LABOKLIN • LABOR FÜR KLINISCHE DIAGNOSTIK GMBH & CO. KG
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Maladies des tortues: morceaux choisis
Photo 1: tortue d’Hermann (Testudo hermanni)
Photo 2: tortue à tempes rouges (Trachemys scripta elegans)
Ce document dresse un aperçu de quelques patho-
logies rencontrées fréquemment chez les tortues ter-
restres et aquatiques, reptiles dont la détention fait
depuis longtemps la joie des terrariophiles et herpéto-
logues amateurs de tout poil.
Parmi l’éventail des tortues rencontrées en consulta-
tion et proposées à la vente dans les animaleries se
trouvent:
des tortues terrestres, dites “de jardin” ou “de
terre”: tortue “grecque” ou mauresque
(Testudo graeca spp.) et ses nombreuses sous-es-
pèces, tortue d’ Hermann (Testudo hermanni),
tortue marginée (Testudo marginata) et tortue de
Horseld ou tortue des steppes (Agrionemys hors-
eldii).
des tortues aquatiques: tortue à tempes rouges,
variété de la tortue dite de Floride (Trachemys
scripta elegans) et autres sous-espèces, cistude
d’Europe (Emys orbicularis).
La médecine des reptiles en captivité est avant tout
une médecine préventive qui repose essentiellement
sur le contrôle des conditions de maintenance et
d’entretien associée une alimentation adéquate.
Maintenance et alimentation des tortues
Cas des tortues terrestres:
Pour les sujets adultes en bonne santé, le maintien en
terrarium est déconseillé. Un jardin, voire un enclos
évitant les rencontres malencontreuses avec un chien
ou une tondeuse, qui comprend des zones sèches
bien ensoleillées (points chauds), une zone ombra-
gée, voire abritée, avec un point d’ eau peu profond
et un coin à terre meuble propice à l’ hibernation fera
Les tortues “de terre” sont principalement herbivores (90%
de légumes et 10% de fruits). En captivité, une ration quo-
tidienne diversiée leur assurera une bon équilibre nutri-
tionnel. Le régime monotone “tout laitue” est à proscrire! Il
faut privilégier les végétaux avec un rapport phospho-cal-
cique supérieur à 1,5 tels que luzerne, pissenlit, endive,
trèe, choux, épinard, orange, persil, salade frisée, cres-
son, blette, cactées et plantes grasses, etc. Il est conseil-
lé de supplémenter régulièrement la ration avec un C.M.V.
(complément minéral et vitaminé), notamment chez les ju-
véniles.
Cas des tortues d’eau:
Les tortues aquatiques sont généralement détenues dans
un aquaterrarium, voire dans un plan d’eau extérieur (pré-
formé ou bâche). En terrarium, la maîtrise des paramètres
d’ambiance suivants est essentielle: température, aéra-
tion, éclairage et UV, hygrométrie (bac à eau avec ltre/
osmoseur). Quant à leurs préférences alimentaires, elles
sont carnivores, herbivores ou ommnivores. La cistude d’
Europe est plutôt carnivore, les adultes de Trachemys sp
plutôt omnivores.
A propos de quelques pathologies
Abattement et anorexie
En théorie, abattement et anorexie peuvent être présents
lors de toute maladie aiguë ou chronique. Une réduction
de l’activité, et donc de l’appétit, est habituelle chez de
nombreuses espèces se préparant à hiberner ou estiver,
avec une perte de poids de 10-15%. Il en est de même
l’affaire. L’important est que l’animal puisse dans son milieu
de vie trouver la température optimale (TMP, Température
Moyenne Préférée) en s’ exposant ou se soustrayant aux
radiations thermiques.
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durant les périodes d’accouplement et de ponte. En
sortie d’hibernation, la tortue peut être anorexique en
cas de déshydratation, azotémie ou si son tube digestif
s’est incomplètement vidé (coprostase) avant l’entrée
en hibernation. De mauvaises conditions d’ambiance
(hygrométrie trop basse ou trop haute, aération insuf-
sante, ...) peuvent irriter les yeux et les voies respira-
toires supérieures et ainsi gêner la prise alimentaire.
