vont être de plus en plus nombreuses dans les années à venir. o Philippe Bas, ancien ministre de la santé et de la solidarité propose de mettre en place d’une deuxième journée de solidarité associée à un meilleur redéploiement de crédits de l'assurance-maladie en faveur des personnes dépendantes. La perte d’autonomie s’apprécie à partir des besoins de chaque personne, de son projet de vie, de ses conditions de vie, de son entourage et non à partir d’un catalogue prédéterminé d’individus qu’il conviendrait de classer selon des critères ou des rubriques spécifiques pour leur accorder des aides prédéterminées. Ce sont les conséquences de ces situations au niveau global qui doivent être compensées, quels que soient l’âge, la cause ou l’origine ayant conduit à un état de dépendance (handicap de naissance, âge, accident, séquelles d’une maladie longue et invalidante). Le nouveau champ de protection sociale doit en effet couvrir la perte d’autonomie qui s’accompagne souvent de problèmes de santé et de revenus et qui doit prendre en compte des besoins distincts : o Dépenses qui viennent « en plus » des soins et « en plus » des coûts ordinaires de la vie quotidienne (besoin d’une assistance de personne, d’une assistance technique, de l’aménagement du logement…). Le contenu universel de ce nouveau champ de protection sociale doit signifier pour chaque personne le droit de bénéficier de o La possibilité d’exprimer ses besoins et aspirations dans un projet de vie au cœur de la démarche d’accompagnement o Une évaluation personnalisée et pluridisciplinaire, à la fois médicale, sociale, psychologique, ergothérapique…, des besoins de la personne dans son environnement personnel o La traduction personnalisée de cette évaluation de compensation en identifiant tous les types d’aide nécessaires (humaines, techniques, animalières, transports, aidants familiaux…) concernant le lieu de vie et les incidences familiales et socia les o Une prestation personnalisée de compensation intégrant le financement de l’ensemble des prestations, biens et services nécessaires à la personne avec financement par la collectivité publique pour lui garantir une vie digne 63 Source : Luc Ferry, Le Figaro, décembre 2009 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 69 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.3 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution A partir d’une nomenclature de biens et de services unique sur l’ensemble du territoire, un plan de compensation personnalisé sera proposé à chaque personne concernée. Cette unification des règles permettra une application à la fois précise et souple vis-à-vis de besoins diverses et bien identifiés et une personnalisation des prises en charge et des accompagnements nécessaires. En conclusion, l’année 2010 devrait être l’année de la mise en place de cette nouvelle branche cinquième risque « dépendance » à moins d’un nouveau report à l’horizon 2012. Rajoutée aux 4 branches (maladie, vieillesse, famille, accidents du travail) sous l’égide de la Sécurité sociale en 1945, la création de cette 5éme branche sera probablement engagée à coûts constants par le gouvernement compte tenu de l’état des finances publiques. Son double objectif sera de simplifier le régime existant, bâti par couches successives et devenu extrêmement complexe et de diminuer autant que faire se peut le « reste à charge » pesant sur les familles. A partir de cette situation extrêmement difficile, la réforme envisagée serait mise en œuvre selon les directions suivantes : o le remplacement de tous les dispositifs actuels d’aide (APL, APA, aide sociale d’hébergement, aides fiscales) pour une Allocation Unique Dégressive (AUD) o pour les personnes ayant un certain montant de patrimoine, elles auraient le choix de recevoir une partie ou la totalité de l’AUD en échange d’un gage sur le patrimoine qui serait récupéré au moment de la succession o la souscription de contrats d’assurance dépendance serait encouragée pour les autres bénéficiaires avec avantages fiscaux incitatifs Ø Un partenariat public privé La future loi qui est destinée à une meilleure prise en charge de la dépendance pour les personnes âgées devra remettre à plat le mécanisme d’aide publique existant. Elle devra l’articuler avec un système d’assurance privée, fondé sur une définition contraignante des garanties offertes aux assurés qui devra figurer en toutes lettres dans les contrats. Favorables à ce partenariat public-privé, les assureurs comme les mutuelles attendent des exonérations fiscales et sociales en contrepartie. Ceci pourrait inciter les particuliers à cotiser plus tôt, dès 50 ans par exemple et donc relancer ce marché à fort potentiel. Un des exemples de partenariat public-privé réussi est celui de Singapour permettant de pérenniser le système d’assurance dépendance sur le long terme. En effet, des mesures incitatives fortes ont été mises en place strictement par le Ministère de la Santé qui ont de fait rendu cette assurance quasi obligatoire dans un pays où le chômage n’existe pas. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 70 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.4 Synthèse 2.4 Synthèse partie II Les systèmes de protection sociale européens ont pour origine deux modèles principaux : Ø le modèle beveridgien (sécurité sociale, universalité et uniformité de la protection) Ø le modèle bismarckien (assurances sociales obligatoires liées au travail) Mais, depuis une vingtaine d’années, tous les pays européens, confrontés à la très forte croissance des dépenses de santé, de chômage et de retraite ont été amenés à remettre en cause certaines des bases de ces systèmes. Et, si l’organisation et le mode de financement continuent à s’inspirer des principes fondateurs, il en va différemment pour les prestations. Trois pays ont servi plus particulièrement de référence lors de cette étude. Ø L’Allemagne L’assurance dépendance instituée à partir du 1er janvier 1995, y est obligatoire. Toute personne affiliée à une assurance maladie publique ou privée est tenue de la souscrire auprès de la caisse qui la couvre en maladie. Le financement est assuré par une cotisation uniforme partagée entre employeurs et employés. De ce fait, le marché de l’assurance privée est naturellement limité et touche essentiellement une population haut de gamme pour compléter des prestations qui ne couvrent pas l’intégralité des frais occasionnés par l’état de dépendance. Sont considérés comme dépendants, les assurés nécessitant une aide pour accomplir les actes de la vie quotidienne pendant une durée d’au moins six mois. Les prestations de dépendance, versées en nature ou en espèces, couvrent des soins à domicile ou en établissement. Cependant, la prévention et la réadaptation ont priorité sur les soins. De plus, les soins à domicile ont priorité sur les soins en établissement. Les aidants des personnes dépendantes bénéficient d’un statut spécial donnant lieu à des congés et à une allocation. L’Allemagne consacrait en 2008 de l’ordre de 20 milliards d’euros à la dépendance (1,5 % du PIB) et le gouvernement cherche des solutions pour renforcer un système qui, aujourd’hui, atteint ses limites. Ø Les Etats-Unis On y trouve une couverture sociale assurée depuis 1966 par deux systèmes : o Medicaid, destiné aux plus pauvres. Il est accessible sous conditions très strictes de ressources. Le budget provient majoritairement de l’Etat complété par les Etats fédérés qui sont chargés de mettre en œuvre le programme. Medicaid couvre 49 % des dépenses nationales de la dépendance. o Medicare, une assurance maladie obligatoire, pour les personnes de 65 ans et plus, financée par des impôts, des primes d’assurances et des cotisations versées par actifs et employeurs. Medicare couvre 20 % des dépenses nationales de la dépendance. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 71 Partie II – Un éclairage extérieur – Regard sur les systèmes de protection sociale en Europe et aux Etats Unis 2.4 Synthèse En complément, il existe une couverture privée depuis 1974 fortement encouragée par l’Etat. La couverture des frais est liée à la perte d’au moins deux AVQ sur six pendant au moins trois mois. Le système couvre 7 % des dépenses nationales à travers des polices individuelles et des polices collectives. Le principe de garanties de nature indemnitaire entraîne une importante dérive des coûts. Les dépenses liées aux soins de longue durée (long term care) pour les personnes de plus de 65 ans atteignaient en 2008 près de 200 milliards de dollars (1,5 % du produit intérieur brut). On estime par ailleurs le montant de l’aide informelle apportée par les aidants qui ne sont pas reconnus par le système public, à près de 200 milliards de dollars. Ø La France La prise en charge de la dépendance en France est marquée par la prédominance d’une logique d’aide sociale et par une grande diversité d’acteurs et de sources de financement, imbriqués dans des dispositifs complexes. Suite à la canicule de 2003, les pouvoirs publics ont adopté des mesures réglementaires visant à améliorer la prise en charge des personnes âgées dont, notamment, le plan Solidarité-Grand Age en 2007 et le lancement de la mission « Vivre chez soi » en février 2010. L’aide principale allouée par le système public, est l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Mais cette aide, attribuée sous conditions de ressources par un système public déjà déficitaire, est insuffisante pour assurer la couverture des français. C’est pourquoi le système, est en cours d’évolution et les assureurs ont un rôle important à y jouer. Les principaux risques auxquels sont confrontés les assureurs sont : o l’aléa moral : demande de la rente dépendance sans véritable perte d’autonomie o l’antisélection : proportion trop importante de personnes potentiellement dépendantes o risque économique : futur niveau de dépense difficile à estimer à long terme Face à ces risques humains et économiques, les assureurs peuvent proposer des contrats d’assurance dépendance comportant des mesures prudentielles bien ciblées au niveau des conditions de souscription et des couvertures ou garanties proposées. Dans ce contexte, le futur régime du « cinquième risque dépendance » devra associer solidarité nationale (l’Etat), solidarité familiale et patrimoniale (transfert de l’assurance vie, récupération sur héritage) et solidarité personnelle (assurance). Compte-tenu de l’état des finances publiques, la création de cette cinquième branche rajoutée aux quatre branches actuelles (maladie, vieillesse, famille, accidents du travail) devra être engagée par le gouvernement, à coûts constants avec simplification, rationalisation et redéploiement des dispositifs d’aide actuelle. Ce grand chantier devra également favoriser la mise en place de partenariats publics-privés entre le système public et les assureurs avec mise en place d’exonérations fiscales et sociales qui pourraient contribuer à la relance d’un marché à fort potentiel pour les assureurs. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 72 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3 PARTIE III - LA STRATEGIE DES ASSUREURS POUR DEMAIN - UNE NOUVELLE IMAGE TOURNEE VERS LE MODERNISME ET LA CONFIANCE Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 73 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.1 Nouveau axes de développement : Information – prévention - Innovation 3.1 Nouveaux axes de développement : Information – Prévention - Innovation 3.1.1 Objectif des campagnes d’information Globalement, les Français sont encore mal informés sur les solutions disponibles pour faire face à la dépendance. De plus, le degré d’information est variable en fonction de l’âge. Baromètre prévoyance Sofrès 2007 Un français sur deux est mal informé sur les solutions disponibles. Les moins de 45 ans sont encore davantage mal informés. Un tiers des 65-75 ans se sentent encore mal informés. Le ministère de la Santé n’ayant pas mis la dépendance en priorité dans ses campagnes d’information d’envergure nationale, les assureurs commencent à informer et éduquer leurs clients potentiels au travers de campagnes publicitaires; l’objectif étant de sensibiliser sur le risque, de développer la notoriété de l’opérateur et bien sûr de promouvoir les offres. Depuis 1980, trois assureurs ont dégagé des budgets significatifs pour informer le public sur la dépendance. o CNP Assurances représente la référence en matière de communication intergénérationnelle. o AG2R lance en 2004 une campagne TV sur l’assurance dépendance dans le cadre de la saga « l’avenir c’est mieux avec 2 R », campagne non renouvelée à ce jour mais complétée fin 2004 par une campagne TV à l’occasion des 20 ans de son produit d’assurance dépendance Safir. o Enfin, MAAF assurances est la championne de la mise en scène avec sa série Palace. La Macif a également été très active en juin 2008 à la radio avec une campagne traitant spécifiquement de la dépendance. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 74 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.1 Nouveau axes de développement : Information – prévention - Innovation Les grands assureurs, les institutions de prévoyance et les bancassureurs ont souvent recours à des campagnes publicitaires thématiques à destination de la clientèle. L a signature « soyez sûrs de votre assurance avec le Crédit Agricole » ne change pas mais elle s’adapte à chaque moment de la vie, pour les jeunes actifs et la famille, les jeunes séniors et les séniors. Un exemple de piste à développer pourrait être de mettre en place une communication pédagogique et ciblée sur ce risque de dépendance au moment de l’estimation du montant des retraites envoyé à chaque citoyen à partir de 55 ans. Certains assureurs, rares cependant se sont également essayés à la distribution d’un guide sur la dépendance. Le groupe Prévoir publie un guide simple avec des conseils et des témoignages forts. AG2R propose une série de guides disponibles via internet. Le groupe Banque Populaire a, quant à lui, fait appel à un journaliste professionnel, Patrick Lelong, pour publier un Guide de la dépendance de 450 pages. Ce qui montre la complexité du domaine. Sans oublier les importants réseaux de distribution et les plateformes conseils sur lesquels les assureurs peuvent déjà s’appuyer pour informer et tenter de susciter l’intérêt de leurs clientsprospects. On peut s’attendre à un important développement des opérations de communication dès lors que le législateur aura fixé le cadre réglementaire de ce produit. 3.1.2 Prévention Le système de prise en charge de la dépendance par les assureurs est encore trop tourné vers la réparation du risque alors qu’il leur appartient également de développer la prévention dans ce domaine. Le monde de l’assurance passe en effet aujourd’hui de l’exigence de garant ie financière à celle du « tout garanti » qui recouvre une couverture financière bien sûr, des services d’assistance mais aussi une demande globale d’information et de prévention. Les facteurs de risque dépendance sont connus : certaines maladies, la fragilité ainsi que l’inactivité. Ainsi, des règles simples permettent de corriger les principaux facteurs de risques. Une étude menée par l’Université de Cambridge 64 démontre que les individus qui respectent quatre règles simples : o pratiquer une activité physique régulière o consommer cinq fruits et légumes par jour o ne pas fumer o boire de l’alcool modérément Ces individus voient leur espérance de vie s’allonger de 14 années en moyenne ! 64 Enquête menée par une équipe de l’Université de Cambridge (Royaume Uni) sur 20 244 individus âgés de 45 à 79 ans pendant 14 ans (1993 à 2007) afin de déterminer l’impact du mode de vie sur l’espérance de vie. Etude parue en 2008 dans Public Library of medecine. