La dysprosodie dans la dysarthrie parkinsonienne DERLON Laetitia THOMAS Anaïs Mots clefs : Maladie de Parkinson, dysprosodie, dysarthrie Résultats des expériences Les résultats des expériences montrent que la diminution de variabilité́ de la prosodie a fait souvent décrire la parole des parkinsoniens comme monotone, montrant une atténuation des évènements prosodiques tels que les variations de hauteur (mélodie) et d'intensité́-durée (accentuation), les modifications du timbre (traduisant le phénomène de résonance pour les voyelles) et de la fermeture du conduit vocal (permettant l'articulation des consonnes). Conclusion L'étude de la voix et de la parole notamment la dysprosodie est compliquée à mettre en œuvre car les paramètres physiques, le stade de la maladie et les traitements sont en corrélation. On constate d’ailleurs que plusieurs résultats de recherche se contredisent. Retours personnels Nous avons pu constater que la prise en charge est un élément important et qu’elle doit être établie le plus tôt possible. De plus, la mise en place de rééducations interdisciplinaires (qui ne sont pas encore mises en place par tous les établissements. On voit que l'orthophoniste est le principal rééducateur).Cette prise en charge pourrait montrer son efficacité sur la réduction des troubles et/ou sur le ralentissement de la progression de la maladie. Bibliographie - Batterie d’Evaluation Clinique de la Dysarthrie (BECD), de Auzou, P. & Rolland-Monnoury, V. (2006). - Dysarthria across Parkinson’s disease progression. Natural history of its components: Dysphonia, dysprosody and dysarthria de S. Pinto, A. Ghio, B. Teston, F. Viallet. - ETP parkinsonien au CR de Mulhouse, Annual Congress of the French Society of Physical and Rehabilitation Medecine. Sofmer. www.sofmer.com-www.atout-org.com/sofmer2013. 1 - La dysprosodie parkinsonienne, Bernard Teston, François Viallet (2005). Motor speech disorders. Darley, F.L., Aronsnon, A.E., & Brown, J.R.R. (1975). - Parkinsonism : onset, progression and mortality. Hoehn, M.M., &Yahr M.D. (1968).Neurology, 17, 427-442. - Prosodie et dysarthrie parkinsonienne : l'intérêt d'INTSINT pour l'annotation de la parole pathologique, de Karine Rigaldie, Jean Luc Nespoulous, Nadine Vigouroux. - Traiter le parkinson prise en charge globale et multidisciplinaire du patient parkinsonien, de Jean-Émile Vanderheyen ,Dominique-Jean Bouilliez. Graphiques Intensité Période ON Période OFF La prise médicamenteuse a un fort impact dans la maladie de Parkinson. La période ON montre la courbe d’intensité avec la prise du traitement. Lorsque le médicament n’est plus efficace (période OFF), on observe une réduction significative de l'intensité moyenne, en situation de langage conversationnel. Les patients conservent par contre la capacité d'augmenter leur intensité sonore si la distance avec l'interlocuteur augmente. Intonation 2 Modélisation de l’intonation de la phrase La courbe intonative du patient parkinsonien est la même que celle du patient témoin mais beaucoup moins dynamique, comme si elle était amortie. Cette diminution est due à un manque de souffle qui a pour conséquence la réduction de l’effort de projection de la voix. Mélodie, durée et rythme Une phrase est prononcée par un sujet normal de 60 ans et un sujet parkinsonien : “ Monsieur Seguin n’avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres, il les perdait toutes de la même façon. Un beau matin elles cassaient leurs cordes, s’en allaient dans la montagne et la haut, le loup les mangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait ”. Signal acoustique de la phrase d’une personne saine (l’axe des abscisses est en millisecondes) Signal acoustique de la phrase d’une personne parkinsonienne (l’axe des abscisses est en millisecondes) 3 Courbe mélodique (Fo) de la phrase modélisée par les points cibles d’un sujet sain (l’axe des ordonnées est en Hertz) Courbe mélodique (Fo) de la phrase modélisée par les points cibles d’un sujet parkinsonien (l’axe des ordonnées est en Hertz) La courbe mélodique est modélisée sous la forme de points cibles correspondant à la programmation de l’intonation du discours. C’est sur cette courbe modélisée que sont effectués les traitements des données mélodiques, uniquement sur les parties voisées. ( On peut observer que la modélisation évite certains accidents de la courbe brute de Fo et corrige un décrochage à 230 Hz qui est une erreur de détection). Chez le sujet parkinsonien, on constate une réduction de la variation de la Fo. Celle-ci serait à l’origine d’une voix monotone, appuyant la personnalité amimique, dépourvu d’émotion et triste que peut renvoyer un patient parkinsonien. Pauses silencieuses dans le décours de la phrase d’un sujet sain Pauses silencieuses dans le décours de la phrase d’un sujet parkinsonien Les pauses silencieuses sont détectées à partir de l’intensité du signal acoustique. Selon la difficulté de la phrase à prononcer, cela demande plus d’effort lors de l’articulation. Le sujet parkinsonien à tendance à accélérer le débit de parole, à réduire la capacité respiratoire entrainant une anomalie de la segmentation rythmique (ces anomalies dépendent du contexte de la production vocale = souvent en production spontanée). Ainsi, les pauses sont plus présentes chez le sujet parkinsonien, souvent plus longues et de manière irrégulière. 4 Ci-dessous, les tableaux regroupent les résultats statistiques sur la mélodie et les pauses enfin les histogrammes représentent la distribution de la variation de la Fo et des pauses. Personne saine On constate pour la mélodie une Fo moyenne de 138 Hz, un coefficient de variation de 18 %, une dynamique de 110 Hz. Nous trouvons 9 pauses d’une durée moyenne de 0,45 seconde pour un temps cumulé de 4,15 secondes et un temps total de parole de 17 secondes. Personne parkinsonienne On constate pour la mélodie une Fo moyenne de 100 Hz, un coefficient de variation de 5,9 %, une dynamique de 35 Hz. Nous trouvons 12 pauses d’une durée moyenne de 0,700 secondes pour un temps de pause total de 8,450 secondes et un temps total de parole de 21,8 secondes. On en déduit que la moyenne de la Fo d’un sujet parkinsonien est bien plus basse avec une variation de dynamique divisée par 3. Ses pauses sont plus nombreuses, plus longues avec un temps de cumulé doublé. Le temps cumulé du signal est en revanche presque 5 identique. L’augmentation de la durée totale de la phrase n’est due qu’à l’augmentation du temps de pause. Remarque : Toutes ces composantes de la prosodie résultent des performances interindividuelles et intra-individuelles d'où la complexité des études de la prosodie. La dysprosodie des patients parkinsoniens est la conséquence de trois disfonctionnements laryngiens : → la difficulté́ à ne pas reproduire l’intonation programmée au niveau linguistique par la déficience des actions neuromatrices de la musculature laryngienne et de leur contrôle. → l’instabilité́ du vibrateur laryngien. → mauvaise réalisation des coordinations pneumo phoniques, mettant au premier plan de la dysprosodie, le contrôle du souffle phonatoire. 6