hante Léo Ferré
LA CHAIR ET L'ALGORITHME
Théâtre de la Reine blanche (Paris) avril 2016
Monologue écrit par Jean-Louis Bauer et dit par Elisabeth
Bouchaud dans une mise en scène de Antoine Campo.
Jeanne, l’héroïne de "La Chair et l’Algorithme", fait partie de
cette génération qui n’a pas grandi avec un téléphone portable,
mais l’a intégré dans son quotidien dès l’adolescence sans
jamais plus le quitter.
De coups de fils à sa mamie, en sms de rupture, d’installation
"d’applis", de rappel d’anniversaire en gestion de comptes
bancaires à distance, la vie de Jeanne s’accélère, de plus en
plus connectée, de plus en plus virtuelle et finalement décorrélée
du monde avec en toile de fond cette question lancinante : cette machine qui gère
tous les aspects de nos existences de ne pourrait-elle pas tout simplement prendre
notre place ?
Sixième collaboration de Jean-Louis Bauer (l’auteur) et Antoine Campo (le metteur
en scène et scénographe), "La Chair et l’Algorithme" oscille ostensiblement entre
fantaisie et comédie de mœurs, dressant le portrait d’une femme (Elisabeth
Bouchaud) qui bien qu’en relation avec le monde entier apparaît, encore et toujours,
seule sur scène.
L’univers de Jeanne, centré autour d’elle-même, n’est peuplé que de voix, de courts
textes, de musique rock métal (très présente tout au long du spectacle) et de
fantômes, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs, virtuels ou réels, avec l’apparition
récurrente de figures allégoriques et fantomatiques (incarnées par Marie Chaufour).
Si l'enchaînement des nombreux tableaux peine à trouver son rythme, l’empreinte
visuelle et surtout sonore (orchestré par Stéphanie Gibert) de l’ensemble,
extrêmement travaillé, crée un univers sombre et inquiétant à la rencontre entre deux
mondes : celui de l’ici et maintenant dans la vie de Jeanne et celui de l’espace
numérique, virtuel.
Une ambiguïté bien connue du monde théâtral qui tisse sans cesse les liens entre la
scène et l’imaginaire. Une allégorie qui, en tout cas, donne à réfléchir.
Cécile B.B. www.froggydelight.com