Une planche de salut pour le personnel hospitalier

il fallait six à huit personnes pour pro-
céder à un lever, aujourd’hui, quatre
peuvent suffire à faire glisser le pa-
tient d’une civière à l’autre », explique
M. Roussin. La méthode de l’infirmier,
qui a déjà été validée par le Comité
régional de traumatologie, présente
l’avantage complémentaire d’être fort
peu coûteuse puisqu’une simple feuille
de Lexan de 1,2 m (4 pi) sur 2,4 m (8 pi)
coûtant 225 $ suffit à confec-
tionner deux planches de trans-
fert qui dureront plusieurs
années. « Au centre hospita-
lier de Thetford Mines, nous
utilisons encore les planches
fabriquées en 2000, fait remar-
quer Martial Roussin. Le Lexan
est un matériau vraiment très
résistant et hygiénique. »
À n’en pas douter, la planche
mise au point par M. Roussin,
que certains appellent déjà
affectueusement la « technique
Roussin », constitue véritable-
ment une planche de salut
tant pour les patients que pour
le personnel hospitalier ! Le
concours de 2006 « Plein feux
sur l’innovation », de l’Associa-
tion paritaire pour la santé et
la sécurité du travail du secteur
affaires sociales (ASSTSAS), a
attribué à la trouvaille un Prix
du jury et un Prix du public.
En octobre 2006, la « technique
Roussin » a aussi permis au
Centre de santé et de services so-
ciaux de la région de Thetford
de remporter un prix, pour
la région de Chaudière-Appa-
laches, dans le cadre des Prix
innovation en santé et sécu-
rité du travail décernés par
la CSST. « Rien n’aurait été
possible sans l’aide de l’infir-
mière chef Lise Gagnon, du
coprésident du comité sst du
CSSSRT Nelson Doyon, et
du chirurgien orthopédiste
D
r
Marc Miville-Deschênes »,
note M. Roussin.
Fort de ses succès, ce der-
nier entend bien ne pas en rester et
actuellement il « planche » sur un lève-
personne ayant pour but daider les
personnes en perte d’autonomie à s’ex-
traire plus aisément de leur voiture à
leur arrivée dans le garage du service de
l’urgence. Il a en tête la sécurité, oui,
mais aussi le bien-être des usagers.
PT
de traumatologie. « Nous profitons du
moment le médecin examine le dos
du patient pour mettre la planche en
place. Puis on le fait glisser vers une
autre civière en tirant sur les courroies
fixées à la planche. Cette méthode per-
met d’éviter de soulever le patient, ce
36
Prévention au travail Été 2008
À larrivée à l’hôpital,
les am-
bulanciers et le personnel hospitalier
doivent fréquemment se mettre à huit
pour déplacer une personne malade ou
accidentée. Tout dépend, en fait, de sa
stature et de son poids. Ces transferts, on
le comprend sans peine, sont assez insé-
curisants pour le malade qui se fait sou-
levé dans les airs par des inconnus, et
qui peut paniquer, bouger, déstabilisant
du même coup les membres de l’équipe
soignante. Résultat ! Le patient déjà mal
en point peut chuter et, par le fait même,
infliger une lésion au personnel.
« J’observais notre façon de faire
et je me disais qu’il y avait forcément
moyen de faire différemment et mieux,
tant pour les patients que pour le per-
sonnel hospitalier », relate Martial
Roussin, assistant infirmier-chef de soi-
rée en salle des urgences et formateur
au centre hospitalier de Thetford Mines.
La question était d’autant plus préoccu-
pante pour cet homme, qu’il donne une
formation intitulée « Principe de dépla-
cement sécuritaire du bénéficiaire » au
Centre de la santé et des services so-
ciaux de la région de Thetford.
À force d’observation et de réflexion,
l’idée lui est finalement venue d’adap-
ter une planche de transfert, servant au
déplacement des patients polytrauma-
tisés. « Je ne me considère pas comme
un inventeur, explique M. Roussin. J’ai
simplement mis au point une nouvelle
méthode, plus pratique et moins ris-
quée, en adaptant les moyens dont nous
disposions. »
L’innovation consiste à glisser une
planche de Lexan
1
sous le patient alors
qu’il est installé sur la civière en salle 1. Panneau en polycarbonate très robuste, facile
à découper et demandant peu d’entretien.
Une
planche de salut
pour le personnel hospitalier
Nelson Doyon, à gauche, a aidé son collègue
Martial Roussin à concevoir une planche
de transfert plus sécuritaire, tant pour les
patients que le personnel soignant.
La planche est utilisée par le personnel de
l’urgence, de la radiologie et le personnel
ambulancier.
Photo : ASSTSASPhoto : CSSS région Thetford
Par Mikaëlle Monfort
Lorsqu’un patient polytraumatisé
arrive au service des urgences d’un
hôpital, les ambulanciers doivent
le transférer immédiatement de
la civière du véhicule à celle des
urgences, puis de cette dernière à
celle du service de radiologie. Cette
double manœuvre n’est pas sans
risque, et pour le personnel et pour
le patient. Ou plutôt était. Car,
grâce à l’ingéniosité d’un inrmier,
la donne a changé.
qui présente le triple avantage d’être
plus sécurisant pour lui, moins risqué
pour le personnel hospitalier qui pro-
cède au transfert et… moins exigeant
en termes de ressources. En effet,
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