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 75 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.1 Nouveau axes de développement : Information – prévention - Innovation Cette étude nous permet de dire que la dépendance est liée : o à la maladie ou à l’inactivité mais pas à l’âge (sauf très grand âge) o la prévention de la perte d’autonomie repose sur l’hygiène de vie et la lutte contre les facteurs de risque de maladie o la prévention doit être mise en œuvre tout au long de la vie. Un moyen d’y parve nir consiste à introduire la culture de la prévention dans les entreprises Les deux principaux acteurs de la prévention sont l’assurance maladie et l’Etat. L’assurance maladie finance dans le cadre de sa gestion du risque des vaccinations, des dépistages, des actions d’éducation thérapeutique avec pour objectif la maîtrise des dépenses de santé. Selon une étude réalisée à partir des Comptes nationaux de la santé de 2002 et publiée en juillet 2006, la France consacre environ dix milliards d’euros à la prévention, soit 6% de ses dépenses de santé, mais en mars 2007, la Conférence nationale de santé regrette le manque d’organisation dans les actions de prévention. Ø Une politique de prévention plus efficace L’observation de phénomènes générationnels doit permettre de conditionner l’évolution des produits futurs. La prise en compte de la perte d’autonomie ne tient en effet pas qu’à un effet d’âge mais à un effet de générations. L’assurance dépendance étant un risque à long terme, il faut anticiper les changements et ne pas calquer les attentes actuelles sur celles des personnes âgées qui vivront en 2030 et au-delà. On retrouve aujourd’hui trois types de générations : o La génération de « ceux qui ne demandent rien ». Ce sont les 80-90 ans. Ils ont participé à la reconstruction de la France après guerre et ne disposent quasiment pas d’assurance dépendance (produit trop récent pour eux). o La génération de « ceux qui comptent sur les aidants familiaux ». Ces séniors de 65-75 ans ont profité de l’enrichissement économique de la France dans les années 80-90. Contrairement à la génération précédente, ils n’hésiteront pas à s’appuyer sur leurs enfants et le réseau familial. o Les générations qui « compteront sur les services professionnels ». Elles ont entre 40 et 55 ans. Elles ont sans doute été aidants familiaux pour leurs parents mais, pour elles, elles compteront sur les services d’assurance, les aidants familiaux et les services d’aide à domicile. Cette génération est préparée au fait que tout service s’achète et a un prix, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui. Les assureurs se doivent donc de préparer l’avenir et d’anticiper ces changements. Et cet accompagnement passera par un besoin accru de prévention des phénomènes de la perte d’autonomie. Ø Une politique de prévention globale Pour être crédible, la politique de prévention ne doit pas être liée à un produit d’assurance mais à la personne. Et de nombreux assureurs privés hésitent encore dans ce domaine considérant qu’il n’est pas possible de mener des actions efficaces dans ce domaine du fait de la forte volatilité de la clientèle qui ne permet pas d’avoir un suivi des populations. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 76 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.1 Nouveau axes de développement : Information – prévention - Innovation La politique de prévention doit être organisée au travers d’un véritable suivi du portefeuille du client. Elle relève de la politique interne de l’entreprise mais sa transcription pratique peut être sous traitée. Sur le terrain, ils disposent en effet de personnels qualifiés (médecins, infirmières…) qui peuvent assurer les formations et le suivi téléphonique des personnes en relation avec leur médecin traitant. Filassistance, la société spécialisée dans les services à la personne du groupe CNP propose par exemple le programme Fillassist Mémoire pour prévenir et dépister la maladie d’Alzheimer. En fonction du résultat d’une évaluation globale s’appuyant sur des entretiens individuels, une équipe pluridisciplinaire détermine si les troubles de la mémoire sont liés à un vieillissement normal ou à une maladie. Des dispositifs d’aide sont ensuite proposés au patient, groupe de parole, atelier mémoire, hébergement temporaire… Cette nouvelle prestation peut être inclue dans les contrats d’assurance dépendance et de téléassistance des partenaires Filassistance et de CNP Assurances. Le groupe Prévoir dans son programme « Autonomie Bien Etre », contacte ses assurés pour un premier bilan approfondi. Une infirmière procède à six entretiens thématiques et à un bilan final sur les trois ans suivant la souscription. Des problèmes de type cardiovasculaires, troubles de la mémoire, ostéoporose, vue, ouïe, cancer, dépression sont ainsi détectés. Et, en cas d’hospitalisation de plus de trois jours, une assistance à domicile est également proposée pour éviter isolement et désocialisation. Le côté récent de ces mesures ne permet pas encore d’en mesurer le véritable retour sur investissement. Elles contribuent cependant déjà à affiner les données statistiques et à maintenir les tarifs explique Sylvie Duffaud directrice générale du groupe Prévoir 65. Les assisteurs comptent également sur ce créneau pour enrichir leur palette d’activités et accroître leur développement. Ø Développer une offre englobant toutes les formes de prévention On distingue trois grands types de prévention : o la prévention primaire qui vise à diminuer l’incidence des maladies, par des mesures d’ordre général dans la population globale et des mesures spécifiques parmi des sujets prédisposés (ex : vaccinations,…) o la prévention secondaire qui tend à réduire la prévalence de la maladie par un dépistage précoce et un traitement efficace (dépistage des cancers par frottis, radiographies,…) o la prévention tertiaire qui consiste à diminuer les conséquences négatives provoquées par la récidive (kinésithérapie, …) Les assureurs n’ont pas les moyens financiers d’assurer des actions primaires à eux seuls. Mais ils peuvent aligner leurs messages sur ceux des pouvoirs publics. Ainsi, la Mutualité Française relaie les grandes campagnes nationales telles que la nutrition, l’obésité, le dépistage du cancer, etc. 65 Source : Sylvie Duffaud, directrice générale du groupe Prévoir, La Tribune, mai 2009 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 77 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.1 Nouveau axes de développement : Information – prévention - Innovation L’assureur peut également proposer un service d’accompagnement de ses clients en proposant par exemple des bilans de santé réguliers. Ø Segmenter la clientèle pour mieux prévenir les risques L’Institut national de veille sanitaire constate que les personnes plus éduquées sont plus réceptives à la prévention. Ainsi pour toucher un maximum de personnes des efforts de prévention doivent être développés au niveau de l’entreprise. L’âge est également un critère déterminant pour élaborer le message à délivrer. Si la prévention de la perte d’autonomie doit commencer dès le plus jeune âge, c’est vers la cinquantaine ou au passage à la retraite que des bilans peuvent être proposés pour évaluer les facteurs de risques cardio-vasculaires, d’ostéoporose, des capacités cognitives, … Tout cela peut être proposé par les assureurs en matière de prévention. De plus, la vente de contrats dépendance se fait le plus souvent à ces âges. L’assureur peut incorporer ces programmes de prévention immédiatement utilisables dans ses contrats. Le client peut ainsi bénéficier de son contrat sans attendre d’être atteint par une perte d’autonomie. L’assureur apporte ainsi une aide effective sur le plan de la prévention et donne un caractère plus concret à un contrat qui rebute parfois le client par le caractère éloigné et hypothé tique du risque. Ø La finalité de la prévention La prévention comporte deux missions essentielles : informer et éduquer. Internet est un outil essentiel pour la diffusion des messages et demeure un vecteur essentiel, pour l’assureur, de promotion de l’éducation santé. Contrairement aux pouvoirs publics, l’assureur n’a pas de moyen de coercition vis à vis de ses clients. Il doit miser sur un partenariat au travers d’une incitation et d’une responsabilisation des assurés. C’est en effet aux assurés de mieux gérer leur santé et de modifier leur comportement sur le long terme. Ø Prévention et recherche Afin d’informer les particuliers sur les risques de dépendance, les assureurs ont mis en place des fondations qui permettent d’assurer une meilleure prise en compte des problématiques liées à la dépendance. Les fondations ont, pour la majorité, un objectif de prévention mais aussi de financement des recherches. Citons par exemple o la fondation AG2R créée en 1991 qui remet chaque année des prix à des associations qui interviennent en faveur des personnes âgées valides ou dépendantes Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 78 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.1 Nouveau axes de développement : Information – prévention - Innovation o la fondation Médéric Alzheimer qui vise à favoriser l’indépendance des personnes âgées, le groupe pense parvenir à faire reculer la dépendance en se concentrant d’abord sur la prévention. Il a constitué en 2008 un comité scientifique et médical composé de 19 spécialistes. Conçu comme un laboratoire de recherche et de développement, il vise à étoffer les solutions préventives du groupe en y intégrant des innovations thérapeutiques et technologiques o la fondation Caisse d’Epargne pour la solidarité gère 82 établissements d’hébergement et services de maintien à domicile qui interviennent dans les domaines médico -social et sanitaire o IFRAD SCOR fondation dont le but est de servir de trait d’union dans la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Pour la première fois, les principaux acteurs scientifiques de ce domaine vont pouvoir suivre des patients selon le même protocole de recueil d'informations et travailler selon des procédures unifiées o etc. 3.1.3 Innovation : nouvelles technologies pour l’autonomie Les nouvelles technologies constituent une réponse possible aux nombreux problèmes posés par la dépendance. Sous réserve d’un usage pertinent et respectueux des règles d’éthique, leur usage pourrait apporter des réponses globales aux enjeux du vieillissement. En effet, les nouvelles technologies pourraient sans conteste constituer une solution aux besoins en termes de capacité d’accueil dans les établissements spécialisés et de besoin de main d’œuvre professionnelle spécialisée de plus en plus difficile à trouver. Ø Une couverture multi-domaines Les nouvelles technologies peuvent être utilisées dans des domaines très variés tant pour éviter l’isolement social des personnes âgées que pour sécuriser leur environnement et simplifier les tâches de la vie quotidienne. L’utilisation de la visiophonie par exemple permet de maintenir des contacts avec l’environnement familial, l’entourage ou les médecins. Elle peut également permettre l’activité physique. Dans le même registre, la téléconsultation permet d’éviter des déplacements aux personnes à faible mobilité. Dans l’intérieur, des détecteurs de chutes ainsi que des dispositifs de télésurveillance peuvent être des éléments de sécurité. Des déambulateurs « intelligents » permettent d’éviter des obstacles, d’aider les personnes à se lever et à se déplacer. Des bracelets électroniques munis de dispositifs de géolocalisation peuvent être utilisés par des personnes souffrant de perte de mémoire, de même que des dispositifs de rappels de tâches (pilulier) ou des logiciels d’entraînement cérébral. Des robots animaux « thérapeutiques » peuvent soulager l’isolement de certains patients et apaiser leurs angoisses. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 79 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.1 Nouveau axes de développement : Information – prévention - Innovation D’autres projets sophistiqués de visite médicale virtuelle sont en plein développement pour faciliter le maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie ou atteintes de maladies chroniques. Ces outils dénommés assistants de santé électronique permettent également de surveiller l’état de santé d’un individu et d’avertir automatiquement un proche ou un professionnel de santé quand un problème est détecté. Le système e-rappel permet, par exemple, d’avertir un individu dont la mémoire flanche, par des messages programmés par l’entourage aux dates et horaires souhaités sous une forme choisie de type SMS, courriel ou téléphone avec adhésion par abonnement. La société e-Medicis qui commercialise ce système travaille sur plusieurs projets pour intégrer des programmes d’éducation thérapeutique sous forme de vidéos, d’images ou de texte avec système de messagerie entre le malade et son médecin. Ces services « électroniques » concernent les malades pour lesquels l’observance thérapeutique est un enjeu critique, citons le sida, le cancer ou le diabète. Ce nouveau créneau est investi par les opérateurs de téléphonie mobile avec par exemple Orange Healthcare « Division Santé de France Télécom » qui commercialise un bracelet de géolocalisation pour les personnes désorientées, par exemple atteintes de la maladie d’Alzheimer. Des patients équipés d’implants de type pacemakers ou défibrillateurs (destinés à traiter les troubles cardiaques) peuvent grâce à la technologie d’Orange être suivis à distance avec envoi des données directement sur le terminal du médecin. Le développement de l’e-santé qui consiste à mettre quelques capteurs sur un malade et transmettre des données par GSM est finalement simple techniquement mais se heurte à des obstacles de type culturels ou réglementaires. Finalement, la situation s’améliore avec la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoire) qui couvre notamment la télémédecine dont les actes seront codifiés par l’assurance maladie et les directions des hôpitaux. Ø L’exemple du Japon Le Japon voit sa population vieillir plus rapidement que les pays occidentaux. En 2008, 22% de la population a déjà plus de 65 ans. Pour des raisons à la fois historiques et démographiques, les gouvernements ont eu des politiques fortes de contrôle de natalité. Il a donc fallu anticiper le vieillissement de la population. Dès les années 90, dans une optique de maîtrise des dépenses budgétaires en matière de santé, l’Etat a mis en place une politique de soutien à l’innovation et à la recherche. Et déjà en Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 80 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.1 Nouveau axes de développement : Information – prévention - Innovation 2001, le programme « 21st Century Robot Challenge », présente des robots domestiques. Aujourd’hui, le Japon est leader des robots industriels et domotiques. Citons l’exemple du phoque PARO, animal de réconfort, qui peut identifier sept langues différentes. Des sondes intégrées lui permettent de répondre au bruit, à la vue, à la température et même au maintien. Un test effectué avec quatorze personnes âgées atteintes de dysfonctionnements cérébraux a prouvé que la moitié d'entre elles ont vu leurs fonctions cognitives s'améliorer après avoir « interagi avec le robot», selon les mesures (scanner et autres) divulguées par une clinique japonaise et un laboratoire spécialisé. Ø L’exemple d’Europ Assistance Une rencontre avec Madame Nicole Pochat directrice marketing et communication chez Europ Assistance met en avant les recherches et les solutions proposées par cette compagnie d’assistance : o En Italie, par exemple, un programme financé par la ville de Milan met en place des outils au domicile de personnes fragiles permettant un suivi à distance des paramètres vitaux. Un relevé périodique des données enregistrées et consolidées sur un dossier patient permet des visites ponctuelles des médecins qui viennent compléter l’auto prise de mesure. Un visiophone permet au patient de communiquer avec les équipes médicales et des systèmes d’alerte en temps réel associées à des services d’urgence sécurisent le patient. o Europ Assistance participe également au groupe de recherche européen « MonAMI », qui consiste à développer des systèmes « d’intelligence ambiante » pour concevoir les services d’assistance à domicile du futur. Les premiers services développés doivent être présentés courant 2010. Dans ce groupe, des universitaires, des centres de recherche, des industriels (Siemens) , des opérateurs télécoms (France Télécom, Telefonica) et des fournisseurs de services (EDF, Europ Assistance) unissent leurs efforts pour développer l’assistance à domicile des personnes à risque d’exclusion, en perte d’autonomie, atteintes de la maladie d’Alzheimer ou handicapées. L’intelligence Ambiante consiste à développer un espace de vie intelligent au travers d’interfaces intuitives intelligentes intégrées dans des objets de la vie quotidienne (télévision numérique, téléphone mobile, ordinateurs…) Un environnement non intrusif, voire transparent, est ainsi capable de reconnaître la présence d’individus différents et de leur répondre. Ainsi, le rôle d’Europ assistance dans ce projet est de définir des systèmes d’information, de mettre en place des plateformes adaptées à ces services et de gérer des alertes liées à la survenance de tel ou tel évènement. