2. Les totalitarismes, maîtres du jeu international
a. Des démocraties affaiblies
• Le libéralisme en crise. Les gouvernements libéraux sont dépassés par la crise
commencée en 1929. Elle a plongé des millions d'Allemands dans le chômage et
favorisé l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Celui-ci, en organisant une économie de guerre,
se vante d'avoir sorti son pays de la crise. Quant à l'URSS de Staline, avec son
économie planifiée et ses statistiques impressionnantes, elle paraît épargnée par les
problèmes du capitalisme. C'est pourquoi de nombreux intellectuels sont séduits par
des régimes totalitaires qui leur semblent plus efficaces.
• Chacun pour soi. Les mécanismes de coopération économique mis en place dans
les années 1920 sont perturbés par la crise. Chaque pays cherche à résoudre ses
propres difficultés, dans une logique protectionniste. La politique extérieure devient une
préoccupation secondaire. Les gouvernements doivent en plus tenir compte d'une
opinion majoritairement pacifiste, à cause du traumatisme de la Grande Guerre. D'où
la politique timorée de la France et du Royaume-Uni, qu'on appelle l'appeasement.
b. Des régimes totalitaires conquérants
• La stratégie du coup de force. Hitler retire l'Allemagne de la SDN dès 1933 et
remet en cause le traité de Versailles en 1935, en rétablissant le service militaire
obligatoire. Il franchit un pas supplémentaire en 1936 en remilitarisant la Rhénanie.
L'Italie fasciste, de son côté, conquiert l'Ethiopie en 1935-1936. La SDN se contente de
sanctions économiques qui poussent Mussolini à se rapprocher d'Hitler.
• La contagion fasciste et nazie. En 1936, l'Italie et l'Allemagne soutiennent Franco
dans la guerre civile qui éclate en Espagne. Les régimes autoritaires se multiplient en
Europe. Il s'agit souvent de dictatures militaires prêtes à se rapprocher de l'Allemagne
et de l'Italie par peur de l'URSS.
• Le « réveil » de Staline. Il sort de sa relative passivité face à Mussolini et Hitler en
1934, quand le Komintern appelle au «front populaire» contre le fascisme. L'URSS se
rallie à la sécurité collective et entre en 1934 à la SDN. Litvinov, commissaire du
peuple aux Affaires étrangères (de 1930 à mai 1939) et représentant de l'URSS à la
SDN, prône une alliance avec les démocraties.
c. L'alliance improbable entre Hitler et Staline
• Une diplomatie confuse. Paris et Londres envisagent de se rapprocher de Moscou
contre Berlin. Mais les négociations sont freinées par l'anticommunisme viscéral de
nombreux dirigeants. La peur du bolchevisme, qui caractérise la droite française, est
ravivée en 1936 par le Front populaire et par la guerre d'Espagne.
• La démission face à Hitler. Malgré le réarmement lancé en 1937, la France reste
alignée sur la politique d'appeasement britannique, qui rencontre peu d'opposition.
Hitler peut ainsi réaliser l'Anschluss en mars 1938, puis annexer les Sudètes en
septembre 1938. À la conférence de Munich, la France et le Royaume-Uni
abandonnent la Tchécoslovaquie, pays allié et démocratique. Hitler ne respecte même
pas les accords de Munich, puisqu'en mars 1939 il démantèle la Tchécoslovaquie.
• Le Pacte germano-soviétique. Hitler, qui veut éviter une guerre future sur deux
fronts, fait alors des propositions d'alliance à Staline. Celui-ci tente une dernière
démarche auprès de la France et du Royaume-Uni en août 1939, en vain. Le 23 août
1939, la nouvelle de la signature d'un pacte de non-agression entre l'Allemagne nazie
et l'URSS stupéfie le monde entier.