Atteintes respiratoires hautes et basses
Les rhinites avec jetage nasal et les stomatites sont
fréquentes chez les tortues terrestres. A côté de mau-
vaises conditions d’ambiance prédominent les causes
infectieuses: virus (Herpesvirus, Picornavirus ou
virus “X”, Réovirus, Ferlavirus, Ranavirus) avec sou-
vent une stomato-glossite associée, mycoplasmes et
autres bactéries opportunistes, plus rarement mycose
ou tumeur. Atteinte de l’état général et dyspnée avec
bruits respiratoires et respiration forcée sont possibles,
que l’atteinte soit haute ou basse (pneumonie), les
deux pouvant d’ailleurs coexister. L’identication de(s)
agent(s) patho¬gène(s) peut se faire par PCR à partir
de liquide de lavage nasal ou d’un écouvillon pharyngé
(pour plus d’informations: voir le LABOKLIN “Maladies
virales des reptiles: diagnostic par PCR ”, sous www.
laboklin/com/Vetinfo).
Troubles de la ottaison
Chez les tortues aquatiques et marines, la ottaison
peut être gênée par une maladie respiratoire basse ou
un trouble gastro-intestinal, avec accumulation de gaz
(météeorisme) ou coprostase, ou encore une rétention
d’oeufs.
Examens complémentaires utiles: imagerie (radiogra-
phie), hémato-biochimie.
Blessures et déformations de la carapace
A côté des traumatismes en tout genre occasionnant
des fractures (“accidents de jardin”, attaque de chien
ou de héron, ...), les lésions de la carapace ont deux
origines principales:
une origine nutritionnelle: on parle notamnent d’os-
téofibrose avec carence en calcium et e n
UV, ou régime hyperprotéiné et carence en bres
(foin, végétaux ligneux). Ex.: la maladie du bec
des tortues de terre ou l’ostéodystrophie hypertro-
phiante (effet ‘toblerone”).
une origine infectieuse: 2 entités peuvent être citées
ici: la maladie ulcérative de la carapace des tortues
aquatiques (USD, Ulcerative Shell Disease), due à
une infection bactérienne primitive (à Citrobacter,
Aeromonas,.), voire mycosique associée. Chez les
juvéniles, une infection à Picornavirus peut entraî-
ner un ramollissement de la carapace (prélèvement
pour la PCR: écouvillon pharyngé).
Rétention d’œufs – dystocie
La rétention d’oeufs dans les voies génitales, qui est
une réelle dystocie, peut être non- obstructive ou obs-
tructive. Dans le 1er cas, ce sont encore de mauvaises
conditions d’entretien qui entrent en jeu: stress, sur-
population, paramètres d’ambiance inadaptés (hygro-
métrie, température, UV, ...), malnutrition, etc. Dans
le 2ème cas, les causes mécaniques et anatomiques
prédominent: anomalie de taille ou de forme des oeufs,
torsion de l’oviducte, masses gênant le passage des
oeufs (e.g. calcul, abcès, tumeur, fécalome).
Examens complémentaires: Le diagnostic et le pro-
nostic reposent sur l’imagerie (radiographie) et le bilan
hémato-biochimique. Le traitement de cette urgence
comporte 2 volets, médical et chirurgical, et dépend du
type de dystocie, de l’état général de l’animal et de l’an-
cienneté de l’anorexie.
Prolapsus cloacal
Il s’agit de la protrusion au niveau de la fente cloa-
cale d’un organe: côlon, vessie, oviducte, pénis (pa-
raphimosis), et cloaque lui-même. Les étiologies sont
variées: corps étrangers, coprostase, entéro-colite,
parasitisme, urolithiase, infection urinaire, rétention
d’oeufs, hypocalcémie, ...
Examens complémentaires utiles: radiographie, bilan
hémato-biochimique, coproscopie parasitaire.
Photo 3: Tortue d’Hermann avec jetage nasal séreux et oe-
dème palpébral mycoplasmose à Mycoplasma agassizii.
(avec l’aimable autorisation de la clinique des Drs. Rüschoff
& Christian, Hamburg).
