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LE MANUEL DE CUISINE ALTERNATIVE INTRODUCTION
céréales complètes, les associer avec les légumineuses dans des plats très
aromatiques. C’est l’occasion de renouveler les idées de préparation pour
plusieurs dizaines de légumes de saison ou de retrouver toute la diversité
des ingrédients végétaux, dont les graines et fruits oléagineux par exemple.
Voilà tout particulièrement ce qui manque aujourd’hui aux habitudes
alimentaires de nos pays riches. Il n’est pas nécessaire pour autant de
devenir végétarien, même si ce choix reste respectable, légitime, et qu’il
peut, avec attention, être véritablement équilibré.
C’est donc pour compléter, enrichir et diversier nos modes d’alimentation,
qu’il est intéressant aujourd’hui de goûter à ces cuisines végétariennes. Elles
peuvent rencontrer nos propres traditions culinaires pour que s’inventent
de nouvelles alimentations, bonnes, saines, durables. Certains parlent de
cuisines mixtes ou à tendance végétarienne. L’important est d’apprendre
à mieux intégrer les végétaux dans la cuisine de tous les jours, et pas
seulement comme des ingrédients secondaires à la viande. Voilà pourquoi
ce manuel de cuisine alternative se consacre tout particulièrement à la
valorisation des produits végétaux et à leurs modes de préparation issus
des cuisines du monde. Les recettes proposées dans la PartieIII peuvent se
décliner dans des repas avec ou sans viande.
L’agriculture biologique
Se nourrir autrement c’est aussi évoluer vers des produits issus
d’agricultures éco-responsables ou plus simplement durables. Durables
pour les agriculteurs et les populations rurales, durables pour les ressources
naturelles et l’environnement, durables pour ceux qui en consomment les
produits. L’agriculture biologique et l’agriculture biodynamique sont des
modes de production spéciques qui répondent tout particulièrement à
ces critères. Leurs procédés et leur production sont contrôlés et certiés par
des labels tels que le logo AB français ou la feuille verte européenne pour
l’agriculture biologique, ainsi que le label Demeter pour la biodynamie.
Leur spécicité est souvent résumée à la non utilisation de produits
chimiques de synthèse (engrais, traitements pesticides, herbicides,
fongicides). Mais il s’agit essentiellement d’approches diérentes de l’agri-
culture basées sur la biologie des organismes et des sols et qui entretiennent
les mécanismes de la vie à tous les stades de l’exploitation, notamment par:
-la gestion des matières organiques: fumures et compostage, équilibrage
et entretien de l’humus et de la vie des sols ;
-l’utilisation d’engrais verts, les associations ou les rotations de cultures
en alternant par exemple la culture de céréales avec des prairies de
graminées et légumineuses mélangées ;
-le choix de variétés rustiques, et de conditions de cultures et d’élevage
favorisant la résistance aux parasites et aux maladies par la prévention ;
-la lutte biologique intégrée (prédateurs contre parasites) et les moyens
mécaniques (binage, sarclage) plutôt que les méthodes chimiques ;
-la prise en compte des rythmes biologiques, des cycles, des saisons.
Ces agricultures se caractérisent donc par une approche plus globale
et complexe du vivant. Leur impact ne se limite pas à la seule sécurité des
aliments. Elles montrent que d’autres façons de produire sont possibles, avec
d’autres conséquences qui dépassent largement la seule absence de résidus
de traitements et la réduction des nitrates dans l’environnement selon un
constat établi par l’agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA).
Cultiver ainsi permet en eet:
-la production d’aliments mieux pourvus nutritionnellement, comportant
plus de matière sèche, de micronutriments ;
-la non-dissémination de polluants chimiques et d’OGM dans la terre,
l’air, les eaux, favorisant ainsi la prévention des risques sanitaires indirects
pour la population et la préservation de la biodiversité ;
-la valorisation des lières locales et la limitation des transports ;
-un développement rural plus cohérent s’attachant aux territoires,
aux terroirs, aux savoir-faire et patrimoines culturels locaux ;
-des solutions à long terme pour nourrir l’ensemble de la planète comme
le montre une étude de la FAO publiée en 2007.
Les recettes culinaires de ce manuel ont été conçues et réalisées avec des
ingrédients issus de l’agriculture biologique disponibles auprès de produc-
teurs de proximité et dans les magasins spécialisés bio où l’on peut trouver
l’essentiel des produits frais et d’épicerie. Les coopératives bio ainsi que
d’autres distributeurs nationaux ou locaux contribuent de façons diverses
à développer les productions locales en établissant des partenariats. C’est
une alternative préférable aux pratiques de la grande distribution pour
l’avenir des lières de qualité.
Bien entendu cette cuisine fonctionne aussi avec des produits plus
conventionnels si, pour diverses raisons, l’approvisionnement bio est
dicile. La diversité des céréales, légumes secs, produits spéciques, tels que
les dérivés du soja, les purées oléagineuses, les laits ou crèmes végétales, les
algues, reste plus facile à trouver et moins chère dans le réseau spécialisé,
une partie des produits étant de plus vendus en vrac, sans suremballage.