Nutrition et hydratation artificielles en fin de vie Dr Marie - Pierre Perrin Maison médicale Jeanne Garnier 1 Manger et boire ? La vie … le plaisir La convivialité … le partage La faim, la soif L’humanité … la compassion 2 Maison médicale Jeanne Garnier Les questions ? Des patients Des familles Des soignants 3 Maison médicale Jeanne Garnier Les questions ? Mme P : 85 ans, cancer gastrique, gastrectomie totale (mai 2014) jéjunostomie d’alimentation (sepsis) Juillet : RAD, alimentation orale Septembre : RCP : prise en charge palliative, arrêt bilan Rx, douleurs soulagées par Durogesic 50 µg + Abstral 100 µg. Compléments alimentaires. Octobre : ne s’alimente plus, boit encore, nausées, ↑ douleurs, AEG Adressée en USP par son MT « elle pourrait bénéficier d’une alimentation parentérale si l’indication est retenue. » 4 Maison médicale Jeanne Garnier Les questions ? Mme G : 86 ans, AVC massif, hospitalisée en USI neurovasculaire, aucune récupération à J15, décision de LAT, transférée en USP pour prise en charge de fin de vie. A l’admission : Coma profond, aréactif, sans symptômes d’inconfort. Traitement : soins de bouche, Hydratation IV sur VVP. VVP non fonctionnelle. Relais SC. Quel est l’objectif de l’hydratation ? 5 Maison médicale Jeanne Garnier Les données de la littérature En fin de vie, la NHA allonge-t-elle la durée de vie ? Améliore-t-elle la qualité de vie ? ● En phase palliative avancée ou terminale, aucune étude ne permet d’affirmer que la NA ou la HA améliore la qualité de vie ou allonge la durée de vie. ● Les recommandations nationales Nutrition et cancer (2012) « La mise en route d’une NA n’est pas recommandée si l’espérance de vie du patient est ≤ 3 mois et si I Karnofsky ≤ 50 % (OMS ≥ 3) » La nutrition entérale n’améliore pas la durée de vie des patients atteints de démence évoluée ● 6 Maison médicale Jeanne Garnier Démarche globale Maintenir ou restaurer le bien être du patient Cohérence des projets thérapeutiques et de soins Acharnement/abandon Processus décisionnel / Approche pluridisciplinaire Recommandations de l’EAPC (1996) 7 Maison médicale Jeanne Garnier Définir le stade de la maladie Phase palliative ? Avancée … terminale ? Espérance de vie ? Rassembler les éléments du pronostic : Histoire de la maladie, évolutivité Comorbidités Signes cliniques péjoratifs : I Karnofsky (score OMS), anorexie, dyspnée, oedémes, confusion Signes biologiques péjoratifs : Albuminémie<30 g/l, CRP>50 mg/l, PINI élevé Scores pronostic 8 Maison médicale Jeanne Garnier QUID des apports oraux ? Quantifier La réduction des apports oraux : Cause curable ou non ? 9 Maison médicale Jeanne Garnier Les causes curables de réduction des apports oraux ? Anorexie •Symptômes non soulagés : douleurs, dyspnée, nausées, constipation, sécheresse buccale •Infections urinaires, pulmonaires •Mycose buccale ou œsophagienne •Stomatite, Œsophagite, gastrite •Dépression •Médicaments : IRS, anticholinestérasiques Troubles de déglutition •Médicaments altérant la vigilance •Dyskinésie des neuroleptiques Nausées et vomissements •Troubles ioniques •Médicaments •Ulcère GD ou gasrite •Occlusion sur carcinose péritonéale 10 Maison médicale Jeanne Garnier Les causes de réduction des apports oraux ? Les maladies évoluées, indirectement par : Anorexie •Cancers •Maladies infectieuses •Insuffisance d’organe (cardiaque, rénale, respiratoire) Troubles de déglutition •Maladies neurologiques •AEG + ou - somnolence Obstacles sur les voies digestives 11 Maison médicale Jeanne Garnier •Tumeurs ORL •Tumeurs digestives •Compression tumorales extrinsèques (carcinose péritonéale …) Interroger patient et famille - dialoguer Le patient : Signification de son discours Signification de son comportement La famille : Connaissance et acceptation du pronostic ? Facteurs culturels ? Souffrance spécifique ? 