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La société égyptienne, dirigée par la centralisation politique et religieuse autour de pharaon,
revit chaque année ce mythe comme en témoigne le calendrier religieux et les fêtes de la
renaissance durant lesquelles des processions et des simulacres de ce mythe sont répétés :
ainsi des effigies d’Osiris sont enfermées dans un cercueil qui, à germination, célèbrent le
début des semailles et la perpétuation de la société et par-là, du monde. La dimension
reproductrice et sexuelle est évidemment très présente dans le rituel. L’exposition reflète donc
l’importance des découvertes sur la vie religieuse et politique (les deux étant irrémédiablement
liés) permise par les fouilles archéologiques de Franck Goddio puisque rappelons-le, cette
exposition a le mérite de présenter pour la première fois en France une part de ses découvertes
sous-marines effectuées avec l’Institut européen d’archéologie sous-marine (IEASM) depuis
plus de deux décennies. Les eaux ont en effet pu conserver ce que des tombes impériales
n’avaient pu, des traces des pratiques religieuses et de la culture matérielle des Egyptiens.
Une religiosité de l’Antiquité tardive
Si l’essentiel de l’exposition est consacré logiquement au personnage d’Osiris, les
explorations sous-marines ont mis au jour aux confins du delta du Nil des textes à caractère
religieux dynastiques importants, comme le décret de Canope que tout historien de l’antiquité
connaît. A l’époque lagide, Ptolémée III associe sa fille aux mythes d’Isis et d’Osiris pour en
faire une déesse. La princesse Bérénice est alors divinisée par amour via une association aux
divinités traditionnelles. Le décret illustre donc à la fois le pouvoir religieux du pharaon, le
fonctionnement juridique de la société (des stèles ponctuent la vallée du Nil, colonne vertébrale
de l’Empire) et une certaine évolution des sensibilités. En effet, et c’est un tout petit bémol que
l’on émettra sur l’exposition, celle-ci ne met peut-être pas assez en valeur les modifications
profondes des sensibilités et représentations de cette fin d’antiquité en Egypte et qui se fait
particulièrement jour ici. Certes Osiris a un côté « humain » et son mythe comporte des aspects
dramatiques voire émouvants, et le parcours insiste sur cet aspect. Mais cet affleurement de
l’humain, du sensible dans les mythes est propre à ces siècles et nouveau par rapport aux
périodes du Moyen Empire ou de l’Ancien Empire durant lesquels, la plupart du temps, les
figures religieuses comme politiques sont d’un hiératisme impressionnant. On ne peut qu’être
saisi par la statue d’un prêtre païen du 1er siècle, en fin de parcours, portant un agneau et dont
une incroyable douceur émane de sa posture comme de son visage : de prime abord, on
croirait à une représentation de bon pasteur chrétien… Le caractère éminemment dramatique de
cette piété autour d’Isis notamment est un caractère fondamental de la religion tardive des
Egyptiens. La magnifique scénographie de l’exposition, tamisée et apaisante, renforce ces
impressions.
L'exposition "Osiris, mystères engloutis d'Egypte" par LePoint
Une vue de l’histoire égyptienne par ses marges
Enfin, l’exposition retrace avec pédagogie et clarté les métissages qui président à la fin de
l’histoire de l’Egypte. En effet, à partir du VIIIe siècle avant J.-C. particulièrement, la civilisation
égyptienne est confrontée à des invasions plus nombreuses et durables et est en contact plus
fréquents avec le reste du Bassin méditerranéen. Jusque ici, le Levant constituait l’essentiel
des contacts. Désormais, les Grecs et les Romains et les nouveaux Etats d’Orient s’imposent
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