Sucre
et santé
mode
d’emploi
Glucides, sucres et sucre :
de quoi parle-t-on ?
Sucres et santé :
état des lieux
Sucres et santé : état des lieux
Surpoids et obésité
L’obésité est une maladie d’origine multifactorielle où interviennent simultanément un terrain génétique prédis-
posant, des facteurs environnementaux, un déséquilibre durable entre les apports et les dépenses d’énergie.
uLe rôle des sucres: que disent les études?
Sur la période marquée par l’épidémie d’obésité (30 dernières années), on ne constate pas d’augmentation
marquée des consommations individuelles de sucres.
Dans les études, on n’observe pas de lien entre niveau de consommation en glucides et en sucres et corpulence
(évaluée par l’Indice de Masse Corporelle ou IMC). Et c’est même le plus souvent l’inverse qui est observé: les
forts consommateurs de sucres sont souvent jeunes, actifs et minces. Il est désormais admis que l'apport
calorique en excès peut provoquer une augmentation de la masse grasse quel que soit le type de calories
(glucides ou lipides).
u Boissons sucrées: plusieurs études nord-américaines ont associé des consommations excessives de boissons
sucrées à l’augmentation de la prévalence de l’obésité chez les enfants. Cependant, il est difficile de conclure car
ces études regroupaient selon les cas les sodas, les jus de fruits, le lait et/ou les boissons light. Pour certains
auteurs, les calories liquidesseraient moins bien prises en compte par l’organisme, pour d’autres, seul le
nombre de calories ingérées est déterminant.
A noter qu’en France, les consommations de boissons sucrées sont parmi les plus basses en Europe et 4 à 5 fois
inférieures à celles des Etats-Unis. En France, elles contribuent à 2-3 % des apports énergétiques des enfants et
1,5 % pour les adultes3.
u Alimentation et sédentarité ne résument pas tout.
Les consommations alimentaires en excès, la disponibilité accrue des aliments et les pratiques marketing sont,
avec le manque d’activité physique, considérés comme étant les déterminants majeurs de l’épidémie d’obésité.
Mais aujourd’hui, l’impact sur l’obésité de facteurs non nutritionnels est à l’étude : réduction de la durée du
sommeil, perturbations des métabolismes hormonaux liées à des polluants environnementaux, temps de séjour
plus long en atmosphère tempérée, rôle «obésogène» de certains médicaments, âge maternel plus avancé
favorisant l’obésité chez l’enfant, etc…
Diabète de type 1 et 2
Le diabète se caractérise par une difficulté à réguler le taux de glucose sanguin (glycémie). Il existe deux types de
diabète. Le diabète de type 1 est d’origine immunologique et sans relation avec l’alimentation. Le diabète de type
2 se déclare habituellement chez un sujet en surpoids, souvent sédentaire et présentant un terrain génétiquement
prédisposé.
u «Manger trop de sucre donne le diabète»: un a priori encore bien ancré…
Les études ne permettent pas de relier les consommations de sucre(s) avec le nombre de nouveaux cas de
diabète de type 2. Le nombre de cas de diabète de type 2 suit une évolution sans lien avec le niveau de consom-
mation du sucre.
u Le diabétique n’est plus interdit de sucre! Les diabétologues ont considérablement assoupli leurs recom-
mandations en termes de régime: les traditionnels interdits concernant les sucres et le sucre sont clairement
remis en question. Aujourd’hui, le diabétique (type 1 ou type 2) peut consommer des produits sucrés au cours des
repas (sans excès), en évitant en revanche les boissons sucrées en dehors des repas.
Maladies cardio-vasculaires
Selon le rapport de l’AFSSA4(2004) aucune étude ne permet d'associer les sucres à un risque de maladies
cardio-vasculaires. L'EFSA5(2010) indique de manière analogue l'absence de relation entre apports en glucides
totaux ou en sucres et risque cardio-vasculaires. Seules des consommations très élevées de sucre (>40 % des
calories via des boissons sucrées) peuvent entraîner une majoration du risque cardio-vasculaire à long terme.
Cancer
u Les conclusions des experts : L’AFSSA en 2004 conclut que le développement des cancers n’est pas associé à
la consommation de glucides qu’il s’agisse des glucides totaux ou des seuls sucres.
Pour le WCRF6(2007) aucun lien direct n’est établi entre sucres et cancer, seule figure comme recommandation
la prévention de la prise de poids avec, entre autres la consigne de limiter les consommations d’aliments à forte
densité calorique et les consommations de boissons sucrées.
Le rapport de l’INCa7de 2009 mentionne également l’obésité comme facteur de risque de cancers des voies
digestives (colon) et de cancer du sein chez les femmes ménopausées.
Addiction
L’idée d’une éventuelle addiction au sucre est largement répandue dans le grand public.
u La restriction mime l’addiction.