12 Maison médicale Jeanne Garnier Les bénéfices attendus de la NA ♦ Les symptômes ? ● Sensation de faim ? ● Symptômes de dénutrition : asthénie (perte d’autonomie), amaigrissement (cachexie), œdèmes, escarres. Objectif ? Qualité de vie : Maintien de l’autonomie. ↓ Asthénie ? Prévention d’escarre ? ● Quantité de vie ? ● Possiblement si obstacle mécanique sur les voies digestives : - NP si occlusion sur carcinose péritonéale - NE si tumeurs ORL ou œsophage Non si syndrome inflammatoire d’origine tumorale 13 Maison médicale Jeanne Garnier Les bénéfices attendus de L’HA ♦ Les symptômes de déshydratation ● soif, sécheresse buccale, asthénie (hypoTA) confusion, myoclonies, Peu spécifiques, souvent multifactoriels Objectif ? ● Atténuer les symptômes de déshydratation ● Maintien d’une communication en améliorant la vigilance ● Prolonger la vie : Qualité de vie ? / Obstination déraisonnable ? 14 Maison médicale Jeanne Garnier Les complications et risques ● De la Nutrition Parentérale (NP) : Nausées, vomissements, diabète, troubles hydro électrolytiques, surcharge cardiaque hypervolémique, majoration des épanchements, stéatose hépatique. Complications liées à la voie veineuse centrale : obstruction et surtout risque infectieux augmenté. ● De la Nutrition Entérale (NE) : Pneumopathies d’inhalation Complications locales (SNG, sonde de gastrostomie, sonde jéjunostomie) ● De l’hydratation : majoration des secrétions (des risques de vomissements, de rétention d’urines, d’encombrement bronchiques) Rétention hydrique : oedémes, insuffisance cardiaque, ascite, épanchement pleural Les besoins hydriques se réduisent en fin de vie rétention hydrique par sécrétion ↑d’HAD 15 Maison médicale Jeanne Garnier S’interroger sur la réalisation pratique : les contraintes ● De la Nutrition Parentérale (NP) : Nécessité d’une voie centrale. 1000ml de mélange ternaire sur 24h (↓autonomie) ou sur 12 h (↑diurèse nocturne) A domicile, nécessité d’1 ou 2 passages IDE. Contrainte ou sécurité ? ● De la Nutrition Entérale (NE) : Nécessité d’une sonde de gastrostomie ou de jéjunostomie Inconfort d’une SNG 2 à 3 x 500 ml de mélange complet. Nutripompe ou gravitation. Position semi-assise (reflux). Rinçage de la sonde (risque d’obstruction). Patient autonome ou passage IDE. ● De l’hydratation : Voie SC Surveillance point de ponction, changement tous les 5 à 7 jours max 500 ml de Nacl 0.9 % suffisent le plus souvent. 16 Maison médicale Jeanne Garnier Prendre une décision ● Parfois c’est facile : Refus éclairé du patient Contre-indication à la NHA et adhésion du patient et des proches ● Difficile plus souvent : Incertitude pronostique Demande inappropriée (patient, famille) Patient non compétent -> NHA dans un projet de soin global centré sur le patient 17 Maison médicale Jeanne Garnier Prendre une décision ● Concertation pluridisciplinaire ● Utilité ? Proportionnalité (Balance bénéfices/risques)? ● Objectif ? ● Réévaluation ● Dialogue patient/famille/soignants ● Anticiper l’arrêt ● L’arrêt de la NHA n’est pas l’arrêt des soins : traitement des symptômes d’inconfort, soins de nursing (SDB, prévention d’escarre), soins relationnels 18 Maison médicale Jeanne Garnier