
LE POINT SUR…
e Parlement s’apprête à entéri-
ner la loi permettant aux com-
plémentaires de santé de créer
des réseaux et surtout de moduler leurs
remboursements suivant que leurs adhé-
rents iront voir un professionnel de santé
agréé ou non par elles.
Cette loi que l’Onsil combat depuis l’été
est lourde de dangers pour l’indépen-
dance de notre exercice. En effet, les
mutuelles ne vont pas manquer (certaines
le font déjà) de vous inciter à signer des
conventions individuelles avec elles pour
vous « autoriser » à prendre en charge
leurs assurés. Elles vont bien sûr vous
appâter en vous promettant des rem-
boursements rapides, une clientèle assu-
rée puisque vous ferez partie de leur
réseau et sans doute bien d’autres avan-
tages tout aussi alléchants en apparence.
Ce qu’elles ne vous diront sans doute pas,
c’est qu’en signant avec elles, vous devien-
drez quasiment leur salarié.
Tout d’abord, sachez qu’officiellement le
libre choix du patient est réaffirmé dans le
texte de loi. Officiellement seulement
puisque dans les faits, si un de leurs assu-
rés consulte un professionnel non agréé,
elles pourront amputer le montant de leur
remboursement selon leur bon vouloir.
Sachez aussi que, pour le moment, nos
soins étant remboursé au moins à 60 %
par l’Assurance Maladie, nous ne devrions
pas être trop impactés par la nouvelle loi.
Mais cela risque de ne pas durer. Le trans-
fert des remboursements vers les
mutuelles s’est accéléré ces dernières
années et cela devrait malheureusement
continuer au prétexte du fameux « trou
de la sécu ». Il n’y a pas si longtemps nos
soins étaient remboursés à 70 % au moins
par l’Assurance Maladie.
Les complémentaires risquent de vous
imposer leurs propres tarifs (c’était le cas il
y a quelques années pour la SNCF et la
RATP, les anciens s’en souviennent sans
doute) ainsi que nombre de contraintes
comme le tiers payant obligatoire, l’obli-
gation de répondre aux demandes de
soins de leurs assurés, obligation de for-
mations dont elles pourraient non seule-
ment décider du contenu mais encore
vous obliger à les suivre auprès de leurs
propres structures de formation, j’en passe
et sans doute des pires.
Voyez comme cela se passe déjà avec les
SSIAD et les HAD qui refusent de payer les
MCI ou les MAU. Les mutuelles ne man-
queront pas de s’inspirer de telles pra-
tiques. En conséquence, ne signez pas de
convention individuelle avec les mutuelles.
Toutes ont des conventions avec
l’Assurance Maladie qui leur télétransmet
les demandes de remboursement quand
c’est nécessaire. Evitez aussi le tiers payant
systématique quand les patients ne sont
pas en ALD, sinon les mutuelles auront un
énorme moyen de pression sur vous.
Ensemble et unis nous pourrons nous
défendre face aux complémentaires santé.
Seul, c’est perdu d’avance. Si une conven-
tion doit être signée avec les complémen-
taires elle doit l’être pour toutes les
assurances et par les représentants de la
profession à l’image de la convention
nationale avec l’Assurance Maladie.
Soutenez l’action de l’Onsil pour que
notre profession soit exclue du champ
d’application de cette loi et faites circuler
l’info autour de vous. l
Jean Poupeau - ADHÉRENT
L’infirmière libérale • n°155 septembre 2013 • 5
LL’Onsil a déjà écrit à tous les députés au nom du syndicat et a demandé à ses
adhérents d’envoyer ce courrier à leur tour. Faites-en de même et diffusez-le
autour de vous, afin d’inonder la boite à lettre de nos parlementaires et qu’ils
prennent toute la mesure des problèmes engendrés par la possibilité donnée aux
mutuelles de créer leurs propres réseaux de soins.
Vous pouvez télécharger cette lettre sur notre site www.onsil.fr
TAMPON PROFESSIONNEL :
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Madame la députée, Monsieur le député,
Vous allez être amené(e) à examiner en deuxième lecture la loi portant autorisation aux
mutuelles de créer des réseaux de soins et surtout de pratiquer des remboursements dif-
férents selon que leurs adhérents respecteront ou non les critères qu’elles auront elles-
mêmes définis.
Cette loi, qui signe l’arrêt de mort du système universel d’Assurance Maladie, mis en place
par le Conseil National de la Résistance, est en contradiction avec l’article L 710-1 du Code
de la santé publique, qui institue le droit du malade au libre choix de son praticien comme
un principe fondamental de la législation sanitaire.
En effet, un patient qui ne pourrait ou ne voudrait consulter un professionnel de santé
agréé par sa mutuelle, verrait le remboursement de ses frais de santé amputé d’une somme
laissée au bon vouloir de sa complémentaire santé. C’est donc de fait la fin du libre choix
du patient qui va aggraver encore les difficultés d’accès aux soins de la majorité de nos
concitoyens.
Cette loi est également en contradiction avec la convention nationale que nous avons
signée avec l’Assurance Maladie. Il est précisé dans cette convention que l’Assurance
Maladie rembourse le déplacement de l’infirmière qui se rend auprès d’un patient, sur la
base des frais engendrés par l’infirmière située AU PLUS PRES DU PATIENT.
Hors, si cette infirmière n’est pas agréée par la mutuelle du patient, ce dernier verrait une
partie de ses frais non remboursée par sa mutuelle. Si ce même patient fait appel à l’infir-
mière agréée par sa mutuelle et que le cabinet de cette dernière n’est pas le plus proche de
son domicile, c’est l’Assurance Maladie qui ne prendra pas en charge la totalité des frais de
déplacement. Dans tous les cas l’assuré en sera donc de sa poche et cette loi risque de
remettre en cause le principe du tiers payant puisque les professionnels de santé ne pren-
dront pas le risque de voir une partie de leurs honoraires non réglée.
Cette loi va également remettre en cause l’indépendance des professionnels de santé et
créer, à l’instar des systèmes anglo-saxons, des clientèles captives dont les assurés et les
professionnels de santé feront les frais.
Pour toutes ces raisons, nous vous demandons, Madame la députée, Monsieur le député,
d’exclure de cette loi les professions de santé conventionnées, notamment les infirmières
qui, je vous le rappelle, ont toutes signé la convention nationale avec l’Assurance Maladie.
En tout état de cause, l’Onsil restera vigilante quant à toute extension de cette loi qui aurait
des répercussions pour les assurés sociaux ou notre profession.
Dans l’espoir d’avoir été entendus, nous vous prions de croire, Madame la députée,
Monsieur le député, en l’expression de nos respectueuses salutations.
Dans l’espoir d’avoir été entendu(e), je vous prie de croire, Madame la députée, Monsieur
le député, en l’expression de mes respectueuses salutations.
RÉSEAUX MUTUALISTES
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