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 81 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.1 Nouveau axes de développement : Information – prévention - Innovation o Enfin, Europ Assistance parraine le projet Vigi’Fall, premier détecteur de chute intelligent pour personnes âgées dépendantes de la société Vigilio. Le concept innovant de ce produit repose sur le principe de levée de doute par analyse contextuelle multidimensionnelle. Ø Un marché prometteur En France, le marché des nouvelles technologies se développe autour des six thèmes suivants : o Les dispositifs de rappel de tâches et de simulation pour les personnes souffrant de déficiences cognitives. Ces produits quasiment absents du marché aujourd’hui pourraient intéresser aussi bien des particuliers que des professionnels de santé. o Les aides techniques pour la motricité comme l’aménagement des fauteuils roulants font l’objet d’une forte demande mais leur coût d’accès reste très important et nécessiterait des aménagements des dispositifs d’aide publique ou de couverture assurantielle. o Les technologies d’interface dont le but est de pallier à des problèmes de communication ou de substitution sensorielle (prothèses auditives, ordinateurs à interface simplifiée et à écran tactile utilisés comme fil conducteur de la vie de la personne…). o Des outils de communication spécifiques sur les aménagements du poste informatique afin de pallier aux déficiences d’un individu. o La domotique qui permet un aménagement du domicile. Des problèmes de réglementation et de coût qui demeurent élevés demeurent les principaux freins au développement de ce marché. o La robotique d’assistance à la marche, aux travaux ménagers, robots humanoïdes ou animaliers, pourrait également constituer un marché important bien qu’encore encore peu développé en Europe. Ø La situation de la France par rapport aux autres pays Les Etats-Unis et le Canada font preuve d’un fort dynamisme sur ce secteur grâce à l’interaction des acteurs publics, des associations et des entreprises sur ce secteur. En Europe, la Grande Bretagne, le Danemark et l’Allemagne ont mis en avant des projets de niveau européen dans ces domaines, ce qui n’est pas le cas de la France qui reste légèrement « craintive » vis-à-vis des nouvelles technologies. Au niveau des professionnels des réserves de niveau éthique sont exprimées. Des dispositifs de télésurveillance ou de géo localisation étant parfois perçus comme une atteinte à la vie privée ou à la liberté individuelle. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 82 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.2 Les services à la personne Le risque d’une substitution de l’homme par les robots est également une inquiétude au niveau de l’emploi et au niveau du contact humain. Du point de vue de l’accès aux particuliers, très peu de ces technologies pour l’autonomie, souvent coûteuses, bénéficient d’une aide financière. L’APA ou autres aides départementales peuvent en financer une partie mais de manière très partielle. La Sécurité Sociale quant à elle s’ouvre assez peu à ces produits qu’elle considère plus comme relevant du social que du médical. Pourtant, on constate depuis quelques années un intérêt croissant pour ces technologies de la part du public comme des professionnels. Celles-ci devront être prises en compte dans les solutions de demain à la dépendance tant au niveau public que privé. 3.2 Les services à la personne 3.2.1 Un secteur en plein développement Ø Une réponse à un besoin de solidarité Le secteur, n’a pas été conçu à l’origine sur un plan économique mais autour de l’expression publique de la solidarité, le plus souvent sous une forme gratuite ou presque. Ainsi, quelques fédérations associatives ont acquis un quasi-monopole de fait concernant l’aide aux personnes âgées au niveau des familles à la fois dans le milieu rural et urbain. En même temps, les bureaux d’aide sociale municipaux se transformaient en CCAS (centres communaux d’aide sociale). Mais compte-tenu des fortes évolutions démographiques et de l’évolution de la société, les besoins et les coûts ont augmenté très rapidement de façon considérable. Devant cette croissance des dépenses d’aide sociale, les gouvernements, constatant que les revenus des retraités et le niveau de vie des actifs augmentaient, ont changé d’orientation passant d’une subvention de l’offre proposée par les structures à une « solvabilisation » de la demande. Ø Les différentes mesures La première mesure de cette nouvelle orientation a été l’amendement Séguin qui exonérait de charges sociales patronales de Sécurité sociale les personnes âgées de plus de 70 ans employant une aide à domicile pour les actes de la vie quotidienne et l’entretien de leur habitation. Des aides fiscales sont ensuite mises en place (réduction d’impôts pour l’emploi d’une personne à domicile) ainsi que le chèque emploi service destiné à simplifier les procédures administratives d’emploi d’un salarié par un particulier à son domicile. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 83 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.2 Les services à la personne Les organismes prestataires obtiennent que le mécanisme de réduction d’impôts soit étendu à leurs utilisateurs et en 1996, une loi autorise les entreprises à accéder au secteur des services à domicile en leur ouvrant l’accès jusque là réservé aux associations. Suite à un accord du Conseil des ministres européens, les entreprises payent une TVA de 5,5% (au lieu de 19,6 %). Cette mesure a été prorogée en 2006 jusqu’en 2010 au nom de la lutte contre le chômage, s’agissant d’un secteur fort consommateur de main d’œuvre. Enfin, le plan Borloo sur les services à la personne (loi du 25 juillet 2005) crée le chèque emploi service universel (CESU) fusionnant deux dispositifs existants : o le chèque emploi service utilisé par les particuliers pour payer un salarié o le titre emploi service servant à payer une facture de prestation de services. Une Agence nationale des services à la personne est créée chargée de coordonner l’action des dix-huit ministères concernés. Elle couvre de nouvelles activités comme l’informatique, les soins aux animaux, l’esthétique, … De plus, elle crée une exonérat ion totale des cotisations patronales de Sécurité Sociale jusqu’à hauteur du SMIC pour les organismes prestataires et un allègement de l’ordre de 50% des mêmes charges patronales pour les particuliers employeurs. Enfin, elle met en place un dispositif visant à la création d’enseignes nationales. Le plan Borloo avait quatre objectifs principaux : o accroître la demande par la qualité et un prix accessible dans un cadre légal attractif o accroître l’offre en simplifiant les procédures d’agrément en soutenant des enseignes nationales o rapprocher l’offre et la demande de services en simplifiant la réglementation (création du CESU et de l’Agence nationale des services à la personne) o valoriser et améliorer les conditions de travail des salariés au travers de conve ntions collectives, de filières de formations qualifiantes et en développant la validation des acquis de l’expérience Aujourd’hui, les particuliers employeurs représentent environ 80 % du volume de l’activité. Le nombre des entreprises dans le secteur des services à la personne a explosé : o 85 en 1998 o 238 en 2001 o 2 000 en 2006 incluant les entreprises d’insertion o 4 000 fin 2007 Une enquête de la Caisse d’Epargne indique que 23% des ménages (six millions de foyers) sont utilisateurs de services à la personne (dont 2,8 millions non déclarés) avec 1,5 million pour des raisons de perte d’autonomie. Le secteur des services à la personne s’est donc fortement développé entre 1998 et 2005. La société INEUM (conseil en stratégie) en collaboration avec l’ESSEC estime dans une étude prospective que le secteur atteindrait un volume d’activités de 18 milliards d’euros en 2010. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 84 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.2 Les services à la personne Toutefois maintenir cet objectif nécessite le recrutement de personnel suffisamment formé qui fait déjà défaut et sachant que la moyenne d’âge dans la profession est de 50 ans, le lecteur comprend déjà toute l’importance de la question. En France, seuls 10% des intervenants à domicile sont diplômés, car le certificat d’aptitude aux fonctions d’aide à domicile (CAFAD) n’est pas obligatoire. Pour remédier à ce manque de qualification, une filière de formation à l’aide à domicile a été créée avec l’aide de l’APA pour : o soutenir les actions de formation o développer la qualité des services o renforcer la professionnalisation des intervenants à domicile 3.2.2 Les diverses catégories d’acteurs opérationnels ü Le secteur public, les CCAS Les acteurs principaux du secteur public sont les Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS). Ils gèrent l’action sociale d’une commune ou d’une ville et offrent des services à un coût souvent proportionnel aux revenus des utilisateurs. Cependant, les petites et moyennes communes préfèrent en général confier les services d’aide aux familles et aux personnes âgées à des associations. Les CCAS gèrent principalement les personnes à faibles revenus. ü Les structures d’insertion Ces structures dites « d’insertion par l’activité économique » se sont développées depuis les années 80 et font surtout partie du secteur privé. Environ 10% d’entre elles se consacrent aux services à la personne. Elles emploient des personnes qui cumulent des difficultés à la fois sociales et professionnelles et ne peuvent obtenir l’agrément dit « qualité ». ü Les entreprises L’existence d’un dispositif associatif et public, très largement subventionné , faisait que les prix de vente étaient souvent inférieurs au prix des prestations. De ce fait, il ne pouvait pas exister d’entreprise. Mais, la mise en place par les pouvoirs publics de l’aide à la demande plutôt que l’aide à l’offre et en 1996. L’ouverture aux entreprises de l’agrément d’état a permis à ces dernières de trouver leur place sur ce secteur de marché. Toutefois leur faible pénétration (environ 20%) dans le secteur de l’aide aux personnes âgées s’explique par la présence des associations. ü Les associations Créées entre les deux guerres mondiales et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les associations sont l’acteur historique de la prise en charge des personnes âgées démunies. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 85 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.2 Les services à la personne En effet, à cette époque, les retraites étaient quasi inexistantes et l’assurance chômage n’avait pas encore vu le jour, aussi les associations comptaient essentiellement sur des aides et des subventions des pouvoirs publics. Aujourd’hui, la retraite moyenne atteint les 1 300 € par mois et est presque au même niveau que le salaire moyen des actifs. Dans ce contexte, les pouvoirs publics ont modifié leurs dispositifs de financement et les associations doivent faire face à une nouvelle concurrence, notamment face aux entreprises. Les associations payent la taxe sur les salaires mais ne sont pas assujetties à la TVA. Elles sont aujourd’hui près de 6 000 et emploient plus de 200 000 salariés. ü Les particuliers employeurs L’emploi direct a un avantage certain en matière de prix. Il coûte moins cher que des prestations de services. L’employeur n’est soumis à aucune formalité d’agrément mais il doit déclarer son employé auprès de l’URSSAF et s’assurer, s’il est étranger, qu’il est en règle avec la législation sur les titres de séjour et les autorisations de travail. ü Le bénévolat et l’aide naturelle La solidarité familiale et le bénévolat ont toujours existé. On la retrouve d’ailleurs dans le Code civil à travers les obligations d’entraide et alimentaire que se doivent mutuellement ascendants et descendants. Pour les aidants familiaux, une proposition de loi, de Jean Leonetti66, ayant pour objectif d’instaurer un congé d’accompagnement rémunéré en fin de vie, a été votée le 17 février 2009. Les aidants familiaux (parents, enfants, frères et sœurs) peuvent prendre trois semaines de congé de solidarité familiale pour accompagner à domicile un proche souffrant d’une affection incurable. Ils peuvent alors recevoir une allocation journalière pour compenser la perte de salaire. La multiplication de l’offre et du nombre d’opérateurs parallèlement aux mesures législatives ont eu un effet levier sur la demande et, désormais, le public dispose d’un certain choix possible en matière de service. Finalement, l’association de l’assurance dépendance avec les services à la personne constitue un formidable axe de développement car les clients demandent clairement plus de services, plus d’assistance plutôt qu’une rente financière. 66 Jean Léonetti, Député des Alpes Maritimes Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 86 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.2 Les services à la personne 3.2.3 Le rôle des sociétés d’assistance Les sociétés d’assistance sont des partenaires indispensables pour faciliter le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes. Elles ont la capacité de coordonner des services complets de maintien à domicile et il faudra compter avec elles pour l’ouverture du marché de la dépendance dans le cadre de la création du cinquième risque de protection sociale. Dans un marché français de l’assistance aujourd’hui « mature », le défi est de taille pour la profession qui peut trouver là un fort relais de croissance. En effet, dans un environnement économique difficile, le secteur de l’assistance a progressé de 11% en France pour atteindre 1,6 milliards d’euros en 200867. Su ce montant, les services à domicile représentent 11% des interventions avec un développement soutenu, plus 15% d’une année sur l’autre. Pour aider les personnes dépendantes, les assisteurs offrent et fédèrent des services comme taxis, ambulanciers, livraisons et aide-ménagères à domicile, petits travaux d’entretien, etc. Le service des auxiliaires de vie devrait ainsi connaître une forte croissance avec le développement de l’assurance dépendance. Toutefois, ces services demeurent très chers et il reste difficile de trouver un personnel de qualité compte-tenu du faible niveau des rémunérations. Laurent Goldstein, directeur santé et services à la personne du groupe Mondial assistance, constate, lors d’une interview réalisée par AEF 68 (agence d’informations spécialisées), qu’une des valeurs ajoutées de son groupe est de pouvoir coordonner un ensemble de spécialistes au service de la personne âgée dépendante ou des aidants. Et cette fonction de coordination serait très utile pour les aidants ou directement pour les personnes dépendantes. En effet, madame Robert 69, fille et aidante auprès de sa mère atteinte d’une maladie neuro dégénérescente nous explique combien il est difficile pour elle de coordonner les personnes qui doivent s’occuper de sa mère. C’est d’abord l’aide ménagère qui doit passer, puis le médecin qui laisse une ordonnance que la malade n’a personne pour aller chercher. C’est ensuite l’ergothérapeute prévu à 10h qui finalement décale son rendez-vous à 17h, puis l’infirmière qui devait passer avant l’ergothérapeute, le rendez-vous chez l’ophtalmologiste auquel il faut emmener la patiente car son médecin ne se déplace pas… Madame Robert s’indigne : « personne ne se rend compte de ce que cela implique de coordonner et de se soumettre à tout cela ! » 67 Chiffres 2008 du SNSA, Syndicat National des Sociétés d’Assistance, qui regroupe 95% des acteurs français sur le marché de l’assistance. 