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Juillet-Août-Septembre 2016. Supplément au n° 496 ›› Région CENTRE
Dans la fraîcheur mati-
nale, une quarantaine
d’hommes et de femmes
se rassemblent à l’entrée
du bâtiment principal pour
le deuxième appel de la journée. D’un
ton dynamique, Billy Titus, ancien CRS
devenu policier assistant médico-social
(PAMS), égrène les noms des patients,
en grande majorité gendarmes et po-
liciers, de tout grade et tout horizon.
Dans ce château de la Loire transformé
en centre de soins, un écrin de verdure
de 80 hectares, ils vont vivre ensemble
pendant deux semaines à deux mois, le
temps de se reconstruire.
« Ici, les valeurs de solidarité et de frater-
nité, la devise de l’Association nationale
d’action sociale pour les personnels de
la Police nationale et du ministère de
l’Intérieur (Anas), ne sont pas de vains
mots », insiste Frédérique Yonnet, di-
rectrice de l’établissement depuis cinq
ans. Gendarmes et policiers arrivent ici
sur les conseils de collègues qui ont dé-
celé chez eux des signes de détresse.
Des patients « toujours plus précari-
sés », mais aussi plus jeunes, remarque
Frédérique Yonnet : « Ça me frappe tou-
jours beaucoup d’apprendre que des
policiers dorment dans leur voiture, à
proximité de leur lieu de travail. »
Ainsi ce jeune gendarme mobile a
connu l’errance avant d’être orienté
vers le centre de soins du Courbat par
un médecin de l’hôpital militaire Percy
(Hauts-de-Seine). Il y a cinq ans, suite
à un problème d’endettement familial,
il consacre sa solde à régler un lourd
emprunt. Une situation intenable pour
ce sous-officier cité à l’ordre de la di-
vision pour une action au Kosovo. Il
trouvera réconfort dans l’alcool. Consi-
déré par la Gendarmerie en congé
maladie longue durée (CMLD) après
180 jours d’arrêt, il lui est demandé
de quitter la caserne ou de régler un
loyer mensuel de 1 300 euros.
Le Courbat,
l’établissement
qui remet
les gendarmes
d’aplomb
C’est le seul centre de soins
en France dédié aux professions
de la sécurité intérieure. L’établis-
sement de santé Le Courbat,
au Liège (Indre-et-Loire), fondé
par des CRS, s’est progressive-
ment ouvert aux gendarmes.
Il aide à surmonter dépression,
burn-out ou alcoolisme, et mise
sur une « ré-athlétisation » pour
un retour en service. Reportage.
L’établissement, volontairement isolé, assure une prise en charge principalement tour-
née vers le retour en service dans les meilleures conditions sociales, physiques et psy-
chiques.
ND
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Historique
L’Anas Le Courbat
L’histoire du Courbat est étroitement liée
à celle de l’Anas. L’Association nationale
d’action sociale est née en 1949, de la vo-
lonté d’une poignée de CRS du Syndicat
national indépendant de la Police (Snip-
CRS) qui ont consacré une partie de leur
solde pour venir en aide à leurs collè-
gues malades ou en difficultés. En 1952,
l’Anas achète le château du Courbat, qui
devient son établissement de santé. Un
établissement qui, peu à peu, s’est ou-
vert aux gendarmes, aux pompiers, aux
personnels pénitentiaires et aux patients
de la région Centre-Val-de-Loire.
L’Anas et Le Courbat sont reconnus d’uti-
lité publique depuis 1977.
INDRE-ET-LOIRE
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Il devient SDF, subit une hos-
pitalisation pour alcoolisme et vit du
RSA, avant d’arriver au Courbat. « Une
chance » reconnaît ce gendarme qui en-
visage désormais de réintégrer l’Arme.
Un moral retrouvé grâce à une ap-
proche thérapeutique individualisée,
les activités sportives ont une place
importante. Piscine, tennis, volley,
course à pied, marche, musculation…
les patients s’engagent à suivre, chaque
semaine, au moins trois séances de
sport. « La douleur psychique est sou-
vent associée à la douleur physique.
Nous travaillons notamment sur les
lombalgies chroniques des gendarmes,
liées au port des charges et au stress
inhérent aux missions », explique Fré-
dérique Yonnet.
Il faut dire qu’addiction et dépression
vont très souvent de pair avec séden-
tarité et manque « d’élan social ». Le
programme de prise en charge est
donc orienté sur la « ré-athlétisation »
des patients, avec un travail sur l’endu-
rance, « capacité la plus représentative
de la condition physique générale »,
affirme Stéphane Rolland, enseignant
en activités physiques adaptées. Pour
mesurer l’endurance, des tests d’effort
sont réalisés au début, au milieu et en
fin de séjour, et des résultats positifs
sont observés. « Sur les tests de vélo,
on remarque une baisse du rythme car-
diaque de quatre à cinq pulsations en
l’espace de six à sept semaines, soit
une diminution de l’ordre de 7 à 8 % »,
relève l’enseignant.
Dans cet établissement, reconstruire
l’estime de soi passe aussi par des
groupes de parole, des séances d’infor-
mation sur les addictions, ou des ate-
liers artistiques chacun laisse libre
cours à sa créativité.
RETOUR EN SERVICE
Une quarantaine de personnes for-
ment l’équipe du Courbat, la prise
en charge des patients est assurée à
100 % par l’assurance maladie et les
mutuelles. Une équipe également sou-
cieuse du suivi de chacun, en amont
comme en aval du séjour effectué dans
l’établissement, selon sa directrice :
« Nous avons mis en place une fiche de
liaison avec les médecins de la Police.
Quand un patient rentre par l’intermé-
diaire d’un médecin de prévention, son
suivi est assuré. »
Frédérique Yonnet affirme d’ailleurs être
à la disposition de la Gendarmerie pour
la mise en place d’un dispositif similaire.
Le taux de rechute est ici de 30 %,
un chiffre en deçà de la moyenne na-
tionale. L’établissement, qui compte
56 lits, ne désemplit pourtant pas. Du
fait des attentats, Le Courbat a accueilli
jusqu’à 70 patients en permanence de
mars à octobre 2015, et on s’attend à
de nombreuses demandes liées à l’état
d’urgence.
Les 80 hectares du parc du Courbat, un havre de paix pour la reconstruction des policiers et
des gendarmes.
Billy, ancien CRS devenu Policier assistant
médico-social (PAMS), procède à l’appel
quatre fois par jour, afin d’instaurer rigueur
et repères.
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L’accompagnement passe également par des
ateliers de création, comme, ici, la sculpture
sur pierre de tuffeau.
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