POURQUOI DIT-ON... EXTRAIT DU JOURNAL "DIRECT MATIN"
N° 137 / JUIN 2013
P. 41
"Pas folle la guêpe" ?
Après une astuce bien pensée,
une personne peut se vanter de
son ingéniosité en s'exclamant :
"Pas folle, la guêpe !" Cela lui
permet ainsi de souligner à quel
point elle est maligne.
Cette expression est apparue au
milieu du XIXème siècle, d'abord
sous forme "pas bête, la guêpe".
A l'époque, le corps fin de cet hyménoptère pouvait désigner
une certaine finesse de l'esprit. C'est donc tout naturellement
qu'un individu à l'esprit aussi fin qu'une guêpe, et donc "pas
bête", pouvait être comparé à cet insecte.
L'expression, sous sa forme actuelle, a ensuite été popularisée
au milieu du XXème siècle, notamment par la comédienne Ar-
letty, qui l'a employée dans le film Circonstances atténuantes
(1939) de Jean Boyer.
"Sortir de derrière les fagots" ?
Pour ravir les papilles de
ses invités, une personne
peut leur concocter un plat
"sorti de derrière les fa-
gots", c'est-à-dire excep-
tionnel.
Cette expression tire ses
origines des habitudes de
conservation du vin au
XVIIIème siècle. Dans les
caves, les meilleurs crus
étaient précieusement gar-
dés à l'abri des regards
envieux. Il était alors courant de les cacher derrière des fagots
de bois, des branchages stockés pour l'hiver en vue de faire
démarrer le feu dans la cheminée.
A l'époque, "sortir un vin de derrière les fagots" signifiait ser-
vir un millésime délicieux, généralement réservé aux grandes
occasions.
L'expression s'est ensuite généralisée à tous les aliments ou
objets singuliers, qui se caractérisent par leur rareté ou leur
très grande qualité.
"Poser un lapin" ?
D'une personne qui ne se rend
pas à un rendez-vous et qui ne
prévient pas celle qui l'attend, on
dit qu'elle lui a "posé un lapin".
Selon l'académicien Marc Fuma-
rolli dans son livre des méta-
phores, cette expression aurait
été popularisée par Jean de La
Fontaine (1621-1695) dans sa
fable le lièvre et les grenouilles.
Dans cette histoire, le lièvre ou le lapin est décrit comme un
animal "fuyant et fuyard, méfiant et peu fiable".
Une réputation qui a ensuite servi de base à la métaphore
"poser un lapin", qui décrivait au XIXème siècle une situation
dans laquelle un individu s'arrangeait pour ne pas payer ses
dettes.
Cette locution a ensuite été généralisée dans le langage fami-
lier pour illustrer un rendez-vous manqué, pourtant fixé d'un
commun accord.
"Mi-figue Mi-raisin" ?
Lorsqu'un individu a un avis
mitigé sur quelque chose, il peut
la définir comme "mi-figue
mi-raisin", c'est-à-dire aussi bonne
que mauvaise.
Cette expression, née au début
du Moyen Age, est issue de la
popularité des deux fruits.
A l'époque, le raisin était consi-
déré comme un mets raffiné et
donc très apprécié, contraire-
ment à la figue.
Celle-ci était autrefois très courante et bon marché, et sa forme
était souvent comparée à celle d'un excrément. Il arrrivait éga-
lement que les marchands corinthiens (Grèce) ajoutent des
morceaux de figues, lourds et peu chers, dans les raisins secs
qu'ils vendaient afin de duper les clients.
Dire qu'une situation ou un comportement est "mi-figue
mi-raisin" signifiait donc qu'il était aussi vertueux que
détestable.