68 AEF : Agence – Education – Formation, agence de presse créée en 1998 par Marc Guiraud, journaliste à Europe 1 69 Source : entretien au CCAS du Vésinet avec Mmes Robert et Robusson, septembre 2009 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 87 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.2 Les services à la personne L’accès aux services à la personne doit être démocratisé. C’est un des objectifs du « plan II » dernièrement annoncé par Laurent Wauquiez secrétaire d’Etat chargé de l’emploi. Bruno Arbouret, directeur général de l’Agence Nationale des Services à la Personne, indique que les Français seront amenés à augmenter leurs dépenses en matière de service pour faire face à la dépendance des personnes âgées 70. Il rejoint sur ce point madame Nicole Pochat 71 qui soulignait lors de notre entretien que les Français ont su progressivement trouver de la place dans leur budget pour le téléphone portable au détriment d’autres postes de dépense. De la même manière, il s’agira de consommer moins ou mieux pour faire place à des services devenus nécessaires et que les assisteurs sont prêts à développer. A la demande des clients, les assureurs ont d’ailleurs inclus les services à la personne dans leurs contrats dépendance. Il est intéressant de noter que le secteur des services à la personne a connu un changement majeur avec l’arrivée : o des banques (LCL, La Poste, Crédit Mutuel, Crédit Agricole) o des assureurs (Maaf, MMA, GMF, CNP) o des mutuelles (Mgen, Mutualité Française) qui ont développé des enseignes nationales (voir annexe 4.4). Ils viennent ainsi concurrencer les acteurs historiques que sont les associations, les CCAS et les petites entreprises privées. Les enseignes de services à la personne consistent en une plate-forme téléphonique qui oriente les clients vers le prestataire adapté (voir liste des enseignes en annexe 4.4). Les services d’assistance santé électronique ou e-santé peuvent comprendre l’envoi de SMS aux patients pour leur rappeler leurs horaires de prise de médicaments, les analyses médicales à faire, les rendez-vous chez le médecin. 70 Source : Interview de Bruno Arbouet, directeur général de l’ANSP, 19 mai 2009 par SIA Conseil, cabinet de conseil en management. 71 Nicole Pochat, Directrice Marketing et Communication groupe Europ Assistance, entretien de novembre 2009. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 88 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance 3.3 Les contrats d’assurance 3.3.1 Une couverture juridique plus complète Les règles, la logique et les modes de fonctionnement des contrats de couverture dépendance ne sont pas assimilables à ceux des produits d’assurance classiques. Ø La couverture d’un besoin de financement La charge financière due à la perte d’autonomie peut être compensée par une rente versée en cas de dépendance. Le système des rentes permet la mutualisation des risques entre ceux qui meurent tôt et ceux qui vivent longtemps. Un service de protection et de sécurité que l’on peut évaluer est fourni par la couverture apportée par le contrat. Les dommages à la fois corporels mais aussi patrimoniaux causés par la perte d’autonomie sont protégés par une assurance dépendance. L’absence d’assurance générerait : o soit une perte d’actif avec destruction ou réduction de la valeur du patrimoine o soit une augmentation des dettes générées par les dépenses découlant de la dépendance En conséquence, l’assurance dépendance vise à compenser les effets économiques de la perte d’autonomie en apportant une sécurité à deux niveaux : o avant le dommage durant la phase de prévention o après le dommage, c’est la phase de réparation Ø Principes juridiques d’un contrat dépendance Si le risque se réalise, la garantie dépendance donne la certitude de toucher des prestations au niveau patrimonial. Le fonctionnement des contrats est cependant régi par des règles juridiques spécifiques s’appliquant aux contrats d’assurances de personnes. Les prestations versées par l’assureur prennent la forme d’une rente forfaitaire viagère périodique lorsque la dépendance survient. Tant qu’il est en vie, et pas au-delà, l’assuré devenu dépendant perçoit cette rente. Ce droit attaché à la personne de l’assuré est strictement personnel et ne peut faire l’objet du mécanisme de réversion. En termes juridiques, le contrat de dépendance est aléatoire car c’est une convention réciproque, entre les deux parties, qui dépend d’un évènement incertain. Ce risque est caractérisé par un aléa basé sur les deux facteurs temporels suivants : o la couverture du contrat ne se met pas en place si la dépendance ne survient pas et aucune prestation n’est alors versée à l’assuré o la durée de versement de la rente est incertaine car elle correspond au temps qu’il reste à vivre à l’assuré. Or, l’espérance de vie est modifiée par l’état de dépendance Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 89 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance La compagnie d’assurance doit gérer ces deux incertitudes ou risques avec, par conséquent, la demande d’un montant de primes « adapté ». La réalisation des deux conditions suivantes classe l’assurance dépendance dans la catégorie des assurances de personnes: o risque de dépendance constatée portant atteinte à la personne assurée o risque lié à la longévité de l’assuré en état de dépendance En application de la législation correspondante, les prestations servies en exécution d’un contrat d’assurance dépendance sont fixées par contrat, à un montant forfaitaire, calculé en fonction d’éléments prédéterminés par les parties indépendamment du préjudice subi. Ceci constitue la rente forfaitaire. Un acte juridique débute une opération viagère par un enchaînement d’opérations selon trois phases : o période d’accumulation des droits ou différé o période de perception de la rente dépendance dite de jouissance o terme de l’opération L’acte juridique matérialise les droits et obligations respectives des parties en présence. Le contrat souscrit entre le particulier qui souhaite s’assurer et la compagnie qui lui propose un contrat comporte la promesse de paiement du futur assuré jusqu’à la date de la perte d’autonomie. Par conséquent, en l’absence de survenance. De l’état de dépendance, partiel ou total, l’assuré devra verser la prime contractuelle jusqu’à son décès. Cette souscription peut souvent s’accompagner d’un questionnaire de santé (avec, si nécessaire, examens médicaux) qui permet à l’assureur de déterminer s’il accepte de couvrir le souscripteur. Le différé est le temps susceptible de s’écouler entre la signature du contrat et le déclenchement de la couverture résultant de la perte d’autonomie. L’assuré va effectuer un ou plusieurs versements appelés primes pendant cette période afin de constituer ses droits à rente. Le contrat peut être à prime unique (une seule prime à la signature), à primes périodiques ou une formule mixte. La jouissance est la période où l’assuré use des droits accumulés pendant le différé et qui commence lorsque l’état de dépendance est constaté par la compagnie d’assurance. Un certain temps peut s’écouler entre le début de la perte d’autonomie et celui où commence le versement de la rente. Pour toute opération viagère, le terme est le décès de l’assuré qui interrompt la période de jouissance. Les réticences actuelles des assurés pour justifier la faible demande de rentes s’expliquent surtout par des raisons psychologiques : le sentiment de perdre le contrôle de leur patrimoine et l’impression que la rente est une loterie plutôt qu’un vrai mécanisme d’assurance. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 90 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance Ceci se retrouve également dans la mise en vente en viager de leur logement par des parents âgés, ce qui leur assure un complément de revenus pour assumer les frais de dépendance. Ce principe suscite des débats animés en France où « toucher à l’héritage, est considéré comme toucher à la famille ». La définition de la dépendance varie presque toujours d’un contrat à un autre, malgré des similitudes. La plupart des contrats retiennent la grille AGGIR, mais certains ont d’autres références ou indicateurs (cf. § 1.2.2) Ø Panorama d’ensemble des contrats Les contrats de risque dépendance qui fonctionnent sur le principe de l’assurance prévoyance et les contrats d’épargne dépendance sont les produits proposés et distribués par les différents types d’assureurs. Différents types de contrats dépendance, individuels ou collectifs, permettent à une personne de s’assurer contre le risque de perte d’autonomie, à condition qu’elle soit valide au moment de l’adhésion. Les deux familles de contrats dépendance suivants ont la même finalité mais des caractéristiques importantes les différencient : o contrats d’assurance de risque pur fonctionnant sur le principe d’une assurance prévoyance. Ces contrats se caractérisent par l’ouverture du droit à prestations dès survenance du risque (versement d’une rente) o contrats d’épargne plus proches des contrats d’assurance vie pour lesquels la dépendance est souvent une garantie complémentaire Depuis 2002, une exonération de taxe sur les conventions d’assurance bénéficie aux contrats d’assurance dépendance sans contrepartie en termes de sélection des risques. Le marché des sociétés d’assurance en 2009 (FFSA) : o 2 millions d’assurés couverts contre le risque éventuel de la dépendance en garantie principale, soit un chiffre en hausse de seulement 3% en un an, malgré le vieillissement de la population o un budget global pour la dépendance de 19 milliards d’euros dont un reste à charge pour les familles de l’ordre de 7 milliards d’euros o un marché qui progresse donc faiblement depuis 2007 mais avec des prestations versées par les assureurs de 89 millions d’euros en forte croissance (+19%) corrélées avec l’entrée en dépendance des personnes ayant souscrit dans les années 1980 o des cotisations collectées pour un montant global de 389 millions d’euros en progression de 7% qui confirme le ralentissement des années précédentes o des cotisations moyennes annuelles de 360 euros au titre des contrats à adhésion individuelle o des prestations moyennes de l’ordre de 600 euros par mois au titre des contrats à adhésion individuelle o 6 personnes sur 10 sont couvertes par un contrat à adhésion individuelle o 4 personnes sur 10 sont couvertes par des contrats collectifs Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 91 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance Source FFSA: Sociétés d’assurance relevant du Code des assurances : chiffres au 31/12/2008 3.3.2 Des contrats individuels combinant dépendance et/ou épargne Ø Les contrats de risque pur A la fin de l’année 2008, 1,012 million de personnes ont souscrit ce type de contrat à adhésion individuelle et facultative dont le risque dépendance est la garantie principale 72. 72 Source : FFSA, les contrats d’assurance dépendance en 2008 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 92 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance Les cotisations versées par l’assuré sont totalement perdues s’il ne devient pas dépendant. En effet, si la perte d’autonomie n’est pas constatée pendant la validité du contrat, aucun versement ne sera effectué par l’assureur. Ce type d’assurance proche des assurances dommage (automobile, incendie…) ne peut être souscrit qu’à fonds perdus et les primes versées constituent le prix de la sécurité et de la tranquillité de la personne concernée 73. En second lieu, la rente versée lorsque l’assuré perd son autonomie ne supporte aucun impôt car elle est la contrepartie d’un sinistre. Le fonctionnement de l’assurance dépendance « risque pur » intègre les trois caractéristiques suivantes : o Délai de carence : période qui intervient immédiatement après la signature du contrat durant laquelle l’assuré n’est pas couvert si la dépendance survient. Aucune prestation n’est alors délivrée et les primes versées sont perdues. Ce délai est généralement d’un an en cas de maladie et de trois ans en cas de maladie d’Alzheimer ou de démence sénile. o Délai de franchise : délai de trois à six mois entre la date ou la dépendance est reconnue par l’assureur et celle où le versement de la rente débute. o Arrêt du versement des primes : déclenchement du terme du contrat entraînant que le souscripteur n’est plus assuré et perd définitivement le bénéfice de toutes les primes déjà versées. Les différentes conditions particulières d’adhésion devront être étudiées avec soin pour tout souscripteur potentiel afin de vérifier qu’elles correspondent bien à ses besoins à moyen et long terme et éviter ainsi toute mauvaise surprise. Finalement, l’assurance risque dépendance renferme une contradiction. Elle permet de couvrir le risque financier lié à la dépendance et demande en contrepartie de prendre le risque de décéder sans avoir été dépendant et donc de perdre l’intégralité des sommes versées. 73 Source : FFSA, les contrats d’assurance dépendance en 2008 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 93 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance Les contrats de prévoyance ont donc le désavantage d’être à fonds perdus mais un contrat moyen souscrit par une personne de soixante ans avec une cotisation mensuelle de l’ordre de 15 € par mois (ou 20 € à 69 ans) permet de garantir une rente dépendance totale de l’ordre de 4 000 € par an. L’effet de levier constaté est colossal avec un coût de souscription raisonnable beaucoup moins élevé qu’on ne le pense généralement. Néanmoins, il faut rester vigilant sur l’étendue de la garantie qui, en standard, est la dépendance totale. Pour une couverture de dépendance partielle, le coût de la souscription est majoré de l’ordre de 40 %. Le lecteur pourra se reporter utilement au tableau annexe 4.2 du présent document pour avoir un aperçu des principaux contrats proposés actuellement sur le marché (janvier 2010). Ø Les contrats d’épargne dépendance Conscient du dilemme explicité précédemment, les compagnies d’assurance proposent désormais des contrats qui combinent les deux garanties épargne et dépendance. Ce type de contrat permet à l’assuré de cumuler une assurance dépendance et une assurance décès. Un produit de stricte assurance est transformé économiquement parlant en un produit d’assurance et d’épargne. En exécution de l’une ou l’autre des deux garanties, le souscripteur a l’absolue certitude que l’assureur versera une rente dépendance ou un capital décès à ses héritiers. D’une simple couverture d’un risque, le souscripteur passe à une véritable opération d’épargne avec les conséquences financières et fiscales suivantes : o financièrement en cas de décès du souscripteur avant perte d’autonomie, les fonds accumulés et les produits de placements associés sont transmis aux héritiers o le montant de la rente versée n’est plus fonction du contrat mais dépend directement de l’épargne accumulée. Fiscalement, les revenus des contrats d’épargne dépendance sont imposables car ils sont la contrepartie d’une opération à titre onéreux et non la réparation d’un sinistre. Seuls les contrats souscrits dans le cadre du Plan d’Epargne Populaire (PEP), génèrent des revenus non imposables (atout important) Par exemple, Jean Claude Seys, administrateur du groupe mutualiste Covéa (MMA, Maaf, GMF) et président de l’institut Diderot propose des solutions d’assurance mobilisant l’épargne et le patrimoine des français plutôt que des assurances à fonds perdus (cotisations non capitalisées et acquises définitivement à l’assureur)74. Ce modèle « d’épargne dépendance » pourrait s’inspirer de celui de l’épargne logement en l’associant à une prime au moment de la survenance du risque. 