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Point de
vue de
l’expert
Jean-Christophe
Charpy, vice-président
d’Ixi-Groupe.
«Aujourd’hui, le secteur
du bâtiment fait appel à plus
de technologies que par le
passé. Afin de pouvoir
réaliser des économies sur le
coût de construction avec un
coût de main d’œuvre moins
onéreux, une partie de la
construction a été transférée
vers l’industrialisation.
Mais parallèlement, avec
la complexification des
réglementations, nous avons
besoin de gens de plus en
plus qualifiés. Or, il y a chez
certains exécutants des
méconnaissances dans leur
propre métier mais
également de manière plus
accrue vis-à-vis du travail
des autres corps d’état qui
gravitent autour d’eux. Pour
aborder les phénomènes,
les comprendre et pouvoir
les mettre en application,
la formation doit être plus
solide. Certes, certaines
entreprises font beaucoup
d’efforts pour former leur
personnel, mais les
techniques évoluent
rapidement et souvent plus
vite que la mise en place des
formations. Ce qui manque
le plus, me semble-t-il, c’est
une formation aux interfaces
entre les différents corps
d’état. Ce problème
deviendra crucial lors de
la mise en application des
multiples contraintes de la
RT 2012. Y sommes-nous
prêts? Par ignorance,
un intervenant peut, par
exemple, gâcher l’étanchéité
à l’air et/ou l’isolation
phonique mise en place par
un autre intervenant.
Dans le cadre de l’étanchéité
à l’air de la construction en
arrivant sur le chantier,
chaque exécutant doit
imaginer qu’il travaille
autour d’un ballon de
baudruche qu’il ne faut
surtout pas percer.
Ainsi, une formation qui
permettrait à chacun de
comprendre ce qui se passe
avant et après son passage
contribuerait à développer
la qualité globale du bâti.
Dans ce but, les équipes
doivent être sensibilisées
à l’autocontrôle.
La qualité a un prix et il faut
accepter de payer plus cher
pour pouvoir former les
gens, afin de les rendre plus
opérationnels et également
plus soucieux du résultat
que doivent fournir les
autres corps d’état.»
raidissement des structures, pallie certaines
carences techniques d’origine. Néanmoins, le
principal souci reste l’absence d’étude de sol
préalable, d’autant plus préjudiciable que le
sous-sol de la région est hétérogène et qu’elle
est soumise à des aléas sismiques.
•Revêtements de façade: le plus souvent bénins,
les désordres des enduits monocouches sont
peu pris en compte par les compagnies d’assu-
rances car ils n’affectent ni la solidité, ni l’im-
propriété à la destination de l’ouvrage. Les
déclarations portent principalement sur de la
microfissuration, ou des décollements d’enduit
hydraulique en partie courante consécutifs à
une mauvaise préparation du support. Bien
qu’elles soient récurrentes, les microfissures
ne peuvent être imputées à des malfaçons car
les intervenants respectent de plus en plus l’in-
corporation d’armatures dans le corps d’enduit.
Elles sont inhérentes à la construction. Les
décollements d’enduits en pied de façade sont
essentiellement liés au non-respect des règles
relatives à la garde au sol de l’espace à laisser
entre la base de l’enduit et le sol fini. Cet aspect
est souvent négligé par les constructeurs et les
architectes pour des raisons esthétiques, d’au-
tant que les désordres ne se révèleront que plu-
sieurs années après la réception.
•Revêtements de sol carrelés : les sinistres
concernent les sols carrelés posés en maisons in-
dividuelles et dans l’habitat collectif. L’apparition de
fissurations multidirectionnelles dans le carrelage
est un désordre récurrent depuis une quinzaine
d’années dans la région. Elle est due au retrait dif-
férentiel de la forme de pose. Cependant, ce type
de sinistre devrait être en recul depuis que la pose
de carrelage collé a été imposée, notamment sur
les chauffages par le sol qui se multiplient. La
compression des délais d’exécution est une cause
souvent avancée face à ce phénomène de retrait
différentiel mal maîtrisé. Pourtant, on le constate
même lorsque les délais sont respectés. Éga-
lement souvent incriminée, la mise en œuvre du
chauffage par le sol – et plus particulièrement les
délais de mise en chauffe – nous paraît devoir
être mise hors de cause. En effet, les mêmes dé-
sordres apparaissent dans nombre de maisons de
la région aussi bien dans leurs zones chauffées
par le sol que dans les autres zones. Et ce, toutes
choses étant égales par ailleurs: même interve-
nants, mêmes contraintes climatiques, même
support, même mode opératoire, etc.
Malgré les recommandations du DTU 26.2/52.1 (3),
le tassement différentiel de la forme de pose
sur l’isolant phonique et un simple film polyane
provoque encore de la fissuration dans le carre-
lage. Bien que mince, cette interposition iso-
lante ou pas peut provoquer des fissurations
avec des désaffleurs coupants qui entraînent
des restaurations relativement lourdes finan-
cièrement. Des carreaux émaillés et de faible
épaisseur aggravent les dégradations car leurs
bords sont immédiatement coupants. En règle
générale, l’économie des projets conduit à ne
pas respecter les temps de séchage et à
marcher trop tôt sur les revêtements carrelés,
ce qui constitue des causes aggravantes d’ap-
parition des sinistres.
Les pathologies émergentes
•Les pompes à chaleur air-air: mis à part
quelques défauts d’installation, la tendance
lourde des pathologies concerne des défauts de
conception. Dans les sinistres observés, le
(3) Norme NF P61-203 Partie commune au DTU 26.2 et au DTU 52.1 – Mise en œuvre des sous-couches
isolantes sous chape ou dalle flottante et sous carrelage – Cahier des clauses techniques (décembre 2003).
Norme NF DTU 26.2 Travaux de bâtiment – Chapes et dalles à base de liants hydrauliques (avril 2008).
Norme NF DTU 52.1 Travaux de bâtiments – Revêtements de sol scellés (novembre 2010).
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QUALITÉ CONSTRUCTION
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N° 128
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SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011
PATHOLOGIE PRÉVENTION