SNCC – Session Nationale été 2013 : « La formation des catéchètes aujourd’hui » 5
Le liturgie du Triduum pascal conduit à une telle interprétation, puisqu’elle met en
relation Ex 12,1-14 ; 1 Co 11,23-26 (jeudi-Saint), le récits de la Passion (vendredi) et enfin le récit
de salut d’Ex 14 et celui de la résurrection (nuit pascale).
Cependant, la mise en situation narrative de la mort de Jésus dans un contexte
pascal induit bien plus qu’une « réforme », ou qu’un « prolognement » de la pratique pascale.
En effet, si les récits de l’institution se situent dans un contexte pascal, ils ne font aucunement
référence au « rite pascal ». La structure de ces récits renvoie à un rite plus proche du repas juif
que de la haggadah de Pâques.
Le Christ est ainsi bien plus qu’un réformateur de la Pâque, de la tradition pascale
antérieure. Comme il le fait avec d’autres éléments de la tradition juive, il en refonde le sens et
la portée : Il devient lui-même la Pâque, celui qui permet à son peuple le passage de la mort à la
vie, de la servitude à la libération. Le Christ fonde ainsi une nouvelle ritualité (dimension
liturgique des formules d’institution à l’intérieur même du récit de la passion) où se dit l’identité
théologique du peuple qu’Il rassemble qui accomplit l’identité d’Israël, et où se construit
l’identité d’une communauté nouvelle.
2.3 La dimension « sacrificielle »
1° Selon la perspective du judaïsme postérieur à la Torah, qui réinterprète dans une ligne
spirituelle et éthique la notion juive de sacrifice, c’est toute la vie de Jésus qui peut être
interprétée comme une réalité sacrificielle. Par sa prière adressée au Père, Jésus ne cesse
d’offrir un sacrifice spirituel qui est la source de son action. Par son attention aux pauvres et aux
marginaux, il est un croyant exemplaire, dont les œuvres de miséricorde ont une valeur
sacrificielle. C’est la vie tout entière de Jésus qui peut être interprétée comme un sacrifice offert
au Père. (on ne peut donc séparer la passion relue comme sacrifice de la vie entière de Jésus
relue comme sacrifice)
2° Cependant, le juste Jésus est rejeté par les siens. Il emprunte ici la figure du serviteur
souffrant (Is 52,13-53,12), dont la mort en croix résulte de la haine du peuple, mais peut
également être reconnue comme « sacrifice pour le péché » en faveur de la multitude :
l’occasion d’une prise de conscience par le peuple de sa propre faute (cf. Lc 23,27.40-41), mais
aussi le lieu même du salut. Cependant, ce salut n’est pas offert de manière « mécanique » : le
sang du Christ n’efface pas la faute d’une manière comparable à celle du sang des animaux qui
purifient le Temple, les prêtres et la communauté.
3° En effet, si le vocabulaire sacrificiel offre un cadre de compréhension de la mort de Jésus en
Croix, la passion ne se situe pas dans la simple « continuité » du système sacrificiel du Temple :
la lettre aux Hébreux exprime la rupture que la passion du Christ marque. Jésus fait « éclater » le
cadre sémantique du sacrifice israélite et l’investit d’une signification nouvelle : il est Lui, le
Christ, le lieu et la médiation de la réconciliation définitive de Dieu de l’humanité, au-delà du
péché qui la marque.