74 Source : Argus de l’Assurance, février 2010 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 94 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance En cas de non dépendance, si le contrat souscrit est à terme fixe (pas « vie entière »), l’assuré touchera une rente viagère classique. Quel que soit le type de contrat d’épargne dépendance, trois variables objectives vont déterminer le coût de la garantie dépendance proposée : o l’âge du souscripteur : plus il est important plus le risque est avéré et donc plus le coût est élevé o la garantie choisie : la couverture contre la dépendance partielle est plus onéreuse o la sélectivité de l’assureur : plus la compagnie impose des modalités d’adhésion restrictives, moins elle est confrontée au problème d’anti-sélection et plus le coût pour l’assuré est bas. Les compagnies les plus chères sont donc les moins sélectives En conclusion, il faut souscrire le plus tôt possible des contrats d’épargne dépendance qui ne prévoient pas de surcoût et qui sont basés sur la seule espérance de vie de l’assuré pour les calculs de rente avec couverture possible du risque de dépendance partielle. Le schéma suivant permet d’expliciter le fonctionnement de l’assurance épargne dépendance permettant d’aboutir au déclanchement de la garantie dépendance ou de la garantie décès. Ø Les contrats d’assurance vie La lutte contre le risque dépendance doit faire l’objet d’une stratégie financière nécessitant la mise en œuvre de produits d’assurance que sont les contrats de risque dépendance et d’épargne dépendance. Dans le cadre de la couverture du risque dépendance, les contrats d’assurance vie standard ont aussi leur utilité. Une stratégie différenciée permettant de répondre au besoin et aux caractéristiques du souscripteur peut être mise en place à partir de la grande diversité des produits d’épargne disponibles. En fonction de l’âge, il peut être intéressant de s’assurer par le biais d’un contrat d’assurance vie classique en faisant attention aux particularités suivantes : o dès que la dépendance apparaît, il faut sortir du contrat par des rachats successifs et non pas en rente. En effet, si l’assuré demande la sortie en rente, l’assureur la calculera en prenant comme base l’espérance de vie normale et non celle en état de dépendance o l’inconvénient de cette forme d’épargne est que la date de survenance de la perte d’autonomie est par définition inconnue et de plus, sa durée réelle peut être très variable selon la pathologie Finalement, les personnes ayant une capacité d’épargne moyenne ou importante peuvent retenir cette solution en souscrivant le plus tôt possible. Une autre solution pour une personne souhaitant se garantir par l’intermédiaire d’un contrat d’assurance vie est d’utiliser les contrats à horizon de placeme nt. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 95 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance Proposés dans le cadre d’une épargne de prévoyance en multi support, la durée de placement et la proportion de chaque unité de compte sont déterminées selon l’âge possible d’une éventuelle perte d’autonomie. La répartition entre actions et produits de taux du multi support varie en fonction du nombre d’années restantes avant l’âge théorique de la dépendance. Le gestionnaire diminue la part des actions au profit de supports plus sécurisés, comme les obligations par exemple, au fur et à mesure que l’échéance se rapproche afin de garantir le capital nécessaire. Les modifications d’allocations d’actifs sont régulières et automatiques sans intervention de l’assuré. L’assuré peut donc faire des rachats partiels sans inquiétude lorsqu’il devient dépendant et a besoin d’argent. Si le marché boursier est au plus bas, il ne sera pas obligé de vendre des unités de compte au plus mauvais moment au niveau financier. En conclusion, les contrats d’assurance vie classique investis de manière optimale peuvent se révéler, quel que soit l’âge, un excellent moyen de se couvrir contre le risque financier de dépendance. Cependant, seules les personnes ayant une capacité d’épargne suffisante qui varie selon l’âge de souscription, peuvent bénéficier de ces produits d’assurance vie avec des supports d’investissement adaptés. Ø Contrats d’assurance vie avec option « dépendance » Un assuré titulaire d’un contrat d’assurance vie peut en cas de dépendance procéder à des rachats partiels sur son contrat. La fiscalité qui est fonction de la durée de l’épargne s’applique aux rachats avec prélèvement libératoire et impôt sur le revenu. Elle est donc globalement plus défavorable que celle d’une rente dépendance qui n’est pas imposée (après 70 ans, seule 30% de la rente est imposée). Dans le cadre de modalités, notamment fiscales, restant à définir en relation avec les professionnels du secteur, une option de sortie pourrait être mise en place dans les contrats d’assurance vie pour financer des prestations « dépendance ». Tout ou partie du contrat d’assurance vie pourrait être transformé en couverture dépendance sans pénalité fiscale avec versement immédiat de certaines prestations bien définies non fiscalisées pour répondre aux besoins de l’assuré. Un redéploiement des avantages fiscaux de l’assurance vie pourrait aider à financer ce coût supplémentaire dans le cadre des travaux concernant la cinquième branche « risque dépendance ». Le rachat ou le dénouement du contrat d’assurance vie pourrait être totalement exonéré d’impôt en cas de dépendance du souscripteur ou de son conjoint. Avec l’accord des parties, par voie d’avenant, une garantie dépendance pourrait être insérée dans les contrats d’assurance vie en cours, avec une fiscalité non pénalisante, pour inciter les millions d’assurés potentiellement concernés à souscrire à cette option. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 96 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance Prise de conscience du risque dépendance Souscription d’un contrat d’ASSURANCE – VIE avec option dépendance Phase d’EPARGNE L’assuré verse une prime unique et/ou des primes périodiques 3 cas possibles Contrat vie entière ? DECES DE L’ASSURE OUI NON L’assuré perçoit une RENTE VIAGERE classique NON PERTE AUTONOMIE ? OUI OUI Evolution du degré de dépendance ? NON Reconnaissance du sinistre par l’assureur ? NON OUI Déclenchement de la garantie dépendance Déclenchement de la garantie décès L’assureur verse une rente viagère DOUBLE de la rente normale L’épargne accumulée sur le contrat est TRANSMISE aux héritiers Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 97 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance Ø Proposition d’aménagement des contrats d’épargne retraite La mise en œuvre de la réforme des retraites en 2003 et l’émergence de nouveaux produits à support collectif (PERCO, PERE) ou individuel (PERP) ont permis de dynamiser la collecte de l’épargne retraite. Selon la FFSA, plus de 2 millions de plans d’épargne retraite populaire (PERP) ont été souscrits à fin 2008 mais ce dispositif rencontre de moins en moins de succès. La constitution progressive au cours de la vie professionnelle d’un stock d’épargne pour l’assuré est le cœur de l’épargne retraite. Au moment de la cessation de son activité professionnelle, cette épargne est restituée à l’assuré sous la forme d’une rente versée jusqu’au terme de sa vie lui permettant de financer une partie de ses dépenses récurrentes. Dans le cadre de la réglementation actuelle du code des assurances, en particulier pour la transférabilité d’un contrat à un autre, le salarié au moment de sa cessation d’activité professionnelle pourrait souscrire une couverture dépendance. En effet, l’assuré pourrait alors arbitrer entre la part de l’épargne accumulée pour l’obtention d’un revenu de remplacement et la part dédiée à la couverture du risque dépendance qui pourrait donner lieu au versement d’une rente d’appoint en cas de survenance du risque. Sachant que le plafond de déductibilité fiscale de l’épargne retraite des contrats PERP n’est pas pleinement utilisé actuellement 75, il apparaît pertinent d’intégrer à l’intérieur des plafonds actuels de déductibilité, les cotisations versées en vue de la souscription d’une assurance dépendance ou d’une garantie dépendance. Cependant, cet élargissement à la dépendance de l’enveloppe fiscale dédiée à l’épargne retraite qui aurait un coût fiscal ne bénéficierait qu’aux ménages soumis à l’impôt sur le revenu. Cette incitation fiscale pour dynamiser la prévoyance individuelle viendrait en contrepartie de garanties minimales offertes par les assureurs (couverture de la dépendance lourde, effort en matière d’information précontractuelle, etc.). Bilan: Il est important dans le futur de bien séparer les opérations d’épargne retraite de la gestion du risque dépendance afin de sécuriser les engagements des assureurs sur les deux dispositifs compte-tenu des enjeux prudentiels complexes et des incertitudes scientifiques caractérisant le risque dépendance. 75 Versements annuels sur contrat PERP de l’ordre de 1 000 € par assuré pour un plafond maximum de 3 000 € de déduction par assuré. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 98 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance Tableau synthétique de couverture d’assurance contre le risque dépendance Age de souscription Assuré Potentiel (1) Avant 50 ans Après 50 ans Capacité d’épargne inférieure à la moyenne Rien de possible Capacité d’épargne supérieure à la moyenne (2) Capacité d’épargne élevée Contrat d’assurance de type risque dépendance couvrant la dépendance totale Contrat d’assurance de type épargne dépendance couvrant la dépendance totale et partielle Contrat d’assurance classique de type multisupport à horizon de placement En complément, contrat d’assurance de type risque dépendance partielle ou totale (1) Si patrimoine liquide : pas besoin d’assurance, on est son propre assureur (2) Légèrement supérieur : pas ou peu d’APA d’où l’intérêt de souscrire une assurance dépendance. 3.3.3 Des contrats collectifs d’assurance dépendance Les contrats collectifs représentent 40% des personnes couvertes (850 000 personnes à fin 2008) mais ne pèsent qu’à peine 10% des cotisations perçues par les assureurs76. 76 Source : FFSA, les contrats d’assurance dépendance en 2008 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 99 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance Par le biais de la mutualisation, la couverture collective permet de faciliter le financement du risque dépendance. Le tarif de ces assurances – de quelques euros par mois et par salarié – est plus « accessible » que celui des contrats individuels car partagé entre l’entreprise et le salarié. De plus, la part de cotisation payé par le salarié est déductible de son impôt sur le revenu et la part payée par l’entreprise est déductible de l’impôt sur les sociétés 77. Les contrats collectifs permettent par ailleurs aux salariés d’éviter la sélection médicale et constituent un bon moyen de fidélisation à l’entreprise en améliorant la protection sociale du salarié. Les contrats, qui anticipent le risque de perte d’autonomie, sont complémentair es aux offres d’assurance dépendance individuelle. Cependant, dans le contexte de crise économique actuel, les entreprises restent réticentes à couvrir un risque peu présent lors de la période d’activité des salariés et qui ne fait pas forcément partie de ses revendications prioritaires en matière de couverture santé. Pourtant les entreprises pourraient rapidement trouver leur avantage dans des contrats collectifs offrant des garanties pour les aidants. En effet, un salarié qui doit s’occuper d’un membre de sa famille dépendant subit de grands bouleversements dans sa vie personnelle et professionnelle. Il s’agit d’une tâche nécessitant plusieurs heures par jour et génératrice de stress. Pour le salarié cela peut devenir la cause d’un absentéisme important et être générateur de dépression. C’est dans ce contexte que le contrat AXA France a été orienté sur les aidants. Le salarié est couvert pour sa propre dépendance mais, une « solution de répit » ainsi qu’un capital pour faire face aux dépenses liées à son statut d’aidant lui sont également proposés, si l’un de ses parents entre en dépendance (voir ci-après). 77 Source : FFSA, les contrats d’assurance dépendance en 2008 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 100 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance Les principaux acteurs du marché de l’assurance collective sont les suivants : o Groupe de protection sociale D&O (155 000 entreprises adhérentes, 2,6 millions d’euros en 2008, chiffre d’affaire de 430 millions d’euros dont 186 millions d’euros en prévoyance santé), avec lancement de l’offre Domissimo Autonomie offrant des prestations sur mesure pour la couverture des pertes d’autonomie correspondant a ux GIR 1 à 5 o L’union d’institutions de prévoyance OCIRP (100 000 salariés, 10 millions d’euros, avec quelques dizaines de contrats collectifs d’assurance dépendance en portefeuille et en particulier l’offre Antissimo Dépendance offrant une protection juridique aux personnes âgées et des services d’aide aux aidants o Groupe Filaassistance International (filiale de la Caisse Nationale de Prévoyance CNP) avec 10 millions d’euros en 2009 dont 25% pour la dépendance et une forte progression de l’assistance et des services (exemple : recherche de solutions de répit et de places en maison de retraite médicalisée, prise en charge psychologique, programmes de formation aux aidants, création d’espaces d’échanges communautaires à l’intérieur d’une même zone géographique). Les axes de développement sont la mise à disposition de solutions à la pointe de la technologie en matière de télé assistance et de domotique o Le groupe distributeur Mornay qui compte une trentaine de contrats en portefeuille (800 salariés couverts) avec une offre d’assurance « Mornay dépendance » uniquement dans le cas de dépendance totale o La garantie calculée en points est acquise à vie et permet de proposer un niveau de rente plus élevé pour le même coût de cotisation (en comparaison avec un cont rat qui combine dépendance totale et dépendance partielle). Cette offre distribuée par le réseau Salaris sera élargie avec davantage de services notamment concernant l’aide aux proches de la personne dépendante o L’assureur AXA France Vie a lancé le contrat collectif « Dépendance Entreprise » pour les entreprises d’au moins cent salariés, avec un chiffre d’affaire de 10 millions d’euros en 2010 pour quelques dizaines de milliers d’assurés. Son offre est de prendre en compte la situation de dépendance des parents des salariés. En effet, six français sur dix sont ou ont été confrontés à la dépendance d’un proche n’ayant pas bénéficié d’une couverture dépendance assurantielle. Le salarié bénéficie d’une rente en cas de dépendance totale pouvant aller jusqu’à 1 000 €/mois ou d’un capital de 5 000 € en cas de dépendance de l’un de ses parents. De plus, une large palette de services est proposée dès l’adhésion telle l’assistance psychologique, l’organisation du placement en centre d’accueil temporaire de répit, le bilan d’un ergothérapeute… Cette offre pour un montant de cotisation de 90 à 200 € par salarié et par an est modulable pour chaque entreprise et pour chaque profil de groupe assuré. Enfin, chaque salarié qui quitte l’entreprise, peut choisir de maintenir sa couverture à titre individuel, sans avoir de formalités médicales à accomplir Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 101 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.3 Les contrats d’assurance o Malakoff Médéric a pour cible les PME-PMI avec des contrats collectifs obligatoires afin d’offrir aux salariés une couverture « intelligente » du risque de perte d’autonomie. En effet, d’après une étude du Credoc, 41% des salariés aimeraient bénéficier d’une rente « d’autonomie » revalorisable avec l’inflation Sans sélection médicale, ce contrat « Autonovie » (adaptation d’un produit ORCIP : Organisme Commun des Institutions de Rente et de Prévoyance) couvre aussi bien la perte d’autonomie totale que partielle, temporaire ou définitive et quelle que soit la date de survenue de l’état de dépendance. Son principal avantage est d’être libellé en points qui se cumulent en fo nction de la cotisation et de l’âge du salarié. En cas de départ du salarié, ce système simple et lisible permet au salarié de continuer à acquérir des points s’il travaille dans sa nouvelle entreprise également couverte par un contrat collectif ORCIP. Sinon, Malakoff Médéric s’engage à maintenir sa garantie au salarié à titre individuel « sans augmentation de tarifs ». Le contrat permet également de protéger le conjoint sous réserve d’une inscription avant ses 60 ans. Selon un exemple de tarification fourni par Malakoff Médéric, un salarié qui s’engage à verser 140 euros par an (avec possible cofinancement de l’entreprise) pourra disposer d’une rente « d’autonomie » de 724 euros par mois à partir de 85 ans. Ceci suppose que le salarié soit prêt à cotiser pendant 55 ans ! Finalement, l’ORCIP propose que tous les actifs à un âge prédéterminé souscrivent obligatoirement un contrat d’assurance dépendance collectif ou individuel permettant une plus large mutualisation des risques. Il reste à mettre en œuvre de bonnes pratiques fiscales, notamment pour rendre le système très incitatif et donc quasi obligatoire avec l’organisation de la portabilité des droits tout au long de la période de cotisations. Actuellement, de nombreux contrats collectifs peuvent être convertis en contrats individuels en cas de changement d’entreprise ou de départ en retraite avec maintien du tarif global employé 78, c’est le cas par exemple du contrat Autonovie. 