L’interdiction de certains aliments considérés comme «grossissants» conduit à un état qualifié de «restriction
cognitive». Le sujet s’impose des limites rigides qui prennent le pas sur ses propres sensations de faim et de
satiété. Ces limites laissent ensuite place à des consommations compulsives suivies à nouveau d’hyper-contrôle
et de restriction. La restriction mime l’addiction: on y retrouve en effet le sentiment de dépendance, le désir
exacerbé, le plaisir intense mais fugace de la consommation de l’aliment interdit. Toutefois, pour le sucre et les
produits sucrés, à la différence des substances addictives (nicotine, alcool, drogues) on ne constate pas de phé-
nomène de sevrage ou de besoin d'augmenter les consommations pour ressentir un même plaisir.
Carie dentaire
u Le lien entre consommation de glucides simples, en particulier de saccharose, et survenue de caries den-
taires, est un fait établi. La fréquence de contact entre l’aliment glucidique et la dent importe plus que la quan-
tité consommée. La nature de l’aliment glucidique, son mode de préparation culinaire et de consommation
interviennent également dans le processus carieux.
u Le fluor, acteur incontestable dans le recul de la carie… Le recul de la maladie carieuse ces 30 dernières
années, est en fait dû à la supplémentation en fluor (gouttes ou comprimés, dentifrices) couplée à une améliora-
tion de l’hygiène bucco-dentaire (brossage des dents).
Densité nutritionnelle
u De supposées calories vides: la consommation des aliments à forte teneur en sucres venant remplacer des
aliments riches en vitamines et minéraux, pourraient entraîner des déficits d’apports en micronutriments. Les
études disponibles ne trouvent toutefois pas de lien de cette nature. Il apparaît donc difficile de fixer un seuil supé-
rieur d'apport en sucres.
Sucres et santé : Que disent les autorités de santé ?
u Les recommandations internationales et européennes sont assez hétérogènes et portent selon les cas sur
le sucre, les sucres, les sucres ajoutés…
En France, la politique nutritionnelle est définie par le PNNS (Programme National Nutrition Santé). L’un des
objectifs du PNNS 1 (2001) était de réduire de 25 % la consommation des sucres simples. En 2006 le PNNS 2
précisait que cette réduction de 25 % concernait les sucres simples ajoutés.
L’OMS (Organisation Mondiale pour la Santé) a fixé en 2007 la part des sucres «ajoutés
» (sucre, sirop de glucose,
miel ajoutés y compris les sucres natifs des jus de fruits) à moins de 10 % de l’apport calorique total. A noter que
cette limite supérieure a été initialement proposée dans les années 1990 dans le but exclusif de lutter contre la carie
dentaire; ce seuil a ensuite été étendu, sans justification scientifique particulière, à la prévention des maladies liées
à l’alimentation.
Dans son avis de mars 2010, l'EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) rappelle que la consomma-
tion d'aliments contenant des sucres augmente le risque de caries, surtout quand la prophylaxie bucco-dentaire
est insuffisante. Elle indique que les études scientifiques ne montrent pas de lien entre les apports en sucres et
l'obésité. Cependant, la question reste posée quant au lien entre les calories liquides des boissons sucrées et la
prise de poids.
Globalement, les experts de l'EFSA constatent que les preuves scientifiques sont insuffisantes pour pouvoir fixer
une valeur limite supérieure pour les apports en sucres (pour les sucres totaux comme pour les sucres ajoutés).
Sucres et santé : état des lieux
3Etude Credoc – Consommation Comportement Alimentaires des Français, 2004.
4AFSSA : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation
5EFSA : Autorité européenne de sécurité des aliments
6WCRF : World Cancer Research Fund
7INCa : Institut National du Cancer
RAPPORTS D’ORGANISMES OFFICIELS
AFSSA, Rapport : « Glucides et santé. Etat des lieux, évaluation et recommandations » octobre 2004.
Joint FAO/WHO Scientific update on Carbohydrates in Human Nutrition. Eur J Clin Nutr. 2007, 61, sup 1,S1-S137
EFSA, Scientific opinion on dietary reference values for carbohydrates and dietary fibre, Efsa journal, 2010, 8, 3, 1462.
Selon les experts, les questions sur les sucres et la santé relèvent des modalités de
consommation des produits sucrés (fréquence, quantité, contexte de la prise d'aliment)
plus que des quantités de sucres consommées.
Des profils de consommation d'aliments plus que des quantités de nutriments,
c'est désormais une nouvelle voie que les experts européens proposent
pour établir des recommandations à l'échelle nationale.
Centre d’études et de documentation du sucre
23, avenue d’Iéna - 75116 Paris.
www.lesucre.com
La meilleure source d’information sur le sucre et les produits sucrés
Édition mars 2011 - ABKcréa - Photo Michel Bury - Document destiné aux professionnels