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Anasarque-Oedèmes-Granulomes
De nombreuses maladies peuvent provoquer chez les
tortues un oedème généralisé ou anasarque, à com-
mencer par un environnement ou/une alimentation
incorrects (Ex: hypovitaminose A avec oedème pal-
pébral des tortues d’eau). Le pronostic est bon dans
ce dernier cas, mais moyen à réservé selon la mala-
die sous-jacente identiée: calcul urinaire, occlusion
digestive, insufsance rénale, hépatique ou/et car-
diaque, tumeur.
Examens complémentaires utiles: imagerie (radio-/
échographie), bilan sanguin.
Quant aux inammations localisées, suppurées ou
granulomateuses, plus rarement tumorales, elles sont
d’étiologies variables, bactériennes ou/et fongiques.
Exemple: le pyogranulome du tympan (facteur favo-
risant: carence en vitamine A). Dans les granulomes,
il n’est pas rare d’identier des mycoplasmes. Un al-
phaherpèsvirus (THV) est l’agent de la bropapilloma-
tose des tortues marines.
Examens complémentaires utiles: bactériologie/my-
cologie, cytologie/histologie, hémato-biochimie, PCR
infectieuse.
Calculs vésicaux et goutte
La formation des calculs vésicaux par dépôt d’urates
dans la vessie est favorisée par la déshydratation, une
infection urinaire ou pahologie rénale et surtout une
alimentation déséquilibrée: hypovitaminose A et D,
régime hyperprotéiné et trop riche en oxalates. Des
oeufs peuvent aussi remonter dans la vessie et s’y mi-
néraliser.
Diarrhée
Les entérites sont assez fréquentes chez les Tortues,
notamment celles d’ origine alimentaire (trop de sa-
lade ou autres végétaux riches en eau) et sont aus-
si favorisées par de mauvais paramètres d’ambiance
(température, UV, ...). Des parasites digestifs sont à
rechercher dans tous les cas. Une diarrhée peut faire
partie des symptômes d’une septicémie.
Examens complémentaires utiles :coproscopie parasi-
taire, bactériologie (sur selles), hématologie-biochimie.
Constipation-coprostase-occlusion
Une constipation est favorisée en premier lieu par le
manque d’exercice et une température et hygrométrie
trop basses. Parmi les autres causes de coprostase
ou d’occlusion viennent ensuite un régime pauvre en
bres et minéraux pouvant entraîner un “pica” (allo-
triophagie) avec ingestion de corps étranger; ou un
parasitisme. Enn, les affections intra-coelomiques
entraînant une compression digestive sont à recher-
cher (rétention d’oeufs, abcès, calcul, tumeur, ...) ainsi
que les lésions traumatiques (fracture de la lière pel-
vienne, lésion vertébrale, ...).
Examens complémentaires utiles: imagerie (radio/
échographie, transit baryté), coprologie, biochimie.
Parasitisme digestif
De nombreuses espèces de protozoaires (coccidies,
agellés, amibes) et d’ helminthes (trématodes, cesto-
des, nématodes) sont décrites chez les reptiles. Chez
les tortues terrestres prédominent les nématodes, à
commencer par les oxyuridés et ascaridés. Une infes-
tation par des trématodes, plus rare, peuvent néan-
moins être létale chez la tortue dite de Floride (Trache-
mys scripta).
Les Flagellés du genre Hexamita, hôte habituel de l’in-
testin, peuvent déclencher des infections urinaires par
voie ascendante, voire une maladie rénale.
De manière générale, tout nouvel animal à introduire
dans un effectif doit faire l’objet d’un dépistage parasi-
taire, a fortiori s’il a été prélevé en milieu naturel. Une
vermifugation annuelle ou bisannuelle, basée sur le
résultat d’une coproscopie parasitaire, est recomman-
dée.
Photo 4: Calculs vésicaux chez une tortue d’ Hermann
(avec l’aimable autorisation de la clinique des Drs.
Rüschoff & Christian, Hamburg)
Photo 5: Oeufs d’oxyures dans les selles d’une tortue
terrestre (ottation, G X 400)
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