78 Source : entretien avec Monsieur Pierre Larquier, veille marketing, groupe Allianz, janvier 2010 : la moyenne de tous les tarifs appliqués aux employés sert de référence au tarif « contrat de sortie » qui doit être inférieur ou égal à 150% du tarif global pour un même niveau de garantie afin de respecter la loi Evin Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 102 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.4 Synthèse 3.4 Synthèse partie III Pour répondre à la relative faiblesse du marché de l’assurance privée de la dépendance et convaincre les français de leur légitimité sur ce secteur, les assureurs ont un rôle important à jouer et disposent de plusieurs moyens. Ø L’information Les Français sont encore mal informés et peu responsabilisés concernant la charge tant financière que psychologique que représente la dépendance. Des solutions de prévention et de prises en charge existent mais il reste un large travail d’information à fournir sur lequel les assureurs ont commencé à travailler. Ø La prévention Le deuxième point à développer est la prévention. La « réparation » du risque ne suffit pas et l’assureur se doit de développer une politique de prévention qui repose notamment sur l’hygiène de vie. La prévention, dont l’objectif est l’information et l’éducation, peut permettre à l’assureur de fidéliser ses clients en donnant un caractère plus concret à des contrats qui rebutent souvent les clients compte-tenu de l’aspect hypothétique et éloigné du risque. Par ailleurs, les assureurs ont mis en place des fondations dont le rôle est d’assurer une meilleure prise en compte des problématiques liées à la dépendance et de financer la recherche dans ce domaine. Ø L’innovation Les nouvelles technologies peuvent constituer, sous réserve d’un usage respectueux de règles d’éthique, une réponse globale aux enjeux du vieillissement (visiophonie, téléconsultations, télésurveillance, bracelets de géolocalisation, robots thérapeutiques, systèmes e -rappel, etc.). Les nouvelles technologies se développent autour de six thèmes principaux : o Rappel de tâches et de simulation o Aides pour la motricité o Interfaces de communication ou de substitution sensorielle o Outils de communication spécifiques o Domotique (aménagement du domicile) o Robotique (assistance aux travaux ménagers) Les nouvelles technologies restent très coûteuses mais il est certain qu’elles devront être prises en compte dans les solutions de demain tant au niveau public que privé. Ø Les services à la personne Dans un autre domaine, on assiste aujourd’hui à la montée en puissance des services à la personne qui sont un puissant moteur de croissance et d’emploi. L’assistance aux personnes âgées, l’aide aux transports et à la mobilité, l’accompagnement dans les gestes de la vie courante sont au fondement de ce type de services qui sont essentiels pour le maintien des personnes dépendantes à domicile et également pour leur assurer une continuité dans la vie sociale. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 103 Partie III – La stratégie des assureurs pour demain – Une nouvelle image tournée vers modernisme et confiance 3.4 Synthèse En s’associant aux groupes qui gèrent les services à la personne, les compagnies d’assurance se familiarisent avec cet univers dans lequel elles sont amenées à s’investir de plus en plus afin de proposer dans le cadre de leurs contrats des offres directes de service. Ø Les contrats d’assurance o Contrats individuels Devant l’urgence de trouver des solutions financières au défi sociétal que représente la dépendance, les compagnies d’assurances se sont impliquées en créant, dans le cadre des contrats individuels, des garanties de dépendance de niveau principale ou complémentaire. Elles s’efforcent également de créer des offres diversifiées afin de convaincre des clients potentiels aussi nombreux que variés. Les contrats dont la garantie principale est la dépendance Sur ces contrats, l’assuré est couvert dès que la dépendance est avérée. Ce sont des produits dits de « prévoyance dépendance » ou « d’épargne dépendance » qui comportent cette garantie (se référer au tableau en annexe 4.2). La plupart couvrent la dépendance partielle et la dépendance totale (GIR 1 à 4). Ils proposent également des options de type capital équipement et /ou capital Alzheimer dès l’apparition de la dépendance. Pour la majorité, ils sont dotés de services d’assistance conçus spécifiquement pour faciliter au mieux la vie des dépendants et de leurs proches. Les contrats à garantie complémentaire L’assuré n’est couvert que s’il a choisi l’option dépendance lorsque la situation de son contrat le lui permettait. Ce type de contrats concerne essentiellement les contrats d’épargne sous réserve d’avoir choisi la conversion du capital en rente viagère. Le montant de celle -ci est alors doublé en cas de dépendance. o Contrats Collectifs En parallèle, de nombreux acteurs du marché tentent de s’imposer sur le secteur des contrats collectifs mais il reste dans ce domaine bien des étapes à parcourir. Bien que ces contrats ne représentent que 10 % des cotisations, ils représentent 40 % des personnes couvertes initialement en entreprises avec transfert possible des droits acquis au salarié en cas de changement d’entreprise ou de départ en retraite (850 000 personnes en 2008). Ces contrats qui permettent une excellente mutualisation du risque sont conjointement financés par l’employé et l’employeur avec, de plus en plus souvent, la possibilité d’une couverture en tant qu’aidant pour un membre de la famille ou un proche. L’optimisation de l’ensemble de ces points au sein d’un contrat d’assurance devrait permettre aux assureurs de relever les défis de demain en matière de couverture dépendance en apportant confiance, modernisme et sécurité à l’assuré. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 104 Conclusion CONCLUSION Dans le cadre du vieillissement inéluctable de la population, nous avons tenté, à travers cette thèse, de montrer que la dépendance ou perte d’autonomie est un problème de société incontournable face auquel il est nécessaire de trouver des solutions, sans se voiler la face, toutes les générations étant concernées. L’ensemble des chapitres précédents a montré que le système de couverture des personnes âgées en perte d’autonomie est très complexe à appréhender, à quantifier et à résoudre. Comme le lecteur a pu s’en rendre compte, il repose sur des prises en charge multiples de l’assurance maladie, de la CNSA, des fonds régionaux ou communaux avec, malgré cela, une partie de plus en plus importante restant à la charge des familles. Nous avons également cherché à mettre en évidence les principales caractéristiques, les moyens et les contraintes liés au risque de dépendance afin de se prémunir de conséquences sociales et financières inévitables. Le phénomène de dépendance est caractérisé par un risque inter temporel et macroéconomique dont le niveau moyen est affecté à long terme par de fortes incertitudes. En effet, outre les problèmes traditionnels de l’assurance liés aux asymétries de l’information, le risque dépendance présente de fortes spécificités qui justifient de se poser la question fondamentale à savoir si les soins de longue durée sont « assurables » 79? Le traitement des différents degrés de dépendance peut nécessiter à l’avenir, aussi bien une prise en charge très médicalisée et / ou institutionnelle, qu’une approche davantage orientée vers les services à la personne, si possible à domicile. Mais, faute de suffisamment de structures d’accueil spécialisées, aujourd’hui les institutions de perso nnes âgées acceptent les personnes dépendantes sans avoir de personnel formé et d’espace privilégié ce qui nuit à la fois au service rendu et au bien-être des patients. Notre étude montre que le risque moyen d’assurance de la dépendance est affecté par des incertitudes tant macro économiques (coût relatif de la prise en charge médicalisée, coût relatif des services à la personne, rendement des placements) que démographiques (évolution des tables de passage entre trois états : bonne santé, dépendance, décès80). Nous pensons que la question inhérente au risque de dépendance est donc bien de protéger de manière optimale l’assuré avec un montage financier répondant à ses besoins et à ses contraintes avec la meilleure rentabilité possible. Les solutions existantes ou à venir, qu’elles viennent de la famille, de l’Etat ou du secteur privé ne sont que complémentaires les unes des autres. 79 Cf. Joshua M.Wiener qui participe à des études pour Medicaid sur le domaine de la dépendance et plus particulièrement sur la maladie d’Alzheimer. 80 Source : entretien avec Madame Marion de la Rivière, responsable Prévoyance, groupe Prédica Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 105 Conclusion La protection apportée par les produits d’assurance privée nécessite une mise en place anticipée alors que les aides du secteur public ou du cercle familial ne viennent qu’à posteriori de l’état de dépendance constaté. Le traitement du risque financier de la perte d’autonomie doit donc être mis en place en adoptant une approche stratégique. Actuellement, la diversité des produits d’assurance privée (contrats de risque dépendance, d’épargne dépendance et d’assurance vie classique) permet au futur assuré de développer une stratégie financière basée sur un système de cotisations à fonds perdus, sur la création d’un capital ou sur une combinaison des deux systèmes. Nous devons élargir l’offre au travers de montages contractuels incluant des garanties financières mais aussi des services à la personne et des accès à des plateformes conseils. Par ailleurs, il nous paraîtrait nécessaire de renforcer l’efficacité du marché au moyen d’une intervention réglementaire des pouvoirs publics pour au moins les trois raisons suivantes: o une certaine standardisation imposée des contrats permettrait d’éclairer les choix des consommateurs et éviterait une trop grande confusion pour l’assuré, o des moyens réglementaires permettraient de résoudre le problème de l’anti sélection avec des clauses de non-discrimination et une obligation de souscription, o inciter les assureurs à proposer un niveau minimal de prestations garanties. Mais, réglementer efficacement n’est pas facile compte-tenu de la complexité du système de protection sociale existant et du contexte économique difficile. De ce fait, il existe un risque important de sous-assurance dépendance pour de nombreuses personnes. D’un autre côté, ne perdons pas de vue que, ni les pouvoirs publics ni les compagnies d’assurance ne connaissant d’une manière certaine la distribution des risques futurs, une assurance privée très encadrée, en particulier pour le calcul des primes et leur plafonnement éventuel, pourrait être confrontée aux contraintes suivantes: o des plafonds de primes imposés bas par les pouvoirs publics pour garantir l’accessibilité du contrat aux plus grands nombres risqueraient de voir les assureurs refuser de commercialiser ces contrats (risque encouru trop élevé) o la fixation d’un plafond sur la base des projections « hautes » d’évolution de la dépendance pourrait entraîner le risque à long terme (dans 30 ans…) de s’apercevoir que les pouvoirs publics ont transféré une grande partie des bénéfices aux assureurs privés. Dans ce contexte, en cas de déséquilibre financier majeur des assureurs, l’Etat serait appelé en dernier ressort et donc, de facto, endosserait la responsabilité de prise en charge du risque dépendance entraînant des problèmes d’aléa moral pour les assureurs. Vingt cinq ans après le lancement du premier contrat de dépendance, nous avons pu constater que la souscription ne décollait toujours pas. Sur un budget global de dépenses de l’ordre de 19 milliards d’euros dont 5 milliards consacrés à l’APA, l’assurance dépendance (89 millions d’euros de prestations en 2009) ne représente qu’une part infime du financement de la perte d’autonomie en France. Alors, oui, le lancement officiel d’une cinquième branche de l’assurance maladie pour la prise en charge des personnes dépendantes dans le cadre d’une assurance « autonomie » peut Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 106 Conclusion permettre d’organiser et de structurer toutes ces prises en charge multiples avec le renforcement de financements de la part de l’Etat (cf. modèle allemand) et le développement de l’assurance privée. De plus, un échange entre pouvoirs publics et assureurs privés permettrait de maintenir une équité vis-à-vis des Français. Ceci nous amène à penser que le partenariat public - privé est une des clés de la réussite de la couverture dépendance de demain (cf. § 2.3.3). Il permettrait alors aux partenaires privés de proposer aux personnes âgées de nouveaux produits d’assurance perte d’autonomie, plus innovants, afin de compléter efficacement le financement de leurs dépenses de santé sous réserve d’encouragements de l’Etat. Dans le cadre de ce partenariat, les assureurs se devraient de garantir des contrats à la fois fiables et clairs pour les assurés alors que la solidarité nationale réglementée et organisée resterait la première source de financement pour les personnes les plus démunies. Un dispositif d’évaluation périodique de ce partenariat pourrait d’ailleurs être mis en place associé à un droit à l’information de tous. Le projet qui fait partie des promesses électorales de l’actuel chef de l’Etat permettrait également d’assurer une bien meilleure visibilité à l’ensemble des acteurs concernés, qu’ils soient demandeurs (séniors, séniors plus) ou qu’ils soient porteurs de l’offre (assurance maladie, CNSA, organismes régionaux, assureurs privés, etc.). Il reste indispensable qu’une volonté politique forte et claire au plus haut sommet de l’Etat soit affichée pour lancer et organiser cette nouvelle branche « Assurance Autonomie » sur des axes clairement choisis en partenariat avec l’ensemble des acteurs de ce secteur. Au travers de cette thèse, nous avons également vu que de nombreux français n’ont pas encore bien pris conscience des conséquences de l’accroisseme nt significatif de l’espérance de vie qui peut déboucher sur un état de dépendance partielle ou totale. De ce fait, la nécessité de s’assurer un revenu suffisant jusqu’à la fin d’une « longue » vie peut ne pas leur sembler prioritaire. Et pourtant, ils ne peuvent ignorer le danger d’être confrontés au risque de survivre à leurs économies dans un état de santé médiocre entrainant de ce fait le risque de dépendre d’hypothétiques aides publiques dans un pays déjà fortement endetté (déficit de 30 milliards d’euros prévu sur 2010). Dans ce contexte, un certain nombre de personnes âgées continuent d’épargner à un âge élevé pour se constituer une épargne permettant d’éviter à leurs enfants la prise en charge de coûts relatifs à la dépendance. Mais cela ne constitue pas une solution et l’ensemble du secteur a pris conscience de la nécessité de l’action et cherche à se positionner au moyen des différents systèmes de couverture possibles, individuels ou collectifs. C’est également une des raisons qui nous amène à dire que la sensibilisation et la prise de conscience face à la dépendance nécessitent un effort de communication très important de la part des pouvoirs publics et des assureurs. Pour ce faire, ces derniers pourraient facilement s’appuyer sur leurs importants réseaux de distribution déjà en contact avec les clients – prospects et sur les plateformes conseils dont nombre d’entre eux disposent désormais. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 107 Conclusion Parallèlement, nous avons vu que la perte d’autonomie était assurable mais à condition de mutualiser le risque au maximum et le plus tôt possible. Nous pensons donc que la solution la plus efficace serait de créer une assurance obligatoire que l’on pourrait par exemple coupler à une autre couverture comme la multirisque habitation ou la complémentaire santé ou b ien la généraliser de manière plus large via une assurance collective d’entreprise. Il ne s’agirait pas là de créer une sorte de nouvel impôt obligatoire mais bien de trouver les bonnes incitations pour rendre le système très incitatif auprès des français et donc, de fait, le rendre quasi obligatoire. Sur le créneau des contrats collectifs, nous partageons le point de vue de certains assureurs comme J.M Kupiec, directeur général adjoint de l’OCIRP, qui indiquent qu’il faudrait, pour ce type de contrats, garantir la portabilité des droits de l’assuré qui pourrait cotiser à titre individuel, sans sélection médicale et avec la même tarification que dans le contrat collectif. Il faudrait également garantir la transférabilité des contrats entre assureurs « dans une logique de saine transparence et concurrence » afin de laisser in fine le libre choix à l’assuré. Enfin, il est évident que le rôle des assureurs est primordial de par leur expérience dans la gestion des risques, pour permettre ainsi de sortir du discours politique en proposant des produits novateurs conformes aux attentes des générations présentes et futures. Et pourquoi pas une offre qui couvrirait au sein d’un même contrat deux risques, celui d’avoir un proche qui devienne dépendant (l’assuré aurait alors un statut d’aidant) et celui de devenir soi-même dépendant. Ceci permettrait de rendre le risque moins incertain et peut -être d’avancer l’âge de la souscription. « Deliver » doit être le mot d’ordre de la profession, afin de continuer à monter en compétence dans la gestion du risque de la dépendance des personnes âgées et être, demain, un acteur incontournable dans ce domaine. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 108 Annexes 4 ANNEXES Ø Mots clés Ø Key Words Ø Liste des abréviations utilisées Ø Tableau comparatif des contrats individuels de dépendance Ø Test de Blessed Ø Test de Folstein Ø Services à la personne : liste des enseignes Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 109 Annexes 4.1 Mots clé – Key words - Abréviations 4.1 Mots clé – Key Words - Abréviations Mots clés 1) AGGIR : la grille nationale AGGIR (autonomie gérontologie groupes Iso-Ressources) est un outil destiné à évaluer la perte d’autonomie ou le degré de dépendance en vue de l’obtention de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) 2) APA : l’allocation personnalisée d’autonomie est une aide destinée aux personnes âgées (60 ans et plus) pour les aider dans l’accomplissement des actes essentiels de la vie quotidienne (AVQ). Elle est destinée à l’aide à domicile ou en hébergement en établissement. 3) Assurance dépendance : assurance ayant pour objet de garantir le risque de perte d’autonomie par le versement d’une rente viagère ou d’un capital. De plus en plus, les assurances dépendance proposent des services d’assistance ainsi que d’aide à la personne. 4) AVQ : actes essentiels de la vie quotidienne (faire sa toilette, s’alimenter, s’habiller…). Ils permettent d’évaluer le niveau de dépendance. 5) CNSA : Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie, en charge des personnes âgées et des personnes handicapées. 6) Dépendance lourde ou totale : degré de perte d’autonomie correspondant généralement aux GIR 1 ou 2 de la grille AGGIR ou aux personnes dans l’incapacité d’effectuer seules 3 actes de la vie quotidienne. 7) Dépendance partielle : degré de perte d’autonomie correspondant généralement aux GIR 3, 4 ou 5 de la grille AGGI ou aux personnes dans l’incapacité d’effectuer seules 2 actes de la vie quotidienne. 8) EHPAD : Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. L’établissement est reconnu EHPAD après avoir signé une convention tripartite avec le Conseil Général et l’autorité compétente de l’Assurance Maladie lui donnant le droit d’héberger des personnes âgées dépendantes. 9) Plan Alzheimer : lancé le 1er février 2008 par le Président de la république, Nicolas Sarkozy, il a pour but de favoriser la recherche, la prévention et la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de leurs aidants. 10) Services à la personne : activités qui peuvent faciliter la vie quotidienne des personnes fragilisées, âgées ou handicapées et les aider à rester à leur domicile. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 110 Annexes 4.1 Mots clé – Key words - Abréviations Key Words 1) AGGIR : (autonomy, gerontology, iso-ressources groups). The French AGGIR model relies on the assessment of eight measures of disability and two additional measures of intellectual coherence and orientation. The model results in a classification of six scores, three of which correspond to severe disabilities. This tool is used to allocate a special French State financial support called APA. 2) APA : French long term care subsidy for elderly people (60 years old and more) to help them accomplish activities of daily living. It can be used either for home help or for long term care housing. 3) Long term care insurance : it generally covers home care, assisted living, adult day care, respite care, hospice care, nursing home, and Alzheimer’s facilities. In France, people either get capital or life annuities. Their insurance also often includes customer support and human services. 4) ADL : activities of daily living. Routine activities that people tend do everyday without needing assistance such as dressing, bathing, eating, toileting, continence, transferring (getting in and out of a bed or chair), and walking. They are essential tools to evaluate people’s level of autonomy. 5) CNSA : French National Solidarity Fund responsible for elderly peo ple, long term care, and disabled people. In France, extended care patients need to be classified in order to get State subsidies or private insurance pensions. The AGGIR model or the ADL can be used in that purpose. The measurements made through these tools lead to determine two states of long term care: 6) Long Term Care with full disability : it corresponds to a degree of disability usually associated to level 1 or 2 of the AGGIR model. It can also correspond to people unable to operate alone three of the activities of daily living. 7) Long term care with reduced disability : it corresponds to a degree of disability usually associated to level 3, 4 or 5 of the AGGIR model. It can also correspond to people unable to operate alone two of the activities of daily living. 8) EHPAD : long term care homes, which have signed an agreement with the French General Council and the competent authority from the French National Health Service, which gives them permission to host .the disabled elderly. 9) the Alzheimer Plan : issued on 2008 February 1st by the President of the French Republic, Nicolas Sarkozy which aims at facilitating research, prevention and coverage of people suffering from Alzheimer disease and their family-friends’ caregivers. 10) Human Care Services : a broad range of facilities to help the disabled elderly stay home. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 111 Annexes 4.1 Mots clé – Key words - Abréviations Liste des abréviations utilisées Abréviations AARP ACAM ADL AGGIR APA APL APREF AUD AVQ CAFAD CAS CCAS CESU CNAVTS CNSA CNUSED CORA Signification American Association of Retired Persons Autorité de Contrôle des Assurances et des Mutuelles Activities of daily living Autonomie gérontologique groupe iso-ressources Allocation Personnalisée d’Autonomie Aide personnalisée au logement Association des professionnels de la réassurance en France Allocation unique dégressive Actes de la vie quotidienne Certificat d’aptitude aux fonctions d’aide à domicile Le Centre d’analyse stratégique est un organisme directement rattaché au Premier ministre. Il a pour mission d’éclairer le Gouvernement dans la définition et la mise en œuvre de ses orientations stratégiques en matière économique, sociale, environnementale ou culturelle. Centres communaux d’action sociale Chèque emploi service universel Caisse nationale d’assurance vieillesse des travailleurs salariés Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie Conférence des nations Unies sur le commerce et le développement Conseil d’orientation et de réflexion de l’assurance (créé sur l’initiative du président de la FFSA Bernard Spitz) CSA CSG D&O DASS DAFSA DDASS DREES EHPA EHPAD EUROPA EUROSTAT FFSA GIR Contribution de solidarité pour l’autonomie Contribution sociale généralisée C’est un groupe paritaire de protection sociale non lucratif multi professionnel Direction des affaires sanitaires et sociales. DAFSA est une filiale de GLOBAL INSIGHT Inc. (GII), un puissant pôle d'information B to B opérant au niveau mondial. DAFSA a su développer l'expertise et les outils qui en font un leader dans la combinaison «étude de marché-analyse sectorielle» pour le conseil aux entreprises. Direction départementale des affaires sanitaires et sociales Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (service public d’information et d’études statistiques sur les champs sanitaire et social) Etablissement d’hébergement pour personnes âgées Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes Site Web Officiel de L’Union Européenne Office statistique des communautés européennes Fédération Française des sociétés d’Assurances Groupe iso ressources Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 112 Annexes 4.1 Mots clé – Key words - Abréviations GSM HID HPST INED INSEE IRIS ISF LIMRA LFSS MDH MMS OCDE OCIRP OGD OMS ONDAM ONU ORCIP PCH PERCO PERE PERP PLFSS SESI SILVERLIFE SLD SND TISF TNS SOFRES UIESP Global system for mobile communications Handicap – Incapacité – Dépendance Hôpitaux, patients santé et territoire Institut National études démographiques Institut national de la statistique et des études économiques Institut de Relations Internationales et Stratégiques Impôt sur la fortune Life Insurance Marketing and Research Association Loi de financement de la sécurité sociale Maison départementale des personnes âgées Mini mental score (test de Folstein) Organisation de coopération et de développement économique Office of Research Contracts Intellectual Property (France ORCIP) Observatoire géopolitique des drogues Organisation Mondiale de la Santé Objectifs nationaux des dépenses d’assurance maladie Organisation des Nations Unies Organisme Commun des Institutions de Rente et de Prévoyance Prestation de compensation du handicap Plan d’épargne pour la retraite collectif Plan d’épargne retraite d’entreprise Plan d’épargne retraite populaire Projet de loi de financement de la sécurité sociale Ministère de l’Emploi et de la Solidarité. Service des Statistiques des Etudes et des Systèmes d'Information Centre de recherche sur l’économie du vieillissement Soins longue durée Système national de dépendance (Espagne) Technicien de l’information sociale et familiale Société française d'enquêtes par sondages Elle fait partie du groupe international d'études marketing et de sondages TNS, numéro un mondial. Union Internationale pour l’Etude Scientifique de la Population, association scientifique internationale composée de près de 2000 membres individuels intéressés par les questions de population. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 113 Annexes 4.2 Tableau comparatif des contrats dépendance 4.2 Tableau comparatif : Contrats Dépendance Le tableau ci-après est constitué d’une sélection des meilleurs contrats individuels de dépendance. Ils sont référencés dans le tableau selon le type de contrat suivant : Ø prévoyance pour les contrats de risque pur (fonds perdus) avec mise en réduction possible après 5, 8 ou 10 ans de cotisation Ø épargne pour les contrats de capitalisation (euros et / ou unités de compte) Ils ont pour objet de verser des rentes partielles ou totales à l’assuré en fonction des cotisations perçues par l’assureur. Ces rentes sont le plus souvent associées à un capital équipement ou Alzheimer et à des services d’assistance. Le tableau fait également référence aux délais de carence physiques et psychiques appliqués. Les contrats figurant dans le tableau ont été classés de 1 à 28 selon les trois critères suivants : Ø cinq, quatre ou trois étoiles pour les meilleurs contrat s sélectionnés à l’aide de trois comparateurs internet, assurnews, assurland et hyperassur Ø couleur jaune, pour les contrats ayant obtenu un label excellence en 2009 de la part des Dossiers de l’Epargne Ø ordre alphabétique (sur colonne deux : contrat individuel) Généralement, des franchises sont appliquées sur les contrats dépendance en cas d’accident ou/et de maladie. L’absence totale de franchise est assez rare. Un délai de carence, variable selon le type de maladie, est également applicable. Il s’agit d’une période suivant immédiatement la souscription pendant laquelle la garantie reste sans effet. Ce délai ne s’applique pas en cas de dépendance accidentelle. Il peut aller jusqu’à 36 mois. La résiliation du contrat est possible avec remboursement des primes si la dépendance survient pendant ce délai. Liste des renvois utilisés lorsque connus: (*) pas de période de franchise (**) période de franchise de 3 mois Nota : la fourchette indicative des cotisations annuelles versées par le souscripteur (colonne 5) permet d’informer sur le niveau de rente mensuelle correspondant (colonne 6). Bien entendu, l’assuré peut augmenter ses cotisations annuelles pour obtenir une rente mensuelle dépendance supérieure. Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 114 Annexes 4.2 Tableau comparatif des contrats dépendance 1 CAISSE D'EPARGNE Assistance Vie Prev. 74 440 à 1 600€ 600 ou 1 000€ 100% 3 000 € à 60% 3 000 € 12 mois 36 mois 2 BANQUE POSTALE Protectys Autonomie (**) Prev. 74 190 à 1 400€ 300 ou 900€ 100% 3 000 € à 60% 3 000 € 12 mois 36 mois 3 PREVADIES Vivalis Prev. 75 170 à 1 400€ 300 ou 900€ 100% 5 mois rente choisie à 75% 5 mois rente choisie 12 mois 36 mois 4 CREDIT DU NORD Antarius Dépendance Prev. 75 210 à 1 700€ 300 ou 900€ 100% à 50% 36 mois GROUPAMA Avenir Autonomie (**) Prev. 70 140 à 900€ 600 ou 900€ 100% 3 000 € 4000 € ou 6 mois de rente 12 mois 5 3 000 € 4000 € ou 6 mois de rente Comparateur ***** ***** ***** **** - 36 mois **** 6 PRO BTP Complément dép. BTP Prev. 75 130 à 1 200€ 228 ou 690€ jusqu'à 200% - jusqu'à 200% - 12 mois 36 mois **** 7 CNP FAPES Dépendance ASAC FAPES Prev. 75 280 à 1 500€ 300 ou 900€ 100% 3 000 € à 50% 3 000 € 10 mois 36 mois **** 8 PASTEUR MUTUALITE SURAVENIR Assurances Société Assureur 9 Contrats Individuels Type Limite contrat âge Dépendance Totale DépendancePartielle Délais de Carence Cotisations annuelles Rentes mensuelles Rente Capital équipement Rente Capital équipement Physique Psychique à 50% AGPM Autonomie Prev. 75 300 à 1 900€ 300 ou 900€ 100% 5 000 € à 50% 5 000 € 12 mois 36 mois *** Assurance dépendance Prev. 75 140 à 1 800€ 300 ou 900€ 100% 4 000 € à 50% 4 000 € - 36 mois *** 10 MAAF VIE Aviseo Autonomie Eparg. 70 1 400 à 14 000€ 600 ou 900€ 100% 1 an de rentes - 12 mois 36 mois *** 11 ACM IARD (CIC) Plan Autonomie (**) Prev. 75 190 à 1 400€ 300 ou 900€ 100% 3 mois rente choisie à 50% 3 mois rente choisie 12 mois 36 mois *** 600 à 700€ 100% - à 50% - - 36 mois 300 ou 900€ 100% - à 50% - 12 mois 36 mois - 12 ALLIANZ AGF Libre Autonomie 2 Eparg. 84 20 000€ à 60 ans 13 AVIVA COURTAGE Assurance Dépendance Aviva Prev. 75 150 à 1 300€ 14 CNP IONIS Chrysalia Autonomie Prev. 74 150 à 1 300€ 600 ou 900€ 100% 1 500 € à 4 000 € à 50% 1 500 € à 4 000 € 12 mois 36 mois 15 GROUPAMA Réunica Autonomie Prev. 70 210 à 1 100€ 300 ou 1 000€ 100% à 50% 36 mois AG2R - La Mondiale Safir Plus Autonomie (*) Eparg. 77 200 à 1 00€ 300 ou 900€ 100% 6 mois rente choisie 3 000 € à 30 000 € - 16 6 mois rente choisie 3 000 € à 30 000 € - 36 mois 17 APRI / Groupe RADIANCE Sénior Autonomie Prev. 74 150 à 1 100€ 300 ou 900€ 100% 4 573 € oui 4 573 € 12 mois 36 mois 18 APRIL ASSURANCE Sérenassur (**) Prev. 75 140 à 1 600€ 300 ou 900€ 100% 6 mois rente choisie à 66% 6 mois rente choisie - 36 mois 100% 5 000 € à 50% 5 000 € 12 mois 36 mois à 50% 3 mois rente choisie + 6 mois rente capital Alzheimer 12 mois 36 mois _ 19 ALLIANZ AGF Libre Indépendance Prev. 75 400 à 1 500€ 300 ou 900€ + capital décès 20 ALLIANZ AGF Présentalis2 Eparg. 75 500 à 2 000€ 300 ou 900€ 100% 3 mois rente choisie + 6 mois rente capital Alzheimer 21 PREDICA (C.A) Assurance Dép. (*) Prev. 74 430 à 1 900€ 900 € 100% 3 200 € à 50% 2 300 € - 36 mois plafonée à 300€ 7 600 € 12 mois 36 mois 2 000 € 1 500 € à 10 500 € 12 mois 36 mois 22 MACIF 23 MALAKOFF MEDERIC CNP Assurances 24 ALPTIS Autonomie (**) Prev. 70 170 à 1 100€ 600 ou 900€ 100% 7 600 € Capital Futur Autonomie Prev. 74 120 à 1 500€ 200 ou 1 000€ 100% à 50% Garantie dépendance Prev. 75 180 à 1 300€ 300 ou 900€ 100% 2 000 € 1 500 € à 10 500 € 12 mois 36 mois GMPA Dépendance Prev. 76 480 à 1 700€ 600 ou 900€ 100% 3 000 € à 50% 3 000 € 12 mois 36 mois à 50% 25 GMPA 26 MUTUALITE FRANCAISE (MUTEX) Indépendance Services Prev. 74 300 à 2 100€ 300 ou 900€ 100% GIR 1 à 3 6 mois rente choisie à 50% GIR 4 6 mois rente choisie 12 mois 36 mois 27 NOVALIS/ETIKA Sérénilys II Prev. 75 150 à 1 800€ 340 ou 1 020€ oui 2680 à 10 720€ à 60% 2680 à 10 720€ 12 mois 36 mois 28 SWISS LIFE Swiss Autonomie Prev. 75 160 à 1 300€ 300 ou 900€ 100% 6 mois rente choisie à 50% 6 mois rente choisie 12 mois 36 mois Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance : enjeu de société, défi pour les assureurs » 115 Annexes 4.3 Test de Blessed – test de Folstein 4.3 Test de Blessed – Test de Folstein Test de Blessed Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 116 Annexes 4.3 Test de Blessed – test de Folstein Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 117 Annexes 4.3 Test de Blessed – test de Folstein Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 118 Annexes 4.3 Test de Blessed – test de Folstein Test de Folstein Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 119 Annexes 4.4 Services à la personne : liste des enseignes 4.4 Services à la personne : liste des enseignes Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 120 Annexes 4.4 Services à la personne : liste des enseignes Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 121 Bibliographie BIBLIOGRAPHIE Sites web Ø http://www.ffsa.fr/ (Fédération Française des Sociétés d’Assurances) Ø http://www.gouvernement.fr/ (portail du gouvernement) Ø http://www.sante.gouv.fr/drees/index.htm Ø http://www.senat.fr/ Ø http://www.servicesalapersonne.gouv.fr/ Ø http://www.aoa.gov/ (the administration on aging) Ø http://www.plan-alzheimer.gouv.fr/ Ø http://www.senioractu.com/ Ø http://www.capgeris.com/ portail des services aux personnes âgées : aide à domicile, maintien à domicile, maison de retraite, tous les services - conseils et actualité... Ø http://www.aveclesaidants.fr/ Ø http://www.aarp.org/ issues related to the health and financial security of people age 50 and older, and society as a whole Périodiques – Magazines Ø Chronique internationale de l'IRES, n°113, juillet 2008, Résurgence de la pauvreté dans la vieillesse ? les débats actuels sur les retraites en Allemagne Ø Risques, les cahiers de l’assurance en partenariat avec la revue Esprit – Seddita, Paris, Juin 2009 Ø La tribune de l’assurance (dossier dépendance numéro de janvier 2010) Ø Les dossiers de l’épargne (2009) Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 122 Bibliographie Ouvrages Ø La vieillesse maltraitée / Robert Hugonot. - Paris : Dunod, 2003. Ø Vieillesse et dépendance Alain Grand, Hélène Bocquet, Sandrine Andrieu. - Paris : Documentation française, 2004. Ø Comprendre le vieillissement : libérer ses peurs, apprivoiser sa vieillesse / Danielle Thiébaud ; préf. Nadine Thézé. - Lyon : Chronique sociale, 2005 Ø Les services à la personne. Comment ça marche / Jean – Noël Lesellier – RueilMalmaison : Wolters Kluwer France, 2007. Ø L’assurance dépendance, Problématique humaine et stratégie patrimoniale / Jean-Michel Cedelle, Isabelle d’Avino, Delphine Formenti – Paris : de Verneuil, 2002 Ø Le risque de vie / Michel Bish - L’argus, 1995, réédition 1996 Ø Les options de vie – Les fondamentaux de l’assurance / Michel Bish - Economica, 1999 Ø Faire face à la dépendance d’une personne âgée / guide encyclopédique / le particulier éditions / Paris 2008 Ø Les services à la personne – l’économie de la quotidienneté / Joël Defontaine – Editions Liaisons, 2006 Ø La dépendance Faire face ensemble / Jean Loup Julien / Editions Pascal 2007 Ø Mieux vivre la vieillesse / Paulette Guinchard-Kunstler Marie Thérès Renaud / Editions de l’atelier / éditions ouvrières / 2006 Ø Gérontologie / Joel belmin, Philippe Chassagne, Régis Gonthieu / étude brochée / 01/2003 Ø Le guide de l’aidant familial 2e édition / Ministère du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville / La documentation française / octobre 2009 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 123 Bibliographie Etudes Statistiques Ø DAFSA o Les séniors et la dépendance, enquête quantitative auprès de 898 personnes âgées de 50 à 74 ans, avril 2008 Ø ALCIMED o Etude prospective sur les technologies pour la santé et l’autonomie, octobre 2007 o Etude européenne sur le marché et les prix des aides techniques destinées aux personnes handicapées et âgées en perte d’autonomie, décembre 2009 Ø EUROSTAF o Le marché de l’assurance dépendance individuelle en France, 2008 Ø XERFILC o L’assurance dépendance, juin 2009 o L’assurance dépendance, 2008 Rapports officiels Ø Rapport de Mme Hélène Gisserot, Perspectives financières de la dépendance des personnes âgées à l’horizon 2025 : perspectives et marges de choix – 2007 Ø Cour des Comptes, Les personnes âgées dépendantes, Rapport au Président de la République suivi des réponses des administrations et des organismes concernés, novembre 2005 Séminaires suivis Ø Rencontres AMRAE Strasbourg 28-29-30 janvier 2009 o Enjeux et contraintes de la mise en place d’un régime de frais de santé o La dépendance : challenge ou supercherie pour les entreprises Ø Séminaire Caritat, Silver Life, La Tribune de l’Assurance, 24 novembre 2009 o 5ième risque et assurance dépendance, Comment convaincre les français Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 124 Table des Matières TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS …………………………………………..……………………..……………………….. 2 RESUME ….………………………………………….…….….…...………………………….………..…...... 3 ABSTRACT …………………………………………………….……………….……………………..……... 4 SOMMAIRE …………………………………………………………………………………………...……… 5 INTRODUCTION ………………………………………………………...……………...……………….…... 6 1 PARTIE I – VIEILLESSE DEPENDANCE ET PERTE D’AUTONOMIE – DES CHIFFRES CLE POUR UNE PRISE DE CONSCIENCE NECESSAIRE …...…………...………………………………….…. 8 1.1 1.1.1 1.1.2 1.1.3 1.2 1.2.1 1.2.2 1.2.3 1.3 1.3.1 1.3.2 L’inéluctable vieillissement de la population …………………………………………………….…. 9 Des chiffres incontestables ………………………………………………………………………..…. 9 Ø En France …………………………………………………………………………..…………… 9 Ø Une évolution identique dans l’union européenne ……………………………..…………….... 10 Ø Chiffres clés (UE 27) ………………………………………………………..………………..... 11 Ø Que penser ? ……………………………………………………………..…………………….. 11 L’augmentation des besoins de soins …………………………………………………………..….... 13 Ø Les affections traditionnelles …………………………………………...……………….……... 13 Ø Les démences …………………………………………………………...……...………………. 14 Ø Les déterminants sociaux et comportementaux de la dépendance ……………………....……... 16 La perte d’autonomie, un sujet qui fait peur …………………………………………………….….. 17 La perte d’autonomie : pourquoi ? Comment ? Combien ? ……………………………………….... Mais au fait, qu’est-ce que la dépendance ? ………………………………………………….……... Ø Définitions …………………………………………………………………...…………………. Ø Du concept de dépendance à celui de perte d’autonomie …………………...…………………. Ø Subjectif ou intuitif pour les familles ………………………………………...………………… Ø Les degrés et les types de dépendance ………………………………………...……………….. Quels instruments de mesure ? ………………………………………………………….………...… Ø L’indicateur de Colvez ………………………………………………...………………………. Ø L’indicateur EHPA ……………………………………………………..……………………… Ø L’indicateur de Katz …………………………………………………..……………………….. Ø Le test de Folstein ou Mini Mental Score (MMS) ……………………………..……………… Ø Le test de Blessed ……………………………………………………………..……………….. Ø L’outil AGGIR ……………………………………………………………..………………….. Quel coût ? …………………………………………………………………………………….……. Ø La dépense publique ………………………………………………………...…………………. Ø Situation au 30 juin 2009 …………………………………………………...………………….. Ø Explosion des dépenses dans les maisons de retraite privées ……………………………...…... Ø Explosion des dépenses de santé, un phénomène commun à l’ensemble de l’Union Européenne 18 18 17 18 19 20 20 20 21 21 22 22 22 24 24 25 25 26 Des réponses diverses aux problèmes de dépendance ……………………………………….…..…. En termes d’organisation ………………………………………………………………….……...…. Ø L’entourage familial et les aidants ………………………………………...……………….….. Ø Des dispositifs professionnalisés ……………………………………………..……………..…. Ø Les institutions d’hébergement et de soins ……………………………………………………. Ø Les services de soutien à domicile …………………………………………………………...… Ø Des difficultés d’accès à ces types d’aide pour la population …………………..…………..…. En termes d’accompagnement des pouvoirs publics et des collectivités locales ……….…………... Ø CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’Autonomie) …………………………………....... Ø Les départements ………………………………………………………………………...….… 27 27 27 27 28 28 29 30 31 32 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 125 Table des Matières Ø Ø Ø Ø Ø Les Communes ……………………………………………………………………………….… Zoom sur l’APA ………………………………………………………………………….…….. Nombre de bénéficiaires de l’APA ……………………..………..…………………………….. Les limites de l’APA ………………………………….…………...…………………...………. Bilan …………………………………………….………………...…………………...……….. 32 32 33 35 35 1.3.3 En termes d’assurance privée ………………………………………….…………………………….. Ø Les différents intervenants ……………………………………...………………...….……….... Ø Les différentes offres ……………………………………………...…..……………….………. Ø Quelques chiffres ………………………………………………………..…………..…..…...… 36 36 37 38 1.4 Synthèse Partie I …………………………………………………………………………………..… 39 2 PARTIE II – UN ECLAIRAGE EXTERIEUR – REGARD SUR LES DYSTEMES DE PROTECTION SOCIALE EN EUROPE ET AUX ETATS UNIS …………………………………………………………… 41 2.1 2.1.1 2.1.2 2.1.3 2.2 2.2.1 2.2.2 2.2.3 2.3 2.3.1 2.3.2 2.3.3 2.4 L’Europe: les différents modèles …………………………………………………………………… Les pays « beveridgiens » …………………………………………………………………………... Ø L’exemple du Royaume-Uni ……………………………………………..……………………. Ø L’exemple de la Suède …………..……………………………………...……………………… Les pays « bismarckiens » …………………………………………………………………………... Ø Zoom sur l’Allemagne …………...…………………………………...………………………... Un système mixte s’inspirant des deux formules …………………………………………………… Ø Zoom sur l’Espagne …………………………………………………...……………………….. Ø Remarques ……………………………………………………………………………………... Ø Bilan ………………………………………………………………...………………………….. 42 44 44 44 45 45 49 49 50 50 Le modèle américain ……………...………………………………………………………………… Rôle du gouvernement …...…………………………………………………………………………. Ø Medicare ……………………………………………………………..………………………… Ø Medicaid ……...……………………………………………………..…………………………. Ø Older American act …………………………...……………………...………………………… Ø Veterans Affairs ………………………………………………………...……………………… Rôle du secteur privé …………….………………………………………………………………….. Ø Les polices dépendance certifiées « dollar for dollar ……………………………………..…… Ø Les polices d’assurance privée (hors cadre « dollar for dollar ») ……...…………………...….. Ø Quelques exemples de contrats privés …………………………………………………...…….. Bilan sur le système américain ……………………………………………………………………… 53 53 53 54 54 55 55 55 56 56 58 Zoom sur le modèle français en cours d’évolution …………………………………………………. Prédominance d’une logique d’aide sociale ………………………………………………………… Ø Une solidarité familiale imposée par le droit et encouragée fiscalement …………………….... Ø Des mesures réglementaires en faveur des personnes âgées …………………………...……….. Le marché français de l’assurance privée : risques et perspectives ………………………………… Ø Risques ………………………………………………………………………………...……….. Ø Les risques humains : aléa moral et anti-sélection. …………….………………………..…….. Ø Risque économique : l’évolution du niveau des dépenses …………………………...…..…….. Ø Conséquences sur les caractéristiques de l’offre des assureurs ……………………...………… Ø Perspectives d’évolution du marché français ………………...………………………..………. Ø La forme et les critères des contrats ………………………………………...…………………. Ø Projet de couverture universelle des réassureurs …………….………….….………………….. Le cinquième risque dépendance …………………………………………………………………… Ø Un partenariat public privé …………………..………………………..……………………….. 59 59 59 59 60 61 61 62 63 63 65 66 68 70 Synthèse Partie II ……………………………..…………………………………………………..… 71 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 126 Table des Matières 3 PARTIE III – LA STRATEGIE DES ASSUREURS POUR DEMAIN – UNE NOUVELLE IMAGE TOURNEE VERS LE MODERNISME ET LA CONFIANCE ………………………………………….…... 73 3.1 3.1.1 3.1.2 Nouveaux axes de développement : Information – Prévention – Innovation …………………….…. Objectif des campagnes d’information …………………………………………….……………..… Prévention ………………………………………………………………………….……………….. Ø Une politique de prévention plus efficace ………………………………...…………………… Ø Une politique de prévention globale ……………..……………………………………………. Ø Développer une offre englobant toutes les formes de prévention …………………………….... Ø Segmenter la clientèle pour mieux prévenir les risques ……….……………………………….. Ø La finalité de la prévention ………………………………………...………………...………… Ø Prévention et recherche ……………………………………………………………...…………. Innovation : nouvelles technologies pour l’autonomie ………………...............................………… Ø Une couverture multi-domaines ………………………………………………...…………….... Ø L’exemple du Japon ……………..……………………………………………...……………… Ø L’exemple d’Europ Assistance …………………………………………………...……………. Ø Un marché prometteur …………………..……………………………………...……………… Ø La situation de la France par rapport aux autres pays …………………………..……………... 74 74 75 76 76 77 78 78 78 79 79 80 81 82 82 Les services à la personne …………………………………………………..……………….……… Un secteur en plein développement ………………………..……………………………..………… Ø Une réponse à un besoin de solidarité ……………………………………...…..………………. Ø Les différentes mesures ……………………………………………………...…………………. Les diverses catégories d’acteurs opérationnel …………………………………………………...… Le rôle des sociétés d’assistance …………………….……………………………………………… 83 83 83 83 85 87 3.3.3 Les contrats d’assurance ………………………………………………………………...………….. Une couverture juridique plus complète ……………………………………………………………. Ø La couverture d’un besoin de financement …………………………...…..……………………. Ø Principes juridiques d’un contrat dépendance …………………….……...……………………. Ø Panorama d’ensemble des contrats ……………………………………………………………… Des contrats individuels combinant dépendance et/ou épargne …………………….………….…… Ø Les contrats de risque pur ………………….…………………………………………...……… Ø Les contrats d’épargne dépendance ………………………………………………..…………... Ø Les contrats d’assurance vie ………………………………………………………..………….. Ø Contrats d’assurance vie avec option « dépendance » …………………………...…………..… Ø Proposition d’aménagement des contrats d’épargne retraite ……………………….....……….. Des contrats collectifs d’assurance dépendance ………..…………………………...……………… 89 89 89 89 91 92 92 94 95 96 98 99 3.4 Synthèse Partie III ….……………………………………………………………………………… 103 3.1.3 3.2 3.2.1 3.2.2 3.2.3 3.3 3.3.1 3.3.2 CONCLUSION ………………………………………………………………………………………..…..... 105 4 ANNEXES ………………………………………………………………………………………… 109 4.1 Mots clé – Key Words - Abréviations ………….……………………………………………..…… 110 Ø Mots clé ……………………………………………………….….………...…..………………. 110 Ø Key Words ……………………………………………..…………………...…………………. 111 Ø Liste des abréviations utilisées ………………………………………………………………… 112 Tableau comparatif des contrats dépendance ……………………………….………………………. 114 Test de Blessed – Test de Folstein …………………………………………………………………. 116 Ø Test de Blessed .……………………………………………….….………...…….....………… 116 Ø Test de Folstein .……………………………………………….….………...…….....………… 119 Services à la personne : liste des enseignes ……………...………………………………………… 120 4.2 4.3 4.4 BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………………………………..….………. 122 TABLE DES MATIERES …………………………………….…………………………………..…………. 125 Laurence Pelzer, MBA Enass, Thèse professionnelle 2010 « La dépendance: enjeu de société, défi pour les assureurs» 127 Thèse professionnelle soutenue en février 2010 MBA Manager d’entreprise d’assurance pour l’obtention du Sous la direction de : Pascal GUEDON Président du Jury : François EWALD Une école est un lieu de production et de diffusion de connaissances. L’Ecole nationale d’assurances s’organise pour répondre le mieux possible à cette mission en direction de ses élèves d’abord, mais aussi de la profession de l’assurance et de ses partenaires : • les « séminaires innovation » animés par les auditeurs du Centre des Hautes Etudes d’Assurance (CHEA), permettent aux professionnels de suivre les grandes innovations en assurance telles qu’on peut les observer à l’étranger ; • les « dialogues de l’Enass » éclairent l’actualité par le débat avec une personnalité remarquable ; • « les travaux de l’Enass », que nous lançons aujourd’hui, sont destinés à faire bénéficier la profession des travaux menés au sein de l’Enass par ses professeurs et ses élèves, à tous les niveaux, dans la mesure où les jurys qui les ont évalués ont noté leur qualité et leur originalité. Ces travaux vous seront adressés par Internet, certains d’entre eux pouvant faire l’objet d’un tirage sur papier ou même, être édités. Nous souhaitons que toutes ces initiatives vous soient profitables. François Ewald Directeur de l’Ecole nationale d’assurances